Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2024-2025.

UE624 - Histoire de la Corée moderne : transitions historiographiques ?


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle A302
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), jeudi 14:30-16:30
    du 3 novembre 2022 au 20 avril 2023
    Nombre de séances : 12

    La séance du 19 janvier 2023 est reportée au 26 janvier 2023, salle 25-A, rez-de-chaussée, bâtiment EHESS-Condorcet

    La séance du 2 février 2023 est reportée au 9 février 2023, salle Gradinée, bâtiment EHESS-Condorcet


Description


Dernière modification : 17 janvier 2023 13:51

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais coréen français
Mots-clés
Affects Arts Collectifs Coloniales (études) Démocratie Histoire Histoire culturelle Historiographie Mémoire Témoignage Temps/temporalité
Aires culturelles
Asie Asie orientale Corée
Intervenant·e·s
  • Alain Delissen [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur la Corée (CCJ-CRC)

Le séminaire vise à parcourir et interroger l’histoire bouleversée du monde coréen du XIXe au XXIe siècle, à partir de matériaux variés choisis à la marge de l’histoire établie (universitaire, officielle, scolaire), de ses formes et genres canoniques et de ses débats récurrents.

Dans ce séminaire de recherche portant sur l'histoire de la Corée moderne, mais centré sur la Corée du Sud, on s'interroge : sous les vocables du mémoriel, du testimonial, du patrimonial, du narratif ou du fictionnel, les présences « alternatives » du passé qui envahissent l'espace public ne constituent-elles pas, en réalité, la forme dominante voire dominatrice du rapport au passé ? Comment caractériser les passages et transitions des unes aux autres ?

Dans un autre sens, on s'attache à mettre en regard de cette puissante transformation du paysage historiographique la transition démocratique qu'a connue le Sud de la péninsule depuis 1987. En quel sens peut-on aussi parler de « transition historiographique » en amont et en aval de cette date ? Quelles leçons retenir des travaux « transitologiques » élaborés en sciences politiques ou en études littéraires, sur d'autres terrains que le monde coréen ?

Le séminaire 2022-2023 portera sur « le sens du collectif » dans l'écriture de l'histoire contemporaine.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Restitution personnelle ou en groupe des matériaux du séminaire
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Restitution personnelle ou en groupe des matériaux du séminaire
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Restitution personnelle ou en groupe des matériaux du séminaire

Renseignements


Contacts additionnels
alain.delissen@gmail.com
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

connaissance de la langue coréenne préférable, mais pas indispensable. Connaissance de l'anglais indispensable.


Compte rendu


La visée d’une histoire contemporaine de la Corée parcourant – sans privilégier l’historiographie universitaire – divers lieux et formes d’élaboration du rapport au passé proche a pour horizon la production d’une topographie : massifs et vallées perdues, autoroutes, échangeurs et chemins de traverse, hauts parleurs et voix imperceptibles de ce que peut signifier le terme kŭn-hyŏndaesa (근-현대사  近現代史). Les moments explorés de ce paysage, exposé au soleil du moderne, embrassent un long XXe siècle (1870-2020) observé depuis le Sud démocratique et le second XXe siècle.

Pareil projet a ses difficultés (quel corpus ?) et ses risques (une interminable promenade). Il est apparu que les séminaires des années précédentes avaient trop accueilli une tendance d’époque, décrite par Enzo Traverso dans Passés singuliers. Le "Je" dans l'écriture de l'histoire (2020) pour l’historiographie occidentale, mais transposable en terrain sud-coréen. Quand bien même on y repérait aussi une grande transformation (du grand historien écrivant l’histoire des grands hommes aux anonymes publiant la vie de nobodies), elle demeurait arrimée à des individus et à des noms propres. S’y oubliaient trop les « collectifs », spontanés, institués, conceptualisés ou simplement dits qui avaient pourtant fait les beaux jours d’une période héroïque et productive de l’histoire sociale.

Sous la bannière du « sens du collectif », le séminaire 2022-2023 y a superposé une ambition méthodologique : si la télévision fait – peu – l’objet de travaux d’histoire culturelle, elle est curieusement absente des sources utilisées par les historiens du second XXe siècle où elle exerce pourtant, on le sait, une domination écrasante sur l’imaginaire social, la connaissance du réel, la représentation du passé. Au pays de Samsung, qui y confirma sa fortune, cette absence des sources télévisuelles dans le travail des historiens n’est pas moins sidérante.

Comme chaque année, le séminaire a d’abord exploré, autour du mot « collectif », les champs sémantiques en français et en coréen avant de repérer les usages qu’en font ici et là discours publics et sciences sociales autour d’un double cœur verbal déployant kong (공/共), le commun-partagé et chip (집/集) l’assemblé-collecté. Entre les nations, glissements, superpositions, distinctions, malentendus dans les notions – rien que de très habituel. Il a poursuivi l’enquête du côté des matériaux scolaires actuels pour y repérer quels acteurs sociaux collectifs étaient mobilisés dans le récit historique et la nature de leur dénomination.

La télévision a nourri une seconde séquence consacrée à la question de l’archive et du supplément de réflexivité que le tournant du même nom a, à Séoul comme ailleurs, apporté récemment aux sciences sociales. Il n’est pas aisé en effet de travailler à partir de sources télévisuelles. Il est encore moins évident d’évaluer le déluge de documents TV disponibles, « balancés » selon des raisons obscures sur Internet. On a tenté de s’y repérer à partir de l’énorme et chaotique réservoir d’émissions rassemblées sur YouTube par la KBS (Korea Broadcasting System), la chaîne la plus ancienne, publique, de Corée du Sud. De Yennal T’ibi (TV d’hier), créée en 2014 (300 millions de vues)… parmi d'autres chaines YT de la KBS, on est sorti aussi éreinté (dédale des circulations ; bizarrerie des classifications ; caprice des moteurs de recherche) que fasciné par leur énorme potentiel pour la recherche. Il est clair en première analyse que cet « archivage » publié n’a pas pour objectif premier de contribuer à la connaissance. Il s’agit, en témoignent les commentaires en ligne, de nourrir une nostalgie et une fidélité : celle des « enfants de la télé »… avec un biais chronologique à la clé (en masse les années 1980). Un détour par le site officiel des archives de la KBS, mieux explicatif, renseigne sur la partie immergée de l’iceberg (en consultation sur place)… qui ne représente elle-même qu’une minuscule partie de ce qui a été réellement diffusé mais pas enregistré. Perdu. D’où l'appel à contribution et à versement des cassettes VHS privées : archivage et patrimonialisation par crowd-funding : collectif des archives participatives …

Une troisième séquence visait, au moyen des archives TV, à donner un contenu concret à l’idée de moment collectif. On est allé au plus évident avec la date du 15 août (le « 8.15 » comme nom propre sud-coréen), où se potentialisent la Fête des moissons (ch’usŏk), la Libération de la Corée de la colonisation japonaise, en 1945, enfin la Fondation (au Sud) de La République de Corée, en 1948. On s’est intéressé, en bref, à la Fête nationale sous quatre angles. 1) On a traité de du récit standard de la Libération (l’espace public, le collectif retrouvé), de son historiographie et du problème posé par ses représentations photographiques usuelles (douteuses). 2) On a aussi abordé le dispositif législatif des fêtes nationales et des jours fériés peu prescriptif en matière de contenu et d’agent public des commémorations. 3) On s’est ensuite penché, via la presse (et le vécu des étudiants sud-coréens du séminaire) sur ce qui constituait commémorations et célébrations du 15 août et leur évolution à travers le temps depuis 1949 : place flottante du défilé militaire ; discours présidentiel à la nation ; meeting politiques concurrents… mais pas de bal populaire (repos des familles dans la touffeur de l’été).

Enfin, le séminaire s’est achevé sur une séance… collective où chaque participant s’est saisi du corpus, croisant archives télévisuelles et Fête nationale du 15 août, pour en dire quelque chose. Par exemple, dès 1949, sur la polarisation des célébrations, où la Droite et la Gauche d’avant-guerre (de Corée) dessinent une géographie politique et symbolique de Séoul, encore active, quoique relocalisée, aujourd’hui.

Publications
  • « La guerre de Corée », dans Taïwan-Chine, Imaginaires croisés, sous la dir. de Samia Ferhat, Paris, You Feng, 2023, p. 257-258.

Dernière modification : 17 janvier 2023 13:51

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais coréen français
Mots-clés
Affects Arts Collectifs Coloniales (études) Démocratie Histoire Histoire culturelle Historiographie Mémoire Témoignage Temps/temporalité
Aires culturelles
Asie Asie orientale Corée
Intervenant·e·s
  • Alain Delissen [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur la Corée (CCJ-CRC)

Le séminaire vise à parcourir et interroger l’histoire bouleversée du monde coréen du XIXe au XXIe siècle, à partir de matériaux variés choisis à la marge de l’histoire établie (universitaire, officielle, scolaire), de ses formes et genres canoniques et de ses débats récurrents.

Dans ce séminaire de recherche portant sur l'histoire de la Corée moderne, mais centré sur la Corée du Sud, on s'interroge : sous les vocables du mémoriel, du testimonial, du patrimonial, du narratif ou du fictionnel, les présences « alternatives » du passé qui envahissent l'espace public ne constituent-elles pas, en réalité, la forme dominante voire dominatrice du rapport au passé ? Comment caractériser les passages et transitions des unes aux autres ?

Dans un autre sens, on s'attache à mettre en regard de cette puissante transformation du paysage historiographique la transition démocratique qu'a connue le Sud de la péninsule depuis 1987. En quel sens peut-on aussi parler de « transition historiographique » en amont et en aval de cette date ? Quelles leçons retenir des travaux « transitologiques » élaborés en sciences politiques ou en études littéraires, sur d'autres terrains que le monde coréen ?

Le séminaire 2022-2023 portera sur « le sens du collectif » dans l'écriture de l'histoire contemporaine.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Restitution personnelle ou en groupe des matériaux du séminaire
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Restitution personnelle ou en groupe des matériaux du séminaire
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Restitution personnelle ou en groupe des matériaux du séminaire
Contacts additionnels
alain.delissen@gmail.com
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

connaissance de la langue coréenne préférable, mais pas indispensable. Connaissance de l'anglais indispensable.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle A302
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), jeudi 14:30-16:30
    du 3 novembre 2022 au 20 avril 2023
    Nombre de séances : 12

    La séance du 19 janvier 2023 est reportée au 26 janvier 2023, salle 25-A, rez-de-chaussée, bâtiment EHESS-Condorcet

    La séance du 2 février 2023 est reportée au 9 février 2023, salle Gradinée, bâtiment EHESS-Condorcet

La visée d’une histoire contemporaine de la Corée parcourant – sans privilégier l’historiographie universitaire – divers lieux et formes d’élaboration du rapport au passé proche a pour horizon la production d’une topographie : massifs et vallées perdues, autoroutes, échangeurs et chemins de traverse, hauts parleurs et voix imperceptibles de ce que peut signifier le terme kŭn-hyŏndaesa (근-현대사  近現代史). Les moments explorés de ce paysage, exposé au soleil du moderne, embrassent un long XXe siècle (1870-2020) observé depuis le Sud démocratique et le second XXe siècle.

Pareil projet a ses difficultés (quel corpus ?) et ses risques (une interminable promenade). Il est apparu que les séminaires des années précédentes avaient trop accueilli une tendance d’époque, décrite par Enzo Traverso dans Passés singuliers. Le "Je" dans l'écriture de l'histoire (2020) pour l’historiographie occidentale, mais transposable en terrain sud-coréen. Quand bien même on y repérait aussi une grande transformation (du grand historien écrivant l’histoire des grands hommes aux anonymes publiant la vie de nobodies), elle demeurait arrimée à des individus et à des noms propres. S’y oubliaient trop les « collectifs », spontanés, institués, conceptualisés ou simplement dits qui avaient pourtant fait les beaux jours d’une période héroïque et productive de l’histoire sociale.

Sous la bannière du « sens du collectif », le séminaire 2022-2023 y a superposé une ambition méthodologique : si la télévision fait – peu – l’objet de travaux d’histoire culturelle, elle est curieusement absente des sources utilisées par les historiens du second XXe siècle où elle exerce pourtant, on le sait, une domination écrasante sur l’imaginaire social, la connaissance du réel, la représentation du passé. Au pays de Samsung, qui y confirma sa fortune, cette absence des sources télévisuelles dans le travail des historiens n’est pas moins sidérante.

Comme chaque année, le séminaire a d’abord exploré, autour du mot « collectif », les champs sémantiques en français et en coréen avant de repérer les usages qu’en font ici et là discours publics et sciences sociales autour d’un double cœur verbal déployant kong (공/共), le commun-partagé et chip (집/集) l’assemblé-collecté. Entre les nations, glissements, superpositions, distinctions, malentendus dans les notions – rien que de très habituel. Il a poursuivi l’enquête du côté des matériaux scolaires actuels pour y repérer quels acteurs sociaux collectifs étaient mobilisés dans le récit historique et la nature de leur dénomination.

La télévision a nourri une seconde séquence consacrée à la question de l’archive et du supplément de réflexivité que le tournant du même nom a, à Séoul comme ailleurs, apporté récemment aux sciences sociales. Il n’est pas aisé en effet de travailler à partir de sources télévisuelles. Il est encore moins évident d’évaluer le déluge de documents TV disponibles, « balancés » selon des raisons obscures sur Internet. On a tenté de s’y repérer à partir de l’énorme et chaotique réservoir d’émissions rassemblées sur YouTube par la KBS (Korea Broadcasting System), la chaîne la plus ancienne, publique, de Corée du Sud. De Yennal T’ibi (TV d’hier), créée en 2014 (300 millions de vues)… parmi d'autres chaines YT de la KBS, on est sorti aussi éreinté (dédale des circulations ; bizarrerie des classifications ; caprice des moteurs de recherche) que fasciné par leur énorme potentiel pour la recherche. Il est clair en première analyse que cet « archivage » publié n’a pas pour objectif premier de contribuer à la connaissance. Il s’agit, en témoignent les commentaires en ligne, de nourrir une nostalgie et une fidélité : celle des « enfants de la télé »… avec un biais chronologique à la clé (en masse les années 1980). Un détour par le site officiel des archives de la KBS, mieux explicatif, renseigne sur la partie immergée de l’iceberg (en consultation sur place)… qui ne représente elle-même qu’une minuscule partie de ce qui a été réellement diffusé mais pas enregistré. Perdu. D’où l'appel à contribution et à versement des cassettes VHS privées : archivage et patrimonialisation par crowd-funding : collectif des archives participatives …

Une troisième séquence visait, au moyen des archives TV, à donner un contenu concret à l’idée de moment collectif. On est allé au plus évident avec la date du 15 août (le « 8.15 » comme nom propre sud-coréen), où se potentialisent la Fête des moissons (ch’usŏk), la Libération de la Corée de la colonisation japonaise, en 1945, enfin la Fondation (au Sud) de La République de Corée, en 1948. On s’est intéressé, en bref, à la Fête nationale sous quatre angles. 1) On a traité de du récit standard de la Libération (l’espace public, le collectif retrouvé), de son historiographie et du problème posé par ses représentations photographiques usuelles (douteuses). 2) On a aussi abordé le dispositif législatif des fêtes nationales et des jours fériés peu prescriptif en matière de contenu et d’agent public des commémorations. 3) On s’est ensuite penché, via la presse (et le vécu des étudiants sud-coréens du séminaire) sur ce qui constituait commémorations et célébrations du 15 août et leur évolution à travers le temps depuis 1949 : place flottante du défilé militaire ; discours présidentiel à la nation ; meeting politiques concurrents… mais pas de bal populaire (repos des familles dans la touffeur de l’été).

Enfin, le séminaire s’est achevé sur une séance… collective où chaque participant s’est saisi du corpus, croisant archives télévisuelles et Fête nationale du 15 août, pour en dire quelque chose. Par exemple, dès 1949, sur la polarisation des célébrations, où la Droite et la Gauche d’avant-guerre (de Corée) dessinent une géographie politique et symbolique de Séoul, encore active, quoique relocalisée, aujourd’hui.

Publications
  • « La guerre de Corée », dans Taïwan-Chine, Imaginaires croisés, sous la dir. de Samia Ferhat, Paris, You Feng, 2023, p. 257-258.