Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE87 - La pratique incantatoire


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle A05_51
    annuel / bimensuel (1re/3e), vendredi 14:30-16:30
    du 4 novembre 2022 au 2 juin 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 15 novembre 2022 09:10

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Histoire Histoire intellectuelle Médecine Moyen Âge/Histoire médiévale
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Béatrice Delaurenti [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Anthropologie historique du long Moyen Âge (CRH-AHLoMA)

Qu’est-ce qu’une pratique incantatoire ? Comment peut-on en faire l’histoire ? Ces questions seront posées pour l’époque médiévale en examinant un corpus de sources spécifique, les charmes conservés dans les collections de recettes ou les traités de médecine entre le Xe et le XVe siècle. Il s’agit de recettes employant les mots comme remède pour parer à toutes sortes de situations, dans une perspective tantôt préventive, tantôt curative. Les charmes se situent à la croisée d’une tradition ancienne, commune et non théorique de magie, d’une médecine ordinaire, répandue en dehors des cercles académiques, et de courants de réflexions savantes en médecine et en philosophie naturelle qui prennent cette pratique pour objet. En adoptant comme fil conducteur la notion de pratique incantatoire, nous étudierons les croisements entre ces traditions. Nous nous interrogerons également sur le ou les types d’histoire qu’il est possible d’écrire à partir d’un matériau aussi singulièrement anhistorique : une pratique orale transmise sous une forme écrite supposée immuable et le plus souvent anonyme. Le travail mené en séminaire accompagnera la finalisation d’un projet de base de données de formules d’incantation médiévales, Carminabase.

4 novembre 2022 : Introduction. Les enjeux d’une histoire de la pratique incantatoire. La base de données Carminabase.

18 novembre 2022 : Introduction (fin) ; Enquête sur les charmes de la collection Sloane (Londres, British Library)

2 décembre 2022 : À la recherche des utilisateurs de charmes

16 décembre 2022 : La performativité verbale : modes d’efficience de la parole incantatoire

6 janvier 2023 : Julien Véronèse (Université d’Orléans), « Des mots mystérieux et efficaces : verba et nomina dans les rituels de conjuration et d'exorcisme des démons à la fin du Moyen Âge »

20 janvier 2023 : Anton Serdeczny (Florence, Medici Archive Project),  « L’étrange, l’évident et la documentation : appréhender l'oralité en histoire »

3 février 2023 : Les réticences à la pratique incantatoire

17 février 2023 : Edina Bozoky (Université de Poitiers), « L'efficacité des charmes : l'oral et l'écrit »

17 mars 2023 : à venir

31 mars 2023 : à venir

7 avril 2023 : à venir

2 juin 2023 : Fernando Salmon (Universidad de Cantabria, Santander),  « A medieval body without anatomy ? »


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

prendre rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

pas de pré-requis. La connaissance du latin est appréciable.


Compte rendu


Ce séminaire a examiné la question de la performativité médiévale, non sous l’angle des débats sur le pouvoir des mots, mais sous l’angle des pratiques. Il s’est centré sur une pratique spécifique, les charmes, ces rituels à base de mots transmis au sein de recueils de recettes thérapeutiques. Une première étape a consisté à cerner au plus près la notion de « charme ». Faire l’histoire de cette pratique se heurte en effet à plusieurs obstacles : ce sont des textes répétitifs, sans dates ni éléments de contexte, qui comportent des indications de posologie mais aucun commentaire sur la nature de l’efficacité mise en œuvre. Ils forment en outre une pratique très diversifiée et dont la cohérence est difficile à saisir. Ce travail a permis de mettre au jour une définition du charme centrée sur quatre éléments : 1) Le charme est une pratique comportant des fragments de langage. 2) Son but est d’exercer un effet concret sur le monde physique ou les êtres humains. Les charmes ne se définissent ni par leur contenu, ni par leur forme, mais par leur fonction. 3) Ils comportent à la fois une dimension orale et une dimension écrite, et ne peuvent être réduits à l’une ni à l’autre. 4) Ils ne se rattachent pas à un domaine spécifique et concernent aussi bien la magie que la médecine ou la liturgie, tout en étant, dans les trois cas, une pratique marginale.

Le séminaire a ensuite croisé les approches pour éclairer la pratique incantatoire médiévale dans ses différents aspects. L’axe central de la réflexion portait sur les frontières que traverse la pratique des charmes : frontières entre domaines d’application, entre doctrine et pratique, entre les différentes approches historiographiques dont elle est l’objet. Cette question a servi de fil conducteur pour explorer la pratique incantatoire suivant trois perspectives différentes. La première relève de l’anthropologie historique et consiste à envisager les charmes, non comme des textes, mais comme des rituels conçus pour être réalisés. Cette approche a été appliquée à un corpus conséquent de charmes en cherchant à déterminer par quels moyens ceux-ci mettent en œuvre, concrètement, le pouvoir des mots. C’était aussi le sujet des communications de Julien Véronèse (Orléans) sur les rituels de conjuration et d'exorcisme des démons, et d'Edina Bozoky (Poitiers) sur la place respective de l’oral et de l’écrit dans l’efficacité des charmes.

La seconde perspective était centrée sur l’utilisation des charmes. Le séminaire a testé d’une part la voie d’une histoire sociale de la pratique incantatoire en s’interrogeant sur le profil des utilisateurs des charmes. Cette recherche a mis en évidence la nécessité de renoncer à retrouver des traces des utilisateurs réels pour se tourner vers l’autre utilisateur, l’utilisateur imaginé. D’autre part une histoire de la présence des charmes dans les manuscrits a été esquissée lors de deux séances sur les manuscrits de la collection Sloane de la British Library (Londres). Elles ont permis de présenter les premiers résultats d’une enquête sur la place des charmes dans cette collection. L’objectif de cette enquête est de comprendre les pratiques d’écriture et de rassemblement de charmes en observant la place qu’ils occupent dans les manuscrits.

La troisième perspective a porté sur les liens entre doctrine et pratique. Les sources doctrinales permettent aussi de saisir quelque chose de la pratique incantatoire. Celle-ci transparaît à travers les réticences exprimées à son encontre. Une séance a été consacrée aux réticences théologiques et à la censure des charmes, l’autre aux réticences des médecins et à leur scepticisme quant à l’efficacité des formules.

Le séminaire a aussi accueilli deux autres intervenants en lien avec ces thématiques : Anton Serdeczny (Florence) a examiné la relation entre histoire et oralité, Fernando Salmón (Cantabria) a étudié le rôle du patient dans la conduite de la cure selon les médecins médiévaux.

Publications
  • « Le poison d’une âme vénéneuse. Envie et mauvais œil entre médecine, philosophie naturelle et théologie (XIIe-XVe siècle) », dans The Philosophies of Physicians : Texts and Doctrines from the 12 th to the 17th Century - Le filosofie dei medici : testi e dottrine dal XII al XVII secolo, sous la dir. de Iolanda Ventura et Marco Forlivesi, Milan, Mimesis (Itinerari, 61), 2022, p. 37-56.

Dernière modification : 15 novembre 2022 09:10

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Histoire Histoire intellectuelle Médecine Moyen Âge/Histoire médiévale
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Béatrice Delaurenti [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Anthropologie historique du long Moyen Âge (CRH-AHLoMA)

Qu’est-ce qu’une pratique incantatoire ? Comment peut-on en faire l’histoire ? Ces questions seront posées pour l’époque médiévale en examinant un corpus de sources spécifique, les charmes conservés dans les collections de recettes ou les traités de médecine entre le Xe et le XVe siècle. Il s’agit de recettes employant les mots comme remède pour parer à toutes sortes de situations, dans une perspective tantôt préventive, tantôt curative. Les charmes se situent à la croisée d’une tradition ancienne, commune et non théorique de magie, d’une médecine ordinaire, répandue en dehors des cercles académiques, et de courants de réflexions savantes en médecine et en philosophie naturelle qui prennent cette pratique pour objet. En adoptant comme fil conducteur la notion de pratique incantatoire, nous étudierons les croisements entre ces traditions. Nous nous interrogerons également sur le ou les types d’histoire qu’il est possible d’écrire à partir d’un matériau aussi singulièrement anhistorique : une pratique orale transmise sous une forme écrite supposée immuable et le plus souvent anonyme. Le travail mené en séminaire accompagnera la finalisation d’un projet de base de données de formules d’incantation médiévales, Carminabase.

4 novembre 2022 : Introduction. Les enjeux d’une histoire de la pratique incantatoire. La base de données Carminabase.

18 novembre 2022 : Introduction (fin) ; Enquête sur les charmes de la collection Sloane (Londres, British Library)

2 décembre 2022 : À la recherche des utilisateurs de charmes

16 décembre 2022 : La performativité verbale : modes d’efficience de la parole incantatoire

6 janvier 2023 : Julien Véronèse (Université d’Orléans), « Des mots mystérieux et efficaces : verba et nomina dans les rituels de conjuration et d'exorcisme des démons à la fin du Moyen Âge »

20 janvier 2023 : Anton Serdeczny (Florence, Medici Archive Project),  « L’étrange, l’évident et la documentation : appréhender l'oralité en histoire »

3 février 2023 : Les réticences à la pratique incantatoire

17 février 2023 : Edina Bozoky (Université de Poitiers), « L'efficacité des charmes : l'oral et l'écrit »

17 mars 2023 : à venir

31 mars 2023 : à venir

7 avril 2023 : à venir

2 juin 2023 : Fernando Salmon (Universidad de Cantabria, Santander),  « A medieval body without anatomy ? »

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

prendre rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

pas de pré-requis. La connaissance du latin est appréciable.

  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle A05_51
    annuel / bimensuel (1re/3e), vendredi 14:30-16:30
    du 4 novembre 2022 au 2 juin 2023
    Nombre de séances : 12

Ce séminaire a examiné la question de la performativité médiévale, non sous l’angle des débats sur le pouvoir des mots, mais sous l’angle des pratiques. Il s’est centré sur une pratique spécifique, les charmes, ces rituels à base de mots transmis au sein de recueils de recettes thérapeutiques. Une première étape a consisté à cerner au plus près la notion de « charme ». Faire l’histoire de cette pratique se heurte en effet à plusieurs obstacles : ce sont des textes répétitifs, sans dates ni éléments de contexte, qui comportent des indications de posologie mais aucun commentaire sur la nature de l’efficacité mise en œuvre. Ils forment en outre une pratique très diversifiée et dont la cohérence est difficile à saisir. Ce travail a permis de mettre au jour une définition du charme centrée sur quatre éléments : 1) Le charme est une pratique comportant des fragments de langage. 2) Son but est d’exercer un effet concret sur le monde physique ou les êtres humains. Les charmes ne se définissent ni par leur contenu, ni par leur forme, mais par leur fonction. 3) Ils comportent à la fois une dimension orale et une dimension écrite, et ne peuvent être réduits à l’une ni à l’autre. 4) Ils ne se rattachent pas à un domaine spécifique et concernent aussi bien la magie que la médecine ou la liturgie, tout en étant, dans les trois cas, une pratique marginale.

Le séminaire a ensuite croisé les approches pour éclairer la pratique incantatoire médiévale dans ses différents aspects. L’axe central de la réflexion portait sur les frontières que traverse la pratique des charmes : frontières entre domaines d’application, entre doctrine et pratique, entre les différentes approches historiographiques dont elle est l’objet. Cette question a servi de fil conducteur pour explorer la pratique incantatoire suivant trois perspectives différentes. La première relève de l’anthropologie historique et consiste à envisager les charmes, non comme des textes, mais comme des rituels conçus pour être réalisés. Cette approche a été appliquée à un corpus conséquent de charmes en cherchant à déterminer par quels moyens ceux-ci mettent en œuvre, concrètement, le pouvoir des mots. C’était aussi le sujet des communications de Julien Véronèse (Orléans) sur les rituels de conjuration et d'exorcisme des démons, et d'Edina Bozoky (Poitiers) sur la place respective de l’oral et de l’écrit dans l’efficacité des charmes.

La seconde perspective était centrée sur l’utilisation des charmes. Le séminaire a testé d’une part la voie d’une histoire sociale de la pratique incantatoire en s’interrogeant sur le profil des utilisateurs des charmes. Cette recherche a mis en évidence la nécessité de renoncer à retrouver des traces des utilisateurs réels pour se tourner vers l’autre utilisateur, l’utilisateur imaginé. D’autre part une histoire de la présence des charmes dans les manuscrits a été esquissée lors de deux séances sur les manuscrits de la collection Sloane de la British Library (Londres). Elles ont permis de présenter les premiers résultats d’une enquête sur la place des charmes dans cette collection. L’objectif de cette enquête est de comprendre les pratiques d’écriture et de rassemblement de charmes en observant la place qu’ils occupent dans les manuscrits.

La troisième perspective a porté sur les liens entre doctrine et pratique. Les sources doctrinales permettent aussi de saisir quelque chose de la pratique incantatoire. Celle-ci transparaît à travers les réticences exprimées à son encontre. Une séance a été consacrée aux réticences théologiques et à la censure des charmes, l’autre aux réticences des médecins et à leur scepticisme quant à l’efficacité des formules.

Le séminaire a aussi accueilli deux autres intervenants en lien avec ces thématiques : Anton Serdeczny (Florence) a examiné la relation entre histoire et oralité, Fernando Salmón (Cantabria) a étudié le rôle du patient dans la conduite de la cure selon les médecins médiévaux.

Publications
  • « Le poison d’une âme vénéneuse. Envie et mauvais œil entre médecine, philosophie naturelle et théologie (XIIe-XVe siècle) », dans The Philosophies of Physicians : Texts and Doctrines from the 12 th to the 17th Century - Le filosofie dei medici : testi e dottrine dal XII al XVII secolo, sous la dir. de Iolanda Ventura et Marco Forlivesi, Milan, Mimesis (Itinerari, 61), 2022, p. 37-56.