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UE560 - L'institutionnalisme monétaire. Enquête sur l'unité de compte, son évolution historique et ses crises


Lieu et planning


  • 48 bd Jourdan
    Salle R 1-15
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    2nd semestre / mardi 17:00-20:00
    du 13 décembre 2022 au 18 avril 2023
    Nombre de séances : 8

    • Mardi 13 décembre 2022
    • Mardi 3 janvier 2023
    • Mardi 17 janvier 2023
    • Mardi 31 janvier 2023
    • Mardi 14 février 2023
    • Mardi 14 mars 2023
    • Mardi 28 mars 2023
    • Mardi 18 avril 2023

Description


Dernière modification : 2 octobre 2022 09:24

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Économie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Capitalisme Classes sociales Économie Économie politique Histoire économique et sociale Institutions Politique Socio-économie Sociologie politique Valeur
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • André Orléan [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche (émérite), CNRS / Paris School of Economics (PJSE)

L’institutionnalisme monétaire est un courant théorique né des travaux de Michel Aglietta, Bruno Théret et moi-même, et poursuivi très activement en France par de nombreux économistes et socio-économistes. Il a pour spécificité la thèse selon laquelle la monnaie est l’institution au fondement de la valeur, et non l’inverse. Ses références bibliographiques les plus marquantes sont :

  • Michel Aglietta, La Monnaie entre dettes et souveraineté, Odile Jacob, 2016, en collaboration avec Pépita Ould Ahmed et Jean-François Ponsot.
  • Michel Aglietta et André Orléan (sous la direction de), La monnaie souveraine, Odile Jacob, 1998
  • Michel Aglietta et André Orléan, La monnaie entre violence et confiance, Odile Jacob, 2002.
  • Pierre Alary, Jérôme Blanc, Ludovic Desmedt et Bruno Théret (sous la direction de), Théories françaises de la monnaie, Paris, PUF, 2016.
  • André Orléan, L’empire de la valeur. Refonder l’économie, Paris, Le Seuil, coll. « La couleur des idées », octobre 2011.
  • Bruno Théret (sous la direction de), La monnaie dévoilée par ses crises. Vol. 1 et 2, Paris, Éditions de l’EHESS, 2008.

Alors que l’approche néoclassique voit dans la monnaie essentiellement un intermédiaire des échanges, pour l’institutionnalisme monétaire, c’est l’unité de compte qui prime. Cette thèse était déjà défendue par John Maynard Keynes dans son Traité sur la monnaie (1930) : « La monnaie de compte, c’est-à-dire celle dans laquelle les dettes, les prix et le pouvoir d'achat général sont exprimés, est le concept premier d’une théorie de la monnaie. » Cette primauté accordée à l’unité de compte a partie liée, pour l’institutionnalisme monétaire, avec sa thèse princeps selon laquelle la monnaie institue la valeur. Autrement dit, c’est via l’unité de compte que la valeur s’impose aux échangistes. Il s’agit, dans le cadre de ce séminaire, d’explorer cette perspective à la fois d’un point de vue conceptuel et historique.

On commencera par se demander dans quelle mesure l’unité de compte suppose pour exister de prendre appui sur une souveraineté qui l’impose à tous les producteurs de marchandises. Cette souveraineté monétaire est-elle entièrement aux mains de la souveraineté politique, comme le défend la théorie néo-chartaliste, encore nommée Modern Monetary Theory ; ou bien jouit-elle d’une certaine autonomie ? Pour examiner ces questions, il est indispensable de s’intéresser à l'histoire et aux évolutions qu’ont connues les unités de compte. Les périodes de crise retiendront tout particulièrement notre attention. On y voit les acteurs économiques perdre confiance dans la capacité de la monnaie légale à représenter la valeur et, en conséquence, recourir systématiquement pour former leurs prix à des pratiques d’indexation sur la base de monnaies étrangères ou d’indices de prix. Au travers de ces comportements privés, c’est le rejet de l’unité de compte officielle qui se donne à voir et l’émergence d’une nouvelle unité de compte.

Les épisodes historiques examinés seront, en fonction du temps disponible, les mutations monétaires en France sous l’Ancien Régime ; la crise des assignats ; l’hyperinflation allemande de 1923 et le rejet de la clause or en 1933 par Roosevelt.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter André Orléan par courriel : andre.orlean@ens.fr

Direction de travaux des étudiants

La validation du séminaire repose sur deux piliers :

1) La présence et la participation active aux discussions du séminaire. Rappelons que la présence est obligatoire.

2) Faire un exposé ou remettre un devoir de 4 pages consacré à un thème abordé lors du séminaire. Le choix du sujet se fait en accord avec le directeur d’études, André Orléan.

Réception des candidats

contacter André Orléan par courriel : andre.orlean@ens.fr

Pré-requis

niveau requis : M1 en économie ou sciences sociales.


Compte rendu


Notre séminaire 2022-2023 a proposé une réflexion sur la monnaie en tant qu’unité de compte. Cette fonction est assurément le parent pauvre de l’analyse monétaire. Même si John Maynard Keynes commence son Traité sur la monnaie en déclarant que « la monnaie de compte est le concept premier d’une théorie de la monnaie », paradoxalement il ne lui consacre par la suite qu’un ou deux paragraphes car il en fait simplement un instrument de l’État. Le séminaire s’est efforcé de démontrer que cette conception chartaliste est insuffisante, tout particulièrement dans sa déclinaison contemporaine telle qu’elle est proposée par la TMM (Théorie Moderne de la Monnaie) qui fait jouer à la fiscalité un rôle déterminant. En effet, l’enjeu du rapport monétaire n’est pas l’impôt mais l’institution de la valeur, à savoir la production d’un langage commun d’évaluation reconnu par tous les producteurs de marchandises. En ce sens, la monnaie n’est pas d’abord liée à l’État et à la fiscalité mais répond prioritairement à une nécessité absolue inscrite dans le mode de production capitaliste : disposer d’un espace de valeur. On a pu l’illustrer en examinant les monnaies locales et le Bitcoin. L’hyperinflation allemande a également été étudiée. Son analyse a permis de mettre en lumière les impasses sur lesquelles bute le développement capitaliste lorsqu’il doit affronter une crise de la monnaie de compte. On y observe une régression dramatique de la division sociale du travail allant jusqu’à la rupture du lien entre villes et campagnes. Ces dernières parce qu’elles refusent le mark engendrent de facto un terrible blocus des villes, source de famine et d’émeutes. Plus largement c’est l’espace politique qui menace de se fractionner autour de monnaies régionales. Cette analyse met bien en avant la nature politique de la monnaie de compte, proposition qui est au cœur de l’approche institutionnaliste.

Publications
  • « Non aes sed fides. Réflexions sur le pouvoir monétaire », Revue Française d’Histoire Économique, n°18, 2022/2, p. 8-21.
  •  « Value and money as social power: New concepts for old questions », Review of Political Economy, 35 (1), janvier 2023, DOI: 10.1080/09538259.2022.2079812
  •  « La construction institutionnelle de la valeur », Nouvel État des Savoirs, Dunod, à paraître, 2023.

Dernière modification : 2 octobre 2022 09:24

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Économie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Capitalisme Classes sociales Économie Économie politique Histoire économique et sociale Institutions Politique Socio-économie Sociologie politique Valeur
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • André Orléan [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche (émérite), CNRS / Paris School of Economics (PJSE)

L’institutionnalisme monétaire est un courant théorique né des travaux de Michel Aglietta, Bruno Théret et moi-même, et poursuivi très activement en France par de nombreux économistes et socio-économistes. Il a pour spécificité la thèse selon laquelle la monnaie est l’institution au fondement de la valeur, et non l’inverse. Ses références bibliographiques les plus marquantes sont :

  • Michel Aglietta, La Monnaie entre dettes et souveraineté, Odile Jacob, 2016, en collaboration avec Pépita Ould Ahmed et Jean-François Ponsot.
  • Michel Aglietta et André Orléan (sous la direction de), La monnaie souveraine, Odile Jacob, 1998
  • Michel Aglietta et André Orléan, La monnaie entre violence et confiance, Odile Jacob, 2002.
  • Pierre Alary, Jérôme Blanc, Ludovic Desmedt et Bruno Théret (sous la direction de), Théories françaises de la monnaie, Paris, PUF, 2016.
  • André Orléan, L’empire de la valeur. Refonder l’économie, Paris, Le Seuil, coll. « La couleur des idées », octobre 2011.
  • Bruno Théret (sous la direction de), La monnaie dévoilée par ses crises. Vol. 1 et 2, Paris, Éditions de l’EHESS, 2008.

Alors que l’approche néoclassique voit dans la monnaie essentiellement un intermédiaire des échanges, pour l’institutionnalisme monétaire, c’est l’unité de compte qui prime. Cette thèse était déjà défendue par John Maynard Keynes dans son Traité sur la monnaie (1930) : « La monnaie de compte, c’est-à-dire celle dans laquelle les dettes, les prix et le pouvoir d'achat général sont exprimés, est le concept premier d’une théorie de la monnaie. » Cette primauté accordée à l’unité de compte a partie liée, pour l’institutionnalisme monétaire, avec sa thèse princeps selon laquelle la monnaie institue la valeur. Autrement dit, c’est via l’unité de compte que la valeur s’impose aux échangistes. Il s’agit, dans le cadre de ce séminaire, d’explorer cette perspective à la fois d’un point de vue conceptuel et historique.

On commencera par se demander dans quelle mesure l’unité de compte suppose pour exister de prendre appui sur une souveraineté qui l’impose à tous les producteurs de marchandises. Cette souveraineté monétaire est-elle entièrement aux mains de la souveraineté politique, comme le défend la théorie néo-chartaliste, encore nommée Modern Monetary Theory ; ou bien jouit-elle d’une certaine autonomie ? Pour examiner ces questions, il est indispensable de s’intéresser à l'histoire et aux évolutions qu’ont connues les unités de compte. Les périodes de crise retiendront tout particulièrement notre attention. On y voit les acteurs économiques perdre confiance dans la capacité de la monnaie légale à représenter la valeur et, en conséquence, recourir systématiquement pour former leurs prix à des pratiques d’indexation sur la base de monnaies étrangères ou d’indices de prix. Au travers de ces comportements privés, c’est le rejet de l’unité de compte officielle qui se donne à voir et l’émergence d’une nouvelle unité de compte.

Les épisodes historiques examinés seront, en fonction du temps disponible, les mutations monétaires en France sous l’Ancien Régime ; la crise des assignats ; l’hyperinflation allemande de 1923 et le rejet de la clause or en 1933 par Roosevelt.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter André Orléan par courriel : andre.orlean@ens.fr

Direction de travaux des étudiants

La validation du séminaire repose sur deux piliers :

1) La présence et la participation active aux discussions du séminaire. Rappelons que la présence est obligatoire.

2) Faire un exposé ou remettre un devoir de 4 pages consacré à un thème abordé lors du séminaire. Le choix du sujet se fait en accord avec le directeur d’études, André Orléan.

Réception des candidats

contacter André Orléan par courriel : andre.orlean@ens.fr

Pré-requis

niveau requis : M1 en économie ou sciences sociales.

  • 48 bd Jourdan
    Salle R 1-15
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    2nd semestre / mardi 17:00-20:00
    du 13 décembre 2022 au 18 avril 2023
    Nombre de séances : 8

    • Mardi 13 décembre 2022
    • Mardi 3 janvier 2023
    • Mardi 17 janvier 2023
    • Mardi 31 janvier 2023
    • Mardi 14 février 2023
    • Mardi 14 mars 2023
    • Mardi 28 mars 2023
    • Mardi 18 avril 2023

Notre séminaire 2022-2023 a proposé une réflexion sur la monnaie en tant qu’unité de compte. Cette fonction est assurément le parent pauvre de l’analyse monétaire. Même si John Maynard Keynes commence son Traité sur la monnaie en déclarant que « la monnaie de compte est le concept premier d’une théorie de la monnaie », paradoxalement il ne lui consacre par la suite qu’un ou deux paragraphes car il en fait simplement un instrument de l’État. Le séminaire s’est efforcé de démontrer que cette conception chartaliste est insuffisante, tout particulièrement dans sa déclinaison contemporaine telle qu’elle est proposée par la TMM (Théorie Moderne de la Monnaie) qui fait jouer à la fiscalité un rôle déterminant. En effet, l’enjeu du rapport monétaire n’est pas l’impôt mais l’institution de la valeur, à savoir la production d’un langage commun d’évaluation reconnu par tous les producteurs de marchandises. En ce sens, la monnaie n’est pas d’abord liée à l’État et à la fiscalité mais répond prioritairement à une nécessité absolue inscrite dans le mode de production capitaliste : disposer d’un espace de valeur. On a pu l’illustrer en examinant les monnaies locales et le Bitcoin. L’hyperinflation allemande a également été étudiée. Son analyse a permis de mettre en lumière les impasses sur lesquelles bute le développement capitaliste lorsqu’il doit affronter une crise de la monnaie de compte. On y observe une régression dramatique de la division sociale du travail allant jusqu’à la rupture du lien entre villes et campagnes. Ces dernières parce qu’elles refusent le mark engendrent de facto un terrible blocus des villes, source de famine et d’émeutes. Plus largement c’est l’espace politique qui menace de se fractionner autour de monnaies régionales. Cette analyse met bien en avant la nature politique de la monnaie de compte, proposition qui est au cœur de l’approche institutionnaliste.

Publications
  • « Non aes sed fides. Réflexions sur le pouvoir monétaire », Revue Française d’Histoire Économique, n°18, 2022/2, p. 8-21.
  •  « Value and money as social power: New concepts for old questions », Review of Political Economy, 35 (1), janvier 2023, DOI: 10.1080/09538259.2022.2079812
  •  « La construction institutionnelle de la valeur », Nouvel État des Savoirs, Dunod, à paraître, 2023.