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UE540 - Usages publics du passé


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle 25-B
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), mardi 12:30-14:30
    du 15 novembre 2022 au 20 juin 2023
    Nombre de séances : 15

    La séance du 6 juin 2023 est reporté au 20 juin (de 10 h 30 à 12 h 30)


Description


Dernière modification : 1 juin 2023 13:16

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Affects Anthropologie culturelle Histoire Histoire culturelle Imaginaire Mémoire Temps/temporalité
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s

Dans ce séminaire, qui croise histoire et anthropologie, nous allons poursuivre notre réflexion sur les usages et les significations de la notion d’empathie. Après avoir discuté au cours de l’année précédente de travaux qui ont questionné l’empathie en tant que proposition méthodologique, les analyses porteront sur les qualités heuristiques de l’identification et de la distanciation dans la recherche. Pour ce faire, nous allons interroger notamment les émotions, les affects, les exotismes qui circulent dans les archives, les débats et les terrains des sciences sociales. Sur ces terrains, de nos jours, des individus et des groupes opèrent une sorte de mise en scène participative de leur culture à affirmer et de leur passé parfois à réparer. Il nous semble alors intéressant d’analyser des cas significatifs de ces usages sociaux des origines où – à travers une logique de l’alternance entre un éloignement physique ou figuré et les assises, souvent imaginaires, d’un ensemble de repères familiers ou fondateurs – se croisent les thèmes de l’ailleurs, de l’autrefois, de la perte ou de l’oubli d’un monde et de son recommencement.

15 novembre 2022 : Gaetano Ciarcia, Sabina Loriga, David Schreiber,
Présentation du séminaire

6 décembre : Sabina Loriga, « La quête d’universalité de l’histoire »
Présentation d’une recherche en cours : Imma Verdù (Universitat de València), « Historia y memoria en la construcción nacional mexicana. A vueltas con los (bicentenarios) de la independencia »

3 janvier 2023 : Lucile Lebrette (doctorante EHESS/IMAF), « Une recherche impliquée et appliquée ? Questionner les enjeux de positionnements quand l’accompagnement d’un demandeur d’asile devient objet d’étude »

17 janvier : Sabina Loriga, « La crise du ‘noble rêve’ de l’objectivité »

21 février : Roberto Rossi, « Les sciences sociales entre ‘proximité’ et ‘distance’ »

21 mars : Luisa Tasca (Université libre de Bolzano), « Study the historian before you begin to study the facts »

4 avril : Sabina Loriga, « Les sciences sociales entre ‘proximité’ et ‘distance’ »

18 avril : Benito Schmidt (Universidade Federal do Rio Grande do Sul), « Histoire du mouvement LGBTQI+ au Brésil : entre empathie et distance »

16 mai : Gaetano Ciarcia, « Participation commémorative et exotisme du passé en Guadeloupe »

30 mai : Arnauld Chandivert (Université Paul-Valéry de Montpellier), « L’empathie comme ressource scientifique et cadre moral. Notes sur un projet de recherche et sur une non-enquête »

6 juin  (séance reportée au 20 juin de 10 h 30 à 12 h 30 ) : Gaetano Ciarcia, « Distanciation et identification dans le texte ethnographique » ATTENTION AU CHANGEMENT DE SALLE : 25-A

 20 juin : Gaetano Ciarcia, « Le recommencement des origines par le discours africaniste »

 


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, exposé oral, fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

par courriel.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Pour la deuxième année, nous avons continué à interroger le regain d’intérêt théorique pour la notion d’empathie en sciences sociales et, plus en général, dans l’espace public. Doit-on éprouver de l’empathie pour comprendre une société « passée » ou « lointaine » ? D’autre part, doit-on susciter de l’empathie dans l’écriture (donc dans le rapport avec les lecteurs) ? La question de l’empathie a été analysée en lien à celle plus large du rôle de la subjectivité dans la recherche. Depuis longtemps cette question hante les sciences sociales. Quelle est la juste distance vis à vis du passé ? Est-il possible de se détacher du présent pour saisir le passé, dans son altérité, ou bien on est toujours en train de projeter sur le passé nos propres fantasmes, intérêts, préjugés ? Ces thèmes ont également été déclinés au travers de l’analyse anthropologique des notions d’empathie, d’exotisme et d’ironie dans les usages mémoriels du passé de l’esclavage au Bénin, en Guadeloupe, à Bordeaux et à Nantes ainsi qu’au prisme de leurs restitutions filmiques sous formes de documentaires audiovisuels ; dans les méthodologies spontanées et/ou réfléchies des ethnologues en situations d’enquête ; dans certaines entreprises anthropologiques, littéraires et patrimoniales de reconstitution ou de mise en scènes des origines.
Trois séances ont été consacrées à la question de l’objectivité et de la subjectivité en histoire. Nous sommes partis d’un texte d’Eric Hobsbawm, « L’historien entre la quête d’universalité et la quête d’identité » (1994), dédié à la reconstruction du massacre de Civitella di Chiana (1944), qui souligne les différences d’interprétation entre les témoins et les historiens pour revendiquer le « devoir d’universalisme » de l’histoire. Ensuite, nous avons examiné la remise en discussion du « noble rêve » de l’objectivité, commencée déjà tout au long du XIXe siècle, et éclatée dans les dernières décennies du XXe siècle, à travers la lecture de certains passages de l’Historik de Johann Gustav Droysen, d’un article d’Henri Pirenne (« Une polémique historique en Allemagne », 1897), et d’un article de Hayden White (« The Politics of Historical Interpretation », 1982). Une dernière séance a été consacrée au texte fondamental de Paul Ricœur (« Objectivité et subjectivité en histoire »,1952), visant à dépasser l’opposition objectivité-subjectivité et à la formation d’une « bonne subjectivité ».
La partie anthropologique du séminaire a été consacrée à l’étude comparative des logiques participatives et identitaires observées lors de diverses enquêtes ethnographiques et de la réalisation de films documentaires sur les mémoires de l’esclavage, de la colonisation et des luttes indépendantistes au Bénin, en Guadeloupe et dans les villes de Bordeaux et Nantes. Notre réflexion a été inspirée par les travaux de Jean Jamin sur la présence à soi de l’anthropologue sur le terrain et par la publication récente, en 2021, de l’ouvrage de Ninon Chavoz sur la « tentation pathologique » à l’œuvre dans diverses entreprises d’inventaire au sein du discours africaniste (Inventorier l’Afrique. La tentation encyclopédique dans l’espace francophone subsaharien des années 1920 à nos jours).
Le séminaire a en outre été enrichi par quatre interventions extérieures : Lucile Lebrette (doctorante EHESS/IMAf), « Une recherche impliquée et appliquée ? Questionner les enjeux de positionnements quand l’accompagnement d’un demandeur d’asile devient objet d’étude » ; Luisa Tasca (Université libre de Bolzano), « Study the historian before you begin to study the facts » ; Benito Schmidt (Universidade Federal do Rio Grande do Sul), « Histoire du mouvement LGBTQI+ au Brésil : entre empathie et distance » ; Arnauld Chandivert (Université Paul-Valéry de Montpellier), « L’empathie comme ressource scientifique et cadre moral. Notes sur un projet de recherche et sur une non-enquête ».

Publications
  • Avec Jacques Revel, Une histoire inquiète. Les historiens et le tournant linguistique, Paris, Éditions Seuil-Gallimard, 2022, p. 1-392.
  • « Escrita biográfica dos séculos XIX a XX », dans A Biografia. Perspectivas teóricas, sous la dir. de Gustavo Castro, Brasilia, Editora Universidade de Brasília, 2023.
  • « Thomas Carlyle : une grandeur apocalyptique », dans Formes de l’autorité. Les grands, les chefs, les charismatiques aux XIXe et XXe siècles, 2022 : https://www.politika.io/fr/article/thomas-carlyle-grandeur-apocalyptique
  • « La guerre en Ukraine. Regard depuis la frontière européenne ». Atelier cordonné avec Jean-Yves Grenier et Gábor Sonkoly, Politika, 2023 : https://www.politika.io/fr

Dernière modification : 1 juin 2023 13:16

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Affects Anthropologie culturelle Histoire Histoire culturelle Imaginaire Mémoire Temps/temporalité
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s

Dans ce séminaire, qui croise histoire et anthropologie, nous allons poursuivre notre réflexion sur les usages et les significations de la notion d’empathie. Après avoir discuté au cours de l’année précédente de travaux qui ont questionné l’empathie en tant que proposition méthodologique, les analyses porteront sur les qualités heuristiques de l’identification et de la distanciation dans la recherche. Pour ce faire, nous allons interroger notamment les émotions, les affects, les exotismes qui circulent dans les archives, les débats et les terrains des sciences sociales. Sur ces terrains, de nos jours, des individus et des groupes opèrent une sorte de mise en scène participative de leur culture à affirmer et de leur passé parfois à réparer. Il nous semble alors intéressant d’analyser des cas significatifs de ces usages sociaux des origines où – à travers une logique de l’alternance entre un éloignement physique ou figuré et les assises, souvent imaginaires, d’un ensemble de repères familiers ou fondateurs – se croisent les thèmes de l’ailleurs, de l’autrefois, de la perte ou de l’oubli d’un monde et de son recommencement.

15 novembre 2022 : Gaetano Ciarcia, Sabina Loriga, David Schreiber,
Présentation du séminaire

6 décembre : Sabina Loriga, « La quête d’universalité de l’histoire »
Présentation d’une recherche en cours : Imma Verdù (Universitat de València), « Historia y memoria en la construcción nacional mexicana. A vueltas con los (bicentenarios) de la independencia »

3 janvier 2023 : Lucile Lebrette (doctorante EHESS/IMAF), « Une recherche impliquée et appliquée ? Questionner les enjeux de positionnements quand l’accompagnement d’un demandeur d’asile devient objet d’étude »

17 janvier : Sabina Loriga, « La crise du ‘noble rêve’ de l’objectivité »

21 février : Roberto Rossi, « Les sciences sociales entre ‘proximité’ et ‘distance’ »

21 mars : Luisa Tasca (Université libre de Bolzano), « Study the historian before you begin to study the facts »

4 avril : Sabina Loriga, « Les sciences sociales entre ‘proximité’ et ‘distance’ »

18 avril : Benito Schmidt (Universidade Federal do Rio Grande do Sul), « Histoire du mouvement LGBTQI+ au Brésil : entre empathie et distance »

16 mai : Gaetano Ciarcia, « Participation commémorative et exotisme du passé en Guadeloupe »

30 mai : Arnauld Chandivert (Université Paul-Valéry de Montpellier), « L’empathie comme ressource scientifique et cadre moral. Notes sur un projet de recherche et sur une non-enquête »

6 juin  (séance reportée au 20 juin de 10 h 30 à 12 h 30 ) : Gaetano Ciarcia, « Distanciation et identification dans le texte ethnographique » ATTENTION AU CHANGEMENT DE SALLE : 25-A

 20 juin : Gaetano Ciarcia, « Le recommencement des origines par le discours africaniste »

 

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, exposé oral, fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

par courriel.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle 25-B
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), mardi 12:30-14:30
    du 15 novembre 2022 au 20 juin 2023
    Nombre de séances : 15

    La séance du 6 juin 2023 est reporté au 20 juin (de 10 h 30 à 12 h 30)

Pour la deuxième année, nous avons continué à interroger le regain d’intérêt théorique pour la notion d’empathie en sciences sociales et, plus en général, dans l’espace public. Doit-on éprouver de l’empathie pour comprendre une société « passée » ou « lointaine » ? D’autre part, doit-on susciter de l’empathie dans l’écriture (donc dans le rapport avec les lecteurs) ? La question de l’empathie a été analysée en lien à celle plus large du rôle de la subjectivité dans la recherche. Depuis longtemps cette question hante les sciences sociales. Quelle est la juste distance vis à vis du passé ? Est-il possible de se détacher du présent pour saisir le passé, dans son altérité, ou bien on est toujours en train de projeter sur le passé nos propres fantasmes, intérêts, préjugés ? Ces thèmes ont également été déclinés au travers de l’analyse anthropologique des notions d’empathie, d’exotisme et d’ironie dans les usages mémoriels du passé de l’esclavage au Bénin, en Guadeloupe, à Bordeaux et à Nantes ainsi qu’au prisme de leurs restitutions filmiques sous formes de documentaires audiovisuels ; dans les méthodologies spontanées et/ou réfléchies des ethnologues en situations d’enquête ; dans certaines entreprises anthropologiques, littéraires et patrimoniales de reconstitution ou de mise en scènes des origines.
Trois séances ont été consacrées à la question de l’objectivité et de la subjectivité en histoire. Nous sommes partis d’un texte d’Eric Hobsbawm, « L’historien entre la quête d’universalité et la quête d’identité » (1994), dédié à la reconstruction du massacre de Civitella di Chiana (1944), qui souligne les différences d’interprétation entre les témoins et les historiens pour revendiquer le « devoir d’universalisme » de l’histoire. Ensuite, nous avons examiné la remise en discussion du « noble rêve » de l’objectivité, commencée déjà tout au long du XIXe siècle, et éclatée dans les dernières décennies du XXe siècle, à travers la lecture de certains passages de l’Historik de Johann Gustav Droysen, d’un article d’Henri Pirenne (« Une polémique historique en Allemagne », 1897), et d’un article de Hayden White (« The Politics of Historical Interpretation », 1982). Une dernière séance a été consacrée au texte fondamental de Paul Ricœur (« Objectivité et subjectivité en histoire »,1952), visant à dépasser l’opposition objectivité-subjectivité et à la formation d’une « bonne subjectivité ».
La partie anthropologique du séminaire a été consacrée à l’étude comparative des logiques participatives et identitaires observées lors de diverses enquêtes ethnographiques et de la réalisation de films documentaires sur les mémoires de l’esclavage, de la colonisation et des luttes indépendantistes au Bénin, en Guadeloupe et dans les villes de Bordeaux et Nantes. Notre réflexion a été inspirée par les travaux de Jean Jamin sur la présence à soi de l’anthropologue sur le terrain et par la publication récente, en 2021, de l’ouvrage de Ninon Chavoz sur la « tentation pathologique » à l’œuvre dans diverses entreprises d’inventaire au sein du discours africaniste (Inventorier l’Afrique. La tentation encyclopédique dans l’espace francophone subsaharien des années 1920 à nos jours).
Le séminaire a en outre été enrichi par quatre interventions extérieures : Lucile Lebrette (doctorante EHESS/IMAf), « Une recherche impliquée et appliquée ? Questionner les enjeux de positionnements quand l’accompagnement d’un demandeur d’asile devient objet d’étude » ; Luisa Tasca (Université libre de Bolzano), « Study the historian before you begin to study the facts » ; Benito Schmidt (Universidade Federal do Rio Grande do Sul), « Histoire du mouvement LGBTQI+ au Brésil : entre empathie et distance » ; Arnauld Chandivert (Université Paul-Valéry de Montpellier), « L’empathie comme ressource scientifique et cadre moral. Notes sur un projet de recherche et sur une non-enquête ».

Publications
  • Avec Jacques Revel, Une histoire inquiète. Les historiens et le tournant linguistique, Paris, Éditions Seuil-Gallimard, 2022, p. 1-392.
  • « Escrita biográfica dos séculos XIX a XX », dans A Biografia. Perspectivas teóricas, sous la dir. de Gustavo Castro, Brasilia, Editora Universidade de Brasília, 2023.
  • « Thomas Carlyle : une grandeur apocalyptique », dans Formes de l’autorité. Les grands, les chefs, les charismatiques aux XIXe et XXe siècles, 2022 : https://www.politika.io/fr/article/thomas-carlyle-grandeur-apocalyptique
  • « La guerre en Ukraine. Regard depuis la frontière européenne ». Atelier cordonné avec Jean-Yves Grenier et Gábor Sonkoly, Politika, 2023 : https://www.politika.io/fr