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UE61 - Le savant et le politique dans l'histoire chinoise


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 14:30-16:30
    du 13 octobre 2022 au 12 janvier 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 10 mai 2022 16:52

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie historique Histoire Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Histoire intellectuelle Philosophie politique Politique Sociologie politique
Aires culturelles
Asie Chine
Intervenant·e·s

La longue durée de l'histoire chinoise (et plus largement de l'Est asiatique) met en jeu une relation tenace et complexe entre les figures du savoir et les détenteurs de pouvoir. Qu'il s'agisse de la définition des corpus normatifs, de l'organisation des institutions ou de la sélection des personnels, des négociations constantes interviennent autour de la part des savoirs dans la construction de l'autorité et dans l'attribution des prérogatives. Comprendre l'alliance du savant et du politique en Chine implique d’étudier les acteurs et les instances de ces négociations à la lumière de leurs identifications et de leurs exclusions, de leurs présupposés et de leurs projets. Avec l'apport des sciences sociales et en donnant un aperçu d’autres cas asiatiques, on abordera différents moments de l'histoire chinoise à travers deux phénomènes d'échelle différente. D'une part, on se demandera comment divers types de savoir (rituels, scripturaux, normatifs, historiques, pratiques...) s'articulaient dans des ensembles aux frontières mouvantes, où se pensaient et se discutaient les moyens de la puissance et de la souveraineté. D'autre part, on s'interrogera sur la distribution sociale à différentes époques des magistères, des compétences et des expertises afin d'identifier les tensions et transformations du continuum épistémo-politique dans la trajectoire historique de la Chine.

Il n'est pas obligatoire de connaître la langue chinoise pour participer à ce séminaire.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

 

 

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


La première séance, introductive, a été consacrée à une généalogie des notions de savoir et de politique dans le champ des sciences sociales, ainsi qu’à leur émergence dans le contexte de la Chine moderne. Des auteurs classiques, tels que Max Weber et Michel Foucault, nous ont aidés à envisager une relation non oppositionnelle entre ces deux notions. Dans le cas chinois, le discours de la « politique » et de la « science » qui apparaît à la fin du 19e siècle s’est articulé d’une manière spécifique, sous l’influence de la pensée occidentale médiatisée par le Japon, mais aussi dans la lignée de questionnements parfois très anciens. La figure du lettré, léguée par les temps impériaux comme l’incarnation même de l’autorité, a malgré les programmes modernisateurs de la fin de l’empire permis à ce discours nouveau de trouver une forme de cohérence intellectuelle et d’acceptabilité sociale. Les trois séances suivantes ont proposé une généalogie de cette figure, comme type social et idéal d’accomplissement, à partir de la période matricielle qui précède l’empire lui-même. À partir des travaux de Yuri Pines et de Gilles Boileau, ainsi que de quelques passages des classiques dits « confucéens », nous avons interrogé la place sociale des lettrés et leurs différents discours à l’aune de leur relation privilégiée au savoir. Il s’agissait de comprendre comment l’organisation « féodale » de la période a pu orienter durablement les devoirs statutaires du lettré sur la production d’un savoir organisateur, faisant progressivement émerger cette couche inférieure de la noblesse comme un agent crucial de l’autorité sur les êtres et sur le monde.

Ensuite, à la suite des travaux de Michael Nylan, nous avons discuté les transformations de l’agir lettré sous les empires Qin et Han (- 3e s. – 3e s.). Celui-ci se met alors au service de l’empire, fort de savoirs qui s’apparentent désormais à des devoirs politiques. Cela nous a permis d’aborder ce qu’on appelle la période « médiévale », au moment où se produit une « aristocratisation » du lettré. Au moment de la chute de l’empire des Han, lorsque ce dernier est remplacé par une multiplicité d’unités politiques, quelques familles lettrées profitent de la faiblesse de certains souverains pour dominer leur cour et leur administration, et parviennent à s’assurer un certain monopole sur le recrutement des lettrés. Pendant cette période, le lettré se consacre à raffiner ce qui le caractérise socialement, notamment ses savoirs rituels et son savoir de l’écriture, imposant aux monarques des critères de recrutement politique et administratif. L’écriture se trouve désormais au centre des savoirs lettrés.

On en est venu dans les séances suivantes au dispositif de recrutement qui façonnera l’habitus lettré des siècles postérieurs : les « concours mandarinaux », système de sélection ouvert et anonyme par quoi les lettrés seront obligés d’abandonner progressivement leurs prérogatives familiales, obtenant en échange la perpétuation de l’écriture comme moyen privilégié du recrutement. Ont été discutés le livre d’Alexander Woodside sur la « modernité perdue » des concours mandarinaux depuis la dynastie des Tang et des Song, ainsi que l’ouvrage de Hilde de Weerdt sur les controverses touchant au contenu des examens, Competition over Content. Les séances suivantes ont été consacrées aux modalités de la politique lettrée à l’ère des concours, en particulier à la formation des dang, ancêtres des partis modernes, où les relations de savoir et les liens d’allégeance discipulaire continuèrent jusqu’au XIXe siècle de jouer un rôle central. Enfin, à partir des travaux d’Eddy U, nous avons analysé les modalités de la transformation plus ou moins délibérée du « lettré » en « intellectuel » au début du XXe siècle, ainsi que les conséquences de ce déplacement pour les rapports entre savoir et pouvoir dans la Chine contemporaine.

Dernière modification : 10 mai 2022 16:52

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie historique Histoire Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Histoire intellectuelle Philosophie politique Politique Sociologie politique
Aires culturelles
Asie Chine
Intervenant·e·s

La longue durée de l'histoire chinoise (et plus largement de l'Est asiatique) met en jeu une relation tenace et complexe entre les figures du savoir et les détenteurs de pouvoir. Qu'il s'agisse de la définition des corpus normatifs, de l'organisation des institutions ou de la sélection des personnels, des négociations constantes interviennent autour de la part des savoirs dans la construction de l'autorité et dans l'attribution des prérogatives. Comprendre l'alliance du savant et du politique en Chine implique d’étudier les acteurs et les instances de ces négociations à la lumière de leurs identifications et de leurs exclusions, de leurs présupposés et de leurs projets. Avec l'apport des sciences sociales et en donnant un aperçu d’autres cas asiatiques, on abordera différents moments de l'histoire chinoise à travers deux phénomènes d'échelle différente. D'une part, on se demandera comment divers types de savoir (rituels, scripturaux, normatifs, historiques, pratiques...) s'articulaient dans des ensembles aux frontières mouvantes, où se pensaient et se discutaient les moyens de la puissance et de la souveraineté. D'autre part, on s'interrogera sur la distribution sociale à différentes époques des magistères, des compétences et des expertises afin d'identifier les tensions et transformations du continuum épistémo-politique dans la trajectoire historique de la Chine.

Il n'est pas obligatoire de connaître la langue chinoise pour participer à ce séminaire.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

 

 

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 14:30-16:30
    du 13 octobre 2022 au 12 janvier 2023
    Nombre de séances : 12

La première séance, introductive, a été consacrée à une généalogie des notions de savoir et de politique dans le champ des sciences sociales, ainsi qu’à leur émergence dans le contexte de la Chine moderne. Des auteurs classiques, tels que Max Weber et Michel Foucault, nous ont aidés à envisager une relation non oppositionnelle entre ces deux notions. Dans le cas chinois, le discours de la « politique » et de la « science » qui apparaît à la fin du 19e siècle s’est articulé d’une manière spécifique, sous l’influence de la pensée occidentale médiatisée par le Japon, mais aussi dans la lignée de questionnements parfois très anciens. La figure du lettré, léguée par les temps impériaux comme l’incarnation même de l’autorité, a malgré les programmes modernisateurs de la fin de l’empire permis à ce discours nouveau de trouver une forme de cohérence intellectuelle et d’acceptabilité sociale. Les trois séances suivantes ont proposé une généalogie de cette figure, comme type social et idéal d’accomplissement, à partir de la période matricielle qui précède l’empire lui-même. À partir des travaux de Yuri Pines et de Gilles Boileau, ainsi que de quelques passages des classiques dits « confucéens », nous avons interrogé la place sociale des lettrés et leurs différents discours à l’aune de leur relation privilégiée au savoir. Il s’agissait de comprendre comment l’organisation « féodale » de la période a pu orienter durablement les devoirs statutaires du lettré sur la production d’un savoir organisateur, faisant progressivement émerger cette couche inférieure de la noblesse comme un agent crucial de l’autorité sur les êtres et sur le monde.

Ensuite, à la suite des travaux de Michael Nylan, nous avons discuté les transformations de l’agir lettré sous les empires Qin et Han (- 3e s. – 3e s.). Celui-ci se met alors au service de l’empire, fort de savoirs qui s’apparentent désormais à des devoirs politiques. Cela nous a permis d’aborder ce qu’on appelle la période « médiévale », au moment où se produit une « aristocratisation » du lettré. Au moment de la chute de l’empire des Han, lorsque ce dernier est remplacé par une multiplicité d’unités politiques, quelques familles lettrées profitent de la faiblesse de certains souverains pour dominer leur cour et leur administration, et parviennent à s’assurer un certain monopole sur le recrutement des lettrés. Pendant cette période, le lettré se consacre à raffiner ce qui le caractérise socialement, notamment ses savoirs rituels et son savoir de l’écriture, imposant aux monarques des critères de recrutement politique et administratif. L’écriture se trouve désormais au centre des savoirs lettrés.

On en est venu dans les séances suivantes au dispositif de recrutement qui façonnera l’habitus lettré des siècles postérieurs : les « concours mandarinaux », système de sélection ouvert et anonyme par quoi les lettrés seront obligés d’abandonner progressivement leurs prérogatives familiales, obtenant en échange la perpétuation de l’écriture comme moyen privilégié du recrutement. Ont été discutés le livre d’Alexander Woodside sur la « modernité perdue » des concours mandarinaux depuis la dynastie des Tang et des Song, ainsi que l’ouvrage de Hilde de Weerdt sur les controverses touchant au contenu des examens, Competition over Content. Les séances suivantes ont été consacrées aux modalités de la politique lettrée à l’ère des concours, en particulier à la formation des dang, ancêtres des partis modernes, où les relations de savoir et les liens d’allégeance discipulaire continuèrent jusqu’au XIXe siècle de jouer un rôle central. Enfin, à partir des travaux d’Eddy U, nous avons analysé les modalités de la transformation plus ou moins délibérée du « lettré » en « intellectuel » au début du XXe siècle, ainsi que les conséquences de ce déplacement pour les rapports entre savoir et pouvoir dans la Chine contemporaine.