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UE768 - Histoire et littérature, II. Témoigner
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 50
2nd semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
du 3 mars 2023 au 16 juin 2023
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 23 février 2023 14:54
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie historique, Histoire, Signes, formes, représentations
- Page web
- -
- Langues
- -
- Mots-clés
- Écriture Génocides (études des) Histoire du livre Historiographie Littérature Mémoire Nazisme Shoah Témoignage Temps/temporalité Textes
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Judith Lyon-Caen [référent·e] directrice d'études, EHESS / Groupe de recherches interdisciplinaires sur l'histoire du littéraire (CRH-GRIHL)
Les écrits conçus ou reçus comme testimoniaux – les témoignages - ne sont pas seulement des sources possibles sur les événements historiques, souvent terribles, dont ils parlent. Ils appartiennent pleinement à l’histoire dont ils témoignent. Leur production, leurs modalités de circulation, de publication – parfois difficile, clandestine –, leurs usages doivent être considérés comme autant d’actions, et comme autant d’événements d’écriture, dans cette histoire. En 1953, Michel Borwicz, un intellectuel d’origine juive polonaise, survivant de la Shoah, publie en français un ouvrage intitulé Écrits des condamnés à mort sous l’occupation allemande : c’est le premier livre à envisager globalement la question du recours à l’écriture face au génocide et à la violence extrême comme un fait social et historique à part entière. Par « écrits » Borwicz considère aussi bien des récits que de poèmes, des chansons que des chroniques ou des journaux intimes : le témoignage pour lui n’est pas une question de forme, ou de genre, mais de geste. Par « condamnés à mort » il désigne aussi bien les Juifs visés par les politiques exterminatrices que les résistants dans les maquis, les prisons et les camps de l’Europe occupée.
Ce séminaire abordera la question du témoignage à partir d’une lecture et d’une contextualisation rapprochées de cette œuvre unique et encore mal connue. L’analyse de l’oeuvre de Borwicz, entre la Pologne occupée et la France d’après-guerre, entre le ghetto et le camp de Lviv et l’exil parisien, ouvrira vers une histoire des pratiques testimoniales et des savoirs sur le témoignage au XXe siècle.
3 mars : Introduction
Pas de séminaire le 10 mars
17 mars : « Pas de surréalisme aux portes de la mort » (Paris, 1953)
24 mars : L’expérience du camp (Lwów, 1941-43)
31 mars : Comment faire de l’histoire à chaud ? Cracovie, 1945-47
7 avril : Comment faire de l’histoire en exil ? I. Paris, 1947-1953
4 avril : Boris Adjemian. Comment faire de l’histoire en exil ? II. La Bibliothèque Nubar de l’UGAB, ou le projet d’une Bibliothèque nationale arménienne à Paris
21 avril : Boris Adjemian : Aram Andonian, ou le sens de l’archive pour un intellectuel-survivant du génocide des Arméniens
12 mai : La poésie comme document ?
26 mai : Le projet « Holocaust diaries », avec Sarah Gruszka et Marie Moutier
2 juin : Perspectives : lire le « silence » d’après-guerre.
9 juin : Travaux en cours
16 juin : Sunt lacrimae rerum
Master
-
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
- -
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Le séminaire, hebdomadaire et annuel, était organisé autour de deux questions, une par semestre.
« Témoigner ». La seconde partie de l’année a repris le dossier des « savoirs du témoignage » explorée au cours des années précédentes dans le cadre d’un séminaire collectif. Cette année, le choix avait été fait de resserrer la réflexion dans le cadre d’un séminaire personnel, en prenant pour fil directeur les Écrits des condamnés à mort sous l’occupation allemande de Michel Borwicz (1954), dont j’étais en train de finir l’édition critique (cf. infra). Parce qu’il s’agit du premier livre, en France, à envisager la question du recours à l’écriture face au génocide des Juifs et à la violence nazie comme un fait social et historique à part entière, la question du témoignage pouvait être abordée à partir d’une lecture et d’une contextualisation rapprochées de cette œuvre. Je suis donc partie de l’étude de la première réception de l’œuvre, en 1953, avant de proposer, séance après séance, une généalogie de l’œuvre nouée à la biographie de l’auteur, en repartant de l’expérience du ghetto et du camp (Lwów, 1941-43), puis en suivant les différentes étapes du « devenir historien » d’un survivant, qui avait été aussi poète et résistant. J’ai ensuite proposé à Boris Adjemian (14 et 21 avril 2023), chercheur associé et CRH et directeur de la biblliothèque Nubar de Paris, de présenter ses recherches sur un autre intellectuel survivant, historien du génocide des Arméniens, Aram Andonian, de manière à ouvrir une réflexion comparative sur l’élaboration de « savoirs du témoignage » par des intellectuels survivants des génocides. J’ai également proposé à Sarah Gruszka et Marie Moutier-Bitan (26 mai) de présenter un projet collectif en cours d’élaboration consacré aux « journaux personnels de la Shoah », journaux qu’il s’agit d’inventorier dans les différents dépôts d’archives existant et dont on souhaite interroger les fonctions documentaires inégales dans l’historiographie de la Shoah, alors même que certains journaux connaissent des trajectoires éditoriales fulgurantes. Les deux dernières séances du séminaire ont repris l’ensemble des réflexions menées autour de la question de la valeur documentaire de la poésie des camps et des ghettos et ont également ouvert un terrain d’enquête sur la présence des « objets » dans les récits de témoignage : Sunt lacrimae rerum.
Dernière modification : 23 février 2023 14:54
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie historique, Histoire, Signes, formes, représentations
- Page web
- -
- Langues
- -
- Mots-clés
- Écriture Génocides (études des) Histoire du livre Historiographie Littérature Mémoire Nazisme Shoah Témoignage Temps/temporalité Textes
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Judith Lyon-Caen [référent·e] directrice d'études, EHESS / Groupe de recherches interdisciplinaires sur l'histoire du littéraire (CRH-GRIHL)
Les écrits conçus ou reçus comme testimoniaux – les témoignages - ne sont pas seulement des sources possibles sur les événements historiques, souvent terribles, dont ils parlent. Ils appartiennent pleinement à l’histoire dont ils témoignent. Leur production, leurs modalités de circulation, de publication – parfois difficile, clandestine –, leurs usages doivent être considérés comme autant d’actions, et comme autant d’événements d’écriture, dans cette histoire. En 1953, Michel Borwicz, un intellectuel d’origine juive polonaise, survivant de la Shoah, publie en français un ouvrage intitulé Écrits des condamnés à mort sous l’occupation allemande : c’est le premier livre à envisager globalement la question du recours à l’écriture face au génocide et à la violence extrême comme un fait social et historique à part entière. Par « écrits » Borwicz considère aussi bien des récits que de poèmes, des chansons que des chroniques ou des journaux intimes : le témoignage pour lui n’est pas une question de forme, ou de genre, mais de geste. Par « condamnés à mort » il désigne aussi bien les Juifs visés par les politiques exterminatrices que les résistants dans les maquis, les prisons et les camps de l’Europe occupée.
Ce séminaire abordera la question du témoignage à partir d’une lecture et d’une contextualisation rapprochées de cette œuvre unique et encore mal connue. L’analyse de l’oeuvre de Borwicz, entre la Pologne occupée et la France d’après-guerre, entre le ghetto et le camp de Lviv et l’exil parisien, ouvrira vers une histoire des pratiques testimoniales et des savoirs sur le témoignage au XXe siècle.
3 mars : Introduction
Pas de séminaire le 10 mars
17 mars : « Pas de surréalisme aux portes de la mort » (Paris, 1953)
24 mars : L’expérience du camp (Lwów, 1941-43)
31 mars : Comment faire de l’histoire à chaud ? Cracovie, 1945-47
7 avril : Comment faire de l’histoire en exil ? I. Paris, 1947-1953
4 avril : Boris Adjemian. Comment faire de l’histoire en exil ? II. La Bibliothèque Nubar de l’UGAB, ou le projet d’une Bibliothèque nationale arménienne à Paris
21 avril : Boris Adjemian : Aram Andonian, ou le sens de l’archive pour un intellectuel-survivant du génocide des Arméniens
12 mai : La poésie comme document ?
26 mai : Le projet « Holocaust diaries », avec Sarah Gruszka et Marie Moutier
2 juin : Perspectives : lire le « silence » d’après-guerre.
9 juin : Travaux en cours
16 juin : Sunt lacrimae rerum
-
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
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- Direction de travaux des étudiants
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- Réception des candidats
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- Pré-requis
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Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 50
2nd semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
du 3 mars 2023 au 16 juin 2023
Nombre de séances : 12
Le séminaire, hebdomadaire et annuel, était organisé autour de deux questions, une par semestre.
« Témoigner ». La seconde partie de l’année a repris le dossier des « savoirs du témoignage » explorée au cours des années précédentes dans le cadre d’un séminaire collectif. Cette année, le choix avait été fait de resserrer la réflexion dans le cadre d’un séminaire personnel, en prenant pour fil directeur les Écrits des condamnés à mort sous l’occupation allemande de Michel Borwicz (1954), dont j’étais en train de finir l’édition critique (cf. infra). Parce qu’il s’agit du premier livre, en France, à envisager la question du recours à l’écriture face au génocide des Juifs et à la violence nazie comme un fait social et historique à part entière, la question du témoignage pouvait être abordée à partir d’une lecture et d’une contextualisation rapprochées de cette œuvre. Je suis donc partie de l’étude de la première réception de l’œuvre, en 1953, avant de proposer, séance après séance, une généalogie de l’œuvre nouée à la biographie de l’auteur, en repartant de l’expérience du ghetto et du camp (Lwów, 1941-43), puis en suivant les différentes étapes du « devenir historien » d’un survivant, qui avait été aussi poète et résistant. J’ai ensuite proposé à Boris Adjemian (14 et 21 avril 2023), chercheur associé et CRH et directeur de la biblliothèque Nubar de Paris, de présenter ses recherches sur un autre intellectuel survivant, historien du génocide des Arméniens, Aram Andonian, de manière à ouvrir une réflexion comparative sur l’élaboration de « savoirs du témoignage » par des intellectuels survivants des génocides. J’ai également proposé à Sarah Gruszka et Marie Moutier-Bitan (26 mai) de présenter un projet collectif en cours d’élaboration consacré aux « journaux personnels de la Shoah », journaux qu’il s’agit d’inventorier dans les différents dépôts d’archives existant et dont on souhaite interroger les fonctions documentaires inégales dans l’historiographie de la Shoah, alors même que certains journaux connaissent des trajectoires éditoriales fulgurantes. Les deux dernières séances du séminaire ont repris l’ensemble des réflexions menées autour de la question de la valeur documentaire de la poésie des camps et des ghettos et ont également ouvert un terrain d’enquête sur la présence des « objets » dans les récits de témoignage : Sunt lacrimae rerum.