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UE970 - Gouverner le « progrès » et ses dégâts (1810-2022). Histoire et sciences sociales


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle A527
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / mensuel (3e), mardi 09:30-13:30
    du 18 octobre 2022 au 18 avril 2023
    Nombre de séances : 6

    NB : cf. le détail des salles dans le descriptif


Description


Dernière modification : 26 mars 2023 20:59

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action publique Agriculture Biopolitique Capitalisme Environnement Études des sciences contemporaines Genre Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Industrie Institutions Marché Médecine Politiques publiques Pollution Risques Santé Santé environnementale Sciences Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sara Aguiton   chargée de recherche, CNRS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sezin Topçu   chargée de recherche, CNRS / Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS)

Les formes de gouvernement des rapports entre technosciences, environnement, industrie, risque et société, à l’œuvre depuis les deux derniers siècles, font apparaître des tensions majeures. Celles-ci sont de trois ordres. D’abord entre fait libéral (l'autonomie croissante des individus) et fait politique, entre phénomènes d'individualisation et nécessités de solutions collectives. Ensuite, entre logiques de marchés et logiques de régulation, entre liberté d’entreprendre et d’innover et importance des contrôles politiques. Enfin, entre bénéfices et dégâts du progrès, entre promesses sanitaires, environnementales et sociétales et leurs conséquences négatives. En d'autres termes, on observe une triple tension entre sociétés et individus, économie et politique, innovation et « précaution ».

Le but de ce séminaire est d’aborder ces questions à partir d’objets, de périodes et d’échelles différentes, de déplier, éclater ou approfondir nos catégories (controverses, risques, progrès, modernité réflexive, économicisation, co-production, résilience…), de considérer autant les espaces nationaux que les acteurs globaux et leurs modes de gouvernement, autant les savoirs, expertises et dispositifs de gouvernement mobilisés que les flux de matière, de capitaux, d’énergie, de marchandises, de déchets et toxiques effectivement déployés. Les séances croisent en général deux perspectives, l'une historienne, l'autre sur le contemporain. Nous visons à animer un collectif intellectuel croisant l’histoire des sciences et des techniques, les études sociales des sciences et STS, l'histoire de la santé et de la biomédecine, les études des risques et des régulations ainsi que l’histoire environnementale.

18 octobre 2022 (salle 3.08, Centre de colloques, Campus Condorcet) : Politiques économiques de l'environnement

  • Stéphanie Barral (INRAE, LISIS), « Carbone et biodiversité : une sociologie de la compensation »
  • Alexandre Violle (IFRIS, CEMS), « Comment les banquiers centraux pensent le changement climatique ? La politique matérielle des stress tests climatiques en Europe »

Discutante : Sara Angeli Aguiton (CNRS, CAK)

15 novembre 2022 (salle 2.06, Humathèque Campus Condorcet) : Des masques et des virus : quelles (contre-)histoires des pandémies ?

  • Bruno Strasser (Université de Genève) : « L’invention de la médecine jetable : Gouverner la stérilité hospitalière 1940-1970 »
  • Charlotte Brives (CNRS, CED), « Face à l'antibiorésistance, une écologie politique des microbes »

Discutante : Anne Rasmussen (EHESS, CAK)

17 janvier 2023 (salle 3.01, Centre de colloques Campus Condorcet) : Des animaux au service du « progrès », entre expérimentation et commodification

  • Marion Thomas (Université de Strasbourg, SAGE), « Les animaux dans la science coloniale : le cas des chimpanzés de l’Institut Pasteur de Kindia, Guinée (1922-1965) »
  • Mathieu Quet (Ceped, Université de Paris-IRD), « La standardisation de quoi ? Venins, serums et serpentariums dans la fabrique erratique de la santé globale »

Discutant : Jean-Paul Gaudillière (EHESS, Cermes3)

21 février 2023 (salle 3.01, Centre de colloques Campus Condorcet) : Progrès pharmaceutique et risque reproductif entre médecine, genre, race et classe

  • Caroline Rusterholz (Graduate Institute Genève), « Depo-provera, autorité médicale, race et classe en Grande Bretagne (1970-1980) »
  • Jesse Olszynko-Gryn (Institut d’études avancées de Lyon, University of Strathclyde à Glasgow, « L'affaire Dépakine : communiquer sur le risque reproductif dans la France de l'après le thalidomide »

Discutante : Bibia Pavard (Panthéon-Assas Université, CARISM)

21 mars 2023  (salle 50, bâtiment EHESS-Condorcet) : De l'agriculture à la médecine, les victimes en mouvement

  • Jean-Noël Jouzel (CNRS, CSO) et Giovanni Prete (Université Paris 13, IRIS), « L’agriculture empoisonnée. La mobilisation des paysans victimes des pesticides »
  • Janine Barbot (INSERM, CEMS) et Nicolas Dodier (INSERM-Ehess, CEMS), « Construire une approche sociologique de la réparation. À partir de l'étude d'un drame médical »

Discutantes :  Anne Rasmussen (EHESS, CAK) et Sezin Topçu (CNRS, CEMS)

18 avril 2023 (salle 50, bâtiment EHESS-Condorcet) : La mise en économie de la « misère du monde »

  • Axelle Brodiez-Dolino (CNRS, Centre Norbert-Elias), « Traiter la pauvreté, de 1945 à nos jours. Ce que les recompositions contemporaines des aides sociales publiques et privées nous disent de notre société »
  • Nassima Abdelghafour (IFRIS, CAK),  « Micropolitique de la pauvreté : la fragmentation épistémique et politique du monde par les essais contrôlés randomisés »

Discutant : Constantin Brissaud (ISPOLE, Université de Louvain-la-Neuve et IRISSO, Université Paris-Dauphine)


Master


  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter par courriel les organisatrices pour toute demande d'information ou prise de rendez-vous.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant·e·s en master, doctorant·e·s, chercheur·e·s, et toute personne intéressée sur demande.


Compte rendu


Le séminaire, qui s’inscrit dans une tradition longue du Centre Alexandre-Koyé de la pratique des études sociales de sciences et STS, a poursuivi son étude des tensions à l’œuvre, depuis le XIXe siècle, dans les rapports entre technoscience, environnement, industrie, risque et société. Ces enjeux sont abordés à partir d’objets, de périodes et d’échelles diversifiés. Les six séances, conçues comme des demi-journées d’étude, croisaient deux perspectives, l’une historienne, dans une profondeur de champ temporel d’envergure variable, l’autre sociologique et/ou politiste, suivies d’une discussion.

La première séance a porté sur les politiques économiques de l’environnement. Stéphanie Barral (INRAE, LISIS) a discuté la notion de « sociologie de la compensation », à partir du cas des politiques environnementales fondées sur le marché, et notamment du marché carbone volontaire en France et des marchés du consulting environnemental. Alexandre Violle (IFRIS, CEMS) s’est intéressé à la politique matérielle des stress tests climatiques en Europe, pour questionner le rôle des banquiers centraux dans la pensée du changement climatique. Ces exemples mettent en valeur les relations entre science, droit et économie dans la mise en œuvre des politiques environnementales.

La séance suivante a été consacrée à une (contre-)histoire des pandémies contemporaines en interrogeant les dispositifs socio-techniques à l’œuvre dans la lutte anti-épidémique. Bruno Strasser (Université de Genève) a exploré l’histoire des masques de protection faciale, la culture du jetable développée dans les années 1950 pour la stérilité hospitalière (« throwaway living ») et leurs implications technologiques. Charlotte Brives (CNRS, CED) a mis en valeur la manière dont le recours à la thérapie phagique, via les virus bactériophages, a proposé des solutions alternatives à l’antibiorésistance.

La troisième séance a eu pour objet l’usage des animaux mis au service du « progrès », entre expérimentation et commodification. Marion Thomas (Université de Strasbourg, SAGE) a présenté ses recherches sur l’utilisation expérimentale des chimpanzés de l’Institut Pasteur de Kindia, en Guinée (1922-1965), en contexte colonial. Mathieu Quet (Ceped, Université de Paris-IRD) a exploré la standardisation des venins, sérums et serpentariums, comme condition même de la constitution de marchés globalisés de la « pharmaceuticalisation ».

La quatrième séance, discutée par Bibia Pavard, a été consacrée à la confrontation du progrès pharmaceutique et du risque reproductif, dans leurs interactions avec les enjeux de genre, race et classe, à travers deux études de cas. Caroline Rusterholz (Graduate Institute Genève) a étudié l’autorité médicale issue de la prescription du contraceptif Depo-provera dans les services à domicile de quartiers populaires britanniques des années 1970 et 1980, tandis que Jesse Olszynko-Gryn (University of Strathclyde à Glasgow) a analysé l’affaire Dépakine et son rôle dans la définition du risque reproductif dans la France de l'après-thalidomide.

La séance suivante était centrée sur les mouvements de victimes, leur difficile émergence et leur ptentielle judiciarisation. Jean-Noël Jouzel (CNRS, CSO) et Giovanni Prette (Université Paris 13, IRIS) ont exposé leurs recherches sur la mobilisation associative d’agriculteurs victimes des pesticides, tandis que Janine Barbot (INSERM, CEMS) et Nicolas Dodier (INSERM-Ehess, CEMS) ont analysé les attendus d’une approche sociologique de la réparation, à partir de l’étude du drame médical des contaminations iatrogènes d’enfants traités par hormones de croissance en France.

La dernière séance a porté sur la mise en économie de la « misère du monde », commentée par Constantin Brissaud. Axelle Brodiez-Dolino (CNRS, Centre Norbert-Elias) a montré les effets des recompositions contemporaines des aides sociales publiques et privées sur le traitement de la pauvreté depuis 1945. Nassima Abdelghafour (IFRIS, CAK) a élaboré le concept de pauvreté mondiale tel qu’il est construit par l’action des économistes du développement qui ont encouragé l'utilisation d'essais contrôlés randomisés dans l'élaboration des politiques de lutte contre la pauvreté, afin d’en évaluer l’impact. Elle décrit ainsi des effets de fragmentation du monde, par une micropolitique de la pauvreté.

Dernière modification : 26 mars 2023 20:59

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action publique Agriculture Biopolitique Capitalisme Environnement Études des sciences contemporaines Genre Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Industrie Institutions Marché Médecine Politiques publiques Pollution Risques Santé Santé environnementale Sciences Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sara Aguiton   chargée de recherche, CNRS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Sezin Topçu   chargée de recherche, CNRS / Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS)

Les formes de gouvernement des rapports entre technosciences, environnement, industrie, risque et société, à l’œuvre depuis les deux derniers siècles, font apparaître des tensions majeures. Celles-ci sont de trois ordres. D’abord entre fait libéral (l'autonomie croissante des individus) et fait politique, entre phénomènes d'individualisation et nécessités de solutions collectives. Ensuite, entre logiques de marchés et logiques de régulation, entre liberté d’entreprendre et d’innover et importance des contrôles politiques. Enfin, entre bénéfices et dégâts du progrès, entre promesses sanitaires, environnementales et sociétales et leurs conséquences négatives. En d'autres termes, on observe une triple tension entre sociétés et individus, économie et politique, innovation et « précaution ».

Le but de ce séminaire est d’aborder ces questions à partir d’objets, de périodes et d’échelles différentes, de déplier, éclater ou approfondir nos catégories (controverses, risques, progrès, modernité réflexive, économicisation, co-production, résilience…), de considérer autant les espaces nationaux que les acteurs globaux et leurs modes de gouvernement, autant les savoirs, expertises et dispositifs de gouvernement mobilisés que les flux de matière, de capitaux, d’énergie, de marchandises, de déchets et toxiques effectivement déployés. Les séances croisent en général deux perspectives, l'une historienne, l'autre sur le contemporain. Nous visons à animer un collectif intellectuel croisant l’histoire des sciences et des techniques, les études sociales des sciences et STS, l'histoire de la santé et de la biomédecine, les études des risques et des régulations ainsi que l’histoire environnementale.

18 octobre 2022 (salle 3.08, Centre de colloques, Campus Condorcet) : Politiques économiques de l'environnement

  • Stéphanie Barral (INRAE, LISIS), « Carbone et biodiversité : une sociologie de la compensation »
  • Alexandre Violle (IFRIS, CEMS), « Comment les banquiers centraux pensent le changement climatique ? La politique matérielle des stress tests climatiques en Europe »

Discutante : Sara Angeli Aguiton (CNRS, CAK)

15 novembre 2022 (salle 2.06, Humathèque Campus Condorcet) : Des masques et des virus : quelles (contre-)histoires des pandémies ?

  • Bruno Strasser (Université de Genève) : « L’invention de la médecine jetable : Gouverner la stérilité hospitalière 1940-1970 »
  • Charlotte Brives (CNRS, CED), « Face à l'antibiorésistance, une écologie politique des microbes »

Discutante : Anne Rasmussen (EHESS, CAK)

17 janvier 2023 (salle 3.01, Centre de colloques Campus Condorcet) : Des animaux au service du « progrès », entre expérimentation et commodification

  • Marion Thomas (Université de Strasbourg, SAGE), « Les animaux dans la science coloniale : le cas des chimpanzés de l’Institut Pasteur de Kindia, Guinée (1922-1965) »
  • Mathieu Quet (Ceped, Université de Paris-IRD), « La standardisation de quoi ? Venins, serums et serpentariums dans la fabrique erratique de la santé globale »

Discutant : Jean-Paul Gaudillière (EHESS, Cermes3)

21 février 2023 (salle 3.01, Centre de colloques Campus Condorcet) : Progrès pharmaceutique et risque reproductif entre médecine, genre, race et classe

  • Caroline Rusterholz (Graduate Institute Genève), « Depo-provera, autorité médicale, race et classe en Grande Bretagne (1970-1980) »
  • Jesse Olszynko-Gryn (Institut d’études avancées de Lyon, University of Strathclyde à Glasgow, « L'affaire Dépakine : communiquer sur le risque reproductif dans la France de l'après le thalidomide »

Discutante : Bibia Pavard (Panthéon-Assas Université, CARISM)

21 mars 2023  (salle 50, bâtiment EHESS-Condorcet) : De l'agriculture à la médecine, les victimes en mouvement

  • Jean-Noël Jouzel (CNRS, CSO) et Giovanni Prete (Université Paris 13, IRIS), « L’agriculture empoisonnée. La mobilisation des paysans victimes des pesticides »
  • Janine Barbot (INSERM, CEMS) et Nicolas Dodier (INSERM-Ehess, CEMS), « Construire une approche sociologique de la réparation. À partir de l'étude d'un drame médical »

Discutantes :  Anne Rasmussen (EHESS, CAK) et Sezin Topçu (CNRS, CEMS)

18 avril 2023 (salle 50, bâtiment EHESS-Condorcet) : La mise en économie de la « misère du monde »

  • Axelle Brodiez-Dolino (CNRS, Centre Norbert-Elias), « Traiter la pauvreté, de 1945 à nos jours. Ce que les recompositions contemporaines des aides sociales publiques et privées nous disent de notre société »
  • Nassima Abdelghafour (IFRIS, CAK),  « Micropolitique de la pauvreté : la fragmentation épistémique et politique du monde par les essais contrôlés randomisés »

Discutant : Constantin Brissaud (ISPOLE, Université de Louvain-la-Neuve et IRISSO, Université Paris-Dauphine)

  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter par courriel les organisatrices pour toute demande d'information ou prise de rendez-vous.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant·e·s en master, doctorant·e·s, chercheur·e·s, et toute personne intéressée sur demande.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle A527
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / mensuel (3e), mardi 09:30-13:30
    du 18 octobre 2022 au 18 avril 2023
    Nombre de séances : 6

    NB : cf. le détail des salles dans le descriptif

Le séminaire, qui s’inscrit dans une tradition longue du Centre Alexandre-Koyé de la pratique des études sociales de sciences et STS, a poursuivi son étude des tensions à l’œuvre, depuis le XIXe siècle, dans les rapports entre technoscience, environnement, industrie, risque et société. Ces enjeux sont abordés à partir d’objets, de périodes et d’échelles diversifiés. Les six séances, conçues comme des demi-journées d’étude, croisaient deux perspectives, l’une historienne, dans une profondeur de champ temporel d’envergure variable, l’autre sociologique et/ou politiste, suivies d’une discussion.

La première séance a porté sur les politiques économiques de l’environnement. Stéphanie Barral (INRAE, LISIS) a discuté la notion de « sociologie de la compensation », à partir du cas des politiques environnementales fondées sur le marché, et notamment du marché carbone volontaire en France et des marchés du consulting environnemental. Alexandre Violle (IFRIS, CEMS) s’est intéressé à la politique matérielle des stress tests climatiques en Europe, pour questionner le rôle des banquiers centraux dans la pensée du changement climatique. Ces exemples mettent en valeur les relations entre science, droit et économie dans la mise en œuvre des politiques environnementales.

La séance suivante a été consacrée à une (contre-)histoire des pandémies contemporaines en interrogeant les dispositifs socio-techniques à l’œuvre dans la lutte anti-épidémique. Bruno Strasser (Université de Genève) a exploré l’histoire des masques de protection faciale, la culture du jetable développée dans les années 1950 pour la stérilité hospitalière (« throwaway living ») et leurs implications technologiques. Charlotte Brives (CNRS, CED) a mis en valeur la manière dont le recours à la thérapie phagique, via les virus bactériophages, a proposé des solutions alternatives à l’antibiorésistance.

La troisième séance a eu pour objet l’usage des animaux mis au service du « progrès », entre expérimentation et commodification. Marion Thomas (Université de Strasbourg, SAGE) a présenté ses recherches sur l’utilisation expérimentale des chimpanzés de l’Institut Pasteur de Kindia, en Guinée (1922-1965), en contexte colonial. Mathieu Quet (Ceped, Université de Paris-IRD) a exploré la standardisation des venins, sérums et serpentariums, comme condition même de la constitution de marchés globalisés de la « pharmaceuticalisation ».

La quatrième séance, discutée par Bibia Pavard, a été consacrée à la confrontation du progrès pharmaceutique et du risque reproductif, dans leurs interactions avec les enjeux de genre, race et classe, à travers deux études de cas. Caroline Rusterholz (Graduate Institute Genève) a étudié l’autorité médicale issue de la prescription du contraceptif Depo-provera dans les services à domicile de quartiers populaires britanniques des années 1970 et 1980, tandis que Jesse Olszynko-Gryn (University of Strathclyde à Glasgow) a analysé l’affaire Dépakine et son rôle dans la définition du risque reproductif dans la France de l'après-thalidomide.

La séance suivante était centrée sur les mouvements de victimes, leur difficile émergence et leur ptentielle judiciarisation. Jean-Noël Jouzel (CNRS, CSO) et Giovanni Prette (Université Paris 13, IRIS) ont exposé leurs recherches sur la mobilisation associative d’agriculteurs victimes des pesticides, tandis que Janine Barbot (INSERM, CEMS) et Nicolas Dodier (INSERM-Ehess, CEMS) ont analysé les attendus d’une approche sociologique de la réparation, à partir de l’étude du drame médical des contaminations iatrogènes d’enfants traités par hormones de croissance en France.

La dernière séance a porté sur la mise en économie de la « misère du monde », commentée par Constantin Brissaud. Axelle Brodiez-Dolino (CNRS, Centre Norbert-Elias) a montré les effets des recompositions contemporaines des aides sociales publiques et privées sur le traitement de la pauvreté depuis 1945. Nassima Abdelghafour (IFRIS, CAK) a élaboré le concept de pauvreté mondiale tel qu’il est construit par l’action des économistes du développement qui ont encouragé l'utilisation d'essais contrôlés randomisés dans l'élaboration des politiques de lutte contre la pauvreté, afin d’en évaluer l’impact. Elle décrit ainsi des effets de fragmentation du monde, par une micropolitique de la pauvreté.