Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2024-2025.

UE567 - Récits et pratiques du café : Éthiopie, mer Rouge, monde


Lieu et planning


  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, salle C, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    mardi 4 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 11 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 18 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 25 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 8 novembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 15 novembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 29 novembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 6 décembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 13 décembre 2022, 09:00-12:00


Description


Dernière modification : 3 octobre 2022 11:41

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Alimentation Anthropologie historique Ethnographie Fait religieux Islam Rituel Textes Transnational
Aires culturelles
Afrique Arabe (monde) Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Transméditerranée
Intervenant·e·s
  • Éloi Ficquet [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

S’inscrivant dans une démarche de « biographie culturelle des choses » (Kopytoff 1986), le séminaire examinera un produit de consommation familier, le café. Pour commencer, l’histoire des origines de la préparation de cette boisson sera rappelée, à partir de son contexte d’émergence dans les milieux mystiques musulmans entre Éthiopie et Yémen au quinzième siècle. Le rapide succès de ce nouveau produit stimulant provoqua des vifs débats sur son acceptabilité en tant qu’innovation sociale et en tant que produit agissant sur les facultés de l’esprit. Ces controverses et les figures qui y ont pris part ont été reformulées sous la forme de légendes anodines en apparence et qui continuent d’être racontées sous diverses formes aujourd’hui. La diffusion de ces légendes, leurs traductions, leurs multiples versions feront l’objet d’une lecture empruntant pour une part à la critique méthodique des sources, pour une autre part à l’analyse structurale des mythes (Lévi-Strauss 1958). Après avoir parcouru ces itinéraires narratifs de la diffusion mondiale du café, le séminaire se réinstallera sur le terrain éthiopien, à l’époque contemporaine, pour étudier les pratiques cérémonielles de consommation du café et d’autres substances qui associent, tout en les distinguant, musulmans et chrétiens dans un espace politique mis au défi de cette bi-religiosité. Le travail de validation consistera à observer ethnographiquement les usages sociaux et économiques du café à Marseille ou dans d’autres contextes accessibles aux étudiantes et étudiants.

4 octobre 2022 : La légende des chèvres qui dansent : examen historique et structural du récit de la découverte du café.

11 octobre : Polémiques sur la légalisation et la commercialisation du café, entre monde musulman et monde chrétien, 15e-17e siècle.

18 octobre : Usages cérémoniels du café et codifications de la convivialité pluraliste en Ethiopie aujourd’hui.

25 octobre : Le khat, une passion et consommation complice et concurrente du café, avec Céline Lesourd (anthropologue, CNRS, Centre Norbert Elias), autrice de Puissance khat. Vie politique d’une plante stimulante. Paris, PUF, 2019.

8 novembre : Quand boire c’est faire : bénédictions au café, promesses d’ivrognes, prophéties sous amphétamine et autres énoncés performatifs en conscience dilatée.

15 novembre : Enjeux de l’histoire économique du café : les paradoxes d’un marché global de la plantation coloniale à l’invention du commerce équitable

29 novembre : Pratiques alimentaires et cérémonielles des Kunama d’Éthiopie, une société menacée de disparition, avec Mitiku G. Tesfaye (Université de Mekelle, EHESS, IMAF).

6 décembre : Les mondes du café à Marseille : retours de travaux d’étudiants.


Master


  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – dossier écrit, compte rendu d'enquête

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur prise de rendez-vous, par courrier électronique.

Réception des candidats

sur prise de rendez-vous.

Pré-requis

si elle est appréciée, la connaissance de langues en usage dans la Corne de l'Afrique n'est pas exigée et l'ouverture comparatiste sur d'autres espaces linguistiques, culturels et religieux est encouragée.


Compte rendu


Le séminaire a proposé de questionner les représentations et les pratiques du café en combinant plusieurs approches interprétatives historiques et anthropologiques. Il a d’abord été question des discours promotionnels et des symbolisations commerciales du café de nos jours. Une grande variété de codifications et d’usage peut être observée à travers le monde, tant au niveau de la préparation de la boisson que dans les valeurs qui y sont associés. Si les notions d’éveil et de performance prédominent, on peut aussi observer des associations avec d'autres notions telle que celles de convivialité ou de confort domestique. Les usages du café se trouve ainsi à la jonction des sphères privées et publiques, domestiques et professionnelles, permettant dans les pratiques et les discours une forme de porosité. Une figure de type mythologique a retenu notre attention, celle de la chèvre utilisée par de nombreuses enseignes de torréfacteurs indépendants. Selon un récit qui connaît de multiples versions, les propriétés tonifiantes du café auraient été découvertes par le gardien d’un troupeau de chèvres constatant l’excitation inhabituelle de troupeau pendant la nuit après que les bêtes aient consommé une les feuilles et fruits d’une plante à baies rouges. Ce récit qui inscrit le café dans une interaction entre humains animaux et plantes jouit aujourd’hui d’une assez grande popularité. Sa formulation remonte au tout premier ouvrage publié en Occident sur le café, le traité rédigé en 1671 par Faust Nairon, enseignant de langue arabe au collège jésuite de Rome. Depuis cette première publication, ce récit a été repris de multiples façons, par différents auteurs, dans de nombreux pays, se prêtant à une iconographie abondante. A la façon de l’analyse structurale des mythologies amérindiennes, considérant l’ensemble des variantes d’un même récit, nous avons entrepris d’isoler chaque élément se prêtant à des configurations narratives différentes, afin de dégager ce qui peut être en jeu dans les éléments narratifs particuliers comme dans la dynamique générale du récit et du produit auquel il réfère. Comme ce corpus peut être tracé dans les sources historiques, nous avons pu aussi chercher à contextualiser ces variations de sens et mesurer qu’elles n’étaient pas seulement d’ordre structurale, mais relevaient de plusieurs formes d’investissement de ce produit dans l’histoire de la modernité, au croisement méditerranéen des sociétés du monde musulman ottoman et du monde chrétien européen. Le nom donné au gardien de chèvres, Kaldi, nous a entraîné sur l’étude des conceptions et pratiques religieuses. Son étymologie renvoi en effet à l’ordre mystique shadhili, dont les acteurs ont joué un rôle important dans l’acceptation de la nouveauté que représentait le café dans le contexte du Yémen et des sociétés de la mer Rouge au cours du XVe siècle. Les codifications religieuses à l’origine de la préparation du café grillé et les polémiques juridiques à l’origine de sa commercialisation ont été fondatrices des normes inscrites dans l’histoire de ce produit. Au terme de cette longue histoire, le séminaire a analysé les usages cérémoniels du café en Ethiopie aujourd’hui, d’une part dans un cadre religieux d’islam mystique, où la préparation et le service du café, accompagnés de bénédictions, procèdent d’une forme de réinterprétation en miroir de pratiques eucharistiques chrétiennes. Cette cérémonie a été vidé de sa substance religieuse pour devenir au cours du vingtième siècle une cérémonie emblématique de l’identité nationale, dans un contexte de pluralisme interreligieux. Les travaux des étudiants ont proposé plusieurs observations ethnographiques dans des lieux de consommation de café à Marseille et dans d’autres régions de France et du monde, jusqu’à la Nouvelle Guinée. Ces travaux ont confirmé que le café demeure dans la contemporanéité un produit catalyseur de normativités.

Publications
  • « Les deux années 1848 en Éthiopie : divisions internes, idéaux d’unité, interférences modernes», dans Les mondes de 1848. Au-delà du Printemps des peuples, sous la dir. de Q. Deluermoz, E. Fureix et C. Thibaud, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2023, p. 102-110.
  • « The civil rights movement of Ethiopian Muslims in 2012: historical grounds and driving forces », dans Routledge Handbook of the Horn of Africa, sous la dir. de J.-N. Bach, J. Abbink, S. Ancel et al., Londres, Routledge, 2022.
  • Avec Stéphane Ancel, Betrand Marceau, Alain Rauwel, « Nation », dans Dictionnaire critique de l’Église. Notions et débats de sciences sociales, Paris, PUF.

Dernière modification : 3 octobre 2022 11:41

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Alimentation Anthropologie historique Ethnographie Fait religieux Islam Rituel Textes Transnational
Aires culturelles
Afrique Arabe (monde) Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Transméditerranée
Intervenant·e·s
  • Éloi Ficquet [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

S’inscrivant dans une démarche de « biographie culturelle des choses » (Kopytoff 1986), le séminaire examinera un produit de consommation familier, le café. Pour commencer, l’histoire des origines de la préparation de cette boisson sera rappelée, à partir de son contexte d’émergence dans les milieux mystiques musulmans entre Éthiopie et Yémen au quinzième siècle. Le rapide succès de ce nouveau produit stimulant provoqua des vifs débats sur son acceptabilité en tant qu’innovation sociale et en tant que produit agissant sur les facultés de l’esprit. Ces controverses et les figures qui y ont pris part ont été reformulées sous la forme de légendes anodines en apparence et qui continuent d’être racontées sous diverses formes aujourd’hui. La diffusion de ces légendes, leurs traductions, leurs multiples versions feront l’objet d’une lecture empruntant pour une part à la critique méthodique des sources, pour une autre part à l’analyse structurale des mythes (Lévi-Strauss 1958). Après avoir parcouru ces itinéraires narratifs de la diffusion mondiale du café, le séminaire se réinstallera sur le terrain éthiopien, à l’époque contemporaine, pour étudier les pratiques cérémonielles de consommation du café et d’autres substances qui associent, tout en les distinguant, musulmans et chrétiens dans un espace politique mis au défi de cette bi-religiosité. Le travail de validation consistera à observer ethnographiquement les usages sociaux et économiques du café à Marseille ou dans d’autres contextes accessibles aux étudiantes et étudiants.

4 octobre 2022 : La légende des chèvres qui dansent : examen historique et structural du récit de la découverte du café.

11 octobre : Polémiques sur la légalisation et la commercialisation du café, entre monde musulman et monde chrétien, 15e-17e siècle.

18 octobre : Usages cérémoniels du café et codifications de la convivialité pluraliste en Ethiopie aujourd’hui.

25 octobre : Le khat, une passion et consommation complice et concurrente du café, avec Céline Lesourd (anthropologue, CNRS, Centre Norbert Elias), autrice de Puissance khat. Vie politique d’une plante stimulante. Paris, PUF, 2019.

8 novembre : Quand boire c’est faire : bénédictions au café, promesses d’ivrognes, prophéties sous amphétamine et autres énoncés performatifs en conscience dilatée.

15 novembre : Enjeux de l’histoire économique du café : les paradoxes d’un marché global de la plantation coloniale à l’invention du commerce équitable

29 novembre : Pratiques alimentaires et cérémonielles des Kunama d’Éthiopie, une société menacée de disparition, avec Mitiku G. Tesfaye (Université de Mekelle, EHESS, IMAF).

6 décembre : Les mondes du café à Marseille : retours de travaux d’étudiants.

  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – dossier écrit, compte rendu d'enquête
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur prise de rendez-vous, par courrier électronique.

Réception des candidats

sur prise de rendez-vous.

Pré-requis

si elle est appréciée, la connaissance de langues en usage dans la Corne de l'Afrique n'est pas exigée et l'ouverture comparatiste sur d'autres espaces linguistiques, culturels et religieux est encouragée.

  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, salle C, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    mardi 4 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 11 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 18 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 25 octobre 2022, 09:00-12:00
    mardi 8 novembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 15 novembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 29 novembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 6 décembre 2022, 09:00-12:00
    mardi 13 décembre 2022, 09:00-12:00

Le séminaire a proposé de questionner les représentations et les pratiques du café en combinant plusieurs approches interprétatives historiques et anthropologiques. Il a d’abord été question des discours promotionnels et des symbolisations commerciales du café de nos jours. Une grande variété de codifications et d’usage peut être observée à travers le monde, tant au niveau de la préparation de la boisson que dans les valeurs qui y sont associés. Si les notions d’éveil et de performance prédominent, on peut aussi observer des associations avec d'autres notions telle que celles de convivialité ou de confort domestique. Les usages du café se trouve ainsi à la jonction des sphères privées et publiques, domestiques et professionnelles, permettant dans les pratiques et les discours une forme de porosité. Une figure de type mythologique a retenu notre attention, celle de la chèvre utilisée par de nombreuses enseignes de torréfacteurs indépendants. Selon un récit qui connaît de multiples versions, les propriétés tonifiantes du café auraient été découvertes par le gardien d’un troupeau de chèvres constatant l’excitation inhabituelle de troupeau pendant la nuit après que les bêtes aient consommé une les feuilles et fruits d’une plante à baies rouges. Ce récit qui inscrit le café dans une interaction entre humains animaux et plantes jouit aujourd’hui d’une assez grande popularité. Sa formulation remonte au tout premier ouvrage publié en Occident sur le café, le traité rédigé en 1671 par Faust Nairon, enseignant de langue arabe au collège jésuite de Rome. Depuis cette première publication, ce récit a été repris de multiples façons, par différents auteurs, dans de nombreux pays, se prêtant à une iconographie abondante. A la façon de l’analyse structurale des mythologies amérindiennes, considérant l’ensemble des variantes d’un même récit, nous avons entrepris d’isoler chaque élément se prêtant à des configurations narratives différentes, afin de dégager ce qui peut être en jeu dans les éléments narratifs particuliers comme dans la dynamique générale du récit et du produit auquel il réfère. Comme ce corpus peut être tracé dans les sources historiques, nous avons pu aussi chercher à contextualiser ces variations de sens et mesurer qu’elles n’étaient pas seulement d’ordre structurale, mais relevaient de plusieurs formes d’investissement de ce produit dans l’histoire de la modernité, au croisement méditerranéen des sociétés du monde musulman ottoman et du monde chrétien européen. Le nom donné au gardien de chèvres, Kaldi, nous a entraîné sur l’étude des conceptions et pratiques religieuses. Son étymologie renvoi en effet à l’ordre mystique shadhili, dont les acteurs ont joué un rôle important dans l’acceptation de la nouveauté que représentait le café dans le contexte du Yémen et des sociétés de la mer Rouge au cours du XVe siècle. Les codifications religieuses à l’origine de la préparation du café grillé et les polémiques juridiques à l’origine de sa commercialisation ont été fondatrices des normes inscrites dans l’histoire de ce produit. Au terme de cette longue histoire, le séminaire a analysé les usages cérémoniels du café en Ethiopie aujourd’hui, d’une part dans un cadre religieux d’islam mystique, où la préparation et le service du café, accompagnés de bénédictions, procèdent d’une forme de réinterprétation en miroir de pratiques eucharistiques chrétiennes. Cette cérémonie a été vidé de sa substance religieuse pour devenir au cours du vingtième siècle une cérémonie emblématique de l’identité nationale, dans un contexte de pluralisme interreligieux. Les travaux des étudiants ont proposé plusieurs observations ethnographiques dans des lieux de consommation de café à Marseille et dans d’autres régions de France et du monde, jusqu’à la Nouvelle Guinée. Ces travaux ont confirmé que le café demeure dans la contemporanéité un produit catalyseur de normativités.

Publications
  • « Les deux années 1848 en Éthiopie : divisions internes, idéaux d’unité, interférences modernes», dans Les mondes de 1848. Au-delà du Printemps des peuples, sous la dir. de Q. Deluermoz, E. Fureix et C. Thibaud, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2023, p. 102-110.
  • « The civil rights movement of Ethiopian Muslims in 2012: historical grounds and driving forces », dans Routledge Handbook of the Horn of Africa, sous la dir. de J.-N. Bach, J. Abbink, S. Ancel et al., Londres, Routledge, 2022.
  • Avec Stéphane Ancel, Betrand Marceau, Alain Rauwel, « Nation », dans Dictionnaire critique de l’Église. Notions et débats de sciences sociales, Paris, PUF.