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UE848 - Mondes souterrains de la Renaissance


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.06
    annuel / bimensuel (1re/3e), vendredi 14:30-16:30
    du 4 novembre 2022 au 21 avril 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 25 juillet 2022 11:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Anthropologie historique Histoire Histoire des sciences et des techniques
Aires culturelles
Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Caroline Callard [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Ce séminaire entend explorer l'imaginaire souterrain des sociétés européennes du XVIe siècle. L'enquête embrassera une grande diversité de pratiques, de l'exploitation des ressources minières à la collecte savante, et s'intéressera à ce qui est susceptible, ou non, de s'animer sous la terre : minéraux, métaux, animaux, êtres, esprits,… On sera particulièrement attentifs à dessiner la géographie retracée par ces procédés : des villes minières de Bohème à l'évangélisation du sous-sol sud américain, de la minéralogie italienne aux handsteine d'Allemagne, des irruptions diaboliques du Val d'Aoste aux mondes enchantés du sous-sol écossais. Dans le sillage de mes enquêtes précédentes sur les fantômes du premier âge moderne, ce nouveau travail veut contribuer à étoffer la liste des êtres peuplant le monde au XVIe siècle, et enrichir la description d'un univers jusqu'alors essentiellement envisagé dans ses dimensions terrestre et céleste. L'approche anthropologique sera constamment rapportée aux contextes qui font naître ces mondes et qui président à leur ouverture.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Pour toutes demandes d'informations, contacter directement l'enseignante : Caroline Callard

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous, en accord avec l'enseignante.

Réception des candidats

Sur rendez-vous, en accord avec l'enseignante.

Pré-requis

Aucuns


Compte rendu


Dans le sillage de mes enquêtes précédentes sur les fantômes du premier âge moderne, le chantier sur les « mondes souterrains » de la Renaissance ouvert depuis l’année dernière s’attache en premier lieu à compléter la description d'un univers jusqu'alors essentiellement envisagé dans ses dimensions terrestre et céleste. Les travaux se sont orientés dans deux directions : d’une part, il s’est agi de repérer les grandes évolutions présidant aux bouleversements de la façon dont les hommes et les femmes font l’expérience du sous-sol au cours d’une longue Renaissance (vers 1470-vers 1670). Le boom argentifère, la concurrence des états autour des ressources métalliques et la pulsion prospective, l’accélération de l’inventaire des mondes naturels et surnaturels qui en découle, le rôle de la réforme et l’imposition des frontières religieuses sur les cartes de l’extraction : tous ces éléments ont été repérés dans le cadre de contextualisations précises, essentiellement en France, en Saxe et en Bohême.

Le focus opéré cette année sur l’objet minier a légèrement décalé le cadre réflexif où s’inscrivait cette enquête. Alors qu’il s’agissait au départ de mettre à l’épreuve le récit anthropologique des différents grands partages nature/culture ou nature/surnature en partant de la mise au jour d’« animismes souterrains », nous avons rencontré le questionnement impérieux que l’histoire environnementale adresse à la question de l’extractivisme et de l’histoire des ressources. Depuis les travaux pionniers de Lewis Mumford, renouvelés par Carolyn Merchant et dans une certaine mesure aussi tout récemment par Mohamad Amer Meziane, l’idée s’est peu à peu imposée que le XVIe siècle aurait été le moment inaugural d’un extractivisme minier rendu possible par l’extinction de l’animisme qui aurait longtemps caractérisé les sociétés anciennes de l’Europe préchrétienne puis médiévale. En proposant le terme d’« extractivismes anciens », on voudrait interroger la description d’une modernité déterminée par les coordonnées de l’exploitation du « capital fossile » (A. Malm) et de la mécanisation de la nature. Les premiers résultats de l’enquête montrent en effet que le XVIe siècle est peut-être moins le premier temps de la sécularisation du sous-sol que celui d’un mouvement d’évangélisation rendu précisément nécessaire par son anthropisation. Les mondes souterrains de la Renaissance apparaissent alors comme des fronts où se poursuivent les conflits humains qui se jouent en surface. Le sacré et la religion y jouent un rôle fondamental qui ne s’oppose pas, tout au contraire, à l’« animation » d’un environnement infra-terrestre rendu poreux.

L’enjeu pour l’année prochaine sera de recentrer l’analyse autour du questionnaire anthropologique de l’expérience souterraine. On examinera avec attention la question des créatures du dessous (kobold, nains, geistes, etc.), l’aval de la période sera davantage investigué (en s’intéressant aux écrits de Gaffarel, de la baronne de Beausoleil ou d’Athanase Kircher). Enfin parmi les sources retenues, l’iconographie sera traitée spécifiquement – on se posera notamment la question du « comment voir sous terre ? ».

Publications
  • Avec Nicolas Le Roux et Tatiana Baranova, Un tragique XVIe siècle. Mélanges offerts à Denis Crouzet, Champs Vallon, Seyssel, novembre 2022.
  • Ibid, « L’Anthropologie sauvage de Denis Crouzet ».
  • « L’écriture de l’histoire », dans Le Temps des Italies, sous la dir. de S. Landi, J. Boutier et J.-C. Waquet, Passés Composés, 2023.
  • French Historical Review Forum, autour de Spectrality in the XVIth century (édition anglaise remaniée de le Temps des Fantômes, OUP, 1922), 2023, https://h-france.net/h-france-forum-volume-18-2023/

Dernière modification : 25 juillet 2022 11:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Anthropologie historique Histoire Histoire des sciences et des techniques
Aires culturelles
Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Caroline Callard [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Ce séminaire entend explorer l'imaginaire souterrain des sociétés européennes du XVIe siècle. L'enquête embrassera une grande diversité de pratiques, de l'exploitation des ressources minières à la collecte savante, et s'intéressera à ce qui est susceptible, ou non, de s'animer sous la terre : minéraux, métaux, animaux, êtres, esprits,… On sera particulièrement attentifs à dessiner la géographie retracée par ces procédés : des villes minières de Bohème à l'évangélisation du sous-sol sud américain, de la minéralogie italienne aux handsteine d'Allemagne, des irruptions diaboliques du Val d'Aoste aux mondes enchantés du sous-sol écossais. Dans le sillage de mes enquêtes précédentes sur les fantômes du premier âge moderne, ce nouveau travail veut contribuer à étoffer la liste des êtres peuplant le monde au XVIe siècle, et enrichir la description d'un univers jusqu'alors essentiellement envisagé dans ses dimensions terrestre et céleste. L'approche anthropologique sera constamment rapportée aux contextes qui font naître ces mondes et qui président à leur ouverture.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Pour toutes demandes d'informations, contacter directement l'enseignante : Caroline Callard

Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous, en accord avec l'enseignante.

Réception des candidats

Sur rendez-vous, en accord avec l'enseignante.

Pré-requis

Aucuns

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.06
    annuel / bimensuel (1re/3e), vendredi 14:30-16:30
    du 4 novembre 2022 au 21 avril 2023
    Nombre de séances : 12

Dans le sillage de mes enquêtes précédentes sur les fantômes du premier âge moderne, le chantier sur les « mondes souterrains » de la Renaissance ouvert depuis l’année dernière s’attache en premier lieu à compléter la description d'un univers jusqu'alors essentiellement envisagé dans ses dimensions terrestre et céleste. Les travaux se sont orientés dans deux directions : d’une part, il s’est agi de repérer les grandes évolutions présidant aux bouleversements de la façon dont les hommes et les femmes font l’expérience du sous-sol au cours d’une longue Renaissance (vers 1470-vers 1670). Le boom argentifère, la concurrence des états autour des ressources métalliques et la pulsion prospective, l’accélération de l’inventaire des mondes naturels et surnaturels qui en découle, le rôle de la réforme et l’imposition des frontières religieuses sur les cartes de l’extraction : tous ces éléments ont été repérés dans le cadre de contextualisations précises, essentiellement en France, en Saxe et en Bohême.

Le focus opéré cette année sur l’objet minier a légèrement décalé le cadre réflexif où s’inscrivait cette enquête. Alors qu’il s’agissait au départ de mettre à l’épreuve le récit anthropologique des différents grands partages nature/culture ou nature/surnature en partant de la mise au jour d’« animismes souterrains », nous avons rencontré le questionnement impérieux que l’histoire environnementale adresse à la question de l’extractivisme et de l’histoire des ressources. Depuis les travaux pionniers de Lewis Mumford, renouvelés par Carolyn Merchant et dans une certaine mesure aussi tout récemment par Mohamad Amer Meziane, l’idée s’est peu à peu imposée que le XVIe siècle aurait été le moment inaugural d’un extractivisme minier rendu possible par l’extinction de l’animisme qui aurait longtemps caractérisé les sociétés anciennes de l’Europe préchrétienne puis médiévale. En proposant le terme d’« extractivismes anciens », on voudrait interroger la description d’une modernité déterminée par les coordonnées de l’exploitation du « capital fossile » (A. Malm) et de la mécanisation de la nature. Les premiers résultats de l’enquête montrent en effet que le XVIe siècle est peut-être moins le premier temps de la sécularisation du sous-sol que celui d’un mouvement d’évangélisation rendu précisément nécessaire par son anthropisation. Les mondes souterrains de la Renaissance apparaissent alors comme des fronts où se poursuivent les conflits humains qui se jouent en surface. Le sacré et la religion y jouent un rôle fondamental qui ne s’oppose pas, tout au contraire, à l’« animation » d’un environnement infra-terrestre rendu poreux.

L’enjeu pour l’année prochaine sera de recentrer l’analyse autour du questionnaire anthropologique de l’expérience souterraine. On examinera avec attention la question des créatures du dessous (kobold, nains, geistes, etc.), l’aval de la période sera davantage investigué (en s’intéressant aux écrits de Gaffarel, de la baronne de Beausoleil ou d’Athanase Kircher). Enfin parmi les sources retenues, l’iconographie sera traitée spécifiquement – on se posera notamment la question du « comment voir sous terre ? ».

Publications
  • Avec Nicolas Le Roux et Tatiana Baranova, Un tragique XVIe siècle. Mélanges offerts à Denis Crouzet, Champs Vallon, Seyssel, novembre 2022.
  • Ibid, « L’Anthropologie sauvage de Denis Crouzet ».
  • « L’écriture de l’histoire », dans Le Temps des Italies, sous la dir. de S. Landi, J. Boutier et J.-C. Waquet, Passés Composés, 2023.
  • French Historical Review Forum, autour de Spectrality in the XVIth century (édition anglaise remaniée de le Temps des Fantômes, OUP, 1922), 2023, https://h-france.net/h-france-forum-volume-18-2023/