Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2024-2025.
UE86 - Nature, nature humaine et affectivité, II.
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
Salle 50
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
1er semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
Nombre de séances : 12Pas de séance le 3 janvier 2023.
La séance du 14 février 2023 se déroulera en salle polyvalente 50, Centre des colloques, Campus Condorcet
Description
Dernière modification : 14 novembre 2022 08:30
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Affects Animalité Anthropologie Cognition Émotions Épistémologie Perception
- Aires culturelles
- Amériques Europe
Intervenant·e·s
- Alexandre Surrallés [référent·e] directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)
L'idée de l'autonomie de la nature, qui a organisé le droit et la connaissance depuis l'avènement de la modernité humaniste en Europe, semble voler en éclats ces dernières années. Cela ne signifie pas seulement un changement profond dans la façon dont nous percevons désormais l'environnement et les entités qui l'habitent. Ce tournant transforme également les sciences humaines, et l'anthropologie en particulier, en conduisant à une crise de la notion d'anthropos : c'est-à-dire de l'humain conçu comme une créature d’exception en raison de ses facultés cognitives et de son langage articulé. Le séminaire vise à aborder ce bouleversement dans un sens jusqu'ici peu exploré, en scrutant les conséquences de l'effondrement de la dualité nature-culture sur la notion de nature humaine et l'émergence d'un paradigme dans lequel l'affectivité semble émerger comme le substrat partagé entre tous les existants. Une attention particulière sera accordée à la prise en compte de cette mutation par quelques anthropologues clés dans le domaine, ainsi qu’à l’examen des pistes de recherche qu'ils ouvrent.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
contacter l'enseignant par courriel.
- Direction de travaux des étudiants
contacter l'enseignant par courriel.
- Réception des candidats
prendre rendez-vous par courriel.
- Pré-requis
ouvert aux étudiants de master et doctorat.
Compte rendu
Ces dernières décennies nous avons assisté à l'écroulement d’un des dispositifs épistémologiques cardinaux des sciences humaines : la dualité de la nature et la culture. Que ce soit comme propriétés du réel ou comme catégories analytiques, la nature, la culture et leur façon d'organiser le monde ont en effet été sévèrement remises en question. Que s'est-il passé en si peu d'années pour que s'effondre si soudainement l'un des principes ontologiques et épistémiques clés de la modernité occidentale depuis la Renaissance ? Avons-nous laissé s'éteindre le flambeau qui a illuminé la raison au cours des derniers siècles ?
Dans le séminaire, nous avons continué à examiner cette crise et, en particulier, l'idée selon laquelle la faculté de raisonnement, proprement séparée des affects et des sensations, est la quintessence de la condition humaine, sa caractéristique exclusive, par laquelle l’humain se constitue comme un cas à part dans le monde naturel environnant régi uniquement par la sensation. L'intérêt récent de l'anthropologie pour l'affectivité, qui brise le siège de la raison sur la nature humaine, permet de dépasser la dichotomie de l'humain pensant et du naturel sentant d'une manière totalement originale, avec des conséquences radicales pour la discipline telle que nous l'avons conçue jusqu'à présent. Or, si l'étude de la dimension affective est devenue une tâche incontournable pour l'anthropologie, elle s'est heurtée à une tâche difficile car les affects constituent un phénomène à la fois évident et difficile à aborder d'un point de vue analytique. En effet, l'étude des affects soulève plusieurs problèmes qui se heurtent toujours à la faculté prétendument humaine du langage articulé. À cet égard, l'un des enjeux les plus importants consiste à choisir entre l'approche de l'anthropologie émotionnelle et l'approche de l'anthropologie affective. Si nous optons pour l'anthropologie émotionnelle, nous décrirons le discours sur les émotions et en particulier le langage des termes émotionnels, non sans décider en même temps dans quelle mesure ces termes émotionnels sont universels ou particuliers à chaque langue. Si nous optons pour l'anthropologie affective, nous décrirons les « atmosphères » affectives de certaines situations sociales telles que les rituels, comme le font les études sur ce que l'on appelle le "tournant affectif" ou les processus de structuration issus de l'affect tels qu'exercés par l'anthropologie de l'affectivité, par lesquelles l'affectivité serait un phénomène pré-linguistique et sûrement préculturel, pour ne pas dire précognitif. Dans ce séminaire, nous avons proposé une voie médiane qui consiste à reformuler la définition du langage et de son rôle dans la vie sociale.
Publications
- La raison lexicographique. Découverte des langues et origine de l’anthropologie, Paris, Éditions Fayard. 2023, 560 p.
- Avec Thomas Mouriès, Pierre Clastres en héritage. Les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste, Cahiers d’anthropologie sociale, Tome 22, Paris, L’Herne, 2023.
- « El territorio integral indígena como objetivo político », dans Autonomia indígena en la Amazonia peruana contemporánea, sous la dir. de Raphael Colliaux et Silvia Romio, Lima, IFEA, 2022, p. 93-130.
- « La nueva cartografía del territorio integral indígena », dans Áreas culturales y antropología en un mundo de fronteras, sous la dir. de M. Clua, M. Ventura et J. LL. Mateo, Barcelone, Editorial Bellaterra, 2022, p. 267-287.
- « Introduction : Pierre Clastres, les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste », dans Pierre Clastres en héritage. Les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste, op.cit.
- « Amazomia ou une forme d’affectivité contre l’État », dans Pierre Clastres en héritage. Les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste, op.cit.
Dernière modification : 14 novembre 2022 08:30
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Affects Animalité Anthropologie Cognition Émotions Épistémologie Perception
- Aires culturelles
- Amériques Europe
Intervenant·e·s
- Alexandre Surrallés [référent·e] directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)
L'idée de l'autonomie de la nature, qui a organisé le droit et la connaissance depuis l'avènement de la modernité humaniste en Europe, semble voler en éclats ces dernières années. Cela ne signifie pas seulement un changement profond dans la façon dont nous percevons désormais l'environnement et les entités qui l'habitent. Ce tournant transforme également les sciences humaines, et l'anthropologie en particulier, en conduisant à une crise de la notion d'anthropos : c'est-à-dire de l'humain conçu comme une créature d’exception en raison de ses facultés cognitives et de son langage articulé. Le séminaire vise à aborder ce bouleversement dans un sens jusqu'ici peu exploré, en scrutant les conséquences de l'effondrement de la dualité nature-culture sur la notion de nature humaine et l'émergence d'un paradigme dans lequel l'affectivité semble émerger comme le substrat partagé entre tous les existants. Une attention particulière sera accordée à la prise en compte de cette mutation par quelques anthropologues clés dans le domaine, ainsi qu’à l’examen des pistes de recherche qu'ils ouvrent.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
-
Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
contacter l'enseignant par courriel.
- Direction de travaux des étudiants
contacter l'enseignant par courriel.
- Réception des candidats
prendre rendez-vous par courriel.
- Pré-requis
ouvert aux étudiants de master et doctorat.
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
Salle 50
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
1er semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
Nombre de séances : 12Pas de séance le 3 janvier 2023.
La séance du 14 février 2023 se déroulera en salle polyvalente 50, Centre des colloques, Campus Condorcet
Ces dernières décennies nous avons assisté à l'écroulement d’un des dispositifs épistémologiques cardinaux des sciences humaines : la dualité de la nature et la culture. Que ce soit comme propriétés du réel ou comme catégories analytiques, la nature, la culture et leur façon d'organiser le monde ont en effet été sévèrement remises en question. Que s'est-il passé en si peu d'années pour que s'effondre si soudainement l'un des principes ontologiques et épistémiques clés de la modernité occidentale depuis la Renaissance ? Avons-nous laissé s'éteindre le flambeau qui a illuminé la raison au cours des derniers siècles ?
Dans le séminaire, nous avons continué à examiner cette crise et, en particulier, l'idée selon laquelle la faculté de raisonnement, proprement séparée des affects et des sensations, est la quintessence de la condition humaine, sa caractéristique exclusive, par laquelle l’humain se constitue comme un cas à part dans le monde naturel environnant régi uniquement par la sensation. L'intérêt récent de l'anthropologie pour l'affectivité, qui brise le siège de la raison sur la nature humaine, permet de dépasser la dichotomie de l'humain pensant et du naturel sentant d'une manière totalement originale, avec des conséquences radicales pour la discipline telle que nous l'avons conçue jusqu'à présent. Or, si l'étude de la dimension affective est devenue une tâche incontournable pour l'anthropologie, elle s'est heurtée à une tâche difficile car les affects constituent un phénomène à la fois évident et difficile à aborder d'un point de vue analytique. En effet, l'étude des affects soulève plusieurs problèmes qui se heurtent toujours à la faculté prétendument humaine du langage articulé. À cet égard, l'un des enjeux les plus importants consiste à choisir entre l'approche de l'anthropologie émotionnelle et l'approche de l'anthropologie affective. Si nous optons pour l'anthropologie émotionnelle, nous décrirons le discours sur les émotions et en particulier le langage des termes émotionnels, non sans décider en même temps dans quelle mesure ces termes émotionnels sont universels ou particuliers à chaque langue. Si nous optons pour l'anthropologie affective, nous décrirons les « atmosphères » affectives de certaines situations sociales telles que les rituels, comme le font les études sur ce que l'on appelle le "tournant affectif" ou les processus de structuration issus de l'affect tels qu'exercés par l'anthropologie de l'affectivité, par lesquelles l'affectivité serait un phénomène pré-linguistique et sûrement préculturel, pour ne pas dire précognitif. Dans ce séminaire, nous avons proposé une voie médiane qui consiste à reformuler la définition du langage et de son rôle dans la vie sociale.
Publications
- La raison lexicographique. Découverte des langues et origine de l’anthropologie, Paris, Éditions Fayard. 2023, 560 p.
- Avec Thomas Mouriès, Pierre Clastres en héritage. Les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste, Cahiers d’anthropologie sociale, Tome 22, Paris, L’Herne, 2023.
- « El territorio integral indígena como objetivo político », dans Autonomia indígena en la Amazonia peruana contemporánea, sous la dir. de Raphael Colliaux et Silvia Romio, Lima, IFEA, 2022, p. 93-130.
- « La nueva cartografía del territorio integral indígena », dans Áreas culturales y antropología en un mundo de fronteras, sous la dir. de M. Clua, M. Ventura et J. LL. Mateo, Barcelone, Editorial Bellaterra, 2022, p. 267-287.
- « Introduction : Pierre Clastres, les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste », dans Pierre Clastres en héritage. Les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste, op.cit.
- « Amazomia ou une forme d’affectivité contre l’État », dans Pierre Clastres en héritage. Les évolutions d’une réception ambivalente dans l’anthropologie amazoniste, op.cit.