UE434 - S’engager ou se réengager dans la vie face à la catastrophe écologique ? Perplexités, tâtonnements et enquêtes en milieux économiques favorisés

Intervenant·e·s

• Alexandra Bidet [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)
• Nathan Ben Kemoun   professeur, ESC Clermont Business School

Ce séminaire prendra la forme d’un atelier de formation à la recherche, et permettra aux étudiant·es de se familiariser avec la pratique de l’entretien approfondi ou ethnographique. Il s’agira d’initier une enquête collective sur les formes de réflexivité, de désarroi, de distanciation ou les émotions plus incertaines suscitées, dans des milieux économiques favorisés, par la catastrophe écologique en cours.

La plupart des enquêtes associées aux formes d’engagement écologique ont été réalisées au sein de milieux activistes, militants, ou auprès de communautés cherchant à s’émanciper du « système » en bâtissant de nouvelles autonomies et dépendances, ou en acceptant divers types de marginalité. Qu’en est-il des cadres supérieur·es, dirigeant·es ou non, hommes et femmes quotidiennement et directement attaché·es aux organisations, aux orientations stratégiques et aux outils de gestion qui soutiennent les activités productives les plus nocives pour la biosphère ? Ces cadres supérieur·es sont-ils affecté·es, depuis leur sphère professionnelle, par les alertes, les effritements et les disparitions en cours ? Des formes de réflexivité nouvelles à l’égard de la parenthèse que forment les « modes de vie dominants », où s'articulent production et consommation, peuvent-elles s’observer chez ces publics, le plus souvent parlés par d'autres ou décriés dans la littérature en écologie politique contemporaine ? Se manifestent-elles, le cas échéant, par de nouveaux choix quotidiens ou l'exploration d'autres attachements, au travail, dans les pratiques de consommation ou au sein d’autres activités ? Des formes de perplexité ou de doute peuvent-elles se constituer et circuler entre différents domaines de la vie, ou bien restent-elles cloisonnés à certains d’entre eux ?

L’enquête pourra accueillir une quinzaine d’étudiant·es. Les premières séances nous permettront de préparer l’entrée sur le terrain et d’élaborer des grilles d’entretien sur la base de lectures, autant au plan méthodologique que thématique. Les séances suivantes seront consacrées à un examen au fil de l’eau des premiers entretiens réalisés, pour mieux préparer les suivants et commencer à nourrir des pistes de compréhension et d'analyse.

Nous chercherons à susciter des témoignages et des récits ancrés dans l’expérience la plus quotidienne et sensible des personnes concernées, pour mieux décrire les moments où s’articulent, se rencontrent ou se heurtent, la vie intime, l’engagement dans le travail et des transformations historiques de plus large envergure.