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UE916 - Anthropologie générale
Lieu et planning
-
54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle B02_18
annuel / mensuel (2e), jeudi 17:00-19:00
du 10 novembre 2022 au 13 avril 2023
Nombre de séances : 6
Description
Dernière modification : 25 novembre 2022 17:03
- Type d'UE
- Séminaires de centre
- Centres
- Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Anthropologie sociale Histoire des idées
- Aires culturelles
- -
Intervenant·e·s
- François Flahault [référent·e] directeur de recherche (retraité·e), CNRS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
- François Dingremont docteur, EHESS
Le séminaire prend appui sur deux thèses : 1) contrairement à ce que postule la tradition dualiste, l’être humain est un vivant en tant qu’intériorité et pas seulement en tant qu’organisme biologique ; 2) le milieu de vie au sein duquel se constituent les intériorités, ce n’est pas seulement la nature et les non humains, ce sont d’abord les autres. L’écologie scientifique est ainsi en mesure d’appréhender l’existence humaine sous un jour nouveau, profitable pour les sciences humaines et la philosophie.
10 novembre : François Flahault, présentation de la problématique du séminaire
8 décembre
12 janvier
9 février
9 mars
13 avril
Master
Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.
Renseignements
- Contacts additionnels
- fr.flahault@free.fr , francois.dingremont@gmail.com
- Informations pratiques
la salle B2-18 où a lieu le séminaire se trouve au 2e étage dans les locaux attribués au CRAL. Contacts : fr.flahault@free.fr, francois.dingremont@gmail.com
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
- -
- Pré-requis
- -
Compte rendu
François Flahault a commencé par présenter ce qu’il entend par « approche écologique de la condition humaine » ou « écologie humaine », une écologie descriptive (et non pas normative). Ce qui, dans cette approche, justifie le terme d’« écologie », c’est que l’être humain n’y est pas défini par son intériorité comme c’est habituellement le cas dans la tradition de pensée occidentale, mais conçu comme un vivant physiquement et psychiquement. Donc comme une interface, en quelque sorte, entre d’une part, sa propension à exister et à vivre et, d’autre part, un « umwelt » ou milieu de vie largement constitué par les réseaux d’interactions qui constituent le monde des autres. Ainsi peut-on distinguer entre 1) un désir d’exister aussi bien conscient qu’inconscient, 2) les conditions matérielles, sociales et idéologiques qui constituent le milieu de vie de l’individu, et 3) l’objet ou l’activité dans lequel s’investit son désir d’exister.
Au cours des séances suivantes, François Flahault mettant à profit le contexte du Covid, a illustré ces trois propositions par les tensions entre pro et anti vaccin. Il a souligné le fait que les uns et les autres ne se battaient pas pour défendre leurs intérêts matériels, et pas seulement non plus pour la vérité (même si c’est au nom de celle-ci qu’ils s’opposaient), mais qu’ils s’investissaient dans cette controverse du fait que leur désir d’exister et de s’affirmer trouvait là un point d’ancrage, une scène sur laquelle se déployer.
François Flahault a ensuite présenté un exemple très différent, mais où l’on voit également des individus aux prises les uns avec les autres : la mode des duels sous l’Ancien Régime. Les historiens qui ont étudié cette pratique montrent bien comment des jeunes nobles ont été conduits à s’entretuer, pris entre le désir de braver l’autorité du roi, le sentiment de leur dignité associé au port de l’épée et celui de leur valeur personnelle attaché au mot d’« honneur », nom sous le couvert duquel s’épanchait leur virilisme et leur goût de l’homicide. Une manière d’être (au sens littéral de l’expression) criminelle, et pourtant valorisée par le milieu de vie de ces hommes.
Les dernières séances ont été consacrées à des auteurs aujourd’hui présentés comme des précurseurs américains de l’écologie : Emerson, Thoreau, John Muir et quelques autres, ou encore, en France, George Sand. François Flahault a montré comment leur amour de la nature était constamment associé à la croyance que leur âme était d’origine divine. De sorte que la Nature étant elle aussi créée par Dieu, le contact avec celle-ci leur apparaissait comme une forme d’accomplissement supérieur à celui qu’ils pouvaient attendre de la vie sociale. En somme, une conception d’eux-mêmes tout sauf écologique.
J’en ai tiré la conclusion que le discours écologique d’aujourd’hui (avec, par exemple, son apologie de l’animisme) constitue moins une rupture avec la tradition occidentale qu’il ne s’inscrit dans le prolongement du courant romantique. Dans ces conditions, l’affirmation aujourd’hui répétée que « l’Homme fait partie de la nature » masque en réalité la persistance sous-jacente de l’ancienne croyance dualiste.
Dernière modification : 25 novembre 2022 17:03
- Type d'UE
- Séminaires de centre
- Centres
- Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
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- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Anthropologie sociale Histoire des idées
- Aires culturelles
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Intervenant·e·s
- François Flahault [référent·e] directeur de recherche (retraité·e), CNRS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
- François Dingremont docteur, EHESS
Le séminaire prend appui sur deux thèses : 1) contrairement à ce que postule la tradition dualiste, l’être humain est un vivant en tant qu’intériorité et pas seulement en tant qu’organisme biologique ; 2) le milieu de vie au sein duquel se constituent les intériorités, ce n’est pas seulement la nature et les non humains, ce sont d’abord les autres. L’écologie scientifique est ainsi en mesure d’appréhender l’existence humaine sous un jour nouveau, profitable pour les sciences humaines et la philosophie.
10 novembre : François Flahault, présentation de la problématique du séminaire
8 décembre
12 janvier
9 février
9 mars
13 avril
Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.
- Contacts additionnels
- fr.flahault@free.fr , francois.dingremont@gmail.com
- Informations pratiques
la salle B2-18 où a lieu le séminaire se trouve au 2e étage dans les locaux attribués au CRAL. Contacts : fr.flahault@free.fr, francois.dingremont@gmail.com
- Direction de travaux des étudiants
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- Réception des candidats
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- Pré-requis
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54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle B02_18
annuel / mensuel (2e), jeudi 17:00-19:00
du 10 novembre 2022 au 13 avril 2023
Nombre de séances : 6
François Flahault a commencé par présenter ce qu’il entend par « approche écologique de la condition humaine » ou « écologie humaine », une écologie descriptive (et non pas normative). Ce qui, dans cette approche, justifie le terme d’« écologie », c’est que l’être humain n’y est pas défini par son intériorité comme c’est habituellement le cas dans la tradition de pensée occidentale, mais conçu comme un vivant physiquement et psychiquement. Donc comme une interface, en quelque sorte, entre d’une part, sa propension à exister et à vivre et, d’autre part, un « umwelt » ou milieu de vie largement constitué par les réseaux d’interactions qui constituent le monde des autres. Ainsi peut-on distinguer entre 1) un désir d’exister aussi bien conscient qu’inconscient, 2) les conditions matérielles, sociales et idéologiques qui constituent le milieu de vie de l’individu, et 3) l’objet ou l’activité dans lequel s’investit son désir d’exister.
Au cours des séances suivantes, François Flahault mettant à profit le contexte du Covid, a illustré ces trois propositions par les tensions entre pro et anti vaccin. Il a souligné le fait que les uns et les autres ne se battaient pas pour défendre leurs intérêts matériels, et pas seulement non plus pour la vérité (même si c’est au nom de celle-ci qu’ils s’opposaient), mais qu’ils s’investissaient dans cette controverse du fait que leur désir d’exister et de s’affirmer trouvait là un point d’ancrage, une scène sur laquelle se déployer.
François Flahault a ensuite présenté un exemple très différent, mais où l’on voit également des individus aux prises les uns avec les autres : la mode des duels sous l’Ancien Régime. Les historiens qui ont étudié cette pratique montrent bien comment des jeunes nobles ont été conduits à s’entretuer, pris entre le désir de braver l’autorité du roi, le sentiment de leur dignité associé au port de l’épée et celui de leur valeur personnelle attaché au mot d’« honneur », nom sous le couvert duquel s’épanchait leur virilisme et leur goût de l’homicide. Une manière d’être (au sens littéral de l’expression) criminelle, et pourtant valorisée par le milieu de vie de ces hommes.
Les dernières séances ont été consacrées à des auteurs aujourd’hui présentés comme des précurseurs américains de l’écologie : Emerson, Thoreau, John Muir et quelques autres, ou encore, en France, George Sand. François Flahault a montré comment leur amour de la nature était constamment associé à la croyance que leur âme était d’origine divine. De sorte que la Nature étant elle aussi créée par Dieu, le contact avec celle-ci leur apparaissait comme une forme d’accomplissement supérieur à celui qu’ils pouvaient attendre de la vie sociale. En somme, une conception d’eux-mêmes tout sauf écologique.
J’en ai tiré la conclusion que le discours écologique d’aujourd’hui (avec, par exemple, son apologie de l’animisme) constitue moins une rupture avec la tradition occidentale qu’il ne s’inscrit dans le prolongement du courant romantique. Dans ces conditions, l’affirmation aujourd’hui répétée que « l’Homme fait partie de la nature » masque en réalité la persistance sous-jacente de l’ancienne croyance dualiste.