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UE443 - Histoire et récits du travail. L'écriture comme lieu de travail


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 10:30-12:30
    du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
    Nombre de séances : 13


Description


Dernière modification : 24 juillet 2022 12:52

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Linguistique, sémantique, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action Archives Argumentation Artisanat Arts Classes sociales Communication Culture Culture matérielle Droit, normes et société Écriture Fiction Geste technique Histoire Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Histoire du livre Histoire économique et sociale Linguistique Littérature Mouvements sociaux Objets Philosophie Politique Professions Savoirs Sémantique Techniques Témoignage Textes Travail
Aires culturelles
Europe France
Intervenant·e·s
  • Dinah Ribard [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Groupe de recherches interdisciplinaires sur l'histoire du littéraire (CRH-GRIHL)

Ce séminaire porte sur la connaissance du travail. On s'y intéresse aux témoignages et aux rapports, aux règlements et à la poésie, aux manifestes politiques et aux manuels techniques, aux sermons, aux devis, aux projets, aux pétitions, aux publicités, aux professions de foi, aux décisions, aux instructions et aux récits de toute sorte et de toute taille : à l'écriture comme manière de faire son travail, à l'écriture dans le travail et à l'écriture comme action. On s'y interroge sur ce que des mots écrits peuvent nous apprendre de ce qui a été fait avec eux dans le passé (question envisagée parallèlement avec Marion Carel dans le séminaire Linguistique et histoire. Agir avec les mots qui se tient au second semestre) ; sur ce que c'est que mettre en écriture, à l'époque moderne et au début de l'époque contemporaine, une expérience, une situation, un métier, une politique, une pensée, un art, un événement, une image, un silence ; et sur ce que c'est que recopier, inscrire, recueillir, publier ou afficher, autrement dit sur ce qui arrive aux écrits une fois qu'ils existent.

En 2022-2023, on s'intéressera particulièrement à l'écrit comme lieu de conflits, comme lieu traversé par des rapports de pouvoir, comme lieu d'organisation et de subordination, de routine et d'invention - autrement dit, comme lieu de travail.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter Dinah Ribard par courriel.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire, cette année, s'est organisé autour de l'étude de petits ensembles de mots apparemment sans malice, que nous avons traités comme des faits d'écriture, c'est-à-dire comme ayant été écrits, et donc analysables comme des actions et comme ayant demandé du travail : enseignes de magasin, annonces et publicités, vers maladroits composés pour être offerts dans une lettre, adresses, emplois du temps ou encore écriteaux (l'un des participants au séminaire a apporté ce cas à la discussion). Avec la variation des emplois du temps minutieux et contradictoires notés dans les règlements des écoles militaires créés au XVIIIe siècle, qui a fait l'objet de plusieurs séances, la question de l'adresse a été plus particulièrement approfondie. Une adresse est un lieu connu, c'est aussi l'assemblage d'un petit nombre de mots, rarement étudié de ce point de vue cependant. C'est l'adresse non comme objet de savoir (cartographique ou policier), ni comme information sur quelqu'un mais comme libellé qui nous a intéressés, à partir d'un de ses lieux d'apparition à l'époque moderne, la page de titre des livres imprimés. Sur celle-ci, la mention « chez l'auteur », suivie de l'adresse de celui-ci, indique un type d'accord commercial avec le libraire-imprimeur qui a fabriqué l'ouvrage. En travaillant sur les adresses notées sur les livres de quelques individus ayant habité dans la même rue de Paris, la rue Guénégaud, courte et alors nouvelle, à peu près dans la même période, la fin du XVIIe siècle, il est apparu que cette mention pouvait aussi avoir d'autres fonctions, d'autres usages. Ces hommes ont en commun d'avoir ravaillé avec l'écrit et avec les propriétés de l'imprimé. Pour l'un d'entre eux, un philosophe qui n'appartenait à aucune institution et vivait de leçons privées à grand succès, indiquer son adresse sur ses cours imprimés permettait de faire de sa philosophie un produit précisément adapté aux besoins d'une clientèle parisienne exposée à nombre d'autres offres intellectuelles. Le second, auteur du premier recueil de patrons de couture, ou plus exactement de coupe des pièces de vêtement imprimé en France (en 1671), a choisi d'indiquer sur cet ouvrage qu'il résidait dans le faubourg Saint-Germain – où la rue Guénégaud, autre élément de l'adresse notée sur ce livre, ne se trouvait pas – pour faire de son geste de publication des techniques du métier de tailleur un acte politique. Le troisième individu étudié a logé son activité d'auteur d'ouvrages liés à la médecine, dont il n'était pas docteur, dans les environs du collège des quatre nations ou Mazarin, une institution d'éducation nouvelle dont la construction, au débouché de la rue Guénégaud, avait réorganisé le quartier. Cet individu est également l'auteur du premier livre des adresses de Paris, dans lequel les environs de la rue Guénégaud sont très présents. En écrivant l'adresse qu'ils ont partagée sur leurs livres, les trois hommes ont inséré leur propre politique, autrement dit leur manière d'exercer leur activité, dans ce qu'ils comprenaient, selon moi, de la politique de leur temps par l'observation de leur quartier. Cette analyse, confrontée aux travaux sur les évolutions de l'adressage, des quartiers de Paris ou encore de la cartographie, a été étayée par l'observation des variations du nom de la rue appelée aujourd'hui Guénégaud (et de l'actuelle rue Mazarine qui la croise) dans les guides, plans et actes notariés contemporains. En contrepoint, nous nous sommes intéressés aux collages féministes d'aujourd'hui, autre cas de petits ensembles de mots qui sont des actions.

Publications

« Cos’è un indirizzo? Parigi, via nuova di Guénégaud », Quaderni storici, Rivista quadrimestrale 2, 2022, p. 465-496, doi : 10.1408/106839 ; https://www.rivisteweb.it/doi/10.1408/106839

« Caminos de Palabras », Prismas. Revista de historia intelectual, 26, Dossier : Roger Chartier y las migraciones históricas de la cultura escrita, 2022, p.181-186.

« Publier M. Abauzit » dans Firmin Abauzit (1679-1767). Production et transmission des savoirs d'un intellectuel au siècle des Lumières, sous la dir. de Maria-Cristina Pitassi, Paris, Honoré Champion, 2022, p. 161-174.

Avec Marion Carel, « Gestes et actions avec les mots », Linguistique de l’écrit 3, Oral/écrit: quelles places dans les modèles linguistiques?, 2022, p. 331-354. https://doi.org/10.19079/lde.2022.s3.11.

« Faire lire l’industrie parisienne : guides, prospectus, littérature, 1776-1789 », dans Fabula-LhT, n° 29, « Manuels et modes d'emploi : comment la littérature dispose à l'action », sous la dir. d'Adrien Chassain, Éléonore Devevey et Estelle Mouton-Rovira, janvier 2023, http://www.fabula.org/lht/29/ribard.html, page consultée le 02 février 2023. DOI : 10.58282/lht.3679

« Qu’est-ce qu’une œuvre de Du Perron ? », dans Jacques Davy du Perron (1556-1618). Figures oubliées d'un passeur de son temps, sous la dir. de Mark Greengrass et Lana Martysheva, Rennes, PUR, 2023, p. 233-251.

« Après coup ? Fénelon dans la culture ecclésiastique du premier XVIIIe siècle » dans Lectures et figures de Fénelon, sous la dir. de C.-O. Stiker-Métral et F. Trémolières, Paris, Classiques Garnier, 2023, p. 39-53.

Avec Judith Lyon-Caen, « Des contes dans un atelier, Paris 1828-1832 », dans Figures du travail, Études de lettres, sous la dir. de Marta Caraion, Jacob Lachat, Lausanne, n° 320, 2023, p. 27-49.

Dernière modification : 24 juillet 2022 12:52

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Linguistique, sémantique, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action Archives Argumentation Artisanat Arts Classes sociales Communication Culture Culture matérielle Droit, normes et société Écriture Fiction Geste technique Histoire Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Histoire du livre Histoire économique et sociale Linguistique Littérature Mouvements sociaux Objets Philosophie Politique Professions Savoirs Sémantique Techniques Témoignage Textes Travail
Aires culturelles
Europe France
Intervenant·e·s
  • Dinah Ribard [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Groupe de recherches interdisciplinaires sur l'histoire du littéraire (CRH-GRIHL)

Ce séminaire porte sur la connaissance du travail. On s'y intéresse aux témoignages et aux rapports, aux règlements et à la poésie, aux manifestes politiques et aux manuels techniques, aux sermons, aux devis, aux projets, aux pétitions, aux publicités, aux professions de foi, aux décisions, aux instructions et aux récits de toute sorte et de toute taille : à l'écriture comme manière de faire son travail, à l'écriture dans le travail et à l'écriture comme action. On s'y interroge sur ce que des mots écrits peuvent nous apprendre de ce qui a été fait avec eux dans le passé (question envisagée parallèlement avec Marion Carel dans le séminaire Linguistique et histoire. Agir avec les mots qui se tient au second semestre) ; sur ce que c'est que mettre en écriture, à l'époque moderne et au début de l'époque contemporaine, une expérience, une situation, un métier, une politique, une pensée, un art, un événement, une image, un silence ; et sur ce que c'est que recopier, inscrire, recueillir, publier ou afficher, autrement dit sur ce qui arrive aux écrits une fois qu'ils existent.

En 2022-2023, on s'intéressera particulièrement à l'écrit comme lieu de conflits, comme lieu traversé par des rapports de pouvoir, comme lieu d'organisation et de subordination, de routine et d'invention - autrement dit, comme lieu de travail.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – travail personnel sur un objet tiré de sa propre recherche, fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter Dinah Ribard par courriel.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 10:30-12:30
    du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
    Nombre de séances : 13

Le séminaire, cette année, s'est organisé autour de l'étude de petits ensembles de mots apparemment sans malice, que nous avons traités comme des faits d'écriture, c'est-à-dire comme ayant été écrits, et donc analysables comme des actions et comme ayant demandé du travail : enseignes de magasin, annonces et publicités, vers maladroits composés pour être offerts dans une lettre, adresses, emplois du temps ou encore écriteaux (l'un des participants au séminaire a apporté ce cas à la discussion). Avec la variation des emplois du temps minutieux et contradictoires notés dans les règlements des écoles militaires créés au XVIIIe siècle, qui a fait l'objet de plusieurs séances, la question de l'adresse a été plus particulièrement approfondie. Une adresse est un lieu connu, c'est aussi l'assemblage d'un petit nombre de mots, rarement étudié de ce point de vue cependant. C'est l'adresse non comme objet de savoir (cartographique ou policier), ni comme information sur quelqu'un mais comme libellé qui nous a intéressés, à partir d'un de ses lieux d'apparition à l'époque moderne, la page de titre des livres imprimés. Sur celle-ci, la mention « chez l'auteur », suivie de l'adresse de celui-ci, indique un type d'accord commercial avec le libraire-imprimeur qui a fabriqué l'ouvrage. En travaillant sur les adresses notées sur les livres de quelques individus ayant habité dans la même rue de Paris, la rue Guénégaud, courte et alors nouvelle, à peu près dans la même période, la fin du XVIIe siècle, il est apparu que cette mention pouvait aussi avoir d'autres fonctions, d'autres usages. Ces hommes ont en commun d'avoir ravaillé avec l'écrit et avec les propriétés de l'imprimé. Pour l'un d'entre eux, un philosophe qui n'appartenait à aucune institution et vivait de leçons privées à grand succès, indiquer son adresse sur ses cours imprimés permettait de faire de sa philosophie un produit précisément adapté aux besoins d'une clientèle parisienne exposée à nombre d'autres offres intellectuelles. Le second, auteur du premier recueil de patrons de couture, ou plus exactement de coupe des pièces de vêtement imprimé en France (en 1671), a choisi d'indiquer sur cet ouvrage qu'il résidait dans le faubourg Saint-Germain – où la rue Guénégaud, autre élément de l'adresse notée sur ce livre, ne se trouvait pas – pour faire de son geste de publication des techniques du métier de tailleur un acte politique. Le troisième individu étudié a logé son activité d'auteur d'ouvrages liés à la médecine, dont il n'était pas docteur, dans les environs du collège des quatre nations ou Mazarin, une institution d'éducation nouvelle dont la construction, au débouché de la rue Guénégaud, avait réorganisé le quartier. Cet individu est également l'auteur du premier livre des adresses de Paris, dans lequel les environs de la rue Guénégaud sont très présents. En écrivant l'adresse qu'ils ont partagée sur leurs livres, les trois hommes ont inséré leur propre politique, autrement dit leur manière d'exercer leur activité, dans ce qu'ils comprenaient, selon moi, de la politique de leur temps par l'observation de leur quartier. Cette analyse, confrontée aux travaux sur les évolutions de l'adressage, des quartiers de Paris ou encore de la cartographie, a été étayée par l'observation des variations du nom de la rue appelée aujourd'hui Guénégaud (et de l'actuelle rue Mazarine qui la croise) dans les guides, plans et actes notariés contemporains. En contrepoint, nous nous sommes intéressés aux collages féministes d'aujourd'hui, autre cas de petits ensembles de mots qui sont des actions.

Publications

« Cos’è un indirizzo? Parigi, via nuova di Guénégaud », Quaderni storici, Rivista quadrimestrale 2, 2022, p. 465-496, doi : 10.1408/106839 ; https://www.rivisteweb.it/doi/10.1408/106839

« Caminos de Palabras », Prismas. Revista de historia intelectual, 26, Dossier : Roger Chartier y las migraciones históricas de la cultura escrita, 2022, p.181-186.

« Publier M. Abauzit » dans Firmin Abauzit (1679-1767). Production et transmission des savoirs d'un intellectuel au siècle des Lumières, sous la dir. de Maria-Cristina Pitassi, Paris, Honoré Champion, 2022, p. 161-174.

Avec Marion Carel, « Gestes et actions avec les mots », Linguistique de l’écrit 3, Oral/écrit: quelles places dans les modèles linguistiques?, 2022, p. 331-354. https://doi.org/10.19079/lde.2022.s3.11.

« Faire lire l’industrie parisienne : guides, prospectus, littérature, 1776-1789 », dans Fabula-LhT, n° 29, « Manuels et modes d'emploi : comment la littérature dispose à l'action », sous la dir. d'Adrien Chassain, Éléonore Devevey et Estelle Mouton-Rovira, janvier 2023, http://www.fabula.org/lht/29/ribard.html, page consultée le 02 février 2023. DOI : 10.58282/lht.3679

« Qu’est-ce qu’une œuvre de Du Perron ? », dans Jacques Davy du Perron (1556-1618). Figures oubliées d'un passeur de son temps, sous la dir. de Mark Greengrass et Lana Martysheva, Rennes, PUR, 2023, p. 233-251.

« Après coup ? Fénelon dans la culture ecclésiastique du premier XVIIIe siècle » dans Lectures et figures de Fénelon, sous la dir. de C.-O. Stiker-Métral et F. Trémolières, Paris, Classiques Garnier, 2023, p. 39-53.

Avec Judith Lyon-Caen, « Des contes dans un atelier, Paris 1828-1832 », dans Figures du travail, Études de lettres, sous la dir. de Marta Caraion, Jacob Lachat, Lausanne, n° 320, 2023, p. 27-49.