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UE93 - L'art africain dans l'histoire : discours et pratiques


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 12:30-14:30
    du 25 octobre 2022 au 31 janvier 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 13 mai 2022 09:05

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Arts Histoire culturelle Historiographie Objets
Aires culturelles
Afrique Atlantiques (mondes) Europe
Intervenant·e·s
  • Anne Lafont [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

Ce séminaire s'adresse aux étudiant.e.s qui s'intéressent aux objets, aux rites et à l'art africains sur la longue durée, et plus encore à la fabrique de l'objet d'art africain par les pratiques et les discours européens depuis les premiers contacts commerciaux et coloniaux atlantiques au début de la période moderne, autrement dit au XVIe siècle, jusqu'aux indépendances africaines dans les années 1960. Il s'agira d'étudier un certain nombre de textes qui sont autant de mise en histoire d'objets africains, et, dans un même mouvement, d'observer les processus de déritualisation et d'esthétisation de ces derniers. Les textes, de toutes natures et pour la plupart étrangers au corpus traditionnel de l'histoire de l'art, préparèrent – depuis Dapper jusqu'à l'abbé Grégoire – puis accompagnèrent – à partir de Brazza et ensuite avec Leiris et Griaule – les collectes impériales qui devaient remplir les musées occidentaux. Le séminaire interrogera les modalités descriptives d'un certain nombre de coutumes et d'objets africains – principalement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale – mais encore les pratiques européennes, elles-aussi ritualisées, de prise en charge de ces objets depuis leur acquisition sur les côtes africaines jusque leur exposition dans les cabinets d'amateurs puis les musées métropolitains, du XVIIe au XIXe siècle. Le séminaire sera l'occasion d'étudier, parallèlement, les premières formes de discours sur les objets et les rites africains à la période moderne, par-delà l'horizon des théories et de l'histoire de l'art au sens stricte mais non sans lien avec certains auteurs canoniques à l'instar de Winckelmann, et de considérer, en même temps, les différentes pratiques conservatrices et amateures qui ont fondé les conditions de possibilité de l'avènement d'un art africain destiné au musée européen.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous tout au long du semestre.

Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire a porté sur les objets, les rites et l'art africains à l’époque de l’esclavage, et plus précisément sur la fabrique de l'objet d'art africain par les pratiques et les discours européens depuis les premiers contacts commerciaux et coloniaux atlantiques au début de la période moderne, autrement dit au XVe siècle, jusqu’au milieu du XIXe siècle. Nous avons étudié un certain nombre de textes qui sont autant de mise en histoire d'objets africains, et, dans un même mouvement, observé les processus de déritualisation et d'esthétisation de ces derniers. Ces sources, de toutes natures et pour la plupart étrangères au corpus traditionnel de l'histoire de l'art, préparèrent – d’Olfert Dapper à l'abbé Grégoire – les collectes coloniales de la fin du XIXe siècle qui devaient remplir les musées occidentaux. Le séminaire a en fait interrogé les modalités descriptives d'un certain nombre de coutumes et d'objets africains – principalement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale – mais encore les pratiques européennes, elles-aussi ritualisées, de prise en charge de ces objets depuis leur acquisition sur les côtes africaines jusque leur exposition dans les cabinets d'amateurs puis les musées métropolitains, du XVIIe au XIXe siècle. L’attention a été portée principalement sur les requalifications successives de ce qui était considéré alors comme des curiosités exotiques pour comprendre comment cette acculturation progressive a légitimé une muséification exogène, et l’assaut européen sur les trésors de l’Afrique dans le processus colonial qui a succédé à la période de la traite et de l’esclavage.

Nous avons donc travaillé autour de catégories historiques et esthétiques propre aux milieux artistiques européens de la période moderne : la Renaissance, le style, le fétiche ou encore la conception des arts libéraux à l’époque de l’esclavage, mais aussi le néologisme africaneries, pour comprendre comment elles accommodèrent, ou non, une place aux objets africains, et sous quelle condition.

Les dernières séances du séminaire ont été consacrées à l’actualité des publications sur les arts de l’Afrique avec une présentation d’un numéro spécial de la revue Gradhiva : Tous les musées du monde (2022) par Julien Bondaz et Sarah Frioux-Salgas et d’un numéro spécial de la revue Politique africaine : Patrimoines africains. Les performances politiques des objets par Alexandre Girard-Muscagorry et Marian Nur Goni. Enfin, Coline Desportes et Margaux Lavernhe, doctorantes de l’EHESS, ont animé une séance à partir de leurs retours de terrain respectifs (Sénégal, manufacture de tapisseries de Thiès, et Ghana, James Barnor et les studios de photographie) en mettant l’accent sur la question des entretiens d’artistes à partir des travaux de Joanna Grabski (« Painting Fictions/Painting History: Modernist Pioneers at Senegal’s Ecole Des Arts: [With Commentary] », African Arts, vol. 39, n° 1, 2006, UCLA James S. Coleman African Studies Center, p. 38-94.). Elles ont depuis constitué un petit groupe de recherches sur ces questions et tenu une première journée d’études à ce sujet.

Les travaux des étudiant·e·s ont montré qu’ils et elles avaient acquis des ressources méthodologiques pour interroger la catégorie « art africain », non seulement pour la période contemporaine (celle qui les intéresse le plus) mais aussi pour des périodes plus anciennes, et encore – peut-être – qu’ils et elles avaient enregistré la nécessité d’une approche critique vis-à-vis de l’ensemble des catégories de l’art dans l’écriture de son histoire.

Publications
  • Avec François-Xavier Fauvelle, L’Afrique et le monde : histoires renouées de la préhistoire au XXIe siècle, Paris, La découverte, 2022.
  • « L’Afrique à l’œuvre dans l’Atlantique noir. Stylisation versus colonisation » dans L’Afrique et le monde. Histoires renouées. De la préhistoire au XXIe siècle, op. cit., p. 123-171. 
  • « Congo Winckelmann: Exploring African Art History in the Age of White Marble », Studies in Eighteenth-Century Culture, 2023, vol. 52, p. 1-17.
  • A Arte dos mundos negros: historia, teoria, critica, Sao Paulo, Bazar do Tempo, 2023.

 

 

Dernière modification : 13 mai 2022 09:05

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Arts Histoire culturelle Historiographie Objets
Aires culturelles
Afrique Atlantiques (mondes) Europe
Intervenant·e·s
  • Anne Lafont [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

Ce séminaire s'adresse aux étudiant.e.s qui s'intéressent aux objets, aux rites et à l'art africains sur la longue durée, et plus encore à la fabrique de l'objet d'art africain par les pratiques et les discours européens depuis les premiers contacts commerciaux et coloniaux atlantiques au début de la période moderne, autrement dit au XVIe siècle, jusqu'aux indépendances africaines dans les années 1960. Il s'agira d'étudier un certain nombre de textes qui sont autant de mise en histoire d'objets africains, et, dans un même mouvement, d'observer les processus de déritualisation et d'esthétisation de ces derniers. Les textes, de toutes natures et pour la plupart étrangers au corpus traditionnel de l'histoire de l'art, préparèrent – depuis Dapper jusqu'à l'abbé Grégoire – puis accompagnèrent – à partir de Brazza et ensuite avec Leiris et Griaule – les collectes impériales qui devaient remplir les musées occidentaux. Le séminaire interrogera les modalités descriptives d'un certain nombre de coutumes et d'objets africains – principalement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale – mais encore les pratiques européennes, elles-aussi ritualisées, de prise en charge de ces objets depuis leur acquisition sur les côtes africaines jusque leur exposition dans les cabinets d'amateurs puis les musées métropolitains, du XVIIe au XIXe siècle. Le séminaire sera l'occasion d'étudier, parallèlement, les premières formes de discours sur les objets et les rites africains à la période moderne, par-delà l'horizon des théories et de l'histoire de l'art au sens stricte mais non sans lien avec certains auteurs canoniques à l'instar de Winckelmann, et de considérer, en même temps, les différentes pratiques conservatrices et amateures qui ont fondé les conditions de possibilité de l'avènement d'un art africain destiné au musée européen.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous tout au long du semestre.

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 12:30-14:30
    du 25 octobre 2022 au 31 janvier 2023
    Nombre de séances : 12

Le séminaire a porté sur les objets, les rites et l'art africains à l’époque de l’esclavage, et plus précisément sur la fabrique de l'objet d'art africain par les pratiques et les discours européens depuis les premiers contacts commerciaux et coloniaux atlantiques au début de la période moderne, autrement dit au XVe siècle, jusqu’au milieu du XIXe siècle. Nous avons étudié un certain nombre de textes qui sont autant de mise en histoire d'objets africains, et, dans un même mouvement, observé les processus de déritualisation et d'esthétisation de ces derniers. Ces sources, de toutes natures et pour la plupart étrangères au corpus traditionnel de l'histoire de l'art, préparèrent – d’Olfert Dapper à l'abbé Grégoire – les collectes coloniales de la fin du XIXe siècle qui devaient remplir les musées occidentaux. Le séminaire a en fait interrogé les modalités descriptives d'un certain nombre de coutumes et d'objets africains – principalement en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale – mais encore les pratiques européennes, elles-aussi ritualisées, de prise en charge de ces objets depuis leur acquisition sur les côtes africaines jusque leur exposition dans les cabinets d'amateurs puis les musées métropolitains, du XVIIe au XIXe siècle. L’attention a été portée principalement sur les requalifications successives de ce qui était considéré alors comme des curiosités exotiques pour comprendre comment cette acculturation progressive a légitimé une muséification exogène, et l’assaut européen sur les trésors de l’Afrique dans le processus colonial qui a succédé à la période de la traite et de l’esclavage.

Nous avons donc travaillé autour de catégories historiques et esthétiques propre aux milieux artistiques européens de la période moderne : la Renaissance, le style, le fétiche ou encore la conception des arts libéraux à l’époque de l’esclavage, mais aussi le néologisme africaneries, pour comprendre comment elles accommodèrent, ou non, une place aux objets africains, et sous quelle condition.

Les dernières séances du séminaire ont été consacrées à l’actualité des publications sur les arts de l’Afrique avec une présentation d’un numéro spécial de la revue Gradhiva : Tous les musées du monde (2022) par Julien Bondaz et Sarah Frioux-Salgas et d’un numéro spécial de la revue Politique africaine : Patrimoines africains. Les performances politiques des objets par Alexandre Girard-Muscagorry et Marian Nur Goni. Enfin, Coline Desportes et Margaux Lavernhe, doctorantes de l’EHESS, ont animé une séance à partir de leurs retours de terrain respectifs (Sénégal, manufacture de tapisseries de Thiès, et Ghana, James Barnor et les studios de photographie) en mettant l’accent sur la question des entretiens d’artistes à partir des travaux de Joanna Grabski (« Painting Fictions/Painting History: Modernist Pioneers at Senegal’s Ecole Des Arts: [With Commentary] », African Arts, vol. 39, n° 1, 2006, UCLA James S. Coleman African Studies Center, p. 38-94.). Elles ont depuis constitué un petit groupe de recherches sur ces questions et tenu une première journée d’études à ce sujet.

Les travaux des étudiant·e·s ont montré qu’ils et elles avaient acquis des ressources méthodologiques pour interroger la catégorie « art africain », non seulement pour la période contemporaine (celle qui les intéresse le plus) mais aussi pour des périodes plus anciennes, et encore – peut-être – qu’ils et elles avaient enregistré la nécessité d’une approche critique vis-à-vis de l’ensemble des catégories de l’art dans l’écriture de son histoire.

Publications
  • Avec François-Xavier Fauvelle, L’Afrique et le monde : histoires renouées de la préhistoire au XXIe siècle, Paris, La découverte, 2022.
  • « L’Afrique à l’œuvre dans l’Atlantique noir. Stylisation versus colonisation » dans L’Afrique et le monde. Histoires renouées. De la préhistoire au XXIe siècle, op. cit., p. 123-171. 
  • « Congo Winckelmann: Exploring African Art History in the Age of White Marble », Studies in Eighteenth-Century Culture, 2023, vol. 52, p. 1-17.
  • A Arte dos mundos negros: historia, teoria, critica, Sao Paulo, Bazar do Tempo, 2023.