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UE586 - Identités Tsiganes


Lieu et planning


  • EHESS-Toulouse
    Université Toulouse-Jean Jaurès, Maison de la recherche, 5 allées Antonio-Machado 31000 Toulouse
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 16:00-18:00
    du 22 octobre 2022 au 5 janvier 2023
    Nombre de séances : 10


Description


Dernière modification : 19 mai 2022 17:22

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Anthropologie Ethnicité Fait religieux Histoire culturelle Minorités Oralité Témoignage
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Jean-Pierre Cavaillé [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires (LISST)

Il s’agira d’approcher croiser une approche d’anthropologie historique aux études de terrain portant sur les aires culturelles européennes. L’enjeu est à la fois d’observer des phénomènes de longue durée et de considérer les ruptures plus ou moins radicales ayant affecté ou affectant aujourd’hui les sociétés que l’on nommera, faute de mieux, tsiganes, gypsies, roms/rrom/roma ou romane. Cette gêne spontanément ressentie dans l’emploi de toute dénomination identitaire générale sera du reste l’objet de notre première approche critique : comment s’articulent et se contredisent souvent les dénominations exogènes et endogènes ? Comment elles contribuent à la constitution d’identité valorisantes ou dévalorisantes, voire dégradantes, justifiant la discrimination, la ségrégation, la contrainte à la sédentarité, voire les déportations et les crimes de masse dont les « tsiganes » (sans doute, les guillemets s’imposent-ils) ont été victimes au XXe siècle ? Mais tout en même temps, nous nous intéresserons à des éléments fort d’identité internes à ces sociétés, telle que la famille comme institution structurante, les formes d’économies spécifiques (services et spectacles), les relations aux gadjé, les relations de genre, les affiliations religieuses, les productions linguistiques, les représentations de l’inscription de la communauté sur le territoire…

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Ce séminaire isncrit dans le master II du département d'antrhopologie de Toulouse (UT2J) se déroule à Toulouse (UT2J) tous les jeudis (16h-18h) en présentiel

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

formation en Anthorpologie et / ou en Histoire moderne et ocntemporaine


Compte rendu


Nous avons cette année poursuivi notre investigation de plusieurs facettes de la constitution, transformation et dissolutions des identités romane/tsiganes. En particulier, plusieurs séances ont été consacrées à l’histoire et aux usages contemporains du drapeau pan-tsigane. Nous avons retracé l’histoire de la naissance du drapeau vert et bleu portant en son centre une roue, aujourd’hui reconnu et arboré par des individus et des collectifs se réclamant de l’un ou l’autre des multiples groupes composant la nébuleuse romani/tsigane un peu partout dans le monde. L’enquête s’est ensuite consacrée à présenter une série de cas particulièrement significatifs, depuis le Brésil où l’on a pu célébrer l’officialité du drapeau, jusqu’à l’Ukraine où le drapeau est apparu sur des photographies durant le conflit en cours, en passant par la Roumanie, la Bulgarie et bien sûr la France, où il fut bien présent sur les ronds-points de nos villes lors du mouvement social des Gilets Jaunes. Pourtant, en France comme ailleurs, sa présence reste très discrète dans la vie publique des communautés, souvent même des membres des nombreuses communautés concernées le rejettent explicitement ou affirment ne pas le connaître. À travers ces études de cas, il s’agissait de mieux appréhender ce paradoxe de l’hyper-visibilité médiatique de ce drapeau et de sa quasi invisibilité dans la vie quotidienne, de l’adhésion et du rejet, inséparable de la tension intrinsèque entre une référence, le plus souvent indéterminée – à un horizon planétaire, et des ancrages locaux et nationaux très fortement affirmés.
Le drapeau nous a servis de matrice analytique pour approcher un phénomène culturel de grande ampleur, lui aussi national et international : celui de la conversion massive dans la plupart des groupes tsiganes, en Europe et ailleurs, à l’évangélisme pentecôtiste (Vie et Lumière pour la France). Il s’agit sans nul doute d’un mouvement qui s’accompagne d’une forte affirmation d’une ou plutôt d’identités pantsiganes, mais là aussi, tout en constituant un réseau international, les Églises sont localisées (nationales), et surtout, évidemment, l’évangélisme sert une vocation universelle susceptible de mettre en crise à terme la distinction Tsiganes/Gadjé (non-Tsiganes).
Une autre approche de la question de la ou plutôt des identités tsiganes, particulièrement pertinente, est celle qui consiste à étudier des communautés désormais absorbées par les sociétés dans lesquelles elles évoluent, comme Stefania Pontrandolfo a pu l’étudier dans les Pouilles, en Italie. Maeva Sahastume, auteure d’un master très remarqué consacré à la dilution et semi-disparition de la communauté « bohémienne » de Ciboure au Pays basque, pourtant rendue célèbre à travers la figure de la kaskarote, nous a présenté son travail.
Mais, à l’autre extrême, la question des transformations identitaires se pose là où les processus de ghettoïsation sont les plus puissants. C’est ce qu’étudie Margaux Baussant pour « le camp » de Ginestous en périphérie de Toulouse, où sont relégués, depuis 1951, des Gitans, Manouches et autres « Voyageurs » qui ne voyagent plus et demeurent assignés, de fait, à résidence, même lorsqu’ils accèdent à la propriété dans les environs. Mais M. Baussant nous a montré que, saisi du point de vue de leur agentivité propre, cette communauté « encampée » n’en était pas moins d’une remarquable créativité sociétale.
Enfin le séminaire a accueilli cette année la journée d’étude que nous avons organisée avec Bénédicte Bonnemason consacrée au thème « Culture orale, écrite et visuelle et pratiques de résistances dans les collectifs Voyageurs » le 16 décembre 2022, qui a réuni des chercheurs en histoire et anthropologie (Ilsen About, Emmanuel Fihol, Jean-Luc Poueyto et Adèle Sutre), mais aussi des Voyageurs impliqués dans le monde associatif (Coral Ortis, Thierry Patrac, Alain Daumas, Frédéric Lievy et Joseph Stimbach). L’ensemble des interventions et débats a été filmé et mis en ligne à l’adresse https://www.canal-u.tv/chaines/ut2j/culture-orale-ecrite-et-visuelle-et-pratiques-de-resistance-dans-les-collectifs-1

Publications
  • « Louis Machon (1603-1672 ?), une carrière de secrétaire et d’homme de lettre brisée », dans Secrétaires écrivains en France (XVIe-XVIIe siècles), sous la dir. de D. Amstutz, P.-V. Desarbres, N. Schapira et C. Sicard, Cahiers V. L. Saunier, Sorbonne Université Presses, 2023, p. 125-142.
  • « Gli atei italiani nelle conversazioni tra Gabriel Naudé e Guy Patin », Rivista Storica Italiana, CXXXIV-1, 2023, p. 75-96. (version italienne du n° 256)
  • Avec Bénédicte Bonnemason, « Cruauté et violence dans les contes collectés par Joseph Valet en Auvergne auprès des familles manouches », dans Cruauté et violences dans le conte et dans le récit bref. Crueldades y violencias en el cuento y en la narración breve, sous la dir. de J. Bel, J. Devaux, X. Escudero, R. Pérez Parejo, J. Soto Vázquez et C. Vetters, Düren, Shaker Verlag, 2022, p. 25-50.
  • « Marcelle Delpastre (1925-1998), conscience d’auteur, situation périphérique et statut subalterne », 2022 (texte de l’intervention à la Journée d’étude : Écrire en langue minoritaire, Nicolas Berjoan, novembre 2018, Perpignan, France). hal-03795119
  • « Les Athées italiens dans les conversations entre Gabriel Naudé et Guy Patin », 2022. hal-03795011 ; (version corrigée et augmentée) La Lettre clandestine, n° 31, 2023, p. 219-239.

Dernière modification : 19 mai 2022 17:22

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Anthropologie Ethnicité Fait religieux Histoire culturelle Minorités Oralité Témoignage
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Jean-Pierre Cavaillé [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires (LISST)

Il s’agira d’approcher croiser une approche d’anthropologie historique aux études de terrain portant sur les aires culturelles européennes. L’enjeu est à la fois d’observer des phénomènes de longue durée et de considérer les ruptures plus ou moins radicales ayant affecté ou affectant aujourd’hui les sociétés que l’on nommera, faute de mieux, tsiganes, gypsies, roms/rrom/roma ou romane. Cette gêne spontanément ressentie dans l’emploi de toute dénomination identitaire générale sera du reste l’objet de notre première approche critique : comment s’articulent et se contredisent souvent les dénominations exogènes et endogènes ? Comment elles contribuent à la constitution d’identité valorisantes ou dévalorisantes, voire dégradantes, justifiant la discrimination, la ségrégation, la contrainte à la sédentarité, voire les déportations et les crimes de masse dont les « tsiganes » (sans doute, les guillemets s’imposent-ils) ont été victimes au XXe siècle ? Mais tout en même temps, nous nous intéresserons à des éléments fort d’identité internes à ces sociétés, telle que la famille comme institution structurante, les formes d’économies spécifiques (services et spectacles), les relations aux gadjé, les relations de genre, les affiliations religieuses, les productions linguistiques, les représentations de l’inscription de la communauté sur le territoire…

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Ce séminaire isncrit dans le master II du département d'antrhopologie de Toulouse (UT2J) se déroule à Toulouse (UT2J) tous les jeudis (16h-18h) en présentiel

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

formation en Anthorpologie et / ou en Histoire moderne et ocntemporaine

  • EHESS-Toulouse
    Université Toulouse-Jean Jaurès, Maison de la recherche, 5 allées Antonio-Machado 31000 Toulouse
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 16:00-18:00
    du 22 octobre 2022 au 5 janvier 2023
    Nombre de séances : 10

Nous avons cette année poursuivi notre investigation de plusieurs facettes de la constitution, transformation et dissolutions des identités romane/tsiganes. En particulier, plusieurs séances ont été consacrées à l’histoire et aux usages contemporains du drapeau pan-tsigane. Nous avons retracé l’histoire de la naissance du drapeau vert et bleu portant en son centre une roue, aujourd’hui reconnu et arboré par des individus et des collectifs se réclamant de l’un ou l’autre des multiples groupes composant la nébuleuse romani/tsigane un peu partout dans le monde. L’enquête s’est ensuite consacrée à présenter une série de cas particulièrement significatifs, depuis le Brésil où l’on a pu célébrer l’officialité du drapeau, jusqu’à l’Ukraine où le drapeau est apparu sur des photographies durant le conflit en cours, en passant par la Roumanie, la Bulgarie et bien sûr la France, où il fut bien présent sur les ronds-points de nos villes lors du mouvement social des Gilets Jaunes. Pourtant, en France comme ailleurs, sa présence reste très discrète dans la vie publique des communautés, souvent même des membres des nombreuses communautés concernées le rejettent explicitement ou affirment ne pas le connaître. À travers ces études de cas, il s’agissait de mieux appréhender ce paradoxe de l’hyper-visibilité médiatique de ce drapeau et de sa quasi invisibilité dans la vie quotidienne, de l’adhésion et du rejet, inséparable de la tension intrinsèque entre une référence, le plus souvent indéterminée – à un horizon planétaire, et des ancrages locaux et nationaux très fortement affirmés.
Le drapeau nous a servis de matrice analytique pour approcher un phénomène culturel de grande ampleur, lui aussi national et international : celui de la conversion massive dans la plupart des groupes tsiganes, en Europe et ailleurs, à l’évangélisme pentecôtiste (Vie et Lumière pour la France). Il s’agit sans nul doute d’un mouvement qui s’accompagne d’une forte affirmation d’une ou plutôt d’identités pantsiganes, mais là aussi, tout en constituant un réseau international, les Églises sont localisées (nationales), et surtout, évidemment, l’évangélisme sert une vocation universelle susceptible de mettre en crise à terme la distinction Tsiganes/Gadjé (non-Tsiganes).
Une autre approche de la question de la ou plutôt des identités tsiganes, particulièrement pertinente, est celle qui consiste à étudier des communautés désormais absorbées par les sociétés dans lesquelles elles évoluent, comme Stefania Pontrandolfo a pu l’étudier dans les Pouilles, en Italie. Maeva Sahastume, auteure d’un master très remarqué consacré à la dilution et semi-disparition de la communauté « bohémienne » de Ciboure au Pays basque, pourtant rendue célèbre à travers la figure de la kaskarote, nous a présenté son travail.
Mais, à l’autre extrême, la question des transformations identitaires se pose là où les processus de ghettoïsation sont les plus puissants. C’est ce qu’étudie Margaux Baussant pour « le camp » de Ginestous en périphérie de Toulouse, où sont relégués, depuis 1951, des Gitans, Manouches et autres « Voyageurs » qui ne voyagent plus et demeurent assignés, de fait, à résidence, même lorsqu’ils accèdent à la propriété dans les environs. Mais M. Baussant nous a montré que, saisi du point de vue de leur agentivité propre, cette communauté « encampée » n’en était pas moins d’une remarquable créativité sociétale.
Enfin le séminaire a accueilli cette année la journée d’étude que nous avons organisée avec Bénédicte Bonnemason consacrée au thème « Culture orale, écrite et visuelle et pratiques de résistances dans les collectifs Voyageurs » le 16 décembre 2022, qui a réuni des chercheurs en histoire et anthropologie (Ilsen About, Emmanuel Fihol, Jean-Luc Poueyto et Adèle Sutre), mais aussi des Voyageurs impliqués dans le monde associatif (Coral Ortis, Thierry Patrac, Alain Daumas, Frédéric Lievy et Joseph Stimbach). L’ensemble des interventions et débats a été filmé et mis en ligne à l’adresse https://www.canal-u.tv/chaines/ut2j/culture-orale-ecrite-et-visuelle-et-pratiques-de-resistance-dans-les-collectifs-1

Publications
  • « Louis Machon (1603-1672 ?), une carrière de secrétaire et d’homme de lettre brisée », dans Secrétaires écrivains en France (XVIe-XVIIe siècles), sous la dir. de D. Amstutz, P.-V. Desarbres, N. Schapira et C. Sicard, Cahiers V. L. Saunier, Sorbonne Université Presses, 2023, p. 125-142.
  • « Gli atei italiani nelle conversazioni tra Gabriel Naudé e Guy Patin », Rivista Storica Italiana, CXXXIV-1, 2023, p. 75-96. (version italienne du n° 256)
  • Avec Bénédicte Bonnemason, « Cruauté et violence dans les contes collectés par Joseph Valet en Auvergne auprès des familles manouches », dans Cruauté et violences dans le conte et dans le récit bref. Crueldades y violencias en el cuento y en la narración breve, sous la dir. de J. Bel, J. Devaux, X. Escudero, R. Pérez Parejo, J. Soto Vázquez et C. Vetters, Düren, Shaker Verlag, 2022, p. 25-50.
  • « Marcelle Delpastre (1925-1998), conscience d’auteur, situation périphérique et statut subalterne », 2022 (texte de l’intervention à la Journée d’étude : Écrire en langue minoritaire, Nicolas Berjoan, novembre 2018, Perpignan, France). hal-03795119
  • « Les Athées italiens dans les conversations entre Gabriel Naudé et Guy Patin », 2022. hal-03795011 ; (version corrigée et augmentée) La Lettre clandestine, n° 31, 2023, p. 219-239.