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UE628 - Sociologie de la connaissance. 3. Néolibéralisme, néoconservatisme : néosocialisme ?


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Salle 3.06
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 12:30-14:30
    du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
    Nombre de séances : 12

    La séance du 13 décembre 2022 est reportée au 14 février 2023
    La séance du 31 janvier 2023 est annulée, séance supplémentaire le 21 février 2023 (salle 3.08, centre de colloques, Campus Condorcet)


Description


Dernière modification : 6 février 2023 15:58

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Administration Capitalisme Démocratie État et politiques publiques Politique
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe
Intervenant·e·s
  • Cyril Lemieux [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Le séminaire abordera cette année la troisième et dernière étape du programme général qu’il s’est donné depuis 2020 : celui d’une relance de la « sociologie de la connaissance » dans la définition qu’en donnait Karl Mannheim. En étudiant, en 2020-2021, les formes du raisonnement anti-sociologique observables tant dans la vie sociale que dans la pratique des sociologues, et en essayant de comprendre les causes sociales de leur reproduction, puis en explorant, en 2021-2022, la question des processus par lesquels les individus, dans les sociétés modernes, politisent leur existence en fonction de la place qu’ils occupent au sein de la division du travail, nous nous sommes dotés d’analyses et de concepts qui vont nous rendre possible, cette année, de formuler un diagnostic d’ensemble sur la situation idéologique des sociétés contemporaines – européennes et nord-américaines en particulier. En suivant la démarche mannheimienne, ce diagnostic sera rapporté à l’évolution, ces quarante dernières années, de la division du travail et de l’État social au sein des sociétés concernées. Il s’agira, en particulier, de revenir sur une notion qui est souvent mobilisée pour décrire une telle situation idéologique : celle de néolibéralisme. Nous chercherons à montrer que si son intérêt est de prendre acte de la transformation profonde que la pensée libérale a subie dans les dernières décennies du XXe siècle, sa limite est de n’être pas assez un concept sociologique. La première tâche du séminaire sera ainsi de proposer une reprise sociologique du concept de néolibéralisme et d’en tirer des implications méthodologiques concernant la conduite des enquêtes empiriques sur l’État et le monde social contemporains. La tâche sera ensuite de réfléchir à la manière dont l’accroissement de la division du travail et le développement de l’État social survenus à la fin du XXe siècle ont affecté également les deux autres grandes idéologies de la modernité : la pensée réactionnaire, d’une part ; le socialisme, d’autre part. Dans le premier cas, nous explorerons ce qu’il est convenu d’appeler « néo-conservatisme » et « néo-traditionalisme ». Dans le second, nous nous interrogerons sur l'émergence possible, actuellement, d’un « néo-socialisme » adossé notamment à la question écologique.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail de validation (6 pages)
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail de validation (6 pages)

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contact : cyril.lemieux@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire de cette année constituait le dernier volet d’un cycle débuté en 2020 sous l’intitulé général « sociologie de la connaissance ». L’ambition de ce cycle de trois ans aura été de poser les jalons d’une relance du programme sociologique élaboré il y a un siècle par Karl Mannheim. Lors de la première année (2020-2021), il s’est agi d’étudier les formes du raisonnement anti-sociologique observables tant dans la vie sociale que dans la pratique des sociologues, et d’essayer de comprendre les causes sociales de leur reproduction. Lors de la seconde année (2021-2022), nous nous sommes intéressés aux processus par lesquels les individus politisent leur existence ou évitent de le faire, en portant attention à ce que de tels processus, tant à travers leur survenue qu’à travers l’orientation idéologique qu’ils prennent, doivent à l’évolution de la division du travail au sein de la société et à la place que les individus concernés y occupent. Ces deux premières années du séminaire ont permis de nous doter des analyses préalables et des concepts qui nous ont rendu possible, lors de cette troisième et dernière année du cycle, d’atteindre l’objectif que nous nous étions donné : formuler un diagnostic d’ensemble, d’ordre sociologique, sur la situation idéologique des sociétés contemporaines, européennes et nord-américaines en particulier.

En suivant la démarche mannheimienne, ce diagnostic a été rapporté à l’évolution, ces quarante dernières années, de la division du travail et de l’État social en Europe et en Amérique du nord. On est revenu, en particulier, sur une notion qui est souvent mobilisée pour décrire une telle situation idéologique : celle de néolibéralisme. Nous avons cherché à montrer que si son intérêt est de chercher à prendre acte de la transformation profonde que la pensée libérale a subie dans le dernier quart du XXe siècle, sa limite est de n’être pas assez un concept sociologique. La première tâche du séminaire aura ainsi été de proposer une reprise du concept de néolibéralisme, en en donnant une définition proprement sociologique, et d’en tirer un certain nombre d’implications méthodologiques pour l’enquête sur l’État et sur le monde social. Cette démarche nous a conduit à revenir sur la question des « groupes porteurs » (pour reprendre un concept wébérien) de cette néo-idéologie dans le contexte d’un accroissement généralisé de la division du travail sur le plan mondial, mais aussi à préciser ce que, réagissant à l’hégémonie acquise après la seconde guerre mondiale par le socialisme, le néolibéralisme vient affecter dans la tradition de pensée libérale. Dans un second temps, notre attention s’est portée sur la façon dont, en rapport critique avec le néolibéralisme et en vertu des mêmes évolutions morphologiques subies par nos sociétés, les deux autres grandes idéologies de la modernité se transforment aujourd’hui : la pensée réactionnaire, d’une part ; le socialisme, d’autre part. Dans le premier cas, nous avons exploré ce qu’il est convenu d’appeler « néo-conservatisme » (et que, pour notre part, nous avons nommé indifféremment « pensée néo-réactionnaire »), en tentant de montrer, ici encore, en quoi ce nouveau courant de pensée infléchit la tradition (réactionnaire en l’occurrence) dont il procède, et, inséparablement, quels sont ses groupes porteurs au sein des sociétés occidentales. Dans le second cas, nous nous sommes interrogés sur la possible apparition, actuellement, d’un « néo-socialisme » (terme difficile à utiliser cependant, en raison de son emploi dans les années 1930 pour désigner, en France, un mouvement à orientation fasciste). Le diagnostic a porté non seulement sur le contenu de ce nouveau socialisme en voie d’émergence (et notamment sur le rôle qui y est reconnu à ce que nous proposons d'appeler la « co-responsabilité » étatique d’une part, la « co-émancipation institutionnelle » d’autre part) mais encore sur les groupes socio-professionnels actuellement porteurs de ce renouvellement de la pensée socialiste. Nous avons été ainsi conduits, pour finir, à réfléchir à la nécessité d’envisager aujourd’hui une « néo-sociologie », c’est-à-dire d’adapter la démarche et les méthodes de la discipline sociologique au défi que représente l’analyse des obstacles rencontrés dans nos sociétés par la co-responsabilité étatique et par la co-émancipation institutionnelle.

Ce séminaire donnera lieu en 2024 à la publication d’un ouvrage. En outre, lors de l’année universitaire 2023-2024, nous consacrerons un atelier de lecture à une initiation aux textes fondateurs de la sociologie de la connaissance et à une réflexion sur la manière dont ils peuvent inspirer aujourd’hui des travaux sociologiques sur l’art, l’idéologie ou la science.

Publications

Avec Pablo Blitstein, « How to Revisit the Question of Modernity? Some Propositions », International Journal for History, Culture and Modernity, 2022, p. 1-29.

« 社会学史と歴史社会学 » (« Histoire de la sociologie et sociologie de l’histoire »), 社会学史研究 (Études pour l’histoire de la sociologie), The Japan Association for the Study on the History of Sociology, vol. 43, 2022, p.41-58.

« La gauche et l’école : tentative de clarification idéologique », Germinal, « L’école émancipatrice » (codirigé par Marion Bet et Christophe Prochasson), n°5, 2022, p. 186-201.

« Bruno Latour (1947-2022). Portrait d’un moderne », Pragmata, n°6, 2023, p. 386-399.

Avec Jean-Paul Vilian, « La “desfatalización” del infortunio. Lo que la llegada de la figura de la víctima nos enseña sobre las transformaciones de la sociedad », dans Víctimas. Debates sobre una condición contemporánea, sous la dir. de  Diego Zenobi, Buenos Aires, Teseo Press, coll. « Antropología Jurídica y Derechos Humanos », 2023, p. 119-148.

Dernière modification : 6 février 2023 15:58

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Administration Capitalisme Démocratie État et politiques publiques Politique
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe
Intervenant·e·s
  • Cyril Lemieux [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Le séminaire abordera cette année la troisième et dernière étape du programme général qu’il s’est donné depuis 2020 : celui d’une relance de la « sociologie de la connaissance » dans la définition qu’en donnait Karl Mannheim. En étudiant, en 2020-2021, les formes du raisonnement anti-sociologique observables tant dans la vie sociale que dans la pratique des sociologues, et en essayant de comprendre les causes sociales de leur reproduction, puis en explorant, en 2021-2022, la question des processus par lesquels les individus, dans les sociétés modernes, politisent leur existence en fonction de la place qu’ils occupent au sein de la division du travail, nous nous sommes dotés d’analyses et de concepts qui vont nous rendre possible, cette année, de formuler un diagnostic d’ensemble sur la situation idéologique des sociétés contemporaines – européennes et nord-américaines en particulier. En suivant la démarche mannheimienne, ce diagnostic sera rapporté à l’évolution, ces quarante dernières années, de la division du travail et de l’État social au sein des sociétés concernées. Il s’agira, en particulier, de revenir sur une notion qui est souvent mobilisée pour décrire une telle situation idéologique : celle de néolibéralisme. Nous chercherons à montrer que si son intérêt est de prendre acte de la transformation profonde que la pensée libérale a subie dans les dernières décennies du XXe siècle, sa limite est de n’être pas assez un concept sociologique. La première tâche du séminaire sera ainsi de proposer une reprise sociologique du concept de néolibéralisme et d’en tirer des implications méthodologiques concernant la conduite des enquêtes empiriques sur l’État et le monde social contemporains. La tâche sera ensuite de réfléchir à la manière dont l’accroissement de la division du travail et le développement de l’État social survenus à la fin du XXe siècle ont affecté également les deux autres grandes idéologies de la modernité : la pensée réactionnaire, d’une part ; le socialisme, d’autre part. Dans le premier cas, nous explorerons ce qu’il est convenu d’appeler « néo-conservatisme » et « néo-traditionalisme ». Dans le second, nous nous interrogerons sur l'émergence possible, actuellement, d’un « néo-socialisme » adossé notamment à la question écologique.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail de validation (6 pages)
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Travail de validation (6 pages)
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contact : cyril.lemieux@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Salle 3.06
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 12:30-14:30
    du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
    Nombre de séances : 12

    La séance du 13 décembre 2022 est reportée au 14 février 2023
    La séance du 31 janvier 2023 est annulée, séance supplémentaire le 21 février 2023 (salle 3.08, centre de colloques, Campus Condorcet)

Le séminaire de cette année constituait le dernier volet d’un cycle débuté en 2020 sous l’intitulé général « sociologie de la connaissance ». L’ambition de ce cycle de trois ans aura été de poser les jalons d’une relance du programme sociologique élaboré il y a un siècle par Karl Mannheim. Lors de la première année (2020-2021), il s’est agi d’étudier les formes du raisonnement anti-sociologique observables tant dans la vie sociale que dans la pratique des sociologues, et d’essayer de comprendre les causes sociales de leur reproduction. Lors de la seconde année (2021-2022), nous nous sommes intéressés aux processus par lesquels les individus politisent leur existence ou évitent de le faire, en portant attention à ce que de tels processus, tant à travers leur survenue qu’à travers l’orientation idéologique qu’ils prennent, doivent à l’évolution de la division du travail au sein de la société et à la place que les individus concernés y occupent. Ces deux premières années du séminaire ont permis de nous doter des analyses préalables et des concepts qui nous ont rendu possible, lors de cette troisième et dernière année du cycle, d’atteindre l’objectif que nous nous étions donné : formuler un diagnostic d’ensemble, d’ordre sociologique, sur la situation idéologique des sociétés contemporaines, européennes et nord-américaines en particulier.

En suivant la démarche mannheimienne, ce diagnostic a été rapporté à l’évolution, ces quarante dernières années, de la division du travail et de l’État social en Europe et en Amérique du nord. On est revenu, en particulier, sur une notion qui est souvent mobilisée pour décrire une telle situation idéologique : celle de néolibéralisme. Nous avons cherché à montrer que si son intérêt est de chercher à prendre acte de la transformation profonde que la pensée libérale a subie dans le dernier quart du XXe siècle, sa limite est de n’être pas assez un concept sociologique. La première tâche du séminaire aura ainsi été de proposer une reprise du concept de néolibéralisme, en en donnant une définition proprement sociologique, et d’en tirer un certain nombre d’implications méthodologiques pour l’enquête sur l’État et sur le monde social. Cette démarche nous a conduit à revenir sur la question des « groupes porteurs » (pour reprendre un concept wébérien) de cette néo-idéologie dans le contexte d’un accroissement généralisé de la division du travail sur le plan mondial, mais aussi à préciser ce que, réagissant à l’hégémonie acquise après la seconde guerre mondiale par le socialisme, le néolibéralisme vient affecter dans la tradition de pensée libérale. Dans un second temps, notre attention s’est portée sur la façon dont, en rapport critique avec le néolibéralisme et en vertu des mêmes évolutions morphologiques subies par nos sociétés, les deux autres grandes idéologies de la modernité se transforment aujourd’hui : la pensée réactionnaire, d’une part ; le socialisme, d’autre part. Dans le premier cas, nous avons exploré ce qu’il est convenu d’appeler « néo-conservatisme » (et que, pour notre part, nous avons nommé indifféremment « pensée néo-réactionnaire »), en tentant de montrer, ici encore, en quoi ce nouveau courant de pensée infléchit la tradition (réactionnaire en l’occurrence) dont il procède, et, inséparablement, quels sont ses groupes porteurs au sein des sociétés occidentales. Dans le second cas, nous nous sommes interrogés sur la possible apparition, actuellement, d’un « néo-socialisme » (terme difficile à utiliser cependant, en raison de son emploi dans les années 1930 pour désigner, en France, un mouvement à orientation fasciste). Le diagnostic a porté non seulement sur le contenu de ce nouveau socialisme en voie d’émergence (et notamment sur le rôle qui y est reconnu à ce que nous proposons d'appeler la « co-responsabilité » étatique d’une part, la « co-émancipation institutionnelle » d’autre part) mais encore sur les groupes socio-professionnels actuellement porteurs de ce renouvellement de la pensée socialiste. Nous avons été ainsi conduits, pour finir, à réfléchir à la nécessité d’envisager aujourd’hui une « néo-sociologie », c’est-à-dire d’adapter la démarche et les méthodes de la discipline sociologique au défi que représente l’analyse des obstacles rencontrés dans nos sociétés par la co-responsabilité étatique et par la co-émancipation institutionnelle.

Ce séminaire donnera lieu en 2024 à la publication d’un ouvrage. En outre, lors de l’année universitaire 2023-2024, nous consacrerons un atelier de lecture à une initiation aux textes fondateurs de la sociologie de la connaissance et à une réflexion sur la manière dont ils peuvent inspirer aujourd’hui des travaux sociologiques sur l’art, l’idéologie ou la science.

Publications

Avec Pablo Blitstein, « How to Revisit the Question of Modernity? Some Propositions », International Journal for History, Culture and Modernity, 2022, p. 1-29.

« 社会学史と歴史社会学 » (« Histoire de la sociologie et sociologie de l’histoire »), 社会学史研究 (Études pour l’histoire de la sociologie), The Japan Association for the Study on the History of Sociology, vol. 43, 2022, p.41-58.

« La gauche et l’école : tentative de clarification idéologique », Germinal, « L’école émancipatrice » (codirigé par Marion Bet et Christophe Prochasson), n°5, 2022, p. 186-201.

« Bruno Latour (1947-2022). Portrait d’un moderne », Pragmata, n°6, 2023, p. 386-399.

Avec Jean-Paul Vilian, « La “desfatalización” del infortunio. Lo que la llegada de la figura de la víctima nos enseña sobre las transformaciones de la sociedad », dans Víctimas. Debates sobre una condición contemporánea, sous la dir. de  Diego Zenobi, Buenos Aires, Teseo Press, coll. « Antropología Jurídica y Derechos Humanos », 2023, p. 119-148.