UE393 - Orner le monde

Intervenant·e·s

• Rémi Labrusse [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
• Fadela Benbia   artiste, 19M

Nous poursuivrons cette année une réflexion de long cours sur la contemporanéité de l’ornement, à la croisée des savoir-faire artisanaux, de la création artistique et de l’engagement politique et social.  

La question de l’ornement, en effet, n’a jamais été aussi contemporaine. Orner le monde, c’est en prendre soin, lui aménager une présence vitale, incarnée dans le quotidien. Dans la production ornementale, l’attention à la matière et la libre invention des formes exigent des savoir-faire minutieux ; ils enracinent la vie dans le travail humain. Dans la perception ornementale, le rapport au visuel se diffuse à travers tout l’espace habité, qu’il soit public ou privé. L’ornementation ne se contente pas d’une pensée de l’image comme substitut au monde vécu et à ses interactions sociales. Au contraire, elle la refuse, au nom d’une irrigation, par les formes, des différentes actions du quotidien.

C’est dire que le sentiment général d’un appauvrissement de l’expérience du monde, d’une menace portée sur la richesse et l’épaisseur du réel nourrit la vitalité, aujourd’hui, des recherches sur l’ornement. Pensées, expérimentations et créations répondent à des attentes de plus en plus urgentes, à une échelle mondiale. Plus que jamais, les frontières s’ouvrent entre les arts dits « appliqués » et les « beaux-arts », de même qu’entre les désirs de nouvelles formes de rapports sociaux et les inventions visuelles. Des tensions dialectiques se font également jour de plus en plus clairement, entre l’attirance pour la construction de mondes virtuels et le besoin d’intensification du réel. Autrement dit : entre l’image et l’ornement.

Dans ce contexte, le but du séminaire est de donner une profondeur historique à cette effervescence intellectuelle et créative autour de l’ornement, dans une démarche dite de « recherche-création ».

Le séminaire se déroulera en 12 séances, à raison d’une séance tous les quinze jours sur l’ensemble de l’année, dans les locaux de La Parcelle, nouvel espace de création au sein du 19M à Aubervilliers. Les séances incluront des présentations et des témoignages par des intervenant·es venu·es de la création artistique et des métiers d’art, des institutions universitaires, des musées et des centres d’art. L’objectif final sera de penser la structure d’une exposition autour des questions soulevées lors des séances, en partenariat avec deux lieux culturels et artistiques majeurs d’Aubervilliers, POUSH et le 19M.

Un programme détaillé sera distribué lors de la première séance.