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UE496 - La fabrique de l’anthropologie politique


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_23
    annuel / mensuel (3e), mercredi 17:30-19:30
    du 16 novembre 2022 au 21 juin 2023
    Nombre de séances : 7


Description


Dernière modification : 13 juin 2023 15:00

Type d'UE
Ateliers de doctorants
Centres
Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie sociale Capitalisme Épistémologie Ethnographie Globalisation Politique
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s
  • Emmanuelle Ricaud Oneto [référent·e]   doctorante, EHESS / Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (LAP-LAIOS)
  • Marie Aureille   doctorante, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Olivier Coulaux   doctorant, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Martin Roy   doctorant, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Leonor Gonzalez   doctorante, EHESS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)

L’anthropologie politique, qu’est-ce que ça veut dire ? La fabrique de l’anthropologie politique se veut un espace d’écriture, de discussion et d’invitation en vue d’établir ce qui peut faire encore aujourd’hui la « vertu corrosive » (Balandier) de l’anthropologie politique dans notre compréhension du monde, et la manière dont elle se distingue vis-à-vis de la sociologie ou de la science politique. La spécificité du regard ethnographique, la construction de l’objet « politique » sur le terrain mais aussi sa co-construction par la mise au travail d’un dialogue interdisciplinaire (notamment avec les sciences politiques ou encore la philosophie), l’itinéraire du chercheur vis-à-vis de la « politique », la réflexivité quant à la position (politique) de l’anthropologue, la construction d’une histoire globale ethnographiquement informée, ce que font les philosophes de l’anthropologie et ce que veut faire l’anthropologie de la philosophie, la (nécessaire) participation d’autres disciplines au programme scientifique d’une anthropologie politique, les rapports entretenus avec l’anthropologie économique et l’anthropologie de l’environnement, la position qu'elle a occupée et qu'elle occupe dans la discipline mais aussi dans l’espace public au niveau national et global... Au fond, l'anthropologie politique serait-elle devenue synonyme de l’anthropologie tout court, ou a-t-elle encore besoin de dire son nom ?

L’atelier mensuel alternera des séances pratiques (ateliers d’écritures, réflexivité), des séances autour de textes et des séances autour de trajectoires et de travaux de chercheurs.

16 novembre 2022 : Situation(s) de l’anthropologie politique : déplacements à l'œuvre.

Dans le cadre de l’enquête collective que nous menons dans cet atelier depuis maintenant plus d’un an, deux catégories - situation / déplacement - se sont imposées. Ces dernières seront explorées afin de mettre en commun nos réflexions individuelles sur l’anthropologie politique. La séance aura pour fonction d’exposer, d’affiner et de comparer les usages que nous faisons de ces catégories dans le cadre de nos recherches respectives, sous la forme de propositions et de pistes de réflexion qu’il s’agira de recevoir comme autant d’hypothèses de travail pour les prochaines séances. Nous tenterons, au même moment, d’exposer en quoi celles-ci nous permettent d’entamer une réflexion sur ce que l’anthropologie politique a (ou doit) effectivement (avoir) de singulier.

Dans un premier temps, quatre d’entre nous feront de courtes présentations sur la base de nos propres recherches en prenant pour axe problématique le thème de la séance. Dans un deuxième temps, s’ouvrira un moment d’échange et de débat avec et entre les participants de l’atelier.

Présentations

  • Martin Roy : « L’enjeu que pose l’introduction du motif politique sur la toile de ses descriptions est, pour l’anthropologie politique, un problème philosophique »
  • Leonor Gonzalez : « Ethnographier les idéologies en action: réflexions sur le populisme méthodologique. »
  • Olivier Coulaux : « Anthropologie des ontologies, ontologisation de l’alternative ? Retour sur quelques déplacements des politiques du temps à l'œuvre dans la discipline. »
  • Marie Aureille : « La recherche d’“alternatives” passe-t-elle par l'ethnographie des alternatives ? Déplacements et problématisations des utopies cubaines ». 

Lectures conseillées :

Pour alimenter la discussion collective, il est important de se constituer un socle commun de références et de lectures. Pour cela, nous demandons aux participants de lire des textes en amont de chaque séance.

  • Balandier, Georges (2001 [1951]). La situation coloniale : approche théorique. Cahiers internationaux de sociologie, 110, 9-29. https://doi.org/10.3917/cis.110.0009
  • Clifford, James. “Anthropology and/as Travel.” Etnofoor 9, no. 2 (1996): 5–15. http://www.jstor.org/stable/25757889.
  • Tsing, Anna (2000), “The Global Situation”, Cultural Anthropology, Vol. 15, No. 3, pp. 327-360 (34 pages), https://www.jstor.org/stable/656606?seq=3#metadata_info_tab_contents

Pour aller plus loin :

  • Agier, Michel, “Un pont sur la Manche.Vers une anthropologie situationnelle”, Cahiers d’études africaines, 2017/228, p. 921-923, https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.21581
  • Max Gluckman (1940) : « Analysis of a social situation in modern Zululand ».Traduit et commenté par Yann Tholoniat, Benoît de L'Estoile, Genèses 2008/3 (n° 72), 119-155 https://doi.org/10.3917/gen.072.0119
  • Anne-Christine Trémon, « Les Diasporas sont-elles transnationales ? », Terrain [En ligne], Questions, mis en ligne le 07 décembre 2021, consulté le 04 novembre 2022.URL : http://journals.openedition.org.ezproxy.campus-condorcet.fr/terrain/22509

18 janvier 2023 : « Anthropologie politique de la finance : l’industrie de la finance comme institution politique globale », avec Horacio Ortiz

Horacio Ortiz fait une anthropologie politique de la finance en analysant l’industrie de la finance comme une « institution politique globale ». Malgré l’hétérogénéité des organisations du monde de la finance, la fragmentation des législations nationales, la multiplicité des rôles de l’État en fonction des contextes et l’absence de centralisation, cette institution produit des hiérarchies sociales et organise la circulation et la distribution de ressources monétaires au niveau mondial. À partir d’une ethnographie des pratiques ordinaires d’évaluation réalisées par les employés des organisations financières, Horacio Ortiz montre que l’institutionnalisation de la finance comme espace globalisé opère par la standardisation des règles et des procédures d’évaluation et d’investissement qui contraignent ceux qui travaillent dans la finance et ceux qui veulent accéder à l’argent.

Au cours de cette séance, nous discuterons de l’approche de l’anthropologie politique proposée par Horacio Ortiz et des croisements et des déplacements qu’il opère par rapport à l’anthropologie économique. Nous reviendrons sur les concepts d’institution et de hiérarchie et sur les conditions d’enquête dans le monde de la finance

Lectures : 

15 février 2023 : L’anthropologue et le (bio)politique en situation pandémique, avec Laëtitia Atlani-Duault et Frédéric Keck.

Pour cette troisième séance, nous recevrons les anthropologues Laëtitia Atlani-Duault (IRD-Ceped) et Frédéric Keck (CNRS - LAS) autour d’échanges prenant pour thème général “l’anthropologue et le (bio)politique en situation pandémique”. Laëtitia Atlani-Duault a fait sa thèse sur une ONG chargée de la prévention du VIH en Transcaucasie, avant de travailler plus largement sur l’aide humanitaire, le développement et la santé globale. Au cours de la pandémie Covid-19, elle a représenté l’anthropologie au sein du Conseil Scientifique avant de co-écrire un livre sur le rôle des spiritualités en temps de pandémie. Frédéric Keck a développé un travail d’ethnographie multi-située des dispositifs de biosécurité et de préparation aux épidémies, en France et en Asie de l’Est. Il propose de comprendre nos rapports aux virus dans le sillage de l’anthropologie des ontologies, à l’interface des relations entre humains et non-humains et de leurs transformations. Au cours de cette séance, nous reviendrons sur les trajectoires de recherche de nos interlocuteurs.rices, leurs rapports à l’anthropologie (bio)politique et à l’objet épidémique, avant de nous employer à discuter du rôle que les anthropologues peuvent être amenés à adopter en “situation” pandémique. Comment l’anthropologie transforme-t-elle notre appréhension de l’objet “pandémique”, et, ce faisant, sa (bio)politique ? Telle est la question d’ensemble autour de laquelle nous orienterons nos échanges."

Lectures:
KECK, F. Anthropology of Epidemics - Introduction (2019)
KECK, F. Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d'oiseaux aux frontières de la Chine - Postface (2021)
ATLANI-DUAULT, L., Anthropologie de l'aide humanitaire et du développement (2009) - Chapitre 1
ATLANI-DUAULT, L., Au Bonheur des Autres (2009) - Chapitre 1 ("la valise de l'anthropologue »)

12 avril 2023 (salle AS1_24) : Anthropologie de la rumeur et infrapolitique, avec Julien Bonhomme.

La séance portera sur Anthropologie de la rumeur et infrapolitique. Nous recevrons l’anthropologue Julien Bonhomme, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et chercheur au Laboratoire d'anthropologie sociale. Il a mené des travaux sur une rumeur de « voleurs de sexe » répandue en Afrique, sur les ragots, les infox, les fake news, et plus largement sur les paroles accusatrices qui soulèvent des enjeux sociaux et politiques. Au cours de la séance, nous reviendrons sur les trajectoires de recherche de notre interlocuteur, son rapport à l’anthropologie politique, sur l’intérêt heuristique de l’objet « rumeur » et sur la position de l’anthropologue dans les cercles de rumeurs. Nous discuterons de la complexité des enjeux politiques que soulève cet objet, des approches que l’on peut mobiliser pour le « prendre au sérieux », et des possibilités d’analyse de la rumeur au prisme de l’infrapolitique (tel que le suggère notamment James Scott).

Lectures:
BonhommeJulien. 2016. The Sex Thieves. The Anthropology of a Rumor. University of Chicago Press. HAU Books. (Introduction)
BonhommeJulien. 2019. Fausses rumeurs ?. Monde commun, 2, 162-179. https://doi.org/10.3917/moco.002.0162
Scott, James C. 2009. La domination et les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne. Paris, Éditions Amsterdam, 2009. (Chapitre 2 sur l'infrapolitique et sous-partie "Anonymat" du chapitre 6 centrée sur les rumeurs)
White, Luise. 2000. « Histoire africaine, histoire orale et vampires. Procès et palabres à Kampala dans les années 50 », Politique africaine, vol. 79, nᵒ 3, p. 83-100.  https://doi.org/10.3917/polaf.079.0083

17 mai 2023 : Anthropologie de l’État, avec Paula Lopez Caballero

Cette nouvelle séance portera sur l’anthropologie de l’État. Nous recevrons l’anthropologue Paula López Caballero, chercheure à Université Nationale Autonome du Mexique et actuellement visiting scholar à l’Université de Cambridge. Ses recherches portent sur les processus de production de l’autochtonie au Mexique, notamment sur les pratiques sociales à travers lesquelles les identités et les altérités sont construites et vécues. Historienne et anthropologue, ses travaux dans le sillage de sa thèse analysent l’histoire des configurations et des reconfigurations des frontières identitaires indigènes/non indigènes comme des processus constitutifs de la formation de l’État-nation. Dans ses recherches plus récentes, Paula López Caballero se fait historienne de l’anthropologie et analyse la fabrique de catégories d’identification dans les enquêtes de terrain des anthropologues mexicanistes et leur circulation entre travaux scientifiques et institutions étatiques dans la production de modes de gouvernement. Dans cette session, nous aborderons à la fois des questions d’épistémologie, d’histoire et de politique de l’anthropologie et des enjeux politiques de production d’identités et d’altérités. De par ses sujets de recherche et son parcours de chercheuse à la croisée des institutions de recherche mexicaine et française, l’échange avec Paula López Caballero nous amènera également à aborder le rôle joué par l’anthropologie dans les constructions nationales, la division du travail entre les disciplines et au sein des institutions de recherche et à interroger la fabrique de l’anthropologie politique à la fois au regard des contextes nationaux spécifiques et des circulations internationales.

Lectures :
López Caballero Paula, 2012, « Introduction », in Les Indiens et la nation au Mexique. Une dimension historique de l’altérité, p. 7-31.
López Caballero Paula, 2009, « L’État, l’‘Indien’ et l’anthropologue », Critique, nº 742, p. 215-226.
López Caballero Paula, 2021, « Inhabiting identities. On the elusive quality of indigenous identity in Mexico », The Journal of Latin American and Caribbean Anthropology, vol. 26, nº 1, p 124-146.
Pour une mise en contexte de l’histoire de l’anthropologie au Mexique : Lomnitz Claudio, 2005, « Bordering on anthropology. Dialectics of a national tradition », in L’Estoile Benoît de, Neiburg Federico, Sigaud Lygia (éds.), Empires, nations and natives. Anthropology and state-making, Duke University Press, Durham, p. 167-196.

14 juin 2023, 17h-19h (attention changement d'horaire) : Enseigner l’anthropologie politique et penser ses concepts, avec Judith Scheele.

Judith Scheele a travaillé au Sahel (Algérie, Tchad, Mali), en restituant dans la longue durée les échanges, les circulations et les relations qui font l'unité de la région. Elle donne un cours d'anthropologie politique à l'EHESS Marseille, intitulé : "Au-delà de l’État : lectures en anthropologie politique". Dans la lignée de la toute première séance du séminaire qui avait réunie Eric Wittersheim (EHESS - LAP) et Riccardo Ciavolella (CNRS - LAP) autour d'une discussion sur leur manuel d'introduction à l'anthropologie du politique (De Boeck, 2016), nous chercherons ici à interroger les façons dont l'anthropologie (du) politique s'institutionnalise à travers l'enseignement. Comment se transmet l'histoire et la pratique de l'anthropologie politique ? Quels dilemmes et quels choix se posent aujourd'hui lors de la préparation d'un cours d'anthropologie politique ? Judith Scheele propose une réflexion stimulante sur les concepts de l'anthropologie politique. Nous reviendrons sur sa proposition d'utiliser des concepts politiques issus de l'ethnographie pour questionner les notions eurocentriques comme l'Etat, la sphère publique, la société civile ou la gouvernementalité. 

Lectures :
Piliavsky, Anastasia, et Judith Scheele. « Towards a Critical Ethnography of Political Concepts ». HAU: Journal of Ethnographic Theory 12, no 3 (1 décembre 2022): 686‑700. https://doi.org/10.1086/723216.
Scheele, Judith. « State‐like and State Dislike in the Anthropological Margins ». Journal of the Royal Anthropological Institute 27, no 4 (décembre 2021): 909‑27. https://doi.org/10.1111/1467-9655.13610.

21 juin 2023, 16h30-18h30 (attention changement d'horaire): Échelles de l’enquête et échelles de l’action, avec Anne-Christine Trémon

Anne-Christine Trémon a travaillé en Polynésie française, auprès d’une communauté de la diaspora chinoise, ainsi que dans un ancien village d'émigration situé dans la zone économique spéciale de Shenzhen (Sud-Est de la Chine). Nous chercherons au cours de notre discussion à interroger la notion d'échelle du point de vue de l'anthropologie, et, par-là, à tisser ensemble les liens qui nous amènent, du localisé au globalisé, à enquêter sur les transformations qui affectent le "politique". Comment en vient-t-on à problématiser la notion d'échelle sur le terrain ? Comment rendre substantielles ces dernières du point de vue de l'enquête ethnographique et de nos enquêtés, par-delà les jeux d'abstraction théoriques et les enjeux symboliques qui nous amènent à nous déplacer du "petit" vers de plus "gros" objets ? De ce point de vue, la notion d'échelle a joué un rôle historique important pour l'anthropologie politique, en permettant de produire des regards nouveaux sur des objets spécifiques (l'Etat, la globalisation...). Qu'est-ce que cette dernière continue à nous enseigner des transformations du politique et du vécu de l'enquête ? Voici quelques-uns des thèmes qui orienteront le cours de notre conversation.

Lectures :
Trémon, Anne-Christine (2019).
Pour la cause de l’ancêtre. Relation diasporique et transformations d’un village globalisé. Shenzhen, Chine. Conclusion. Societé d'Ethnologie Université Paris-Nanterre. Coll. Recherches sur la Haute-Asie.
Trémon, Anne-Christine (2021). Scales of Change and Diagnostic Contradictions: Shifting Relations Between an Emigrant Community and Its Diaspora. In: Berriane, Y., Derks, A., Kreil, A., Lüddeckens, D. (eds) Methodological Approaches to Societies in Transformation. Anthropology, Change, and Development. Palgrave Macmillan, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-030-65067-4_2

Off- Table-ronde du collectif au colloque du LAP (Laboratoire d’Anthropologie Politique), « Mondes en crise/Sujets émergents » (7-9 juin 2023), autour du thème : « L'anthropologie politique contre les alternatives, tout contre » : https://lap.hypotheses.org/jeudi-8-juin


Master


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Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
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Direction de travaux des étudiants
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Réception des candidats
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Pré-requis
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Dernière modification : 13 juin 2023 15:00

Type d'UE
Ateliers de doctorants
Centres
Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie sociale Capitalisme Épistémologie Ethnographie Globalisation Politique
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s
  • Emmanuelle Ricaud Oneto [référent·e]   doctorante, EHESS / Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (LAP-LAIOS)
  • Marie Aureille   doctorante, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Olivier Coulaux   doctorant, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Martin Roy   doctorant, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Leonor Gonzalez   doctorante, EHESS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)

L’anthropologie politique, qu’est-ce que ça veut dire ? La fabrique de l’anthropologie politique se veut un espace d’écriture, de discussion et d’invitation en vue d’établir ce qui peut faire encore aujourd’hui la « vertu corrosive » (Balandier) de l’anthropologie politique dans notre compréhension du monde, et la manière dont elle se distingue vis-à-vis de la sociologie ou de la science politique. La spécificité du regard ethnographique, la construction de l’objet « politique » sur le terrain mais aussi sa co-construction par la mise au travail d’un dialogue interdisciplinaire (notamment avec les sciences politiques ou encore la philosophie), l’itinéraire du chercheur vis-à-vis de la « politique », la réflexivité quant à la position (politique) de l’anthropologue, la construction d’une histoire globale ethnographiquement informée, ce que font les philosophes de l’anthropologie et ce que veut faire l’anthropologie de la philosophie, la (nécessaire) participation d’autres disciplines au programme scientifique d’une anthropologie politique, les rapports entretenus avec l’anthropologie économique et l’anthropologie de l’environnement, la position qu'elle a occupée et qu'elle occupe dans la discipline mais aussi dans l’espace public au niveau national et global... Au fond, l'anthropologie politique serait-elle devenue synonyme de l’anthropologie tout court, ou a-t-elle encore besoin de dire son nom ?

L’atelier mensuel alternera des séances pratiques (ateliers d’écritures, réflexivité), des séances autour de textes et des séances autour de trajectoires et de travaux de chercheurs.

16 novembre 2022 : Situation(s) de l’anthropologie politique : déplacements à l'œuvre.

Dans le cadre de l’enquête collective que nous menons dans cet atelier depuis maintenant plus d’un an, deux catégories - situation / déplacement - se sont imposées. Ces dernières seront explorées afin de mettre en commun nos réflexions individuelles sur l’anthropologie politique. La séance aura pour fonction d’exposer, d’affiner et de comparer les usages que nous faisons de ces catégories dans le cadre de nos recherches respectives, sous la forme de propositions et de pistes de réflexion qu’il s’agira de recevoir comme autant d’hypothèses de travail pour les prochaines séances. Nous tenterons, au même moment, d’exposer en quoi celles-ci nous permettent d’entamer une réflexion sur ce que l’anthropologie politique a (ou doit) effectivement (avoir) de singulier.

Dans un premier temps, quatre d’entre nous feront de courtes présentations sur la base de nos propres recherches en prenant pour axe problématique le thème de la séance. Dans un deuxième temps, s’ouvrira un moment d’échange et de débat avec et entre les participants de l’atelier.

Présentations

  • Martin Roy : « L’enjeu que pose l’introduction du motif politique sur la toile de ses descriptions est, pour l’anthropologie politique, un problème philosophique »
  • Leonor Gonzalez : « Ethnographier les idéologies en action: réflexions sur le populisme méthodologique. »
  • Olivier Coulaux : « Anthropologie des ontologies, ontologisation de l’alternative ? Retour sur quelques déplacements des politiques du temps à l'œuvre dans la discipline. »
  • Marie Aureille : « La recherche d’“alternatives” passe-t-elle par l'ethnographie des alternatives ? Déplacements et problématisations des utopies cubaines ». 

Lectures conseillées :

Pour alimenter la discussion collective, il est important de se constituer un socle commun de références et de lectures. Pour cela, nous demandons aux participants de lire des textes en amont de chaque séance.

  • Balandier, Georges (2001 [1951]). La situation coloniale : approche théorique. Cahiers internationaux de sociologie, 110, 9-29. https://doi.org/10.3917/cis.110.0009
  • Clifford, James. “Anthropology and/as Travel.” Etnofoor 9, no. 2 (1996): 5–15. http://www.jstor.org/stable/25757889.
  • Tsing, Anna (2000), “The Global Situation”, Cultural Anthropology, Vol. 15, No. 3, pp. 327-360 (34 pages), https://www.jstor.org/stable/656606?seq=3#metadata_info_tab_contents

Pour aller plus loin :

  • Agier, Michel, “Un pont sur la Manche.Vers une anthropologie situationnelle”, Cahiers d’études africaines, 2017/228, p. 921-923, https://doi.org/10.4000/etudesafricaines.21581
  • Max Gluckman (1940) : « Analysis of a social situation in modern Zululand ».Traduit et commenté par Yann Tholoniat, Benoît de L'Estoile, Genèses 2008/3 (n° 72), 119-155 https://doi.org/10.3917/gen.072.0119
  • Anne-Christine Trémon, « Les Diasporas sont-elles transnationales ? », Terrain [En ligne], Questions, mis en ligne le 07 décembre 2021, consulté le 04 novembre 2022.URL : http://journals.openedition.org.ezproxy.campus-condorcet.fr/terrain/22509

18 janvier 2023 : « Anthropologie politique de la finance : l’industrie de la finance comme institution politique globale », avec Horacio Ortiz

Horacio Ortiz fait une anthropologie politique de la finance en analysant l’industrie de la finance comme une « institution politique globale ». Malgré l’hétérogénéité des organisations du monde de la finance, la fragmentation des législations nationales, la multiplicité des rôles de l’État en fonction des contextes et l’absence de centralisation, cette institution produit des hiérarchies sociales et organise la circulation et la distribution de ressources monétaires au niveau mondial. À partir d’une ethnographie des pratiques ordinaires d’évaluation réalisées par les employés des organisations financières, Horacio Ortiz montre que l’institutionnalisation de la finance comme espace globalisé opère par la standardisation des règles et des procédures d’évaluation et d’investissement qui contraignent ceux qui travaillent dans la finance et ceux qui veulent accéder à l’argent.

Au cours de cette séance, nous discuterons de l’approche de l’anthropologie politique proposée par Horacio Ortiz et des croisements et des déplacements qu’il opère par rapport à l’anthropologie économique. Nous reviendrons sur les concepts d’institution et de hiérarchie et sur les conditions d’enquête dans le monde de la finance

Lectures : 

15 février 2023 : L’anthropologue et le (bio)politique en situation pandémique, avec Laëtitia Atlani-Duault et Frédéric Keck.

Pour cette troisième séance, nous recevrons les anthropologues Laëtitia Atlani-Duault (IRD-Ceped) et Frédéric Keck (CNRS - LAS) autour d’échanges prenant pour thème général “l’anthropologue et le (bio)politique en situation pandémique”. Laëtitia Atlani-Duault a fait sa thèse sur une ONG chargée de la prévention du VIH en Transcaucasie, avant de travailler plus largement sur l’aide humanitaire, le développement et la santé globale. Au cours de la pandémie Covid-19, elle a représenté l’anthropologie au sein du Conseil Scientifique avant de co-écrire un livre sur le rôle des spiritualités en temps de pandémie. Frédéric Keck a développé un travail d’ethnographie multi-située des dispositifs de biosécurité et de préparation aux épidémies, en France et en Asie de l’Est. Il propose de comprendre nos rapports aux virus dans le sillage de l’anthropologie des ontologies, à l’interface des relations entre humains et non-humains et de leurs transformations. Au cours de cette séance, nous reviendrons sur les trajectoires de recherche de nos interlocuteurs.rices, leurs rapports à l’anthropologie (bio)politique et à l’objet épidémique, avant de nous employer à discuter du rôle que les anthropologues peuvent être amenés à adopter en “situation” pandémique. Comment l’anthropologie transforme-t-elle notre appréhension de l’objet “pandémique”, et, ce faisant, sa (bio)politique ? Telle est la question d’ensemble autour de laquelle nous orienterons nos échanges."

Lectures:
KECK, F. Anthropology of Epidemics - Introduction (2019)
KECK, F. Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d'oiseaux aux frontières de la Chine - Postface (2021)
ATLANI-DUAULT, L., Anthropologie de l'aide humanitaire et du développement (2009) - Chapitre 1
ATLANI-DUAULT, L., Au Bonheur des Autres (2009) - Chapitre 1 ("la valise de l'anthropologue »)

12 avril 2023 (salle AS1_24) : Anthropologie de la rumeur et infrapolitique, avec Julien Bonhomme.

La séance portera sur Anthropologie de la rumeur et infrapolitique. Nous recevrons l’anthropologue Julien Bonhomme, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et chercheur au Laboratoire d'anthropologie sociale. Il a mené des travaux sur une rumeur de « voleurs de sexe » répandue en Afrique, sur les ragots, les infox, les fake news, et plus largement sur les paroles accusatrices qui soulèvent des enjeux sociaux et politiques. Au cours de la séance, nous reviendrons sur les trajectoires de recherche de notre interlocuteur, son rapport à l’anthropologie politique, sur l’intérêt heuristique de l’objet « rumeur » et sur la position de l’anthropologue dans les cercles de rumeurs. Nous discuterons de la complexité des enjeux politiques que soulève cet objet, des approches que l’on peut mobiliser pour le « prendre au sérieux », et des possibilités d’analyse de la rumeur au prisme de l’infrapolitique (tel que le suggère notamment James Scott).

Lectures:
BonhommeJulien. 2016. The Sex Thieves. The Anthropology of a Rumor. University of Chicago Press. HAU Books. (Introduction)
BonhommeJulien. 2019. Fausses rumeurs ?. Monde commun, 2, 162-179. https://doi.org/10.3917/moco.002.0162
Scott, James C. 2009. La domination et les arts de la résistance. Fragments du discours subalterne. Paris, Éditions Amsterdam, 2009. (Chapitre 2 sur l'infrapolitique et sous-partie "Anonymat" du chapitre 6 centrée sur les rumeurs)
White, Luise. 2000. « Histoire africaine, histoire orale et vampires. Procès et palabres à Kampala dans les années 50 », Politique africaine, vol. 79, nᵒ 3, p. 83-100.  https://doi.org/10.3917/polaf.079.0083

17 mai 2023 : Anthropologie de l’État, avec Paula Lopez Caballero

Cette nouvelle séance portera sur l’anthropologie de l’État. Nous recevrons l’anthropologue Paula López Caballero, chercheure à Université Nationale Autonome du Mexique et actuellement visiting scholar à l’Université de Cambridge. Ses recherches portent sur les processus de production de l’autochtonie au Mexique, notamment sur les pratiques sociales à travers lesquelles les identités et les altérités sont construites et vécues. Historienne et anthropologue, ses travaux dans le sillage de sa thèse analysent l’histoire des configurations et des reconfigurations des frontières identitaires indigènes/non indigènes comme des processus constitutifs de la formation de l’État-nation. Dans ses recherches plus récentes, Paula López Caballero se fait historienne de l’anthropologie et analyse la fabrique de catégories d’identification dans les enquêtes de terrain des anthropologues mexicanistes et leur circulation entre travaux scientifiques et institutions étatiques dans la production de modes de gouvernement. Dans cette session, nous aborderons à la fois des questions d’épistémologie, d’histoire et de politique de l’anthropologie et des enjeux politiques de production d’identités et d’altérités. De par ses sujets de recherche et son parcours de chercheuse à la croisée des institutions de recherche mexicaine et française, l’échange avec Paula López Caballero nous amènera également à aborder le rôle joué par l’anthropologie dans les constructions nationales, la division du travail entre les disciplines et au sein des institutions de recherche et à interroger la fabrique de l’anthropologie politique à la fois au regard des contextes nationaux spécifiques et des circulations internationales.

Lectures :
López Caballero Paula, 2012, « Introduction », in Les Indiens et la nation au Mexique. Une dimension historique de l’altérité, p. 7-31.
López Caballero Paula, 2009, « L’État, l’‘Indien’ et l’anthropologue », Critique, nº 742, p. 215-226.
López Caballero Paula, 2021, « Inhabiting identities. On the elusive quality of indigenous identity in Mexico », The Journal of Latin American and Caribbean Anthropology, vol. 26, nº 1, p 124-146.
Pour une mise en contexte de l’histoire de l’anthropologie au Mexique : Lomnitz Claudio, 2005, « Bordering on anthropology. Dialectics of a national tradition », in L’Estoile Benoît de, Neiburg Federico, Sigaud Lygia (éds.), Empires, nations and natives. Anthropology and state-making, Duke University Press, Durham, p. 167-196.

14 juin 2023, 17h-19h (attention changement d'horaire) : Enseigner l’anthropologie politique et penser ses concepts, avec Judith Scheele.

Judith Scheele a travaillé au Sahel (Algérie, Tchad, Mali), en restituant dans la longue durée les échanges, les circulations et les relations qui font l'unité de la région. Elle donne un cours d'anthropologie politique à l'EHESS Marseille, intitulé : "Au-delà de l’État : lectures en anthropologie politique". Dans la lignée de la toute première séance du séminaire qui avait réunie Eric Wittersheim (EHESS - LAP) et Riccardo Ciavolella (CNRS - LAP) autour d'une discussion sur leur manuel d'introduction à l'anthropologie du politique (De Boeck, 2016), nous chercherons ici à interroger les façons dont l'anthropologie (du) politique s'institutionnalise à travers l'enseignement. Comment se transmet l'histoire et la pratique de l'anthropologie politique ? Quels dilemmes et quels choix se posent aujourd'hui lors de la préparation d'un cours d'anthropologie politique ? Judith Scheele propose une réflexion stimulante sur les concepts de l'anthropologie politique. Nous reviendrons sur sa proposition d'utiliser des concepts politiques issus de l'ethnographie pour questionner les notions eurocentriques comme l'Etat, la sphère publique, la société civile ou la gouvernementalité. 

Lectures :
Piliavsky, Anastasia, et Judith Scheele. « Towards a Critical Ethnography of Political Concepts ». HAU: Journal of Ethnographic Theory 12, no 3 (1 décembre 2022): 686‑700. https://doi.org/10.1086/723216.
Scheele, Judith. « State‐like and State Dislike in the Anthropological Margins ». Journal of the Royal Anthropological Institute 27, no 4 (décembre 2021): 909‑27. https://doi.org/10.1111/1467-9655.13610.

21 juin 2023, 16h30-18h30 (attention changement d'horaire): Échelles de l’enquête et échelles de l’action, avec Anne-Christine Trémon

Anne-Christine Trémon a travaillé en Polynésie française, auprès d’une communauté de la diaspora chinoise, ainsi que dans un ancien village d'émigration situé dans la zone économique spéciale de Shenzhen (Sud-Est de la Chine). Nous chercherons au cours de notre discussion à interroger la notion d'échelle du point de vue de l'anthropologie, et, par-là, à tisser ensemble les liens qui nous amènent, du localisé au globalisé, à enquêter sur les transformations qui affectent le "politique". Comment en vient-t-on à problématiser la notion d'échelle sur le terrain ? Comment rendre substantielles ces dernières du point de vue de l'enquête ethnographique et de nos enquêtés, par-delà les jeux d'abstraction théoriques et les enjeux symboliques qui nous amènent à nous déplacer du "petit" vers de plus "gros" objets ? De ce point de vue, la notion d'échelle a joué un rôle historique important pour l'anthropologie politique, en permettant de produire des regards nouveaux sur des objets spécifiques (l'Etat, la globalisation...). Qu'est-ce que cette dernière continue à nous enseigner des transformations du politique et du vécu de l'enquête ? Voici quelques-uns des thèmes qui orienteront le cours de notre conversation.

Lectures :
Trémon, Anne-Christine (2019).
Pour la cause de l’ancêtre. Relation diasporique et transformations d’un village globalisé. Shenzhen, Chine. Conclusion. Societé d'Ethnologie Université Paris-Nanterre. Coll. Recherches sur la Haute-Asie.
Trémon, Anne-Christine (2021). Scales of Change and Diagnostic Contradictions: Shifting Relations Between an Emigrant Community and Its Diaspora. In: Berriane, Y., Derks, A., Kreil, A., Lüddeckens, D. (eds) Methodological Approaches to Societies in Transformation. Anthropology, Change, and Development. Palgrave Macmillan, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-030-65067-4_2

Off- Table-ronde du collectif au colloque du LAP (Laboratoire d’Anthropologie Politique), « Mondes en crise/Sujets émergents » (7-9 juin 2023), autour du thème : « L'anthropologie politique contre les alternatives, tout contre » : https://lap.hypotheses.org/jeudi-8-juin

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

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  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_23
    annuel / mensuel (3e), mercredi 17:30-19:30
    du 16 novembre 2022 au 21 juin 2023
    Nombre de séances : 7