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UE669 - Ressources naturelles : renouvellement, épuisement et crise


Lieu et planning


  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 17:00-19:00
    du 14 novembre 2022 au 5 juin 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 20 mai 2022 10:37

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Économie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Histoire économique et sociale Histoire environnementale
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jean-Yves Grenier [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Mathieu Arnoux   directeur d'études, EHESS - professeur des universités, Université Paris Cité / Centre de recherches historiques (CRH)

Comment expliquer l’épuisement d’une ressource naturelle, et la façon dont les sociétés s’organisent afin de mobiliser un substitut ou, à l’inverse, pour faire face à la crise qui en résulte ? C’est la question que le séminaire – animé par Mathieu Arnoux, Maurice Aymard, Jean-Yves Grenier et Gilles Postel-Vinay – aborde cette année en s’appuyant sur des études de cas empruntés à des sociétés appartenant à des espaces et des temps historiques très différents.

La question de l’épuisement des ressources naturelles est un thème perçu aujourd’hui, non sans raison, comme une menace. Le séminaire s’intéressera à ces aspects contemporains, en particulier dans la perspective des crises successives causées par la surconsommation de matières premières et de ressources carbonées non renouvelables. L’épuisement absolu ou relatif d’une ressource – et sa perception, ou non, par les contemporains – est cependant un phénomène récurrent dans l’histoire. Les fortes inquiétudes des pays européens au XVIIIe siècle quant au risque de pénurie de bois en est un exemple saisissant. Derrière une continuité supposée articulée autour de transitions successives, la trilogie bois-charbon-pétrole masque ainsi des dynamiques de long terme plus complexes.

Pour connaître un développement durable, chaque société devrait tirer de son environnement un volume de ressources limité. Une telle approche pose aussi la question de la différence entre ressources renouvelables et ressources fossiles ainsi que celle des systèmes techniques mobilisés pour exploiter ces ressources.  L’évolution historique des sociétés conduit pourtant à ce que, fréquemment, ces limites soient franchies, provoquant une série de crises à l’intensité et aux conséquences très variables. Le passage de certaines ressources qui perdent leur gratuité pour devenir payantes en est, dans nos sociétés contemporaines, un signe. Les différentes séances du séminaire auront pour objet l’analyse comparée de sociétés historiques différentes quant au mode d’exploitation des ressources disponibles et quant au type de dépendance qui en résulte.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous auprès de Jean-Yves Grenier.

Réception des candidats

sur rendez-vous auprès de Jean-Yves Grenier.

Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire a porté, comme l’année précédente, sur la question des ressources naturelles en privilégiant cette année une nouvelle dimension, celle du caractère critique de la disponibilité de nombreuses ressources naturelles ainsi que les types de crise (économique, politique, culturelle, etc.) que suscitent ces manques ou ces pénuries.

Un premier ensemble de séminaires s’est intéressé à l’exploitation de l’eau et du vent, et du problème que pose la disponibilité des infrastructures nécessaires. Entre 1200 et 1600, Paris voit sa population à peu près tripler, ce qui suppose un approvisionnement en blé augmenté d’autant. Il faut également accroître les capacités de mouture (effectuée sur place), en construisant de nouveaux moulins et/ou en améliorant leur efficacité. Or, analyse Pierre Marchandin (conservateur du patrimoine), les possibilités d’installer de nouveaux moulins à eau sont réduites ce qui conduit à une solution mixte : la mise en place de moulins à vent (en 1585, ils représentent la moitié des moulins, mais seulement le tiers de la capacité productive du fait de l’intermittence du vent) et une augmentation de la productivité, surtout après 1550. Un problème similaire est abordé par Raphaël Morera (CNRS-CRH) pour les siècles suivants : comment satisfaire les besoins croissants de Paris en moulins à eau entre XVIe et XVIIIe siècle avec le même réseau hydrographique ? Répondre à cette question suppose d’élargir la réflexion à une économie de la ressource, incluant des aspects aussi différents que l’économie de la meunerie, les négociations permanentes concernant les usages concurrentiels des rivières ou les problèmes de curage des voies d’eau qui dépendent de rapports de force locaux. Peter Debeare (University of Virginia, Darden School of Business) reprend une problématique similaire mais située aux États-Unis d’aujourd’hui, en particulier les bassins du Rio Grande et du Colorado. Il s’intéresse à la façon dont la question de l’insuffisance d’eau peut être résolue par un recours au marché (au moins dans certaines circonstances) et à la création d’un système de prix suffisamment incitatifs pour stimuler les investissements visant à stimuler la productivité.

Un second ensemble de séminaires s’est intéressé à la question des insuffisances dans la disponibilité des ressources. Un exemple important mais peu étudié est la crise énergétique de 1956-1957 provoquée par la restriction des approvisionnements en pétrole faisant suite à la crise de Suez (Michel Lepetit, Schift Project). Cette crise met en évidence plusieurs caractéristiques essentielles et durables : la dépendance déjà forte à l’égard des importations de pétrole (le gaz est alors peu utilisé), les effets de déplacement exercés par les crises dans la circulation des flux d’énergie, l’inefficacité des politiques de rationnement alors mises en œuvre, et le manque de solidarité entre pays européens (ce qui contribue à faire advenir le Traité de Rome en 1957). La question de la criticité de certaines ressources naturelles a été abordée au travers de deux périodes : le Moyen Âge et la période actuelle. Le Moyen Âge manifeste ainsi une dépendance certaine à l’égard du fer dont l’usage est très répandu, aussi bien dans les activités de production agricole que dans l’économie urbaine. Le rôle essentiel du fer dans la construction des cathédrales gothiques (songeons par exemple au rôle crucial des tirants) peut d’ailleurs conduire à s’interroger sur le caractère durable de cette économie, grosse consommatrice de multiples ressources. Cette question de la soutenabilité se pose bien sûr très fortement aujourd’hui (José Halloy, Université Paris Cité – LIED). La plupart des technologies actuelles ne sont en effet pas soutenables (consommation trop forte de ressources rares, risques écologiques élevés, etc.) ce qui conduit à considérer la question du recyclage comme essentielle afin de déplacer vers l’aval du temps (après 2050) les problèmes inévitables de pénurie de matières premières stratégiques. Cependant, les insuffisances dans la cartographie des utilisateurs de ces dernières rendent difficiles la détermination des lieux où se produiront les manques.

Les dernières séances du séminaire ont permis un élargissement de la réflexion vers la question de la distribution des matières premières et de la production d’énergie. Marie-Cécile Dupas (Université Libre de Bruxelles) a ainsi montré, en partant d’une analyse en réseaux complexes des flux internationaux de produits agricoles, que le modèle spatial des échanges est indépendant de la nature du produit échangé, avec une double caractéristique : les hubs dominent les échanges (plus que les producteurs), avec des structures de marché qui sont de nature monopoliste, ce qui rend ce qui rend ce système hiérarchique de distribution efficace mais fragile. De son côté, Maria Padovan (Université Paris Cité – LIED) s’est intéressée aux difficultés de la mise en place de réseaux technologiques de production d’énergie durables en prenant le cas de l’industrie nucléaire en France et en Italie.

Dernière modification : 20 mai 2022 10:37

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Économie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Histoire économique et sociale Histoire environnementale
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jean-Yves Grenier [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Mathieu Arnoux   directeur d'études, EHESS - professeur des universités, Université Paris Cité / Centre de recherches historiques (CRH)

Comment expliquer l’épuisement d’une ressource naturelle, et la façon dont les sociétés s’organisent afin de mobiliser un substitut ou, à l’inverse, pour faire face à la crise qui en résulte ? C’est la question que le séminaire – animé par Mathieu Arnoux, Maurice Aymard, Jean-Yves Grenier et Gilles Postel-Vinay – aborde cette année en s’appuyant sur des études de cas empruntés à des sociétés appartenant à des espaces et des temps historiques très différents.

La question de l’épuisement des ressources naturelles est un thème perçu aujourd’hui, non sans raison, comme une menace. Le séminaire s’intéressera à ces aspects contemporains, en particulier dans la perspective des crises successives causées par la surconsommation de matières premières et de ressources carbonées non renouvelables. L’épuisement absolu ou relatif d’une ressource – et sa perception, ou non, par les contemporains – est cependant un phénomène récurrent dans l’histoire. Les fortes inquiétudes des pays européens au XVIIIe siècle quant au risque de pénurie de bois en est un exemple saisissant. Derrière une continuité supposée articulée autour de transitions successives, la trilogie bois-charbon-pétrole masque ainsi des dynamiques de long terme plus complexes.

Pour connaître un développement durable, chaque société devrait tirer de son environnement un volume de ressources limité. Une telle approche pose aussi la question de la différence entre ressources renouvelables et ressources fossiles ainsi que celle des systèmes techniques mobilisés pour exploiter ces ressources.  L’évolution historique des sociétés conduit pourtant à ce que, fréquemment, ces limites soient franchies, provoquant une série de crises à l’intensité et aux conséquences très variables. Le passage de certaines ressources qui perdent leur gratuité pour devenir payantes en est, dans nos sociétés contemporaines, un signe. Les différentes séances du séminaire auront pour objet l’analyse comparée de sociétés historiques différentes quant au mode d’exploitation des ressources disponibles et quant au type de dépendance qui en résulte.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous auprès de Jean-Yves Grenier.

Réception des candidats

sur rendez-vous auprès de Jean-Yves Grenier.

Pré-requis
-
  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 17:00-19:00
    du 14 novembre 2022 au 5 juin 2023
    Nombre de séances : 12

Le séminaire a porté, comme l’année précédente, sur la question des ressources naturelles en privilégiant cette année une nouvelle dimension, celle du caractère critique de la disponibilité de nombreuses ressources naturelles ainsi que les types de crise (économique, politique, culturelle, etc.) que suscitent ces manques ou ces pénuries.

Un premier ensemble de séminaires s’est intéressé à l’exploitation de l’eau et du vent, et du problème que pose la disponibilité des infrastructures nécessaires. Entre 1200 et 1600, Paris voit sa population à peu près tripler, ce qui suppose un approvisionnement en blé augmenté d’autant. Il faut également accroître les capacités de mouture (effectuée sur place), en construisant de nouveaux moulins et/ou en améliorant leur efficacité. Or, analyse Pierre Marchandin (conservateur du patrimoine), les possibilités d’installer de nouveaux moulins à eau sont réduites ce qui conduit à une solution mixte : la mise en place de moulins à vent (en 1585, ils représentent la moitié des moulins, mais seulement le tiers de la capacité productive du fait de l’intermittence du vent) et une augmentation de la productivité, surtout après 1550. Un problème similaire est abordé par Raphaël Morera (CNRS-CRH) pour les siècles suivants : comment satisfaire les besoins croissants de Paris en moulins à eau entre XVIe et XVIIIe siècle avec le même réseau hydrographique ? Répondre à cette question suppose d’élargir la réflexion à une économie de la ressource, incluant des aspects aussi différents que l’économie de la meunerie, les négociations permanentes concernant les usages concurrentiels des rivières ou les problèmes de curage des voies d’eau qui dépendent de rapports de force locaux. Peter Debeare (University of Virginia, Darden School of Business) reprend une problématique similaire mais située aux États-Unis d’aujourd’hui, en particulier les bassins du Rio Grande et du Colorado. Il s’intéresse à la façon dont la question de l’insuffisance d’eau peut être résolue par un recours au marché (au moins dans certaines circonstances) et à la création d’un système de prix suffisamment incitatifs pour stimuler les investissements visant à stimuler la productivité.

Un second ensemble de séminaires s’est intéressé à la question des insuffisances dans la disponibilité des ressources. Un exemple important mais peu étudié est la crise énergétique de 1956-1957 provoquée par la restriction des approvisionnements en pétrole faisant suite à la crise de Suez (Michel Lepetit, Schift Project). Cette crise met en évidence plusieurs caractéristiques essentielles et durables : la dépendance déjà forte à l’égard des importations de pétrole (le gaz est alors peu utilisé), les effets de déplacement exercés par les crises dans la circulation des flux d’énergie, l’inefficacité des politiques de rationnement alors mises en œuvre, et le manque de solidarité entre pays européens (ce qui contribue à faire advenir le Traité de Rome en 1957). La question de la criticité de certaines ressources naturelles a été abordée au travers de deux périodes : le Moyen Âge et la période actuelle. Le Moyen Âge manifeste ainsi une dépendance certaine à l’égard du fer dont l’usage est très répandu, aussi bien dans les activités de production agricole que dans l’économie urbaine. Le rôle essentiel du fer dans la construction des cathédrales gothiques (songeons par exemple au rôle crucial des tirants) peut d’ailleurs conduire à s’interroger sur le caractère durable de cette économie, grosse consommatrice de multiples ressources. Cette question de la soutenabilité se pose bien sûr très fortement aujourd’hui (José Halloy, Université Paris Cité – LIED). La plupart des technologies actuelles ne sont en effet pas soutenables (consommation trop forte de ressources rares, risques écologiques élevés, etc.) ce qui conduit à considérer la question du recyclage comme essentielle afin de déplacer vers l’aval du temps (après 2050) les problèmes inévitables de pénurie de matières premières stratégiques. Cependant, les insuffisances dans la cartographie des utilisateurs de ces dernières rendent difficiles la détermination des lieux où se produiront les manques.

Les dernières séances du séminaire ont permis un élargissement de la réflexion vers la question de la distribution des matières premières et de la production d’énergie. Marie-Cécile Dupas (Université Libre de Bruxelles) a ainsi montré, en partant d’une analyse en réseaux complexes des flux internationaux de produits agricoles, que le modèle spatial des échanges est indépendant de la nature du produit échangé, avec une double caractéristique : les hubs dominent les échanges (plus que les producteurs), avec des structures de marché qui sont de nature monopoliste, ce qui rend ce qui rend ce système hiérarchique de distribution efficace mais fragile. De son côté, Maria Padovan (Université Paris Cité – LIED) s’est intéressée aux difficultés de la mise en place de réseaux technologiques de production d’énergie durables en prenant le cas de l’industrie nucléaire en France et en Italie.