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UE847 - Anthropologie de la dépossession


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.06
    2nd semestre / hebdomadaire, mercredi 10:30-12:30
    du 22 février 2023 au 24 mai 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 8 février 2023 10:06

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Capitalisme Classes sociales Collectifs Coloniales (études) Domination Émotions Environnement Espace social Post-coloniales (études) Violence Anthropologie urbaine Ville
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Océanie Afrique
Intervenant·e·s
  • Éric Wittersheim [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)

Ce séminaire explore les différentes manières dont des personnes, ou des groupes personnes en viennent à déposséder d'autres de leur culture, de leur histoire, de leur style et parfois de leur territoire, au-delà des logiques strictes de colonisation étatique et impériale. Les processus d'appropriation et de réappropriation symboliques, et non seulement économiques et politiques, seront au coeur des exemples abordés, en même temps que les différentes formes de résistance qui cherchent à s'y opposer. Ces différentes formes de dépossession sont associées à des mécanismes de domination, qui s'exercent cependant de manière feutrée et euphémisée, rendant parfois difficile leur caractérisation voire leur dénonciation. Une attention particulière sera portée aux processus de gentrification, de « greentrification », d'appropriation culturelle, aussi bien sur des terrains exotiques que sur des terrains proches et au sein des mouvements contre-culturels et alternatifs, dans les régions rurales ou en banlieue. Des chercheur.e.s travaillant sur ces questions viendront présenter leurs travaux au séminaire, qui est ouvert à tou.te.s sur demande préalable.

22 février : Introduction: «Gentrification, greentrification, appropriation, récupération : éléments pour une anthropologie de la dépossession»

1er mars : «La patrimonialisation des luttes: à propos de La Gentrification des esprits. Témoin d’un imaginaire perdu, de Sarah Schulman (2012)»

8 mars : « Mixité sociale et gentrification des banlieues : quand les quartiers populaires et la diversité deviennent "tendance" » (séance en visio)

15 mars : «Le travail historique comme outil de gentrification : enquête sur la Société historique du South End (Boston) », par Sylvie Tissot (Paris 8)

22 mars : « Contre-cultures et alternatives : de l’irruption punk au triomphe de la "classe créative" »

29 mars : «Intimités postcoloniales? Transactions et appropriations culturelles en contexte touristique à Zanzibar », par Altaïr Després (Imaf-CNRS)

5 avril : séance reportée au 31 mai

12 avril : « La récupération républicaine de l'affirmation culturelle guadeloupéenne », intervention de Ary Gordien (Urmis-CNRS)

19 avril : «Cycling is the new golf : le vélo, cheval de Troie de la gentrification?»

10 mai : «Changer la vie ou changer sa vie: le néoruralisme des années 1970 entre utopie et idéal petit-bourgeois

17 mai : «Quand rural idyll et utopie rurale riment avec gentrification », intervention de Greta Tomasi (Géolab-Université de Limoges)

24 mai : «Le football bien tempéré: la fin des supporters et l’avènement des "spectateurs"»

31 mai : «Réappropriation américaine d’une tradition indigène : le cas du surf à Hawaii », par Jérémy Lemarié (Univ. de Reims/University of Hawai’i)

Des textes seront associés à certaines séances ; ils seront envoyées en avance par courriel aux participant.e.s inscrit.e.s sur participations.ehess.fr  


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Participation sur demande, s'inscrire sur participations.ehess.fr

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Qu’est-ce qui amène des personnes ou des groupes à en déposséder d’autres de leurs territoires, de leur histoire, mais aussi de leurs pratiques, de leurs loisirs et de leur culture ? Des urbains, actifs et diplômés, rêvant d’une autre vie, qui s’installent dans des campagnes où ils cherchent à imposer leur morale et à réinventer le rapport à la nature. D’autres urbains, actifs et diplômés, qui s’installent en banlieue, à la recherche de mixité, de diversité, et de grands espaces typiques. Des spectateurs occasionnels, déguisés en supporters, qui lisent sur un flyer les paroles des chants de soutien à leur club de foot favori, qu’ils ne connaissent pas. Un vélo de course vintage qui trône au milieu du salon d’un « créateur de tendances » parisien. Des objets, des plantes et des croyances océaniennes appropriées et intégrées au marché du « bien-être » et du développement personnel. Le mouvement punk qui s’expose, s’expose au MOMA de New York, se vend au Bon Marché, et dont l’histoire s’écrit désormais à l’université… Mais qu’y a-t-il de commun cependant à ces différents univers qui semblent former un inventaire à la Prévert, peu compatible avec la sur-spécialisation thématique et géographique associée aux sciences sociales ? Dans ces différents cas de figure, il s’agit à la fois de liquider et de s’approprier l’héritage de ces mondes (im)populaires et de patrimonialiser leur authenticité, mais en prenant bien soin d’effacer la sueur et d’assourdir les cris, qu’on n’emmènera pas au musée. Par dépossession, j’entends donc l’appropriation, sur le plan symbolique mais aussi matériel, de formes et de pratiques sociales ou culturelles, au profit d’une bourgeoisie en mal de nouveaux récits singuliers.

Ce séminaire explore donc les différentes manières dont des personnes, ou des groupes personnes en viennent à déposséder d’autres de leur culture, de leur histoire, de leur style et parfois de leur territoire, au-delà des logiques strictes de colonisation étatique et impériale. Ces différentes formes de dépossession sont associées à des mécanismes de domination, qui s'exercent cependant de manière feutrée et euphémisée, rendant difficile leur identification, leur caractérisation voire leur dénonciation. Les processus d’appropriation et de réappropriation symboliques, et non seulement économiques et politiques, sont donc au cœur des exemples abordés, en même temps que les différentes formes de résistance qui cherchent à s’y opposer. Une attention particulière a été portée aux processus de gentrification, de « greentrification », d’appropriation culturelle, aussi bien sur des terrains exotiques que sur des terrains proches et au sein des mouvements contre-culturels et alternatifs, dans les régions rurales ou en banlieue. Des chercheur·e·s travaillant sur ces questions sont venus présenter leurs travaux au séminaire : Greta Tomasi (Géolab-Université de Limoges) a présenté ses enquêtes sur la gentrification rurale du Plateau de Millevaches (qui entrent en résonance directe avec mes propres travaux sur le néoruralisme sur le même terrain), et Ary Gordien (Urmis-CNRS) a présenté ses travaux sur la récupération par l’État français de l’affirmation culturelle guadeloupéenne, à travers l’exemple du Gwoka, une musique associée à la résistance des anciens esclaves aux Antilles.

Publications
  • Avec R. Ciavolella et al., Les Espaces pluriels d’une revue d’anthropologie politique, dossier spécial de Condition humaine/conditions politiques, #5, 2023.
  • Avec R. Ciavolella, « Marxisme et structuralisme », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, sous la dir. de J.-C. Monod, Éditions Robert Laffont (« Bouquins »), 2022, p. 641-646.
  • Avec M. Salaün, « Alban Bensa », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 137-140.
  • Avec R. Ciavolella, « Pierre Clastres », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 242-249.
  • « Maurice Godelier », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 443-448.
  • « Océanie », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 747-751.
  • « André-Georges Haudricourt », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 465-467.

Dernière modification : 8 février 2023 10:06

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Capitalisme Classes sociales Collectifs Coloniales (études) Domination Émotions Environnement Espace social Post-coloniales (études) Violence Anthropologie urbaine Ville
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Océanie Afrique
Intervenant·e·s
  • Éric Wittersheim [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)

Ce séminaire explore les différentes manières dont des personnes, ou des groupes personnes en viennent à déposséder d'autres de leur culture, de leur histoire, de leur style et parfois de leur territoire, au-delà des logiques strictes de colonisation étatique et impériale. Les processus d'appropriation et de réappropriation symboliques, et non seulement économiques et politiques, seront au coeur des exemples abordés, en même temps que les différentes formes de résistance qui cherchent à s'y opposer. Ces différentes formes de dépossession sont associées à des mécanismes de domination, qui s'exercent cependant de manière feutrée et euphémisée, rendant parfois difficile leur caractérisation voire leur dénonciation. Une attention particulière sera portée aux processus de gentrification, de « greentrification », d'appropriation culturelle, aussi bien sur des terrains exotiques que sur des terrains proches et au sein des mouvements contre-culturels et alternatifs, dans les régions rurales ou en banlieue. Des chercheur.e.s travaillant sur ces questions viendront présenter leurs travaux au séminaire, qui est ouvert à tou.te.s sur demande préalable.

22 février : Introduction: «Gentrification, greentrification, appropriation, récupération : éléments pour une anthropologie de la dépossession»

1er mars : «La patrimonialisation des luttes: à propos de La Gentrification des esprits. Témoin d’un imaginaire perdu, de Sarah Schulman (2012)»

8 mars : « Mixité sociale et gentrification des banlieues : quand les quartiers populaires et la diversité deviennent "tendance" » (séance en visio)

15 mars : «Le travail historique comme outil de gentrification : enquête sur la Société historique du South End (Boston) », par Sylvie Tissot (Paris 8)

22 mars : « Contre-cultures et alternatives : de l’irruption punk au triomphe de la "classe créative" »

29 mars : «Intimités postcoloniales? Transactions et appropriations culturelles en contexte touristique à Zanzibar », par Altaïr Després (Imaf-CNRS)

5 avril : séance reportée au 31 mai

12 avril : « La récupération républicaine de l'affirmation culturelle guadeloupéenne », intervention de Ary Gordien (Urmis-CNRS)

19 avril : «Cycling is the new golf : le vélo, cheval de Troie de la gentrification?»

10 mai : «Changer la vie ou changer sa vie: le néoruralisme des années 1970 entre utopie et idéal petit-bourgeois

17 mai : «Quand rural idyll et utopie rurale riment avec gentrification », intervention de Greta Tomasi (Géolab-Université de Limoges)

24 mai : «Le football bien tempéré: la fin des supporters et l’avènement des "spectateurs"»

31 mai : «Réappropriation américaine d’une tradition indigène : le cas du surf à Hawaii », par Jérémy Lemarié (Univ. de Reims/University of Hawai’i)

Des textes seront associés à certaines séances ; ils seront envoyées en avance par courriel aux participant.e.s inscrit.e.s sur participations.ehess.fr  

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Participation sur demande, s'inscrire sur participations.ehess.fr

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.06
    2nd semestre / hebdomadaire, mercredi 10:30-12:30
    du 22 février 2023 au 24 mai 2023
    Nombre de séances : 12

Qu’est-ce qui amène des personnes ou des groupes à en déposséder d’autres de leurs territoires, de leur histoire, mais aussi de leurs pratiques, de leurs loisirs et de leur culture ? Des urbains, actifs et diplômés, rêvant d’une autre vie, qui s’installent dans des campagnes où ils cherchent à imposer leur morale et à réinventer le rapport à la nature. D’autres urbains, actifs et diplômés, qui s’installent en banlieue, à la recherche de mixité, de diversité, et de grands espaces typiques. Des spectateurs occasionnels, déguisés en supporters, qui lisent sur un flyer les paroles des chants de soutien à leur club de foot favori, qu’ils ne connaissent pas. Un vélo de course vintage qui trône au milieu du salon d’un « créateur de tendances » parisien. Des objets, des plantes et des croyances océaniennes appropriées et intégrées au marché du « bien-être » et du développement personnel. Le mouvement punk qui s’expose, s’expose au MOMA de New York, se vend au Bon Marché, et dont l’histoire s’écrit désormais à l’université… Mais qu’y a-t-il de commun cependant à ces différents univers qui semblent former un inventaire à la Prévert, peu compatible avec la sur-spécialisation thématique et géographique associée aux sciences sociales ? Dans ces différents cas de figure, il s’agit à la fois de liquider et de s’approprier l’héritage de ces mondes (im)populaires et de patrimonialiser leur authenticité, mais en prenant bien soin d’effacer la sueur et d’assourdir les cris, qu’on n’emmènera pas au musée. Par dépossession, j’entends donc l’appropriation, sur le plan symbolique mais aussi matériel, de formes et de pratiques sociales ou culturelles, au profit d’une bourgeoisie en mal de nouveaux récits singuliers.

Ce séminaire explore donc les différentes manières dont des personnes, ou des groupes personnes en viennent à déposséder d’autres de leur culture, de leur histoire, de leur style et parfois de leur territoire, au-delà des logiques strictes de colonisation étatique et impériale. Ces différentes formes de dépossession sont associées à des mécanismes de domination, qui s'exercent cependant de manière feutrée et euphémisée, rendant difficile leur identification, leur caractérisation voire leur dénonciation. Les processus d’appropriation et de réappropriation symboliques, et non seulement économiques et politiques, sont donc au cœur des exemples abordés, en même temps que les différentes formes de résistance qui cherchent à s’y opposer. Une attention particulière a été portée aux processus de gentrification, de « greentrification », d’appropriation culturelle, aussi bien sur des terrains exotiques que sur des terrains proches et au sein des mouvements contre-culturels et alternatifs, dans les régions rurales ou en banlieue. Des chercheur·e·s travaillant sur ces questions sont venus présenter leurs travaux au séminaire : Greta Tomasi (Géolab-Université de Limoges) a présenté ses enquêtes sur la gentrification rurale du Plateau de Millevaches (qui entrent en résonance directe avec mes propres travaux sur le néoruralisme sur le même terrain), et Ary Gordien (Urmis-CNRS) a présenté ses travaux sur la récupération par l’État français de l’affirmation culturelle guadeloupéenne, à travers l’exemple du Gwoka, une musique associée à la résistance des anciens esclaves aux Antilles.

Publications
  • Avec R. Ciavolella et al., Les Espaces pluriels d’une revue d’anthropologie politique, dossier spécial de Condition humaine/conditions politiques, #5, 2023.
  • Avec R. Ciavolella, « Marxisme et structuralisme », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, sous la dir. de J.-C. Monod, Éditions Robert Laffont (« Bouquins »), 2022, p. 641-646.
  • Avec M. Salaün, « Alban Bensa », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 137-140.
  • Avec R. Ciavolella, « Pierre Clastres », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 242-249.
  • « Maurice Godelier », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 443-448.
  • « Océanie », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 747-751.
  • « André-Georges Haudricourt », dans Dictionnaire Claude Lévi-Strauss, op. cit., p. 465-467.