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UE762 - Langue, histoire et sources textuelles du Cambodge ancien et moderne


Lieu et planning


  • INaLCO
    65 rue des Grands Moulins 75013 Paris
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 16:30-18:30
    du 20 février 2023 au 26 juin 2023


Description


Dernière modification : 27 juillet 2022 18:21

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Histoire, Langues, Linguistique, sémantique
Page web
-
Langues
-
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie historique Droit, normes et société Histoire culturelle Histoire économique et sociale Langues Mémoire Temps/temporalité
Aires culturelles
Asie sud-orientale
Intervenant·e·s

Ce séminaire se propose de mener conjointement l’examen de corpus de natures et d’époques différentes en relevant, dans chacun des cas, les éléments susceptibles d’alimenter une première réflexion sur la pratique de l’écrit (et son inscription plus ou moins profonde dans l’oralité), sur les formes de la mémoire et sur l’élaboration des principes du droit. Ce faisant, il s’agit de s’interroger sur la nature de nos sources (qui ne l’ont pas toujours été en ce sens) en prêtant attention, ici comme ailleurs, à leurs conditions de production, d’usage et de réception.

En 2022-2023, les séances consacrées aux textes les plus anciens, ceux des inscriptions antérieures au XVe siècle, prolongeront les réflexions esquissées l'année précédente sur les méthodes et les choix de traduction privilégiés jusqu’à présent dans la littérature. Elles reprendront la lecture et l'examen des inscriptions des grandes « maisons » aristocratiques angkoriennes qui voient aux Xe et XIe siècles le développement d’un usage narratif du khmer et une plus large place accordée aux récits des procédures juridiques mises en œuvre lors des transferts de droits sur les hommes et sur les terres.

Nous poursuivrons également l'analyse des matériaux juridiques du XVIIe siècle à travers l'étude du Cpāp’duṃnīm pīy° purā̎n (c. 1691-1704), code traduit approximativement par l’administrateur colonial Adhémard Leclère en 1898, puis étudié en détail par Saveros Pou dans le cadre de ses séminaires de « Philologie khmère moyenne » en 1984. L’enjeu, comme l'année passée, sera d’en donner une lecture ainsi qu’une traduction qui tiennent compte des avancées de la connaissance historique concernant les réformes institutionnelle et juridique menées par les rois khmers du XVIIe siècle. Partie prenante d’une vaste codification royale, ce texte contraste fortement avec les lois qui lui sont contemporaines aussi bien par sa forme narrative et vivante que par sa visée explicitement « jurisprudentielle » : organisé en une cinquantaine de récits coutumiers, son propos est en effet d’énoncer les dols mémorables du siècle écoulé que le législateur mobilise à la manière d’une « tradition » justifiant une révision des pratiques judiciaires.

Le séminaire accueillera également les interventions de Non Dara et Marie Aberdam. Le premier s'attachera, en linguistique, à développer l'analyse des paramètres d’énonciation en usage dans les textes des différentes périodes étudiés dans le présent séminaire. Ces paramètres d’énonciation seront également au cœur de l’étude proposée par Marie Aberdam sur un corpus de l'époque coloniale. Celle-ci se penchera ainsi sur la traduction de courriers, adressés par des Cambodgiens, célèbres ou anonymes, à l’orientaliste et administrateur Etienne Aymonier (fonds conservés à la Société Asiatique, sous réserve de réouverture au public) dans les années 1870 à 1880. Elle proposera en parallèle un aperçu des comptes-rendus des débats tenus en Conseil des Ministres du Cambodge entre 1897 et 1920 (Archives Nationales du Cambodge) qui ont pour spécificité d'être consignés au discours direct.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

séminaire commun EHESS-INaLCO dispensé par Éric Bourdonneau (EFEO), Grégory Mikaelian (CNRS), Non Dara (INaLCO) et Marie Aberdam (INaLCO).

Vendredi (bimensuel, lecture des inscriptions angkoriennes) de 13 h à 15 h à la Maison de l'Asie, 22 avenue Wilson 75016 Paris du 21 octobre 2022 au 3 février 2023; lundi de 16 h 30 à 18 h 30, à l’INaLCO (65 rue des Grands Moulins 75013 Paris), du 20 février au 26 juin 2023. Les numéros de salle seront précisés à l'automne 2022.

 

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement, au CASE ou à la Maison de l'Asie.

 

Réception des candidats

contacter Éric Bourdonneau par courriel.

Pré-requis

première connaissance de l'histoire du Cambodge et du khmer souhaitable.


Compte rendu


En 2022-2023, les séances consacrées aux textes les plus anciens ont été organisées autour de l’examen de l’inscription de Sap Bāk (K. 1158, 988 śaka/ 1066 E.C.). Celle-ci fait partie intégrante du petit corpus intéressant directement l’histoire du Devarāja, défini sommairement comme ce culte aux divinités tutélaires de la royauté angkorienne, dont elle documente le versant bouddhique. Lors du premier semestre, une analyse détaillée a été proposée de la construction du texte khmer de l’inscription, afin de montrer que les traductions publiées ces dernières années ne rendent compte que très partiellement de ce qui s’y joue (la restauration d’anciennes images et l’érection de nouvelles). Lors du second semestre, l’attention s’est portée sur le terme syaṅ, qui apparaît à deux reprises dans K. 1158, et dont on connaît un doublet siṅ. L’un et l’autre ont une histoire assez longue et complexe, en khmer mais aussi en thaï. En discutant les analyses de Philip N. Jenner, nous avons suggéré que l’usage de syaṅ désignait l’effacement d’une ou plusieurs individualités pour mettre l’accent sur la qualité qui s’y manifeste, marginalisant alors ce qui particularise ces individualités.  Dans le cas de l’inscription de Sap Bāk, le terme syaṅ s’applique à un petit groupe d’images bouddhiques pour mettre précisément l’accent sur le tout qu’elles forment (on doit songer là à la caractérisation d’un maṇḍala). C’est là une pièce supplémentaire à apporter au dossier de l’histoire Devarāja, une pièce relativement modeste mais qui mène suffisamment loin pour qu’il soit prévu d’y revenir l’année suivante.

Lors de ce second semestre, nous avons également poursuivi l'analyse des matériaux juridiques du XVIIe siècle à travers l'étude du Cpāp’duṃnīm pīy° purā̎n (CDPP, c. 1691-1704), mal traduit par l’administrateur colonial Adhémard Leclère (1898) avant d’avoir été étudié en détail par Saveros Pou dans son séminaire de « Philologie khmère moyenne » (1984). Une séance introductive a commencé par situer cette « Loi sur les dits judiciaires des temps anciens » ou « coutumes antiques » relativement au thème littéraire de la ruine d’Angkor, lequel acquière ses lettres de noblesse au XVIIe siècle avec le Lpoek Angkor Vat, poème curial associant le mythe de fondation du royaume à la construction des temples antiques, tout en décrivant leur état post-angkorien dans le cadre d’une dynamique renaissante. On s’est ensuite penché à nouveaux frais sur le dispositif législatif de ce code au prisme de la notion de fictio legis (Yan Thomas), en le contrastant à celui des autres codes qui le suivent chronologiquement. Soit deux dispositifs complémentaires qui dessinent les contours d’une « souveraineté feuilletée » en deux étapes, avec : 1) une étape liminaire associée à une dimension féminine incarnant la continuité dynastique en même temps qu’un ancrage dans l’histoire du siècle passé, signifiée, dans le CDPP, par le recours du roi aux dits de justice détenus par la reine-mère ; 2) suivie d’une seconde étape à l’issue de laquelle le roi obtient une souveraineté pleine et entière et se présente dès lors (fictivement) comme un pur (re)fondateur, délié du passé. Si les contours de cette « souveraineté feuilleté » ne sont pas entièrement nouveaux – nous les avions déjà observés au XIVe siècle en étudiant les inscriptions K.569 et K.568 –, ils se manifestent ici d’une manière bien différente. Ce notamment en raison du jeu de miroir performatif qui se donne à lire à travers ces deux dispositifs adossant l’acte législatif et judiciaire à la souveraineté royale pour leur donner force de Droit tout en redéfinissant la souveraineté, de sorte que l’acte législatif et l’acte judiciaire deviennent une prérogative royale. Différente aussi en raison du style juridique à travers lequel la souveraineté se trouve redéfinie en ce XVIIe siècle de refondation royale, style qui recourt abondement aux fictio legis. On s’est enfin arrêté sur l’unique coutume du CDPP remontant au règne de Soriyopoar, fondateur de la dynastie légiste. Celle-ci relate l’organisation d’une grande cérémonie royale encore indéterminée intervenue en 1608, l’année même où la première résidence palatiale de ce roi, Koh Slaket, prend feu, et avant qu’il n’en érige une nouvelle, à Lovea Em, au cours de l’automne 1608. Réalisée dans l’arrière-pays occidental de l’ancienne capitale Longvek détruite par les Siamois en 1594, sur un « Mont des saintes reliques (bhnaṃ braḥ dhātu) » qui se trouve être une des étapes vers le pays des capteurs d’éléphants d’ethnie péarique, cette cérémonie implique en outre des dignitaires de l’éléphanterie royale. Les capteurs d’éléphants étant partie prenante, à une époque tardive, du culte des divinités tutélaires du royaume – les fameuses pañcaksetr héritières du Devarāja angkorien –, une telle proximité interroge, en cette période charnière, l’hypothèse d’un culte qui leur aurait été spécifiquement dédié en ce lieu.

Le séminaire a également accueilli les interventions de Non Dara et Marie Aberdam. Le premier s'est attaché, en linguiste, à appréhender la variation diachronique du khmer tout en cherchant à définir à chaque fois des paramètres d’énonciation en usage dans les textes des différentes périodes étudiés dans le présent séminaire. Ces paramètres d’énonciation furent également au cœur de l’étude proposée par Marie Aberdam sur un corpus de l'époque coloniale. Celle-ci a proposé un aperçu des comptes rendus et donc des débats tenus en Conseil des ministres du Cambodge entre 1897 et 1920 (Archives nationales du Cambodge), comptes rendus qui ont pour spécificité d'avoir été consignés au discours direct. Elle s’est interrogée sur la création de cette institution, devenue un outil majeur de réforme du recrutement des administrateurs khmers pour la résidence supérieure ; sur les logiques de production et de conservation de ses archives ; sur les usages du discours que celles-ci révèlent et sur certaines des questions traitées dans ce contexte par les ministres et leurs secrétaires vis-à-vis de leurs relations avec le roi Norodom, puis le roi Sisowath, et les résidents.

Dernière modification : 27 juillet 2022 18:21

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Histoire, Langues, Linguistique, sémantique
Page web
-
Langues
-
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie historique Droit, normes et société Histoire culturelle Histoire économique et sociale Langues Mémoire Temps/temporalité
Aires culturelles
Asie sud-orientale
Intervenant·e·s

Ce séminaire se propose de mener conjointement l’examen de corpus de natures et d’époques différentes en relevant, dans chacun des cas, les éléments susceptibles d’alimenter une première réflexion sur la pratique de l’écrit (et son inscription plus ou moins profonde dans l’oralité), sur les formes de la mémoire et sur l’élaboration des principes du droit. Ce faisant, il s’agit de s’interroger sur la nature de nos sources (qui ne l’ont pas toujours été en ce sens) en prêtant attention, ici comme ailleurs, à leurs conditions de production, d’usage et de réception.

En 2022-2023, les séances consacrées aux textes les plus anciens, ceux des inscriptions antérieures au XVe siècle, prolongeront les réflexions esquissées l'année précédente sur les méthodes et les choix de traduction privilégiés jusqu’à présent dans la littérature. Elles reprendront la lecture et l'examen des inscriptions des grandes « maisons » aristocratiques angkoriennes qui voient aux Xe et XIe siècles le développement d’un usage narratif du khmer et une plus large place accordée aux récits des procédures juridiques mises en œuvre lors des transferts de droits sur les hommes et sur les terres.

Nous poursuivrons également l'analyse des matériaux juridiques du XVIIe siècle à travers l'étude du Cpāp’duṃnīm pīy° purā̎n (c. 1691-1704), code traduit approximativement par l’administrateur colonial Adhémard Leclère en 1898, puis étudié en détail par Saveros Pou dans le cadre de ses séminaires de « Philologie khmère moyenne » en 1984. L’enjeu, comme l'année passée, sera d’en donner une lecture ainsi qu’une traduction qui tiennent compte des avancées de la connaissance historique concernant les réformes institutionnelle et juridique menées par les rois khmers du XVIIe siècle. Partie prenante d’une vaste codification royale, ce texte contraste fortement avec les lois qui lui sont contemporaines aussi bien par sa forme narrative et vivante que par sa visée explicitement « jurisprudentielle » : organisé en une cinquantaine de récits coutumiers, son propos est en effet d’énoncer les dols mémorables du siècle écoulé que le législateur mobilise à la manière d’une « tradition » justifiant une révision des pratiques judiciaires.

Le séminaire accueillera également les interventions de Non Dara et Marie Aberdam. Le premier s'attachera, en linguistique, à développer l'analyse des paramètres d’énonciation en usage dans les textes des différentes périodes étudiés dans le présent séminaire. Ces paramètres d’énonciation seront également au cœur de l’étude proposée par Marie Aberdam sur un corpus de l'époque coloniale. Celle-ci se penchera ainsi sur la traduction de courriers, adressés par des Cambodgiens, célèbres ou anonymes, à l’orientaliste et administrateur Etienne Aymonier (fonds conservés à la Société Asiatique, sous réserve de réouverture au public) dans les années 1870 à 1880. Elle proposera en parallèle un aperçu des comptes-rendus des débats tenus en Conseil des Ministres du Cambodge entre 1897 et 1920 (Archives Nationales du Cambodge) qui ont pour spécificité d'être consignés au discours direct.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

séminaire commun EHESS-INaLCO dispensé par Éric Bourdonneau (EFEO), Grégory Mikaelian (CNRS), Non Dara (INaLCO) et Marie Aberdam (INaLCO).

Vendredi (bimensuel, lecture des inscriptions angkoriennes) de 13 h à 15 h à la Maison de l'Asie, 22 avenue Wilson 75016 Paris du 21 octobre 2022 au 3 février 2023; lundi de 16 h 30 à 18 h 30, à l’INaLCO (65 rue des Grands Moulins 75013 Paris), du 20 février au 26 juin 2023. Les numéros de salle seront précisés à l'automne 2022.

 

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement, au CASE ou à la Maison de l'Asie.

 

Réception des candidats

contacter Éric Bourdonneau par courriel.

Pré-requis

première connaissance de l'histoire du Cambodge et du khmer souhaitable.

  • INaLCO
    65 rue des Grands Moulins 75013 Paris
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 16:30-18:30
    du 20 février 2023 au 26 juin 2023

En 2022-2023, les séances consacrées aux textes les plus anciens ont été organisées autour de l’examen de l’inscription de Sap Bāk (K. 1158, 988 śaka/ 1066 E.C.). Celle-ci fait partie intégrante du petit corpus intéressant directement l’histoire du Devarāja, défini sommairement comme ce culte aux divinités tutélaires de la royauté angkorienne, dont elle documente le versant bouddhique. Lors du premier semestre, une analyse détaillée a été proposée de la construction du texte khmer de l’inscription, afin de montrer que les traductions publiées ces dernières années ne rendent compte que très partiellement de ce qui s’y joue (la restauration d’anciennes images et l’érection de nouvelles). Lors du second semestre, l’attention s’est portée sur le terme syaṅ, qui apparaît à deux reprises dans K. 1158, et dont on connaît un doublet siṅ. L’un et l’autre ont une histoire assez longue et complexe, en khmer mais aussi en thaï. En discutant les analyses de Philip N. Jenner, nous avons suggéré que l’usage de syaṅ désignait l’effacement d’une ou plusieurs individualités pour mettre l’accent sur la qualité qui s’y manifeste, marginalisant alors ce qui particularise ces individualités.  Dans le cas de l’inscription de Sap Bāk, le terme syaṅ s’applique à un petit groupe d’images bouddhiques pour mettre précisément l’accent sur le tout qu’elles forment (on doit songer là à la caractérisation d’un maṇḍala). C’est là une pièce supplémentaire à apporter au dossier de l’histoire Devarāja, une pièce relativement modeste mais qui mène suffisamment loin pour qu’il soit prévu d’y revenir l’année suivante.

Lors de ce second semestre, nous avons également poursuivi l'analyse des matériaux juridiques du XVIIe siècle à travers l'étude du Cpāp’duṃnīm pīy° purā̎n (CDPP, c. 1691-1704), mal traduit par l’administrateur colonial Adhémard Leclère (1898) avant d’avoir été étudié en détail par Saveros Pou dans son séminaire de « Philologie khmère moyenne » (1984). Une séance introductive a commencé par situer cette « Loi sur les dits judiciaires des temps anciens » ou « coutumes antiques » relativement au thème littéraire de la ruine d’Angkor, lequel acquière ses lettres de noblesse au XVIIe siècle avec le Lpoek Angkor Vat, poème curial associant le mythe de fondation du royaume à la construction des temples antiques, tout en décrivant leur état post-angkorien dans le cadre d’une dynamique renaissante. On s’est ensuite penché à nouveaux frais sur le dispositif législatif de ce code au prisme de la notion de fictio legis (Yan Thomas), en le contrastant à celui des autres codes qui le suivent chronologiquement. Soit deux dispositifs complémentaires qui dessinent les contours d’une « souveraineté feuilletée » en deux étapes, avec : 1) une étape liminaire associée à une dimension féminine incarnant la continuité dynastique en même temps qu’un ancrage dans l’histoire du siècle passé, signifiée, dans le CDPP, par le recours du roi aux dits de justice détenus par la reine-mère ; 2) suivie d’une seconde étape à l’issue de laquelle le roi obtient une souveraineté pleine et entière et se présente dès lors (fictivement) comme un pur (re)fondateur, délié du passé. Si les contours de cette « souveraineté feuilleté » ne sont pas entièrement nouveaux – nous les avions déjà observés au XIVe siècle en étudiant les inscriptions K.569 et K.568 –, ils se manifestent ici d’une manière bien différente. Ce notamment en raison du jeu de miroir performatif qui se donne à lire à travers ces deux dispositifs adossant l’acte législatif et judiciaire à la souveraineté royale pour leur donner force de Droit tout en redéfinissant la souveraineté, de sorte que l’acte législatif et l’acte judiciaire deviennent une prérogative royale. Différente aussi en raison du style juridique à travers lequel la souveraineté se trouve redéfinie en ce XVIIe siècle de refondation royale, style qui recourt abondement aux fictio legis. On s’est enfin arrêté sur l’unique coutume du CDPP remontant au règne de Soriyopoar, fondateur de la dynastie légiste. Celle-ci relate l’organisation d’une grande cérémonie royale encore indéterminée intervenue en 1608, l’année même où la première résidence palatiale de ce roi, Koh Slaket, prend feu, et avant qu’il n’en érige une nouvelle, à Lovea Em, au cours de l’automne 1608. Réalisée dans l’arrière-pays occidental de l’ancienne capitale Longvek détruite par les Siamois en 1594, sur un « Mont des saintes reliques (bhnaṃ braḥ dhātu) » qui se trouve être une des étapes vers le pays des capteurs d’éléphants d’ethnie péarique, cette cérémonie implique en outre des dignitaires de l’éléphanterie royale. Les capteurs d’éléphants étant partie prenante, à une époque tardive, du culte des divinités tutélaires du royaume – les fameuses pañcaksetr héritières du Devarāja angkorien –, une telle proximité interroge, en cette période charnière, l’hypothèse d’un culte qui leur aurait été spécifiquement dédié en ce lieu.

Le séminaire a également accueilli les interventions de Non Dara et Marie Aberdam. Le premier s'est attaché, en linguiste, à appréhender la variation diachronique du khmer tout en cherchant à définir à chaque fois des paramètres d’énonciation en usage dans les textes des différentes périodes étudiés dans le présent séminaire. Ces paramètres d’énonciation furent également au cœur de l’étude proposée par Marie Aberdam sur un corpus de l'époque coloniale. Celle-ci a proposé un aperçu des comptes rendus et donc des débats tenus en Conseil des ministres du Cambodge entre 1897 et 1920 (Archives nationales du Cambodge), comptes rendus qui ont pour spécificité d'avoir été consignés au discours direct. Elle s’est interrogée sur la création de cette institution, devenue un outil majeur de réforme du recrutement des administrateurs khmers pour la résidence supérieure ; sur les logiques de production et de conservation de ses archives ; sur les usages du discours que celles-ci révèlent et sur certaines des questions traitées dans ce contexte par les ministres et leurs secrétaires vis-à-vis de leurs relations avec le roi Norodom, puis le roi Sisowath, et les résidents.