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UE620 - La discipline au travail. Salaire, technique et société salariale
Lieu et planning
-
48 bd Jourdan
Salle R1_09
48 bd Jourdan 75014 Paris
2nd semestre / mardi 11:15-13:15
du 24 janvier 2023 au 18 avril 2023
Nombre de séances : 12- 24 janvier 2023
- 31 janvier 2023
- 7 février 2023
- 14 février 2023
- 21 février 2023
- 7 mars 2023
- 14 mars 2023
- 21 mars 2023
- 28 mars 2023
- 4 avril 2023
- 11 avril 2023
- 18 avril 2023
Description
Dernière modification : 28 juin 2022 15:33
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Économie, Histoire
- Page web
- -
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Histoire économique et sociale Techniques Travail
- Aires culturelles
- -
Intervenant·e·s
- Jérôme Bourdieu [référent·e] directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, INRAE / Paris School of Economics (PJSE)
- Mathieu Arnoux directeur d'études, EHESS - professeur des universités, Université Paris Cité / Centre de recherches historiques (CRH)
- Jean-Yves Grenier directeur d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
Le séminaire de l’année 2022-2023 se donne pour objectif de définir ce que sont le salaire et la société salariale et le rôle de la technique dans la construction de la relation salariale. Ces notions sont-elles à usage exclusivement contemporain, ou peut-on les mobiliser pour des économies du passé ? Doit-on les voir comme une construction progressive à travers les siècles ou comme une forme économique qui apparaît seulement dans les sociétés industrielles développées ? Appartiennent-elle aux seules économies capitalistes ou les repère-t-on également, au XXe siècle, dans les pays de type socialiste ?
À l’aide d’exemples empruntés à des temps et des lieux très variés, la diversité des situations étudiées – depuis l’Antiquité jusqu’au monde contemporain, au travers d’aires culturelles différentes – devant fournir autant de terrains d’enquête, il s’agit de définir quels sont les critères attendus pour définir ce que sont le salaire et la société salariale et leur relation à la technique. Ces critères concernent non seulement le rapport salarial mais aussi tout ce qui l’entoure et le rend possible de façon durable, comme l’établissement d’une relation de dépendance, l’apparition d’assurances sociales ou les formes de mobilité du travail. Comment définir le salaire pour le différencier du simple paiement pour une tâche accomplie ? Comment intervient la notion de subordination, depuis le XVIIIe siècle, d’un point de vue pratique et juridique, dans la transformation d’une rémunération en salaire ?
Enfin, on envisagera également la déconstruction de la société salariale depuis les années 1990. L’enquête portera sur les nouveaux types de rémunération des activités mais aussi sur la question du bénévolat et du travail non rémunéré ainsi que sur la forme que prend désormais le rapport de domination au sein de la relation de travail dans l’entreprise.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous. Contacter Jérôme Bourdieu.
- Réception des candidats
sur rendez-vous. Contacter Jérôme Bourdieu.
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Le séminaire de l’année 2022-2023 a poursuivi le cycle entamé l’année dernière portant sur les liens qui existent entre techniques, relations de travail et discipline au travail. Comme les années passées, les investigations se sont poursuivies dans une perspective historique large, incluant aussi bien les sociétés médiévales et modernes que les économies industrielles contemporaines. Il s’agit de comprendre l’interaction entre la mise en place de techniques et l’organisation sociale de la production. Cette interaction dépend de multiples facteurs et il est difficile d’établir des principes généraux. Notre démarche a plutôt été de partir de dossiers bien établis, situés dans des lieux et des périodes très variés, afin de comprendre au cas par cas comment s’est construit le lien entre le technique, l’économique et le social.
Après une introduction visant à présenter les principaux enjeux théoriques concernant la question de la technique et des systèmes techniques dans leur rapport au processus de production, le séminaire a porté ses réflexions sur deux exemples relevant de sociétés préindustrielles.
Le premier porte sur la place du fer dans les transitions productives entre le XIIe et le XVIIIe siècle. Une contrainte majeure est la disponibilité des ressources – le minerai bien sûr, mais aussi le charbon de bois – qui suppose des droits d’accès réservés. Le progrès technique conduit à des transformations majeures quant au besoin en ressources (l’invention du martelage hydraulique au milieu du XIIIe siècle conduit à ce qu’une forge a besoin de 10000 ha de forêt), et donc à des modifications quant à la composition de la main d’œuvre utilisée. Le second exemple concerne les formes médiévales du salariat et ses liens avec l’innovation technique dans le cadre de l’entreprise cistercienne (XIIe-XIIIe siècle), en particulier la mise en place des granges cisterciennes.
Le séminaire s’est ensuite longuement intéressé à différents exemples empruntés à la période de transition entre les deux mondes préindustriel et industriel, entre XVIIIe et XIXe siècle. Un thème a porté sur les techniques agricoles mises en œuvre pour la moisson avec le passage de la faucille à la faux, puis à la moissonneuse (ce dernier étudié dans le cadre américain avec en particulier les travaux de Paul David). Le premier changement technique (faucille-faux) a eu un impact économique important car il a accéléré la moisson et, du fait du recours à des professionnels migrants, il a résolu en partie le problème de la forte variabilité saisonnière des besoins en main d’œuvre. D’autres effets sociaux sont également notables puisque l’usage de la faux conduit à l’exclusion des femmes (à la différence du recours à la faucille) et il empêche les populations de récupérer les pailles que laissent le passage de la faucille.
Un autre dossier a concerné la question du luddisme, entre la fin du XVIIIe et la première moitié du XIXe siècle. L’introduction du machinisme perçu par les catégories ouvrières, en particulier les plus qualifiés, comme un recul de la place accordée au savoir-faire artisanal individuel au sein du processus de production, a provoqué de multiples réactions allant du bris de machines jusqu’à des émeutes violentes. Les historiens ont bien montré que le luddisme, à l’instar de l’économie morale de la foule, était porteur d’une conception rationnelle de ce que devait être les rapports sociaux du travail, en lien avec l’économie de la qualité du produit.
La question de la standardisation dans le processus de production a fourni un dernier thème à cette section. Le besoin d’armes pour l’armée en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle a incité à promouvoir la standardisation des pièces afin d’en améliorer la qualité et de faciliter le changement des pièces détachées. Les progrès techniques (usage de machines-outils, recours à ces moules…) ont entraîné des modifications dans le rapport au travail et l’invention progressive d’un nouveau processus de production, mais avec une chronologie compliquée faite d’avancées et de retours en arrière.
Une dernière thématique a porté sur la période contemporaine avec l’organisation du travail dans les mines (métaux non ferreux) de Sardaigne exploitées par la société Peňarroya (Francesca Sanna, Université Paris-Diderot). La mise en place d’un système Bedaux y est justifiée par le souci d’estimer les performances des mineurs en mesurant la durée des opérations productives. Cette justification tient à la fois d’une recherche taylorienne brutale du rendement et d’une forme de paternalisme intéressé (contrôle de la fatigue et de la reproduction de la force de travail). L’implantation d’une telle organisation scientifique du travail est caractéristique de la mise en place d’un système technique exerçant des effets sur l’accomplissement du travail et son organisation, suscitant des réactions/adaptations très diverses de la population ouvrière.
Dernière modification : 28 juin 2022 15:33
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Économie, Histoire
- Page web
- -
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Histoire économique et sociale Techniques Travail
- Aires culturelles
- -
Intervenant·e·s
- Jérôme Bourdieu [référent·e] directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, INRAE / Paris School of Economics (PJSE)
- Mathieu Arnoux directeur d'études, EHESS - professeur des universités, Université Paris Cité / Centre de recherches historiques (CRH)
- Jean-Yves Grenier directeur d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
Le séminaire de l’année 2022-2023 se donne pour objectif de définir ce que sont le salaire et la société salariale et le rôle de la technique dans la construction de la relation salariale. Ces notions sont-elles à usage exclusivement contemporain, ou peut-on les mobiliser pour des économies du passé ? Doit-on les voir comme une construction progressive à travers les siècles ou comme une forme économique qui apparaît seulement dans les sociétés industrielles développées ? Appartiennent-elle aux seules économies capitalistes ou les repère-t-on également, au XXe siècle, dans les pays de type socialiste ?
À l’aide d’exemples empruntés à des temps et des lieux très variés, la diversité des situations étudiées – depuis l’Antiquité jusqu’au monde contemporain, au travers d’aires culturelles différentes – devant fournir autant de terrains d’enquête, il s’agit de définir quels sont les critères attendus pour définir ce que sont le salaire et la société salariale et leur relation à la technique. Ces critères concernent non seulement le rapport salarial mais aussi tout ce qui l’entoure et le rend possible de façon durable, comme l’établissement d’une relation de dépendance, l’apparition d’assurances sociales ou les formes de mobilité du travail. Comment définir le salaire pour le différencier du simple paiement pour une tâche accomplie ? Comment intervient la notion de subordination, depuis le XVIIIe siècle, d’un point de vue pratique et juridique, dans la transformation d’une rémunération en salaire ?
Enfin, on envisagera également la déconstruction de la société salariale depuis les années 1990. L’enquête portera sur les nouveaux types de rémunération des activités mais aussi sur la question du bénévolat et du travail non rémunéré ainsi que sur la forme que prend désormais le rapport de domination au sein de la relation de travail dans l’entreprise.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
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- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous. Contacter Jérôme Bourdieu.
- Réception des candidats
sur rendez-vous. Contacter Jérôme Bourdieu.
- Pré-requis
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48 bd Jourdan
Salle R1_09
48 bd Jourdan 75014 Paris
2nd semestre / mardi 11:15-13:15
du 24 janvier 2023 au 18 avril 2023
Nombre de séances : 12- 24 janvier 2023
- 31 janvier 2023
- 7 février 2023
- 14 février 2023
- 21 février 2023
- 7 mars 2023
- 14 mars 2023
- 21 mars 2023
- 28 mars 2023
- 4 avril 2023
- 11 avril 2023
- 18 avril 2023
Le séminaire de l’année 2022-2023 a poursuivi le cycle entamé l’année dernière portant sur les liens qui existent entre techniques, relations de travail et discipline au travail. Comme les années passées, les investigations se sont poursuivies dans une perspective historique large, incluant aussi bien les sociétés médiévales et modernes que les économies industrielles contemporaines. Il s’agit de comprendre l’interaction entre la mise en place de techniques et l’organisation sociale de la production. Cette interaction dépend de multiples facteurs et il est difficile d’établir des principes généraux. Notre démarche a plutôt été de partir de dossiers bien établis, situés dans des lieux et des périodes très variés, afin de comprendre au cas par cas comment s’est construit le lien entre le technique, l’économique et le social.
Après une introduction visant à présenter les principaux enjeux théoriques concernant la question de la technique et des systèmes techniques dans leur rapport au processus de production, le séminaire a porté ses réflexions sur deux exemples relevant de sociétés préindustrielles.
Le premier porte sur la place du fer dans les transitions productives entre le XIIe et le XVIIIe siècle. Une contrainte majeure est la disponibilité des ressources – le minerai bien sûr, mais aussi le charbon de bois – qui suppose des droits d’accès réservés. Le progrès technique conduit à des transformations majeures quant au besoin en ressources (l’invention du martelage hydraulique au milieu du XIIIe siècle conduit à ce qu’une forge a besoin de 10000 ha de forêt), et donc à des modifications quant à la composition de la main d’œuvre utilisée. Le second exemple concerne les formes médiévales du salariat et ses liens avec l’innovation technique dans le cadre de l’entreprise cistercienne (XIIe-XIIIe siècle), en particulier la mise en place des granges cisterciennes.
Le séminaire s’est ensuite longuement intéressé à différents exemples empruntés à la période de transition entre les deux mondes préindustriel et industriel, entre XVIIIe et XIXe siècle. Un thème a porté sur les techniques agricoles mises en œuvre pour la moisson avec le passage de la faucille à la faux, puis à la moissonneuse (ce dernier étudié dans le cadre américain avec en particulier les travaux de Paul David). Le premier changement technique (faucille-faux) a eu un impact économique important car il a accéléré la moisson et, du fait du recours à des professionnels migrants, il a résolu en partie le problème de la forte variabilité saisonnière des besoins en main d’œuvre. D’autres effets sociaux sont également notables puisque l’usage de la faux conduit à l’exclusion des femmes (à la différence du recours à la faucille) et il empêche les populations de récupérer les pailles que laissent le passage de la faucille.
Un autre dossier a concerné la question du luddisme, entre la fin du XVIIIe et la première moitié du XIXe siècle. L’introduction du machinisme perçu par les catégories ouvrières, en particulier les plus qualifiés, comme un recul de la place accordée au savoir-faire artisanal individuel au sein du processus de production, a provoqué de multiples réactions allant du bris de machines jusqu’à des émeutes violentes. Les historiens ont bien montré que le luddisme, à l’instar de l’économie morale de la foule, était porteur d’une conception rationnelle de ce que devait être les rapports sociaux du travail, en lien avec l’économie de la qualité du produit.
La question de la standardisation dans le processus de production a fourni un dernier thème à cette section. Le besoin d’armes pour l’armée en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle a incité à promouvoir la standardisation des pièces afin d’en améliorer la qualité et de faciliter le changement des pièces détachées. Les progrès techniques (usage de machines-outils, recours à ces moules…) ont entraîné des modifications dans le rapport au travail et l’invention progressive d’un nouveau processus de production, mais avec une chronologie compliquée faite d’avancées et de retours en arrière.
Une dernière thématique a porté sur la période contemporaine avec l’organisation du travail dans les mines (métaux non ferreux) de Sardaigne exploitées par la société Peňarroya (Francesca Sanna, Université Paris-Diderot). La mise en place d’un système Bedaux y est justifiée par le souci d’estimer les performances des mineurs en mesurant la durée des opérations productives. Cette justification tient à la fois d’une recherche taylorienne brutale du rendement et d’une forme de paternalisme intéressé (contrôle de la fatigue et de la reproduction de la force de travail). L’implantation d’une telle organisation scientifique du travail est caractéristique de la mise en place d’un système technique exerçant des effets sur l’accomplissement du travail et son organisation, suscitant des réactions/adaptations très diverses de la population ouvrière.