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UE721 - Faux et usages de faux : acteurs, terrains, enjeux de la falsification dans l’histoire des Juifs (Antiquité à nos jours)


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / mensuel (4e), mercredi 12:30-14:30
    du 23 novembre 2022 au 28 juin 2023
    Nombre de séances : 6


Description


Dernière modification : 13 janvier 2023 13:17

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Études juives (CRH-EJ)
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Antiquité (sciences de l’) Archéologie Archives Citoyenneté Diaspora Épistémologie Fait religieux Histoire Historiographie Mémoire Moyen Âge/Histoire médiévale Religieux (sciences sociales du) Témoignage Temps/temporalité
Aires culturelles
Europe Europe centrale et orientale Juives (études) Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Sylvie Anne Goldberg [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Études juives (CRH-EJ)
  • Mathias Dreyfuss   délégué adjoint, DILCRAH
  • Davide Mano   chargé de recherche, CNRS / Études juives (CRH-EJ)
  • Ron Naiweld   chargé de recherche, CNRS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Joel Sebban   contrat postdoctoral, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT), Études juives (CRH-EJ)

« Jamais je n’aurais cru à une falsification aussi colossale de l’histoire, mais j’en suis venu aujourd’hui à cette conviction que, dans tous les récits et renseignements qu’on nous donne sur les Juifs, il n’y en a pas un, qu’il soit des temps anciens, du Moyen Âge ou même des temps modernes, qui ne soit d’abord suspect et qu’il ne faille soumettre à la plus minutieuse critique avant de l’accepter. » (Isidore Loeb, Le Juif de l’histoire et le Juif de la légende, 1891).

Souvent considérée comme l’arme par excellence des antisémites, la falsification est une pratique qui en réalité invite à questionner les modes de connaissance et de transmission de l’histoire des Juifs comme les usages publics qui en ont été faits, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque actuelle.

À partir d’études de cas, le séminaire reviendra sur le rôle de la falsification – active ou passive – des faits, récits et symboles relatifs à l’histoire des Juifs dans la construction de narratifs hostiles aux Juifs mais également de discours apologétiques, pour déboucher sur la question de la portée politique de cette histoire.

Programme de l'année 2022-2023

23 novembre 2022 : Ron Naiweld, Le message caché d'Aristée

Écrit en Alexandrie, probablement au 2e siècle avant notre ère, La lettre d'Aristée raconte l'histoire de la traduction en grec des « livres de la loi des Juifs ». Depuis très tôt,- il est admis que le narrateur parle des cinq livres de la Torah, et que la traduction dont il raconte l'histoire est la Septante. Or, sa description de ces livres ne correspond pas à leur contenu tel qu'on le connaît. Comment expliquer cette différence ? S'il s'agit d'une falsification, comme nous allons le proposer, quel sens politique elle a pu avoir pour l'auteur de la lettre et ses premiers lecteurs ?

14 décembre 2022 : Davide Mano, Une rumeur et ses usages dans le monde traditionnel juif à l’époque révolutionnaire

Parue dans la presse allemande en 1796, une nouvelle concernant un mystérieux synode de rabbins qui aurait eu lieu à Florence dans la même année et qui aurait jeté les bases d’une réforme du judaïsme sans précédents, eut une grande résonance dans l’Europe révolutionnaire, juive et non juive. Non seulement cette nouvelle fut vigoureusement démentie comme une « rumeur » et un « faux » par la presse juive et la littérature polémique rabbinique, mais sa réfutation fut également utilisée dans le combat pour la défense du judaïsme traditionnel par une communauté juive très alarmée face à la pénétration des principes républicains français.

25 janvier 2023 : Mathias Dreyfuss, Les archives mentent-elles ? Réflexions sur la falsification comme motif récurrent dans l’écriture de l’histoire des Juifs en France

Les réflexions d’Isidore Loeb (1839-1892) dans Le Juif de l’Histoire et le Juif de la Légende (1890), servent de point de départ à une discussion sur le statut des sources dites exogènes pour écrire l’histoire des Juifs. Longtemps accusées de véhiculer des représentations erronées ou malveillantes sur les populations juives, leur mise à distance par certains historiens du judaïsme interroge sur la permanence du motif de la réfutation du faux comme moteur de l’histoire juive.

22 février 2023 : Sabina Loriga, L’histoire entre critique et spectacle

Les noms de Lorenzo Valla, Gabriel Monod, et Pierre Vidal Naquet nous rappellent l’importance du doute : toute idée fondée sur la croyance doit faire l’objet d’un examen critique, même au prix de découvrir des vérités inconfortables. De ce point de vue, la critique (des sources, des interprétations, des formes de récit) est une condition essentielle du travail de l’histoire. Mais qu’en-est-il de la critique, lorsque celle-ci cède à la tentation du spectacle ? Nous aborderons cette question à travers trois cas : l’affaire Aubrac (1997), la controverse autour de Pasque di sangue d’Ariel Toaff (2007), la publication de Partigia de Sergio Luzzato (2013).

15 mars 2023 : Asher Salah (chercheur invité, Académie des Beaux-Arts Betzalel - Université hébraïque de Jérusalem), Les Juifs comme faussaires du Judaïsme : l’ « affaire » du rabbin Daniele Pergola entre désir de réforme et obsession antisémite

En 1883 la communauté juive de Turin fut secouée par une grave affaire lorsque le rabbin adjoint de la ville Daniele Pergola (Pitigliano 1830 - Turin 1914) publia un long pamphlet appelant à une réforme radicale du Judaïsme aux relents antisémites, qui se solda par son expulsion de la communauté. A partir de cette date, Pergola entreprit une campagne d’attaques contre la communauté par une intense activité de publiciste s’étalant sur les quatre décennies suivantes. Les écrits de Pergola dépeignent l’abjection morale des Juifs, tant ceux du passé que ses contemporains, accusés d’avoir falsifié le message mosaïque originel, ce qui les rendait à ses yeux indignes du décret d’émancipation qui leur avait été accordé en 1848 par les rois du Royaume de Savoie. En examinant les accusations portées par Daniele Pergola contre les Juifs en tant que « falsificateurs de leur propre histoire » au nom d’un retour à une version épurée du Judaïsme originel, j’entends remettre en question la thèse selon laquelle la Réforme n’eut pas de réel impact sur la vie des communautés juives de la péninsule, ainsi que montrer les inquiétudes de certains secteurs du Judaïsme italien à la recherche de nouveaux modèles rédempteurs de religiosité.

29 mars 2023 : Sylvie Anne Goldberg, Parole contre parole / manuscrit contre manuscrit : Abraham Firkovitch (1786-1874) et la redécouverte du Karaïsme au 19e siècle

Né dans une pauvre famille d’agriculteurs karaïtes de Volhynie, Abraham Firkovitch, tout en exerçant la profession de meunier, s’est fait un nom dans l’archéologie, l’exhumation de manuscrits, et la production d’une histoire du karaïsme revisitée. Ses relations avec les mouvements historiographiques (dont la Wissenschaft des Judentums) de son temps permettent d’en voir clairement les enjeux dans les questions de constructions nationales contemporaines. Accusé de forgerie, il a néanmoins édifié, grâce à ses découvertes, l’une des collections les plus importantes de textes hébraïques et karaïtes, toujours conservée dans la Bibliothèque Nationale de St Pétersbourg.

24 mai 2023 : Maxence Klein, La controverse entre Gershom Scholem et Martin Buber à propos du hassidisme : sur l’usage des sources historiques

Nous proposons de revenir sur la querelle qui a vu s’opposer Martin Buber et Gershom Scholem quant au rôle du hassidisme dans l’histoire des Juifs, notamment dans les liens que ce mouvement entretient avec les courants kabbalistiques antérieurs. Après avoir saisi la nature épistémique de leurs divergences, nous reviendrons plus particulièrement sur le différend qui les a opposés quant à l’usage des sources historiques. Alors que le premier entendait « interpréter » le hassidisme afin de renouveler le judaïsme germanophone de son époque, et en cela, n’hésitait pas à en actualiser les contes et légendes, le second lui a reproché un usage cavalier des sources, loin des standards de la critique historique moderne, l’accusant de délivrer une vision très partielle et biaisée du mouvement.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
études.juives@ehess.fr
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

aucun.

Dernière modification : 13 janvier 2023 13:17

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Études juives (CRH-EJ)
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Antiquité (sciences de l’) Archéologie Archives Citoyenneté Diaspora Épistémologie Fait religieux Histoire Historiographie Mémoire Moyen Âge/Histoire médiévale Religieux (sciences sociales du) Témoignage Temps/temporalité
Aires culturelles
Europe Europe centrale et orientale Juives (études) Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Sylvie Anne Goldberg [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Études juives (CRH-EJ)
  • Mathias Dreyfuss   délégué adjoint, DILCRAH
  • Davide Mano   chargé de recherche, CNRS / Études juives (CRH-EJ)
  • Ron Naiweld   chargé de recherche, CNRS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Joel Sebban   contrat postdoctoral, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT), Études juives (CRH-EJ)

« Jamais je n’aurais cru à une falsification aussi colossale de l’histoire, mais j’en suis venu aujourd’hui à cette conviction que, dans tous les récits et renseignements qu’on nous donne sur les Juifs, il n’y en a pas un, qu’il soit des temps anciens, du Moyen Âge ou même des temps modernes, qui ne soit d’abord suspect et qu’il ne faille soumettre à la plus minutieuse critique avant de l’accepter. » (Isidore Loeb, Le Juif de l’histoire et le Juif de la légende, 1891).

Souvent considérée comme l’arme par excellence des antisémites, la falsification est une pratique qui en réalité invite à questionner les modes de connaissance et de transmission de l’histoire des Juifs comme les usages publics qui en ont été faits, depuis l’Antiquité jusqu’à l’époque actuelle.

À partir d’études de cas, le séminaire reviendra sur le rôle de la falsification – active ou passive – des faits, récits et symboles relatifs à l’histoire des Juifs dans la construction de narratifs hostiles aux Juifs mais également de discours apologétiques, pour déboucher sur la question de la portée politique de cette histoire.

Programme de l'année 2022-2023

23 novembre 2022 : Ron Naiweld, Le message caché d'Aristée

Écrit en Alexandrie, probablement au 2e siècle avant notre ère, La lettre d'Aristée raconte l'histoire de la traduction en grec des « livres de la loi des Juifs ». Depuis très tôt,- il est admis que le narrateur parle des cinq livres de la Torah, et que la traduction dont il raconte l'histoire est la Septante. Or, sa description de ces livres ne correspond pas à leur contenu tel qu'on le connaît. Comment expliquer cette différence ? S'il s'agit d'une falsification, comme nous allons le proposer, quel sens politique elle a pu avoir pour l'auteur de la lettre et ses premiers lecteurs ?

14 décembre 2022 : Davide Mano, Une rumeur et ses usages dans le monde traditionnel juif à l’époque révolutionnaire

Parue dans la presse allemande en 1796, une nouvelle concernant un mystérieux synode de rabbins qui aurait eu lieu à Florence dans la même année et qui aurait jeté les bases d’une réforme du judaïsme sans précédents, eut une grande résonance dans l’Europe révolutionnaire, juive et non juive. Non seulement cette nouvelle fut vigoureusement démentie comme une « rumeur » et un « faux » par la presse juive et la littérature polémique rabbinique, mais sa réfutation fut également utilisée dans le combat pour la défense du judaïsme traditionnel par une communauté juive très alarmée face à la pénétration des principes républicains français.

25 janvier 2023 : Mathias Dreyfuss, Les archives mentent-elles ? Réflexions sur la falsification comme motif récurrent dans l’écriture de l’histoire des Juifs en France

Les réflexions d’Isidore Loeb (1839-1892) dans Le Juif de l’Histoire et le Juif de la Légende (1890), servent de point de départ à une discussion sur le statut des sources dites exogènes pour écrire l’histoire des Juifs. Longtemps accusées de véhiculer des représentations erronées ou malveillantes sur les populations juives, leur mise à distance par certains historiens du judaïsme interroge sur la permanence du motif de la réfutation du faux comme moteur de l’histoire juive.

22 février 2023 : Sabina Loriga, L’histoire entre critique et spectacle

Les noms de Lorenzo Valla, Gabriel Monod, et Pierre Vidal Naquet nous rappellent l’importance du doute : toute idée fondée sur la croyance doit faire l’objet d’un examen critique, même au prix de découvrir des vérités inconfortables. De ce point de vue, la critique (des sources, des interprétations, des formes de récit) est une condition essentielle du travail de l’histoire. Mais qu’en-est-il de la critique, lorsque celle-ci cède à la tentation du spectacle ? Nous aborderons cette question à travers trois cas : l’affaire Aubrac (1997), la controverse autour de Pasque di sangue d’Ariel Toaff (2007), la publication de Partigia de Sergio Luzzato (2013).

15 mars 2023 : Asher Salah (chercheur invité, Académie des Beaux-Arts Betzalel - Université hébraïque de Jérusalem), Les Juifs comme faussaires du Judaïsme : l’ « affaire » du rabbin Daniele Pergola entre désir de réforme et obsession antisémite

En 1883 la communauté juive de Turin fut secouée par une grave affaire lorsque le rabbin adjoint de la ville Daniele Pergola (Pitigliano 1830 - Turin 1914) publia un long pamphlet appelant à une réforme radicale du Judaïsme aux relents antisémites, qui se solda par son expulsion de la communauté. A partir de cette date, Pergola entreprit une campagne d’attaques contre la communauté par une intense activité de publiciste s’étalant sur les quatre décennies suivantes. Les écrits de Pergola dépeignent l’abjection morale des Juifs, tant ceux du passé que ses contemporains, accusés d’avoir falsifié le message mosaïque originel, ce qui les rendait à ses yeux indignes du décret d’émancipation qui leur avait été accordé en 1848 par les rois du Royaume de Savoie. En examinant les accusations portées par Daniele Pergola contre les Juifs en tant que « falsificateurs de leur propre histoire » au nom d’un retour à une version épurée du Judaïsme originel, j’entends remettre en question la thèse selon laquelle la Réforme n’eut pas de réel impact sur la vie des communautés juives de la péninsule, ainsi que montrer les inquiétudes de certains secteurs du Judaïsme italien à la recherche de nouveaux modèles rédempteurs de religiosité.

29 mars 2023 : Sylvie Anne Goldberg, Parole contre parole / manuscrit contre manuscrit : Abraham Firkovitch (1786-1874) et la redécouverte du Karaïsme au 19e siècle

Né dans une pauvre famille d’agriculteurs karaïtes de Volhynie, Abraham Firkovitch, tout en exerçant la profession de meunier, s’est fait un nom dans l’archéologie, l’exhumation de manuscrits, et la production d’une histoire du karaïsme revisitée. Ses relations avec les mouvements historiographiques (dont la Wissenschaft des Judentums) de son temps permettent d’en voir clairement les enjeux dans les questions de constructions nationales contemporaines. Accusé de forgerie, il a néanmoins édifié, grâce à ses découvertes, l’une des collections les plus importantes de textes hébraïques et karaïtes, toujours conservée dans la Bibliothèque Nationale de St Pétersbourg.

24 mai 2023 : Maxence Klein, La controverse entre Gershom Scholem et Martin Buber à propos du hassidisme : sur l’usage des sources historiques

Nous proposons de revenir sur la querelle qui a vu s’opposer Martin Buber et Gershom Scholem quant au rôle du hassidisme dans l’histoire des Juifs, notamment dans les liens que ce mouvement entretient avec les courants kabbalistiques antérieurs. Après avoir saisi la nature épistémique de leurs divergences, nous reviendrons plus particulièrement sur le différend qui les a opposés quant à l’usage des sources historiques. Alors que le premier entendait « interpréter » le hassidisme afin de renouveler le judaïsme germanophone de son époque, et en cela, n’hésitait pas à en actualiser les contes et légendes, le second lui a reproché un usage cavalier des sources, loin des standards de la critique historique moderne, l’accusant de délivrer une vision très partielle et biaisée du mouvement.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
études.juives@ehess.fr
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

aucun.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / mensuel (4e), mercredi 12:30-14:30
    du 23 novembre 2022 au 28 juin 2023
    Nombre de séances : 6