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UE583 - L'anthropologie comme tradition : introduction à la discipline


Lieu et planning


  • MSH-Paris Nord
    20 av George-Sand 93210 Saint-Denis
    Auditorium MSH
    1er semestre / hebdomadaire, lundi 16:30-18:30
    du 7 novembre 2022 au 13 février 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 26 juillet 2022 16:36

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie et linguistique Anthropologie sociale
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Emmanuel Désveaux [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre Georg-Simmel (CGS)
  • Tangui Przybylowski   doctorant chargé d'enseignement, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Sarah Madona Kammourieh   doctorante chargée d'enseignement, EHESS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)

L'anthropologie procède avant tout d'une authentique curiosité vis-à-vis de l'altérité, curiosité qui appartient, jusqu'à un certain point, en propre à l'Occident. En ce sens, on peut la faire remonter à Hérodote et, plus sûrement encore, à Montaigne. La différence culturelle est son socle. À cet égard, la discipline a été indiscutablement une des expressions du dévastateur mouvement de colonisation qu'a déclenché l'Occident à partir du XVIe siècle, quand bien elle aurait été la plus frêle de toutes. Mais l'anthropologie est également, comme le disait Lyotard, un avatar positiviste de philosophie dans la mesure où elle s'interroge sur la multiplicité des sociétés humaines sans exclusive – passées et présentes –, et ce à partir d'observations concrètes ou de la critique serrés des textes historiques, voire des données de l'archéologie. Elle fait donc tradition, tout comme la philosophie. Nous essayerons de restituer cette tradition et les différents courants qui l'irriguèrent – évolutionniste, fonctionnalisme, diffusionnisme, structuralisme, etc. –, en ayant toujours à l'esprit les conditions historiques des enquêtes ethnographiques ou philologiques qui les sous-tendent tour à tour. Enfin l'anthropologie a été marquée par un style d'écriture, ou plutôt des styles d'écriture. Plus que d'autres disciplines en sciences sociales, son voyeurisme intrinsèque l'a conduite à faire de la photographie une alliée privilégiée de ces modes d'expression. En somme, on se évoquera également la dimension esthétique de la discipline.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de tronc commun – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – essai bibliographique

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Cet enseignement, obligatoire pour les étudiants de M1 de la formation anthropologie, est fortement recommandé aux étudiants en année préparatoire au doctorat. 

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Cette année, à l'instar des précédentes, notre activité d'enseignement a comporté deux volets. De novembre à février, soit au premier semestre de l'année universitaire, nous avons assuré l'enseignement de tronc commun de S1 de la mention « anthropologie sociale et ethnologie » de notre établissement sous l'intitulé « L'anthropologie comme tradition : introduction à la discipline ». Dans cet enseignement qui se reconduit d'une année sur l'autre, nous avons introduit des inflexions nouvelles afin de mieux répondre, autant que faire se peut, aux questions les plus pressantes des étudiants. Nous sommes revenus sur le rapport qu'entretient l'anthropologie comme discipline scientifique avec ses deux apories principales, à savoir la littérature d'une part, l'engagement politique d'autre part. La première tient à l'effort d'écriture, en tant que source du plaisir, ou du moins de capacité à retenir l'attention, chez le lecteur d'un rendu ethnographique ou d'un développement théorique. Ce qui revient à poser l'impératif de lisibilité, sans perte majeure d'informations. La deuxième aporie butte en définitive sur la fameuse neutralité axiologique chère à Max Weber : comment l'anthropologue qui s'engage sur un terrain peut-il sans prendre parti se tenir ensuite à la lisière des dérèglements sociaux — ou moraux — qu'il a observés ? Mais en prenant parti n'usurpe-t-il pas le rôle des acteurs locaux eux-mêmes, exerçant une influence abusive sur leur propre agentivité ? Ces préoccupations ont nourri notre présentation des différents courants de l'anthropologie, de l'évolutionnisme au structuralisme, et même au-delà. Une visite collective au musée du quai Branly-Jacques Chirac a représenté un moment-clé du séminaire puisqu'elle a permis de transposer ce dilemme inhérent à l'anthropologie dans le contexte singulièrement contemporain du débat sur la restitution des objets ethnographiques, ou pour parler comme les conservateurs d'œuvres. Faut-il conserver et présenter de la façon la plus attrayante possible dans de prestigieux établissements ad hoc les entités matérielles collectées au fil des siècles à travers toute la planète par les Occidentaux, ou faut-il les restituer aux populations dont elles proviennent dans un souci de réparation de tous les méfaits commis à leur encontre durant la période coloniale ? Mais, là encore, peut-on restituer sans se préoccuper des conditions futures de la conservation ? Autrement dit, si le musée d'ethnographie à l'occidentale, malgré tous ses défauts, a permis la préservation et la transmission de ces objets jusqu'à nous, cette même institution peut-elle du jour au lendemain s'affranchir de toute responsabilité à leur égard ? Plus que jamais, le musée ethnographique apparaît tel un précipité, au sens où l'entendent les chimistes, de l'anthropologie. Là où il attestait la réalité de la diversité culturelle, grâce à ses collections, il traduit désormais le désarroi d'une discipline qui a renoncé à penser cette diversité, tétanisée qu'elle est par la repentance, tonalité désormais dominante dans les sciences sociales. Or, si ce dernier discours est nécessaire dans le contexte poltique actuelle, il se révèle trop souvent en général assez réducteur d'un strict point de vue intellectuel. 

Publications
  • « Portrait de Lévi-Strauss en diffusionniste impénitent », Cahiers d’anthropologie sociale, n° 20 (Claude Lévi-Strauss. Penser le monde autrement), 2022, p. 153-165. 
  • « La transformation lévi-straussienne comme vertige de l’histoire (en Amérique) », dans Penser l’événementEntre temps et histoire, sous la dir. d'Hugo Dumoulin, Judith Revel et Jean-Baptiste Vuillerod, Paris, CNRS Éditions, 2023, p. 245-262.

 

Dernière modification : 26 juillet 2022 16:36

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie et linguistique Anthropologie sociale
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Emmanuel Désveaux [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre Georg-Simmel (CGS)
  • Tangui Przybylowski   doctorant chargé d'enseignement, EHESS / Laboratoire d'anthropologie politique (LAP)
  • Sarah Madona Kammourieh   doctorante chargée d'enseignement, EHESS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)

L'anthropologie procède avant tout d'une authentique curiosité vis-à-vis de l'altérité, curiosité qui appartient, jusqu'à un certain point, en propre à l'Occident. En ce sens, on peut la faire remonter à Hérodote et, plus sûrement encore, à Montaigne. La différence culturelle est son socle. À cet égard, la discipline a été indiscutablement une des expressions du dévastateur mouvement de colonisation qu'a déclenché l'Occident à partir du XVIe siècle, quand bien elle aurait été la plus frêle de toutes. Mais l'anthropologie est également, comme le disait Lyotard, un avatar positiviste de philosophie dans la mesure où elle s'interroge sur la multiplicité des sociétés humaines sans exclusive – passées et présentes –, et ce à partir d'observations concrètes ou de la critique serrés des textes historiques, voire des données de l'archéologie. Elle fait donc tradition, tout comme la philosophie. Nous essayerons de restituer cette tradition et les différents courants qui l'irriguèrent – évolutionniste, fonctionnalisme, diffusionnisme, structuralisme, etc. –, en ayant toujours à l'esprit les conditions historiques des enquêtes ethnographiques ou philologiques qui les sous-tendent tour à tour. Enfin l'anthropologie a été marquée par un style d'écriture, ou plutôt des styles d'écriture. Plus que d'autres disciplines en sciences sociales, son voyeurisme intrinsèque l'a conduite à faire de la photographie une alliée privilégiée de ces modes d'expression. En somme, on se évoquera également la dimension esthétique de la discipline.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de tronc commun – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – essai bibliographique
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Cet enseignement, obligatoire pour les étudiants de M1 de la formation anthropologie, est fortement recommandé aux étudiants en année préparatoire au doctorat. 

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • MSH-Paris Nord
    20 av George-Sand 93210 Saint-Denis
    Auditorium MSH
    1er semestre / hebdomadaire, lundi 16:30-18:30
    du 7 novembre 2022 au 13 février 2023
    Nombre de séances : 12

Cette année, à l'instar des précédentes, notre activité d'enseignement a comporté deux volets. De novembre à février, soit au premier semestre de l'année universitaire, nous avons assuré l'enseignement de tronc commun de S1 de la mention « anthropologie sociale et ethnologie » de notre établissement sous l'intitulé « L'anthropologie comme tradition : introduction à la discipline ». Dans cet enseignement qui se reconduit d'une année sur l'autre, nous avons introduit des inflexions nouvelles afin de mieux répondre, autant que faire se peut, aux questions les plus pressantes des étudiants. Nous sommes revenus sur le rapport qu'entretient l'anthropologie comme discipline scientifique avec ses deux apories principales, à savoir la littérature d'une part, l'engagement politique d'autre part. La première tient à l'effort d'écriture, en tant que source du plaisir, ou du moins de capacité à retenir l'attention, chez le lecteur d'un rendu ethnographique ou d'un développement théorique. Ce qui revient à poser l'impératif de lisibilité, sans perte majeure d'informations. La deuxième aporie butte en définitive sur la fameuse neutralité axiologique chère à Max Weber : comment l'anthropologue qui s'engage sur un terrain peut-il sans prendre parti se tenir ensuite à la lisière des dérèglements sociaux — ou moraux — qu'il a observés ? Mais en prenant parti n'usurpe-t-il pas le rôle des acteurs locaux eux-mêmes, exerçant une influence abusive sur leur propre agentivité ? Ces préoccupations ont nourri notre présentation des différents courants de l'anthropologie, de l'évolutionnisme au structuralisme, et même au-delà. Une visite collective au musée du quai Branly-Jacques Chirac a représenté un moment-clé du séminaire puisqu'elle a permis de transposer ce dilemme inhérent à l'anthropologie dans le contexte singulièrement contemporain du débat sur la restitution des objets ethnographiques, ou pour parler comme les conservateurs d'œuvres. Faut-il conserver et présenter de la façon la plus attrayante possible dans de prestigieux établissements ad hoc les entités matérielles collectées au fil des siècles à travers toute la planète par les Occidentaux, ou faut-il les restituer aux populations dont elles proviennent dans un souci de réparation de tous les méfaits commis à leur encontre durant la période coloniale ? Mais, là encore, peut-on restituer sans se préoccuper des conditions futures de la conservation ? Autrement dit, si le musée d'ethnographie à l'occidentale, malgré tous ses défauts, a permis la préservation et la transmission de ces objets jusqu'à nous, cette même institution peut-elle du jour au lendemain s'affranchir de toute responsabilité à leur égard ? Plus que jamais, le musée ethnographique apparaît tel un précipité, au sens où l'entendent les chimistes, de l'anthropologie. Là où il attestait la réalité de la diversité culturelle, grâce à ses collections, il traduit désormais le désarroi d'une discipline qui a renoncé à penser cette diversité, tétanisée qu'elle est par la repentance, tonalité désormais dominante dans les sciences sociales. Or, si ce dernier discours est nécessaire dans le contexte poltique actuelle, il se révèle trop souvent en général assez réducteur d'un strict point de vue intellectuel. 

Publications
  • « Portrait de Lévi-Strauss en diffusionniste impénitent », Cahiers d’anthropologie sociale, n° 20 (Claude Lévi-Strauss. Penser le monde autrement), 2022, p. 153-165. 
  • « La transformation lévi-straussienne comme vertige de l’histoire (en Amérique) », dans Penser l’événementEntre temps et histoire, sous la dir. d'Hugo Dumoulin, Judith Revel et Jean-Baptiste Vuillerod, Paris, CNRS Éditions, 2023, p. 245-262.