Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2024-2025.
UE810 - Les fondations waqfs, de quoi sont-elles le nom : systèmes de droit, de praxis et de symbolisme dans les mondes islamiques
Lieu et planning
-
54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle B03_18
annuel / mensuel (3e), vendredi 10:00-12:00
du 16 septembre 2022 au 16 juin 2023
Nombre de séances : 11
Description
Dernière modification : 20 mai 2022 17:59
- Type d'UE
- Séminaires de centre
- Centres
- Institut d'études de l'Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM)
- Disciplines
- Droit et société
- Page web
- -
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Droit, normes et société Histoire culturelle Histoire économique et sociale
- Aires culturelles
- Musulmans (mondes)
Intervenant·e·s
- Randi Deguilhem [référent·e] directrice de recherche (retraité·e), CNRS
Structure centrale à toutes les communautés religieuses dans les mondes islamiques, les systèmes de waqf organisent, concrétisent et institutionnalisent des soutiens, financiers ou en nature, qui seront versés dans la durée aux bénéficiaires des fondations waqf tels qu’ils sont définis par des fondateurs et des fondatrices dans la charte de création de leurs fondations.
Dans le même temps, les waqfs fournissent un cadre pour sauvegarder l’intégrité d’une partie des propriétés appartenant à un individu. Il est avec ces propriétés-là qu’un individu crée des avoirs de sa fondation les mettant, a priori, à l’abri de la vente ou de la cession par d’autres moyens à un tiers. C’est ainsi un moyen de protéger le patrimoine d’un individu.
Par ailleurs, il est également question de réfléchir sur l’étendue du pouvoir stratégique exercé par l’individu en créant sa fondation waqf mais aussi, c’est un reflet du positionnement de sa famille.
Il s’agit d’un élément central pour les communautés islamiques ainsi que chrétiennes et juives des régions à prédominance islamique dans la mesure où des individus, hommes et femmes, à titre égal, avaient très souvent recours, depuis les premiers siècles de l’islam, à établir une fondation afin de sauvegarder une partie de leur patrimoine familial. Fonder un waqf signifiait également intervenir dans l’organisation de la société par la nomination des bénéficiaires, dans la charte de fondation du waqf, de tel ou tel édifice ou espace religieux/charitable (waqf khayrî / ‘âmm) ou des personnes de sa propre famille ou autre (waqf dhurrî / ahlî / hkâss) ou une combinaison des deux (waqf mushtarak).
Autrement dit, le waqf est un outil de pouvoir extrêmement répandu, utilisé très couramment par des hommes et des femmes, dans des régions islamiques, apportant un impact de manière vertical et horizontal à la société.
Tout cela encadré par plusieurs systèmes de droit concurrents, à savoir, la jurisprudence religieuse, spécifique à la communauté confessionnelle concernée ; les lois de nature variée produites par des instances d’État et, enfin, les usages coutumiers pratiqués de manière locale mais intégrés au fur et à mesure dans le système formel du droit. Ces trois systèmes évoluent en fonction des réflexions des juristes religieux ainsi que dans le cadre de l’État (cela à partir de l’époque omayyade) mais aussi en réponse aux besoins de société, rendus visibles dans la praxis des fondations waqf. Ces trois systèmes de droit, dont il est question ici, interviennent institutionnellement auprès du déroulement des démarches suivies dans les tribunaux religieux ottomans et ceux qui les précèdent. Les documents enregistrés dans ces tribunaux, de plus en plus accessibles aux chercheur.e.s, nous informent, en grand détail et à grande échelle (ces documents sont très nombreux), les différents entrecroisements de ces systèmes de droit en matière de waqf.
Sur l’appui des études et des retombées du programme GDRI Fondations WAQF (2012-16) ainsi que du séminaire mené auprès d’IISMM en 2010-16 qui portait sur des différents aspects des recherches sur les waqfs, cette proposition du séminaire, allant de septembre 2022 au juin 2023, le programme (provisoire) se trouvant ci-après, approfondira et élargira nos travaux sur les fondations waqf.
Organisé par une équipe internationale, avec des communications en français et en anglais, ce séminaire prendra compte des dernières recherches de terrain, d’approche comparative, mais également des récentes réflexions sur l’impact sociétal, dans toutes ces profondeurs, des opérations et des fonctionnements des fondations waqfs dans les régions islamiques depuis ses premiers usages à nos jours.
Programme
10 séances de deux heures, plus un workshop de quatre heures
3e vendredi du mois, 10h-12h (total de 20 heures), workshop (4 heures)
16 septembre 2022 : « Évolution de systèmes de droit, de praxis et de symbolisme des fondations waqfs dans la théorie et dans le vécu dans les mondes musulmans », séance organisée par Randi DEGUILHEM
Interventions de :
- Randi Deguilhem (CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille U.), « Périodisation des systèmes des fondations waqf islamiques : encadrements juridiques, usages et symbolismes à partir des origines de waqf à nos jours en passant par l’époque coloniale »
- Murat Cizakça (Université Marmara et Université KTO Karatay, Istanbul), « A Legal Overview of Sunni Waqf from its Origins until Today »
21 octobre 2022 : « Middle and Far Eastern Endowments and Foundations : A Comparative Perspective », séance organisée par Toru MIURA
Interventions de :
- Toru Miura, Toyo Bunko (Bibliothèque et Centre de Recherche des Régions d’Extrême Orient), Tokyo, Japon, « Comparative Perspectives on Endowments in the Middle and Far East »
- Jean-Pierre Dedieu (CNRS, ENS Lyon), « Ecclesiastical and Civil Mainmort in Early Modern Europe: A Comparison with the Islamic Waqf »
18 novembre 2022 : « Le waqf en tant qu’élément organisateur et rassembleur de société », séance organisée par Ouddène Boughoufala
Interventions de :
- Ouddène Boughoufala (LEHAAN, Université d’Ibn Khaldoun, Tiaret, Algérie), « Étude descriptive analytique en matière de waqf : présentation de l’article de la revue Awqaf, Koweït »
- Ilyes Haj Aissa, Ecole Normale Supérieure de Laghouat, « Le waqf et la société mozabite à la lumière des actes des tribunaux ibadites (1883-1962) »
- Salem Salah (EPHE Paris), « La coexistence doctrinale en Tunisie ottomane : l’institution de waqf comme modèle »
13-14 décembre 2022 : Séance du séminaire Fondations WAQF jumelée avec le colloque : « Les fondations pieuses du patrimoine ottoman. Les vakf hayri : structures patrimoniales entre ordre impérial ottoman, institutions coloniales et régimes nationaux post-ottomans », sous la responsabilité de Juliette Dumas, Université Aix-Marseille, IREMAM, MMSH, Aix-en-Provence, 9h-18h, programme en voie d’organisation
20 janvier 2023 : « Des restrictions législatives aux applications pratiques. Réflexions autour de l'usage du waqf chez les chrétiens au Moyen-Âge et à l’époque ottomane », séance organisée par Sabine Saliba
Interventions de
- Sabine Saliba (CéSor-EHESS, Paris), « À propos de l'évolution de la pratique du waqf chez les maronites de la montagne libanaise à la fin du XIXe siècle. D'un droit coutumier vers une pratique plus légale de l'institution »
- Ana Maria Carballeira Debasa (CSIC - Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid), « Les habous des chrétiens en al-Andalous »
17 février 2023 : « Alevi Waqf and Legal Systems in Contemporary Turkey », séance organisée par Vanessa R. de OBALDIA
Interventions de :
- İştar Gôzaydin (Johannes Gutenberg University of Mainz, Allemagne), « Legal Applications towards Alevis Vakıfs in Contemporary Turkey »
- Vanessa R. de Obaldia (Johannes Gutenberg University of Mainz, Allemagne), « Kartal Cemevi Vakfı: a legal success story for Alevi places of worship »
17 mars 2023 : « Le droit et la praxis des waqfs chi‘ites », séance organisée par Mohammadreza NEYESTANI
Interventions de :
- Mohammadreza Neyestani (Université d’Ispahan, Iran), « Waqf chiite et systèmes jurisprudentiels en Iran moderne »
- Denis Harmann (CNRS, IFEA Istanbul), « Waqf et société en Iran qajar »
21 avril 2023 : « The Legal Question of Moveable Waqfs in Islam », séance organisée par Ignacio SANCHEZ
Interventions de :
- Ignacio Sanchez (Université de Warwick, Royaume-Uni), « Analysis of Legal Frameworks of Moveable Property put into Waqf: The Example of the Endowments of Books and Qur’ans »
- Randi Deguilhem (CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille U.), « Legalilty of Moveable Waqfs as seen by Abû Bakr al-Khassâf (Ahkâm al-Awqâf) and Other Early Jurists in Islam »
19 mai 2023 : « Patrimoine symbolique et touristique des biens waqf dans les anciennes provinces ottomanes », séance organisée par Juliette Dumas
Interventions de :
- Juliette Dumas (Aix-Marseille Université, IREMAM), « Le bâti de waqf comme symbole du patrimoine ottoman dans les anciennes provinces ottomanes »
- Aline Schlaepfer (Université de Bâle), « Le conseil communal israélite libanais. Relations interconfessionnelles et performativité du territoire à Sidon après la création du Grand Liban »
16 juin 2023 : « Les waqfs et la protection du patrimoine architectural dans les villes arabes », séance organisée par Musa SROOR
Interventions de :
- Musa Sroor (Université Birzeit, Palestine), « Les waqfs comme outil de protection du patrimoine architectural : le cas des waqfs Abu Madyan à Jérusalem »
- Sabrina Dahmani (Université de Tlemcen, Algérie), « Les waqfs comme outil de protection du patrimoine architectural : le cas des waqfs Abu Madyan à Tlemcen »
- Rashida Qulfat (Université de Tlemcen, Algérie), « Réflexions théoriques anthropologiques autour du paradigme du waqf : le cas d’Abu Madyan Shu‘ayb »
Équipe coordinatrice du séminaire :
Ouddène Boughoufala (LEHAAN Université Ibn Khaldun de Tiaret, Algérie)
Vanessa De Obaldia (Johannes Gutenberg University of Mainz, Allemagne)
Randi Deguilhem (CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille Université, France)
Juliette Dumas (IREMAM-MMSH, Aix-Marseille Université, France)
Toru Miura (Toyo Bunko, Tokyo, Japon)
Mohammadreza Neyestani (Université d’Ispahan, Iran)
Sabine Saliba (CéSor-EHESS, Paris, France)
Ignacio Sanchez (Université de Warwick, Royaume-Uni)
Musa Sroor (Université Birzeit, Palestine)
Master
Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Labels
- Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
par courriel : randi.deguilhem@gmail.com
- Pré-requis
aucun.
Compte rendu
Le séminaire, septembre 2022-juin 2023, qui étudie les systèmes de droit relatifs aux fondations waqfs / habous / mainmorte dans les mondes islamiques, reprend les travaux du premier cycle du séminaire que nous avions organisé à IISMM-EHESS Paris, 2010-2016, dans le cadre d’un GDRI (Groupe de Recherche Internationale). Ce GDRI, financé par le CNRS avec trois partenaires nationaux (IISMM-EHESS Paris ; IFPO Amman-Beyrouth-Damas, Jérusalem ; IREMAM UMR 7310, puis à partir de 2013 - TELEMMe UMR 7303-MMSH Aix-Marseille Université) et cinq internationaux (Toyo Bunko, Japan ; INCIEF Kuala Lumpur, Malaisie ; Université d’Alger et de Mascara, Algérie ; Université Birzeit, Palestine ; Université Tunis). Ce séminaire à IISMM-EHESS 2022-2023 s’inscrit également dans les travaux précédents menés dans le cadre de trois colloques qui portaient sur les fondations waqf que nous avions organisés, 2003-2006, à Harvard University, Islamic Legal Studies Program dont un qui a lieu à IFPO Damas, Syrie et deux à Cambridge, Massachusetts, USA.
Organisé par une équipe internationale, avec des interventions présentées en français et en anglais, ce séminaire sur les fondations waqf, 2022-2023, prend en compte des dernières recherches de terrain en empruntant des approches comparatives de la question mais aussi des récentes réflexions sur l’impact sociétal, dans toutes ces profondeurs, des opérations et des fonctionnements des fondations waqfs dans les régions islamiques depuis ses premiers usages à nos jours.
Structure centrale de toutes les communautés religieuses dans les mondes islamiques (Islamicate world), y compris dans toutes les communautés chrétiennes et juives de la région, les systèmes de waqf organisent, concrétisent et institutionnalisent des soutiens, financiers ou en nature, qui seront versés dans la durée aux bénéficiaires des fondations waqf tels qu’ils sont définis par des fondateurs et des fondatrices dans la charte de création de leurs fondations.
Dans le même temps, les waqfs fournissent un cadre pour sauvegarder l’intégrité d’une partie des propriétés appartenant à un individu qu’il/elle cède à la fondation. Il est avec ces propriétés-là qu’un individu crée des avoirs de sa fondation les mettant, a priori, à l’abri de la vente ou de la cession par d’autres moyens à un tiers bien que ces opérations-là s’effectuent, en réalité, mais encadré par les systèmes de droit. C’est ainsi un moyen de protéger le patrimoine d’un individu.
Par ailleurs, il est question de réfléchir, dans ce séminaire, sur l’étendue du pouvoir stratégique exercé par l’individu en créant sa fondation waqf, notamment, de par le choix des bénéficiaires. C’est aussi un reflet du positionnement de sa famille.
Il s’agit d’un élément central pour les communautés religieuses des mondes à prédominance islamique dans la mesure où des individus, hommes et femmes, à titre égal, avaient très souvent recours, depuis les premiers siècles de l’islam, à établir une fondation afin de sauvegarder une partie de leur patrimoine familial. Fonder un waqf signifie intervenir dans l’organisation même de la société par la nomination des bénéficiaires de ces fondations, dans la charte de fondation du waqf, en désignant tel ou tel édifice ou espace religieux, charitable ou public (waqf khayrî / ‘âmm) en tant que bénéficiaire ou des personnes de sa propre famille ou d’autres individus (waqf dhurrî / ahlî / khâss) ou, enfin, une combinaison de ces deux (waqf mushtarak).
Ainsi, le waqf est un outil de pouvoir extrêmement répandu, utilisé très couramment par des hommes et des femmes dans des régions islamiques, apportant un impact de manière verticale et horizontale à la société.
Tout cela encadré par plusieurs systèmes de droit concurrents, à savoir, par la jurisprudence religieuse, spécifique à la communauté confessionnelle concernée mais aussi par les lois produites par des instances des États et, enfin, par les usages coutumiers pratiqués de manière locale mais intégrés au fur et à mesure dans le système formel du droit. Ces trois systèmes évoluent en fonction des réflexions des juristes religieux ainsi que dans le cadre de l’État (cela à partir de l’époque omayyade) en réponse aux besoins de société, rendus visibles dans la praxis des fondations waqf. Ces trois systèmes de droit, dont il est question ici, interviennent institutionnellement auprès du déroulement des démarches suivies dans les tribunaux religieux ottomans et ceux qui les précèdent. Les documents enregistrés dans ces tribunaux, de plus en plus accessibles aux chercheur·e·s, nous informent, en grand détail et à grande échelle (ces documents sont très nombreux), des différents entrecroisements de ces systèmes de droit en matière de waqf.
Dernière modification : 20 mai 2022 17:59
- Type d'UE
- Séminaires de centre
- Centres
- Institut d'études de l'Islam et des sociétés du monde musulman (IISMM)
- Disciplines
- Droit et société
- Page web
- -
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Droit, normes et société Histoire culturelle Histoire économique et sociale
- Aires culturelles
- Musulmans (mondes)
Intervenant·e·s
- Randi Deguilhem [référent·e] directrice de recherche (retraité·e), CNRS
Structure centrale à toutes les communautés religieuses dans les mondes islamiques, les systèmes de waqf organisent, concrétisent et institutionnalisent des soutiens, financiers ou en nature, qui seront versés dans la durée aux bénéficiaires des fondations waqf tels qu’ils sont définis par des fondateurs et des fondatrices dans la charte de création de leurs fondations.
Dans le même temps, les waqfs fournissent un cadre pour sauvegarder l’intégrité d’une partie des propriétés appartenant à un individu. Il est avec ces propriétés-là qu’un individu crée des avoirs de sa fondation les mettant, a priori, à l’abri de la vente ou de la cession par d’autres moyens à un tiers. C’est ainsi un moyen de protéger le patrimoine d’un individu.
Par ailleurs, il est également question de réfléchir sur l’étendue du pouvoir stratégique exercé par l’individu en créant sa fondation waqf mais aussi, c’est un reflet du positionnement de sa famille.
Il s’agit d’un élément central pour les communautés islamiques ainsi que chrétiennes et juives des régions à prédominance islamique dans la mesure où des individus, hommes et femmes, à titre égal, avaient très souvent recours, depuis les premiers siècles de l’islam, à établir une fondation afin de sauvegarder une partie de leur patrimoine familial. Fonder un waqf signifiait également intervenir dans l’organisation de la société par la nomination des bénéficiaires, dans la charte de fondation du waqf, de tel ou tel édifice ou espace religieux/charitable (waqf khayrî / ‘âmm) ou des personnes de sa propre famille ou autre (waqf dhurrî / ahlî / hkâss) ou une combinaison des deux (waqf mushtarak).
Autrement dit, le waqf est un outil de pouvoir extrêmement répandu, utilisé très couramment par des hommes et des femmes, dans des régions islamiques, apportant un impact de manière vertical et horizontal à la société.
Tout cela encadré par plusieurs systèmes de droit concurrents, à savoir, la jurisprudence religieuse, spécifique à la communauté confessionnelle concernée ; les lois de nature variée produites par des instances d’État et, enfin, les usages coutumiers pratiqués de manière locale mais intégrés au fur et à mesure dans le système formel du droit. Ces trois systèmes évoluent en fonction des réflexions des juristes religieux ainsi que dans le cadre de l’État (cela à partir de l’époque omayyade) mais aussi en réponse aux besoins de société, rendus visibles dans la praxis des fondations waqf. Ces trois systèmes de droit, dont il est question ici, interviennent institutionnellement auprès du déroulement des démarches suivies dans les tribunaux religieux ottomans et ceux qui les précèdent. Les documents enregistrés dans ces tribunaux, de plus en plus accessibles aux chercheur.e.s, nous informent, en grand détail et à grande échelle (ces documents sont très nombreux), les différents entrecroisements de ces systèmes de droit en matière de waqf.
Sur l’appui des études et des retombées du programme GDRI Fondations WAQF (2012-16) ainsi que du séminaire mené auprès d’IISMM en 2010-16 qui portait sur des différents aspects des recherches sur les waqfs, cette proposition du séminaire, allant de septembre 2022 au juin 2023, le programme (provisoire) se trouvant ci-après, approfondira et élargira nos travaux sur les fondations waqf.
Organisé par une équipe internationale, avec des communications en français et en anglais, ce séminaire prendra compte des dernières recherches de terrain, d’approche comparative, mais également des récentes réflexions sur l’impact sociétal, dans toutes ces profondeurs, des opérations et des fonctionnements des fondations waqfs dans les régions islamiques depuis ses premiers usages à nos jours.
Programme
10 séances de deux heures, plus un workshop de quatre heures
3e vendredi du mois, 10h-12h (total de 20 heures), workshop (4 heures)
16 septembre 2022 : « Évolution de systèmes de droit, de praxis et de symbolisme des fondations waqfs dans la théorie et dans le vécu dans les mondes musulmans », séance organisée par Randi DEGUILHEM
Interventions de :
- Randi Deguilhem (CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille U.), « Périodisation des systèmes des fondations waqf islamiques : encadrements juridiques, usages et symbolismes à partir des origines de waqf à nos jours en passant par l’époque coloniale »
- Murat Cizakça (Université Marmara et Université KTO Karatay, Istanbul), « A Legal Overview of Sunni Waqf from its Origins until Today »
21 octobre 2022 : « Middle and Far Eastern Endowments and Foundations : A Comparative Perspective », séance organisée par Toru MIURA
Interventions de :
- Toru Miura, Toyo Bunko (Bibliothèque et Centre de Recherche des Régions d’Extrême Orient), Tokyo, Japon, « Comparative Perspectives on Endowments in the Middle and Far East »
- Jean-Pierre Dedieu (CNRS, ENS Lyon), « Ecclesiastical and Civil Mainmort in Early Modern Europe: A Comparison with the Islamic Waqf »
18 novembre 2022 : « Le waqf en tant qu’élément organisateur et rassembleur de société », séance organisée par Ouddène Boughoufala
Interventions de :
- Ouddène Boughoufala (LEHAAN, Université d’Ibn Khaldoun, Tiaret, Algérie), « Étude descriptive analytique en matière de waqf : présentation de l’article de la revue Awqaf, Koweït »
- Ilyes Haj Aissa, Ecole Normale Supérieure de Laghouat, « Le waqf et la société mozabite à la lumière des actes des tribunaux ibadites (1883-1962) »
- Salem Salah (EPHE Paris), « La coexistence doctrinale en Tunisie ottomane : l’institution de waqf comme modèle »
13-14 décembre 2022 : Séance du séminaire Fondations WAQF jumelée avec le colloque : « Les fondations pieuses du patrimoine ottoman. Les vakf hayri : structures patrimoniales entre ordre impérial ottoman, institutions coloniales et régimes nationaux post-ottomans », sous la responsabilité de Juliette Dumas, Université Aix-Marseille, IREMAM, MMSH, Aix-en-Provence, 9h-18h, programme en voie d’organisation
20 janvier 2023 : « Des restrictions législatives aux applications pratiques. Réflexions autour de l'usage du waqf chez les chrétiens au Moyen-Âge et à l’époque ottomane », séance organisée par Sabine Saliba
Interventions de
- Sabine Saliba (CéSor-EHESS, Paris), « À propos de l'évolution de la pratique du waqf chez les maronites de la montagne libanaise à la fin du XIXe siècle. D'un droit coutumier vers une pratique plus légale de l'institution »
- Ana Maria Carballeira Debasa (CSIC - Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Madrid), « Les habous des chrétiens en al-Andalous »
17 février 2023 : « Alevi Waqf and Legal Systems in Contemporary Turkey », séance organisée par Vanessa R. de OBALDIA
Interventions de :
- İştar Gôzaydin (Johannes Gutenberg University of Mainz, Allemagne), « Legal Applications towards Alevis Vakıfs in Contemporary Turkey »
- Vanessa R. de Obaldia (Johannes Gutenberg University of Mainz, Allemagne), « Kartal Cemevi Vakfı: a legal success story for Alevi places of worship »
17 mars 2023 : « Le droit et la praxis des waqfs chi‘ites », séance organisée par Mohammadreza NEYESTANI
Interventions de :
- Mohammadreza Neyestani (Université d’Ispahan, Iran), « Waqf chiite et systèmes jurisprudentiels en Iran moderne »
- Denis Harmann (CNRS, IFEA Istanbul), « Waqf et société en Iran qajar »
21 avril 2023 : « The Legal Question of Moveable Waqfs in Islam », séance organisée par Ignacio SANCHEZ
Interventions de :
- Ignacio Sanchez (Université de Warwick, Royaume-Uni), « Analysis of Legal Frameworks of Moveable Property put into Waqf: The Example of the Endowments of Books and Qur’ans »
- Randi Deguilhem (CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille U.), « Legalilty of Moveable Waqfs as seen by Abû Bakr al-Khassâf (Ahkâm al-Awqâf) and Other Early Jurists in Islam »
19 mai 2023 : « Patrimoine symbolique et touristique des biens waqf dans les anciennes provinces ottomanes », séance organisée par Juliette Dumas
Interventions de :
- Juliette Dumas (Aix-Marseille Université, IREMAM), « Le bâti de waqf comme symbole du patrimoine ottoman dans les anciennes provinces ottomanes »
- Aline Schlaepfer (Université de Bâle), « Le conseil communal israélite libanais. Relations interconfessionnelles et performativité du territoire à Sidon après la création du Grand Liban »
16 juin 2023 : « Les waqfs et la protection du patrimoine architectural dans les villes arabes », séance organisée par Musa SROOR
Interventions de :
- Musa Sroor (Université Birzeit, Palestine), « Les waqfs comme outil de protection du patrimoine architectural : le cas des waqfs Abu Madyan à Jérusalem »
- Sabrina Dahmani (Université de Tlemcen, Algérie), « Les waqfs comme outil de protection du patrimoine architectural : le cas des waqfs Abu Madyan à Tlemcen »
- Rashida Qulfat (Université de Tlemcen, Algérie), « Réflexions théoriques anthropologiques autour du paradigme du waqf : le cas d’Abu Madyan Shu‘ayb »
Équipe coordinatrice du séminaire :
Ouddène Boughoufala (LEHAAN Université Ibn Khaldun de Tiaret, Algérie)
Vanessa De Obaldia (Johannes Gutenberg University of Mainz, Allemagne)
Randi Deguilhem (CNRS, TELEMMe-MMSH, Aix-Marseille Université, France)
Juliette Dumas (IREMAM-MMSH, Aix-Marseille Université, France)
Toru Miura (Toyo Bunko, Tokyo, Japon)
Mohammadreza Neyestani (Université d’Ispahan, Iran)
Sabine Saliba (CéSor-EHESS, Paris, France)
Ignacio Sanchez (Université de Warwick, Royaume-Uni)
Musa Sroor (Université Birzeit, Palestine)
Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.
- Contacts additionnels
- -
- Labels
- Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
par courriel : randi.deguilhem@gmail.com
- Pré-requis
aucun.
-
54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle B03_18
annuel / mensuel (3e), vendredi 10:00-12:00
du 16 septembre 2022 au 16 juin 2023
Nombre de séances : 11
Le séminaire, septembre 2022-juin 2023, qui étudie les systèmes de droit relatifs aux fondations waqfs / habous / mainmorte dans les mondes islamiques, reprend les travaux du premier cycle du séminaire que nous avions organisé à IISMM-EHESS Paris, 2010-2016, dans le cadre d’un GDRI (Groupe de Recherche Internationale). Ce GDRI, financé par le CNRS avec trois partenaires nationaux (IISMM-EHESS Paris ; IFPO Amman-Beyrouth-Damas, Jérusalem ; IREMAM UMR 7310, puis à partir de 2013 - TELEMMe UMR 7303-MMSH Aix-Marseille Université) et cinq internationaux (Toyo Bunko, Japan ; INCIEF Kuala Lumpur, Malaisie ; Université d’Alger et de Mascara, Algérie ; Université Birzeit, Palestine ; Université Tunis). Ce séminaire à IISMM-EHESS 2022-2023 s’inscrit également dans les travaux précédents menés dans le cadre de trois colloques qui portaient sur les fondations waqf que nous avions organisés, 2003-2006, à Harvard University, Islamic Legal Studies Program dont un qui a lieu à IFPO Damas, Syrie et deux à Cambridge, Massachusetts, USA.
Organisé par une équipe internationale, avec des interventions présentées en français et en anglais, ce séminaire sur les fondations waqf, 2022-2023, prend en compte des dernières recherches de terrain en empruntant des approches comparatives de la question mais aussi des récentes réflexions sur l’impact sociétal, dans toutes ces profondeurs, des opérations et des fonctionnements des fondations waqfs dans les régions islamiques depuis ses premiers usages à nos jours.
Structure centrale de toutes les communautés religieuses dans les mondes islamiques (Islamicate world), y compris dans toutes les communautés chrétiennes et juives de la région, les systèmes de waqf organisent, concrétisent et institutionnalisent des soutiens, financiers ou en nature, qui seront versés dans la durée aux bénéficiaires des fondations waqf tels qu’ils sont définis par des fondateurs et des fondatrices dans la charte de création de leurs fondations.
Dans le même temps, les waqfs fournissent un cadre pour sauvegarder l’intégrité d’une partie des propriétés appartenant à un individu qu’il/elle cède à la fondation. Il est avec ces propriétés-là qu’un individu crée des avoirs de sa fondation les mettant, a priori, à l’abri de la vente ou de la cession par d’autres moyens à un tiers bien que ces opérations-là s’effectuent, en réalité, mais encadré par les systèmes de droit. C’est ainsi un moyen de protéger le patrimoine d’un individu.
Par ailleurs, il est question de réfléchir, dans ce séminaire, sur l’étendue du pouvoir stratégique exercé par l’individu en créant sa fondation waqf, notamment, de par le choix des bénéficiaires. C’est aussi un reflet du positionnement de sa famille.
Il s’agit d’un élément central pour les communautés religieuses des mondes à prédominance islamique dans la mesure où des individus, hommes et femmes, à titre égal, avaient très souvent recours, depuis les premiers siècles de l’islam, à établir une fondation afin de sauvegarder une partie de leur patrimoine familial. Fonder un waqf signifie intervenir dans l’organisation même de la société par la nomination des bénéficiaires de ces fondations, dans la charte de fondation du waqf, en désignant tel ou tel édifice ou espace religieux, charitable ou public (waqf khayrî / ‘âmm) en tant que bénéficiaire ou des personnes de sa propre famille ou d’autres individus (waqf dhurrî / ahlî / khâss) ou, enfin, une combinaison de ces deux (waqf mushtarak).
Ainsi, le waqf est un outil de pouvoir extrêmement répandu, utilisé très couramment par des hommes et des femmes dans des régions islamiques, apportant un impact de manière verticale et horizontale à la société.
Tout cela encadré par plusieurs systèmes de droit concurrents, à savoir, par la jurisprudence religieuse, spécifique à la communauté confessionnelle concernée mais aussi par les lois produites par des instances des États et, enfin, par les usages coutumiers pratiqués de manière locale mais intégrés au fur et à mesure dans le système formel du droit. Ces trois systèmes évoluent en fonction des réflexions des juristes religieux ainsi que dans le cadre de l’État (cela à partir de l’époque omayyade) en réponse aux besoins de société, rendus visibles dans la praxis des fondations waqf. Ces trois systèmes de droit, dont il est question ici, interviennent institutionnellement auprès du déroulement des démarches suivies dans les tribunaux religieux ottomans et ceux qui les précèdent. Les documents enregistrés dans ces tribunaux, de plus en plus accessibles aux chercheur·e·s, nous informent, en grand détail et à grande échelle (ces documents sont très nombreux), des différents entrecroisements de ces systèmes de droit en matière de waqf.