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UE772 - Traduire les images


Lieu et planning


  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Walter-Benjamin
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 10:00-13:00
    du 14 février 2023 au 6 juin 2023
    Nombre de séances : 16


Description


Dernière modification : 12 octobre 2022 15:28

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Arts Écriture Image Sémantique Sémiotique Visuel
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Giovanni Careri [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

Traduire l’image. Sous ce titre, le séminaire s’interrogera sur diverses formes de traduction à commencer par la description qui transporte le verbal dans le visuel et jusqu’aux procédures propres à la traduction intermédiaire. Nous allons nous intéresser au débat sur la traduction intersémiotique et aux approches herméneutiques, mais aussi à la notion de « vie des images » par laquelle on décrit une manière de traduction entre les images elles-mêmes. Une attention particulière sera portée aux « formes intermédiaires » ; les rituels, les cérémonies et les spectacles qui transposent l’art dans différentes sphères de la vie sociale.

Tout en ayant une ambition théorique, le séminaire prendra appui sur des cas d’études essentiellement situés dans le domaine de l’art européen. 

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

une connaissance des théories des images et de l'histoire de l'art est souhaitable mais le séminaire est ouvert à tous les étudiants intéressés.

Une partcipation active est également souhaité.


Compte rendu


En introduction au séminaire j’ai présenté les différents aspects de la question de la traduction, rappelant le contexte d’études où avait surgi mon intérêt pour cette notion et en particulier le séminaire de sémiotique de Umberto Eco et Paolo Fabbri des premières années 2000 auquel j’ai participé. J’ai ensuite proposé de mettre en relation les arguments et les discussions proposés à cette occasion avec les thèses soutenue par Gottfried Bohem quelques années auparavant au titre d’un tournant iconique . Boehm dénonce l’incapacité du langage verbale  à traduire le visuel,  particulièrement lorsqu’il s’agit d’œuvres d’art. Le niveau « iconique » du sens ne peut être saisi qu’à travers les catégories propres au visuel lesquelles relèvent toutes d’une forme de différence dont le contraste offre l’exemple le plus simple. 

Une deuxième série de séances a abordé la question de la description à partir de l’études de « Mimesis et description », un article dans lequel Louis Marin critique la notion classique de description comme opération d’objectivation. La description verbale classique  d’un tableau est, en effet,  le lieu où s’exerce la dénégation de la dimension construite et orientée de toutes description. Marin ne propose pas pour autant de séparer le parole de l’image, attribuant à cette dernière une autonomie radicale par rapport au langage. La connexion entre ces deux formes de l’expression est indépassable et en même temps ambiguë en ce sens que la parole, et de manière exemplaire le nom, réduit la polysémie propre à l’image qui peut se soustraire au pouvoir de la dénomination  et faire de cette inadéquation un critère de qualité artistique L’écriture de l’historien de l’art est donc exposé au défi d’exercer son pouvoir sans écraser la puissance de sens des œuvres, ce que Marin fait injectant de la théorie,  et donc des questions, dans le corps de ses descriptions. Pour rendre compte des pouvoirs du nom et des manières par lesquelles l’image peut y échapper, j’ai repris mon analyse d’une lunette de la Chapelle Sixtine appartenant au cycle des Ancêtres du Christ où l’inscription du  nom d’un prince d’Israël en lettre capitale côtoie une figure en proie à la torpeur qui n’a rien de princier. Soustraire cette figure à l’emprise du nom qui la désigne permet de saisir la relation d’inclusion exclusive qui gouverne le rapport entre l’histoire chrétienne et celle des Juifs. Le nom prends son sens par rapport aux autres noms qui dans les lunettes énumèrent la liste généalogique qui va  de Abraham à Joseph. Cette liste greffe l’histoire chrétienne dans celle des juifs et en capte la légitimité. L’aspect fatigué, parfois caricaturales, des figures réunit, par contre, un ensemble de traits par lequel les juifs sont confinés hors de l’histoire puisqu’ils n’ont pas reconnu le Messie. Ce cas a un statut de paradigme dans la mesure où la suspension du pouvoir d’isolation du nom permet la connexion de la figure de la lunette avec les autres figure de la voûte et donne ainsi accès au travail que les images produisent quand elles sont mises en série.

La série d’images comme instrument méthodologique d’autonomisation du visuel a été l’objet des derniers séminaires pendant le quels j’ai abordé quelques cas de traduction en peinture d’un texte poétique. Comme l’a montré jadis Roman Jakobson,  le texte poétique est caractérisé par une figurativité intense et par une ambiguïté comparable à celle de la peinture. J’ai analysé deux épisodes de Jérusalem délivrée du Tasse très souvent représentés par les peintres. L’abondance et la qualité variable de ces tableaux permet de les mettre en série et d’opposer ceux qui réduisent la polysémie du texte de départ de ceux qui la travaillent par des moyens proprement visuels en la déplaçant et en la complexifiant.

Chaque séance du séminaire s’est achevé par l’exposé d’un doctorant. Bertrand Prevost (Université de Bordeaux) et Pierre-Antoine Fabre nous ont proposé une réaction après coup à l’exposition Les choses présentée au Louvre par Laurence Bertrand Dorleac. Nous avons également reçu Felice Cimatti (Université de la Calabre) qui nous a présenté ses « Dix thèses sur l’animalité et la chair ».

Publications
  • « Die “Autorità quasi immanente” der gesten bei Caravaggio und Annibale Carracci», dans Das Subversive Bild. Festschrift für Jürgen Müller, sous la dir. de Barbara Borngasser et Bruno Klein, Berlin, Deutscher Kunstverlag, 2022, p. 187-201.
  • «Le forme intermedie. L’arte e il suo fuori», dans La cultura visuale in Italia. Immagini sguardi, dispositivi, sous la dir. de M. Cometa, R. Coglitore et V. Cammarata, Milan, Meltemi, 2022, p. 101-123.
  • « La storia dell’arte è une storia di profezie »,  dans Prefiguazioni, forme e strumeti del racconto, sous la dir. de G. D’Acunto et S. Marini, Rome, Quodlibet, 2022, p. 108-131.

Dernière modification : 12 octobre 2022 15:28

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Arts Écriture Image Sémantique Sémiotique Visuel
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Giovanni Careri [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

Traduire l’image. Sous ce titre, le séminaire s’interrogera sur diverses formes de traduction à commencer par la description qui transporte le verbal dans le visuel et jusqu’aux procédures propres à la traduction intermédiaire. Nous allons nous intéresser au débat sur la traduction intersémiotique et aux approches herméneutiques, mais aussi à la notion de « vie des images » par laquelle on décrit une manière de traduction entre les images elles-mêmes. Une attention particulière sera portée aux « formes intermédiaires » ; les rituels, les cérémonies et les spectacles qui transposent l’art dans différentes sphères de la vie sociale.

Tout en ayant une ambition théorique, le séminaire prendra appui sur des cas d’études essentiellement situés dans le domaine de l’art européen. 

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

une connaissance des théories des images et de l'histoire de l'art est souhaitable mais le séminaire est ouvert à tous les étudiants intéressés.

Une partcipation active est également souhaité.

  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Walter-Benjamin
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 10:00-13:00
    du 14 février 2023 au 6 juin 2023
    Nombre de séances : 16

En introduction au séminaire j’ai présenté les différents aspects de la question de la traduction, rappelant le contexte d’études où avait surgi mon intérêt pour cette notion et en particulier le séminaire de sémiotique de Umberto Eco et Paolo Fabbri des premières années 2000 auquel j’ai participé. J’ai ensuite proposé de mettre en relation les arguments et les discussions proposés à cette occasion avec les thèses soutenue par Gottfried Bohem quelques années auparavant au titre d’un tournant iconique . Boehm dénonce l’incapacité du langage verbale  à traduire le visuel,  particulièrement lorsqu’il s’agit d’œuvres d’art. Le niveau « iconique » du sens ne peut être saisi qu’à travers les catégories propres au visuel lesquelles relèvent toutes d’une forme de différence dont le contraste offre l’exemple le plus simple. 

Une deuxième série de séances a abordé la question de la description à partir de l’études de « Mimesis et description », un article dans lequel Louis Marin critique la notion classique de description comme opération d’objectivation. La description verbale classique  d’un tableau est, en effet,  le lieu où s’exerce la dénégation de la dimension construite et orientée de toutes description. Marin ne propose pas pour autant de séparer le parole de l’image, attribuant à cette dernière une autonomie radicale par rapport au langage. La connexion entre ces deux formes de l’expression est indépassable et en même temps ambiguë en ce sens que la parole, et de manière exemplaire le nom, réduit la polysémie propre à l’image qui peut se soustraire au pouvoir de la dénomination  et faire de cette inadéquation un critère de qualité artistique L’écriture de l’historien de l’art est donc exposé au défi d’exercer son pouvoir sans écraser la puissance de sens des œuvres, ce que Marin fait injectant de la théorie,  et donc des questions, dans le corps de ses descriptions. Pour rendre compte des pouvoirs du nom et des manières par lesquelles l’image peut y échapper, j’ai repris mon analyse d’une lunette de la Chapelle Sixtine appartenant au cycle des Ancêtres du Christ où l’inscription du  nom d’un prince d’Israël en lettre capitale côtoie une figure en proie à la torpeur qui n’a rien de princier. Soustraire cette figure à l’emprise du nom qui la désigne permet de saisir la relation d’inclusion exclusive qui gouverne le rapport entre l’histoire chrétienne et celle des Juifs. Le nom prends son sens par rapport aux autres noms qui dans les lunettes énumèrent la liste généalogique qui va  de Abraham à Joseph. Cette liste greffe l’histoire chrétienne dans celle des juifs et en capte la légitimité. L’aspect fatigué, parfois caricaturales, des figures réunit, par contre, un ensemble de traits par lequel les juifs sont confinés hors de l’histoire puisqu’ils n’ont pas reconnu le Messie. Ce cas a un statut de paradigme dans la mesure où la suspension du pouvoir d’isolation du nom permet la connexion de la figure de la lunette avec les autres figure de la voûte et donne ainsi accès au travail que les images produisent quand elles sont mises en série.

La série d’images comme instrument méthodologique d’autonomisation du visuel a été l’objet des derniers séminaires pendant le quels j’ai abordé quelques cas de traduction en peinture d’un texte poétique. Comme l’a montré jadis Roman Jakobson,  le texte poétique est caractérisé par une figurativité intense et par une ambiguïté comparable à celle de la peinture. J’ai analysé deux épisodes de Jérusalem délivrée du Tasse très souvent représentés par les peintres. L’abondance et la qualité variable de ces tableaux permet de les mettre en série et d’opposer ceux qui réduisent la polysémie du texte de départ de ceux qui la travaillent par des moyens proprement visuels en la déplaçant et en la complexifiant.

Chaque séance du séminaire s’est achevé par l’exposé d’un doctorant. Bertrand Prevost (Université de Bordeaux) et Pierre-Antoine Fabre nous ont proposé une réaction après coup à l’exposition Les choses présentée au Louvre par Laurence Bertrand Dorleac. Nous avons également reçu Felice Cimatti (Université de la Calabre) qui nous a présenté ses « Dix thèses sur l’animalité et la chair ».

Publications
  • « Die “Autorità quasi immanente” der gesten bei Caravaggio und Annibale Carracci», dans Das Subversive Bild. Festschrift für Jürgen Müller, sous la dir. de Barbara Borngasser et Bruno Klein, Berlin, Deutscher Kunstverlag, 2022, p. 187-201.
  • «Le forme intermedie. L’arte e il suo fuori», dans La cultura visuale in Italia. Immagini sguardi, dispositivi, sous la dir. de M. Cometa, R. Coglitore et V. Cammarata, Milan, Meltemi, 2022, p. 101-123.
  • « La storia dell’arte è une storia di profezie »,  dans Prefiguazioni, forme e strumeti del racconto, sous la dir. de G. D’Acunto et S. Marini, Rome, Quodlibet, 2022, p. 108-131.