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UE697 - Les épistémologies des Suds dans le monde


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    1er semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
    du 4 novembre 2022 au 10 février 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 21 mai 2022 09:07

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire, Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Cognition Coloniales (études) Comparatisme Épistémologie Globalisation Post-coloniales (études) Racismes et races Relations internationales
Aires culturelles
Afrique Amérique du Sud Asie
Intervenant·e·s

Ce séminaire a pour objectif de favoriser la rencontre entre chercheurs de deux champs scientifiques apparemment éloignés, les études d’aires culturelles situées au Sud d’une part, les théories sociales de la connaissance d’autre part. Il vise à attester l’hypothèse de la possibilité de l’articulation des problématiques épistémologiques qui leur sont communes, et à explorer les perspectives potentiellement ouvertes par une telle articulation. L’attestation de cette hypothèse est d’abord structurée par la problématisation du concept de monde. Elle l’est aussi par l’utilisation d’expressions similaires dans ces champs tels que justice, dépendance, démocratie et confiance épistémiques. Renvoient-elles à des concepts identiques ? Les méthodes auxquelles recourent les sciences humaines et sociales impliquées dans les études des Suds ne peuvent-elles pas être utiles aux recherches menées en théorie sociale de la connaissance ? Réciproquement, les recherches menées sur les Suds, notamment pour exprimer le caractère universel d’objets constitutivement situés, ne gagneraient-elles pas à intégrer davantage les problèmes posés par l’affirmation de l’existence d’une norme du vrai, et les méthodes employées pour entreprendre de les résoudre ?

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Note de recherche
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – Note de recherche
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – Note de recherche

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Élisabeth Dubiois par courriel : dubois@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats

par courriel : bazengui@ehess.fr

Pré-requis
-

Compte rendu


Cette année, j’ai ouvert un nouveau séminaire qui confronte les théories sociales de la connaissance, entendue au sens large comme croyance vraie justifiée, aux analyses contemporaines des aires culturelles transmutées en Sud global. Il s’agissait de discuter/considérer comment l’Occident exerce, au moins depuis l’époque des Lumières, une hégémonie épistémique sur le monde en prétendant endosser le monopole de la raison abstraite en rejetant les autres continents dans les limbes de la culture. Ainsi, même si elles renvoient à des modalités spécifiques de connaissance, la science et la culture se retrouvent opposées comme l’universel au particulier. Or, du point de vue épistémologique, cette hégémonie repose principalement sur les procédures qui, pour les sociétés, centre la vérité sur le discours scientifique. Non pas que la science soit occidentale mais ce continent occupe une position, et l’a fait accepter comme un fait probant allant de soi, qui l’identifie comme son lieu de production par excellence. les séances du séminaire ont donc scruté cette tension entre une histoire de la vérité centrée sur l’Occident et une histoire mondiale de la vérité qui accepte l’altérité et la différence. Un choix méthodologique important a été de ne retenir que les connaissances qui relèvent plutôt de la pensée sociale sur le monde moderne.

Pour avancer par étape, une partie des séances a été consacrée à la présentation de la contribution de collègues africains dans le cadre du projet Les Suds dans le monde : un défi idéologique ; projet dans lequel nous sommes tous engagés. Leur contribution avait pour but d’éclairer comment construire une réflexion épistémologique à partir du contexte de l’Afrique. En effet, ce continent est souvent perçu, encore aujourd’hui dans une très large mesure, comme celui où ses originaires sont inaptes à produire de la pensée abstraite. Ainsi, il existe seulement en tant que lieu d’exportation de matières premières épistémiques, sous forme de données brutes, traités scientifiquement en Occident. Partir de ce continent offrait une bonne occasion de mettre à l’épreuve le paradigme qui informe cette disqualification en éclairant l’ordre épistémique du monde. Ainsi, un premier exposé mit à l’épreuve l’interprétation de l’œuvre hégélienne dans l’œuvre de F. Fanon. Un second collègue s’est penché sur la promotion d’une méta-épistémologie pour dépasser la tension entre le discours épistémologique eurocentré et les épistémologies aréales afin d’y inscrire la place de l’Afrique. Une troisième présentation s’est interrogée sur les conditions de « l’africanisation » dea la sémiotique. Le dernier exposé a introduit au concept de savoirs endogènes élaboré par le philosophe béninois P. Hountondji.

Dans la seconde partie des séances, j’ai présenté et discuté les travaux qui plaident pour la reconnaissance de la production par les membres originaires des Suds des connaissances scientifiquement valables qui disent quelque chose sur le monde. J’ai commenté les approches en termes d’épistémologies des Suds et des théories des Suds. Les premières, à partir des terrains latino-américains, qui réduisent l’épistémologie aux connaissances que construisent, dans leurs luttes de libération contre les effets de la mondialisation, les militants indigènes amérindiens et afro-descendants. Ces militants opèrent cette revendication de reconnaissance en dialogue avec la contestation que mène les savants, chercheurs et universitaires, à partir de leur maîtrise des connaissances disciplinaires, pour critiquer le même ordre hégémonique. La seconde approche, quant à elle, prend au sérieux, à l’intérieur de l’obéissance à l’ordre des disciplines, les auteurs originaires des périphéries mondiales, où la dépendance a été remise en question, en produisant des textes tirés des réaménagements théoriques. Ces derniers sont construits à partir des analyses des données brutes qu’ils recueillent de leur société pour éclairer la compréhension égalitaire de l’ordre du monde. L’exploration de ces débats a permis de souligner la force heuristique des notions et concepts couramment utilisés comme justice, dépendance, démocratie et confiance épistémiques. En m’appuyant sur les acquis des approches en termes d’épistémologie sociale, j’ai approfondi la réflexion sur ces concepts pour souligner comment, élaborés dans les études des Suds, ils pouvaient être utiles aux recherches menées en théorie sociale de la connaissance. Notamment pour exprimer le caractère universel d’objets constitutivement situés, lesquels gagneraient à intégrer davantage les problèmes posés par l’affirmation de l’existence d’une norme du vrai, et les méthodes employées pour entreprendre de les résoudre.

Dernière modification : 21 mai 2022 09:07

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire, Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Cognition Coloniales (études) Comparatisme Épistémologie Globalisation Post-coloniales (études) Racismes et races Relations internationales
Aires culturelles
Afrique Amérique du Sud Asie
Intervenant·e·s

Ce séminaire a pour objectif de favoriser la rencontre entre chercheurs de deux champs scientifiques apparemment éloignés, les études d’aires culturelles situées au Sud d’une part, les théories sociales de la connaissance d’autre part. Il vise à attester l’hypothèse de la possibilité de l’articulation des problématiques épistémologiques qui leur sont communes, et à explorer les perspectives potentiellement ouvertes par une telle articulation. L’attestation de cette hypothèse est d’abord structurée par la problématisation du concept de monde. Elle l’est aussi par l’utilisation d’expressions similaires dans ces champs tels que justice, dépendance, démocratie et confiance épistémiques. Renvoient-elles à des concepts identiques ? Les méthodes auxquelles recourent les sciences humaines et sociales impliquées dans les études des Suds ne peuvent-elles pas être utiles aux recherches menées en théorie sociale de la connaissance ? Réciproquement, les recherches menées sur les Suds, notamment pour exprimer le caractère universel d’objets constitutivement situés, ne gagneraient-elles pas à intégrer davantage les problèmes posés par l’affirmation de l’existence d’une norme du vrai, et les méthodes employées pour entreprendre de les résoudre ?

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Note de recherche
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – Note de recherche
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – Note de recherche
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Élisabeth Dubiois par courriel : dubois@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats

par courriel : bazengui@ehess.fr

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    1er semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
    du 4 novembre 2022 au 10 février 2023
    Nombre de séances : 12

Cette année, j’ai ouvert un nouveau séminaire qui confronte les théories sociales de la connaissance, entendue au sens large comme croyance vraie justifiée, aux analyses contemporaines des aires culturelles transmutées en Sud global. Il s’agissait de discuter/considérer comment l’Occident exerce, au moins depuis l’époque des Lumières, une hégémonie épistémique sur le monde en prétendant endosser le monopole de la raison abstraite en rejetant les autres continents dans les limbes de la culture. Ainsi, même si elles renvoient à des modalités spécifiques de connaissance, la science et la culture se retrouvent opposées comme l’universel au particulier. Or, du point de vue épistémologique, cette hégémonie repose principalement sur les procédures qui, pour les sociétés, centre la vérité sur le discours scientifique. Non pas que la science soit occidentale mais ce continent occupe une position, et l’a fait accepter comme un fait probant allant de soi, qui l’identifie comme son lieu de production par excellence. les séances du séminaire ont donc scruté cette tension entre une histoire de la vérité centrée sur l’Occident et une histoire mondiale de la vérité qui accepte l’altérité et la différence. Un choix méthodologique important a été de ne retenir que les connaissances qui relèvent plutôt de la pensée sociale sur le monde moderne.

Pour avancer par étape, une partie des séances a été consacrée à la présentation de la contribution de collègues africains dans le cadre du projet Les Suds dans le monde : un défi idéologique ; projet dans lequel nous sommes tous engagés. Leur contribution avait pour but d’éclairer comment construire une réflexion épistémologique à partir du contexte de l’Afrique. En effet, ce continent est souvent perçu, encore aujourd’hui dans une très large mesure, comme celui où ses originaires sont inaptes à produire de la pensée abstraite. Ainsi, il existe seulement en tant que lieu d’exportation de matières premières épistémiques, sous forme de données brutes, traités scientifiquement en Occident. Partir de ce continent offrait une bonne occasion de mettre à l’épreuve le paradigme qui informe cette disqualification en éclairant l’ordre épistémique du monde. Ainsi, un premier exposé mit à l’épreuve l’interprétation de l’œuvre hégélienne dans l’œuvre de F. Fanon. Un second collègue s’est penché sur la promotion d’une méta-épistémologie pour dépasser la tension entre le discours épistémologique eurocentré et les épistémologies aréales afin d’y inscrire la place de l’Afrique. Une troisième présentation s’est interrogée sur les conditions de « l’africanisation » dea la sémiotique. Le dernier exposé a introduit au concept de savoirs endogènes élaboré par le philosophe béninois P. Hountondji.

Dans la seconde partie des séances, j’ai présenté et discuté les travaux qui plaident pour la reconnaissance de la production par les membres originaires des Suds des connaissances scientifiquement valables qui disent quelque chose sur le monde. J’ai commenté les approches en termes d’épistémologies des Suds et des théories des Suds. Les premières, à partir des terrains latino-américains, qui réduisent l’épistémologie aux connaissances que construisent, dans leurs luttes de libération contre les effets de la mondialisation, les militants indigènes amérindiens et afro-descendants. Ces militants opèrent cette revendication de reconnaissance en dialogue avec la contestation que mène les savants, chercheurs et universitaires, à partir de leur maîtrise des connaissances disciplinaires, pour critiquer le même ordre hégémonique. La seconde approche, quant à elle, prend au sérieux, à l’intérieur de l’obéissance à l’ordre des disciplines, les auteurs originaires des périphéries mondiales, où la dépendance a été remise en question, en produisant des textes tirés des réaménagements théoriques. Ces derniers sont construits à partir des analyses des données brutes qu’ils recueillent de leur société pour éclairer la compréhension égalitaire de l’ordre du monde. L’exploration de ces débats a permis de souligner la force heuristique des notions et concepts couramment utilisés comme justice, dépendance, démocratie et confiance épistémiques. En m’appuyant sur les acquis des approches en termes d’épistémologie sociale, j’ai approfondi la réflexion sur ces concepts pour souligner comment, élaborés dans les études des Suds, ils pouvaient être utiles aux recherches menées en théorie sociale de la connaissance. Notamment pour exprimer le caractère universel d’objets constitutivement situés, lesquels gagneraient à intégrer davantage les problèmes posés par l’affirmation de l’existence d’une norme du vrai, et les méthodes employées pour entreprendre de les résoudre.