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UE527 - Violences de guerre et violences exterminatrices : est de l'Anatolie, Caucase et Asie centrale (1912-1924)
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
Salle A602
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
annuel / mensuel (4e), lundi 08:30-12:30
du 28 novembre 2022 au 26 juin 2023
Nombre de séances : 6La séance du 27 mars 2023 est annulée.
Séances supplémentaires le 9 mai 2023, 09:00-13:00, le 5 juin 2023, 10:00-12:00, salle A602
La séance du 26 juin est reportée au 28 juin de 15 h à 18 h, salle A602
Description
Dernière modification : 23 juin 2023 12:08
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Histoire
- Page web
- -
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Génocides (études des) Guerre Violence
- Aires culturelles
- Asie centrale Russie Turc (domaine)
Intervenant·e·s
- Cloé Drieu [référent·e] chargée de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
- Claire Mouradian directrice de recherche (retraité·e), CNRS / Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC)
- Alexandre Toumarkine professeur des universités, INaLCO
Ce séminaire se focalisera sur les marges d’empires (est de l’Anatolie, Caucase et Asie centrale en particulier) durant cette longue Première Guerre mondiale (Greater War), allant du début des Guerres balkaniques (1912) aux années 1923-1924, qui marquent l’émergence de nouveaux États modernes (République de Turquie et républiques soviétiques du Caucase et d’Asie centrale). Ces deux grands ensembles régionaux, encore peu étudiés par les recherches occidentales sur le Premier conflit mondial comme par celles portant sur l’histoire du fait colonial et impérial, possèdent des caractéristiques communes : ils sont géographiquement situés à la confluence de grands empires continentaux (ottoman, russe, chinois, perse) ; ils connaissent politiquement une période de transition d’une extrême violence pour les populations civiles et militaires, passant d’une situation impériale et coloniale à des États ethno-nationaux fortement assimilateurs ; ils peuvent être pensés comme des théâtres périphériques et secondaires de la Grande Guerre dans le sens où ils ne constituent que partiellement des zones de front alors que leurs populations minoritaires bénéficient d’une faible intégration dans les armées impériales (elles échappent majoritairement à la conscription militaire pour servir dans des bataillons de travail) ; ils sont au cœur d’un phénomène milicien et paramilitaire fondamental dans la perpétration de crimes et de violences exterminatrices de masse (génocide, nettoyages ethniques). Le séminaire s’interrogera sur ces violences exterminatrices (conditions d’émergence, modalités…) et sur les témoignages et récits qui en sont faits.
Lundi 28 novembre 2022 : « Journal d’un prêtre, Issyk-Kul, 1916 : échapper aux révoltes et en faire l’ethnographie » (en collaboration avec l’IFEAC)
- Cloé Drieu, « Introduction générale »
- Xavier Hallez, « Réflexion sur les violences et l’organisation de la révolte des Kirghiz à partir du journal »
- Niccolo Pianciola, « La culture de l’opium en Asie centrale et ses enjeux en 1916 »
- Alexandre Toumarkine, « Asya’da Bes Türk (Ötüken, Istanbul, 1999) Souvenirs de Adil Hikmet Bey en Asie centrale pendant les révoltes de 1916 »
Discussion générale : Nikos Sigalas et Claire Mouradian
Lundi 23 janvier 2023 : Trajectoires de chefs de guerre (Anatolie, Balkans, Caucase, Asie centrale) (1)
- Claire Mouradian, « Portraits de chefs de guerre arméniens Antranik Ozanian (1865-1927) et Dro Khanayan (1884-1956) : lutte armée révolutionnaire, guerre des partisans et autonomie nationale »
- Taline Ter Minassian, « Rouben Ter Minassian et ses activités de fedayin en Anatolie telles que relatées dans ses mémoires »
Mardi 24 janvier 2023, de 14 h 30 à 18 h (salle A602)
Lundi 27 février 2023 : Trajectoires de chefs de guerre (Anatolie, Balkans, Caucase, Asie centrale) (2)
- Tetsu Akiyama (Hokkaido University of Education, Kushiro), « Why I had to write a biography of Qirghiz batyr, Shabdan? Achievements and remaining issues »
- Nikos Sigalas, « La guerre des bandes en région pontique à partir des biographies du métropolite d’Amasya Karavangelis (1866-1935) et de Topal Osman (1884-1924) »
- Alexandre Toumarkine, « L’Organisation spéciale et après : Fuat Balkan (1887-1970) et Ethem le Tcherkesse (1886-1948) »
Lundi 27 mars 2023 : Justifier, nier et occulter le génocide en Turquie
- Emmanuel Szurek et Zeynep Ertugrul, « Comment on parle du génocide dans la Turquie des années 1930 : les cas des Fêtes de la langue »
- Adnan Çelik, « L’arme judiciaire du négationnisme en Turquie : une étude de cas autour de certains procès à Diyarbakir »
Lundi 22 mai 2023 : Quelle responsabilité de l’armée dans les violences de masse
- Alexandre Toumarkine, « Ahmet İzzet Paşa face à l’extermination des Arméniens »
- Nikos Sigalas, « Deux commandants successifs de la IIIe armée ottomane : Mahmud Kâmil Pacha et Vehib Pacha »
- Ozan Arslan, « Quelle responsabilité pour le ministre de la guerre Enver Pacha dans les violences de masse ? »
Lundi 5 juin 2023 : séance supplémentaire
Lundi 26 juin 2023 : Les commissions d’enquête sur les crimes de guerre de 1918-1919 : corpus, informations, méthode
- Nikos Sigalas et Alexandre Toumarkine, « La commission Mazhar (novembre 1918-printemps 1919) : une institution d’investigation sur les crimes de guerre ottoman »
- Özgür Türesay, « La presse ottomane, une vitrine des commissions d’enquête et des procès de 1918-1919 »
Master
-
Séminaires de recherche
– Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral, fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
Cloé Drieu, sur rendez-vous.
- Réception des candidats
- -
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Le séminaire Shatterzone s’est consacré cette année, d’une part, à des portraits et trajectoires de chefs de guerre ou figures d’autorité et, d’autre part, sur les responsabilités des différents acteurs dans la commission de violences de masse. Une première séance, organisée le 28 novembre 2022 en collaboration avec l’Institut Français d’Études sur l’Asie centrale, a porté sur Le Journal d’un prêtre Shemanovskii : échapper aux révoltes et en faire l’ethnographie (Issyk-Kul, 1916) en vue de la préparation d’une publication dans le cadre de l’ANR Shatterzone. Après une introduction générale de Cloé Drieu, Xavier Hallez s’est interrogé sur la nature et l’organisation de la révolte des Kirghizes à partir du journal ; Niccolo Pianciola a insisté sur l’importance de la culture de l’opium en Asie centrale et sur ses enjeux en 1916 ; Alexandre Toumarkine a présenté et analysé les souvenirs de Adil Hikmet Bey, qui est au service de l’empire ottoman et qui se rend en Asie centrale pendant les révoltes de 1916 (Asya’da Bes Türk, Ötüken, Istanbul, 1999).
Les deux séances suivantes (23 janvier et 27 février) ont porté sur les trajectoires de plusieurs chefs de guerre originaires d’Anatolie, des Balkans, du Caucase ou d’Asie centrale : Claire Mouradian s’est intéressée aux chefs de guerre arméniens tels Antranik Ozanian (1865-1927) et Dro Khanayan (1884-1956), pris dans une lutte armée révolutionnaire, une guerre de partisans et un combat pour l’autonomie nationale ; Taline Ter Minassian, quant à elle, a fait le portrait de son arrière-grand-père, Rouben Ter Minassian, et de ses activités de fedayin en Anatolie telles qu’elles furent relatées dans ses Mémoires d’un partisan arménien : fragments (Paris, L’Aube, 1998) ; Nikos Sigalas s’est centré sur la guerre des bandes dans la région du Pont à partir des biographies du métropolite d’Amasya Karavangelis (1866-1935) et de Topal Osman (1884-1924) ; Alexandre Toumarkine a porté son analyse sur l’Organisation spéciale à travers deux biographies, celles de Fuat Balkan (1887-1970) et de Ethem le Tcherkesse (1886-1948) ; enfin, Tetsu Akiyama (Université d’Hokkaido) s’est questionné sur la manière dont était écrite la biographie du Kirghiz Shabdan batyr, notable reconnu de l’Empire russe, et à la trajectoire de ses fils dont plusieurs se sont révoltés en 1916 contre l’Empire. Une séance sur 1916 a également été animée par Ian Campbell, chercheur invité par le CERCEC, « Nationalizing Violence in a Collapsing Empire: The Case of Turgai Oblast, 1916-17 » (5 juin).
Une autre thématique développée dans le séminaire cette année a concerné la question des responsabilités de l’armée dans les violences de masse (22 mai) avec Alexandre Toumarkine qui est intervenu sur Ahmet İzzet Paşa face à l’extermination des Arméniens et Nikos Sigalas au sujet de Mahmud Kâmil Pacha et Vehib Pacha, deux commandants successifs de la IIIe armée ottomane. Les questions du crime de génocide et de sa négation en Turquie ont fait l’objet d’une séance spécifique (9 mai) « Justifier, nier et occulter le génocide en Turquie » avec Emmanuel Szurek et Zeynep Ertugrul qui ont analysé la façon dont était abordée la question du génocide dans la Turquie des années 1930 au cours des Fêtes de la langue spécifiquement ; Adnan Çelik a pour sa part développé cette réflexion à la période actuelle, en s’interrogeant sur la forme judiciaire du négationnisme d’État en Turquie aujourd’hui à partir d’une étude de cas autour de plusieurs procès pour « atteinte à la turcité » qui ont eu lieu à Diyarbakir ces dernières années.
Le séminaire s’est clos (28 juin) sur la présentation de Ourania Lampsidou, L’Autobiographie de mon père (Athènes, Gavriilidis, 2014) par Loic Marcou, qui l’a traduit du grec et qui doit être publié prochainement aux éditions Pétra, dans le cadre du projet Shatterzone ; la discussion a également portée sur son texte d’introduction et la préface historique écrite par Nikos Sigalas.
Dernière modification : 23 juin 2023 12:08
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Histoire
- Page web
- -
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Génocides (études des) Guerre Violence
- Aires culturelles
- Asie centrale Russie Turc (domaine)
Intervenant·e·s
- Cloé Drieu [référent·e] chargée de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
- Claire Mouradian directrice de recherche (retraité·e), CNRS / Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC)
- Alexandre Toumarkine professeur des universités, INaLCO
Ce séminaire se focalisera sur les marges d’empires (est de l’Anatolie, Caucase et Asie centrale en particulier) durant cette longue Première Guerre mondiale (Greater War), allant du début des Guerres balkaniques (1912) aux années 1923-1924, qui marquent l’émergence de nouveaux États modernes (République de Turquie et républiques soviétiques du Caucase et d’Asie centrale). Ces deux grands ensembles régionaux, encore peu étudiés par les recherches occidentales sur le Premier conflit mondial comme par celles portant sur l’histoire du fait colonial et impérial, possèdent des caractéristiques communes : ils sont géographiquement situés à la confluence de grands empires continentaux (ottoman, russe, chinois, perse) ; ils connaissent politiquement une période de transition d’une extrême violence pour les populations civiles et militaires, passant d’une situation impériale et coloniale à des États ethno-nationaux fortement assimilateurs ; ils peuvent être pensés comme des théâtres périphériques et secondaires de la Grande Guerre dans le sens où ils ne constituent que partiellement des zones de front alors que leurs populations minoritaires bénéficient d’une faible intégration dans les armées impériales (elles échappent majoritairement à la conscription militaire pour servir dans des bataillons de travail) ; ils sont au cœur d’un phénomène milicien et paramilitaire fondamental dans la perpétration de crimes et de violences exterminatrices de masse (génocide, nettoyages ethniques). Le séminaire s’interrogera sur ces violences exterminatrices (conditions d’émergence, modalités…) et sur les témoignages et récits qui en sont faits.
Lundi 28 novembre 2022 : « Journal d’un prêtre, Issyk-Kul, 1916 : échapper aux révoltes et en faire l’ethnographie » (en collaboration avec l’IFEAC)
- Cloé Drieu, « Introduction générale »
- Xavier Hallez, « Réflexion sur les violences et l’organisation de la révolte des Kirghiz à partir du journal »
- Niccolo Pianciola, « La culture de l’opium en Asie centrale et ses enjeux en 1916 »
- Alexandre Toumarkine, « Asya’da Bes Türk (Ötüken, Istanbul, 1999) Souvenirs de Adil Hikmet Bey en Asie centrale pendant les révoltes de 1916 »
Discussion générale : Nikos Sigalas et Claire Mouradian
Lundi 23 janvier 2023 : Trajectoires de chefs de guerre (Anatolie, Balkans, Caucase, Asie centrale) (1)
- Claire Mouradian, « Portraits de chefs de guerre arméniens Antranik Ozanian (1865-1927) et Dro Khanayan (1884-1956) : lutte armée révolutionnaire, guerre des partisans et autonomie nationale »
- Taline Ter Minassian, « Rouben Ter Minassian et ses activités de fedayin en Anatolie telles que relatées dans ses mémoires »
Mardi 24 janvier 2023, de 14 h 30 à 18 h (salle A602)
Lundi 27 février 2023 : Trajectoires de chefs de guerre (Anatolie, Balkans, Caucase, Asie centrale) (2)
- Tetsu Akiyama (Hokkaido University of Education, Kushiro), « Why I had to write a biography of Qirghiz batyr, Shabdan? Achievements and remaining issues »
- Nikos Sigalas, « La guerre des bandes en région pontique à partir des biographies du métropolite d’Amasya Karavangelis (1866-1935) et de Topal Osman (1884-1924) »
- Alexandre Toumarkine, « L’Organisation spéciale et après : Fuat Balkan (1887-1970) et Ethem le Tcherkesse (1886-1948) »
Lundi 27 mars 2023 : Justifier, nier et occulter le génocide en Turquie
- Emmanuel Szurek et Zeynep Ertugrul, « Comment on parle du génocide dans la Turquie des années 1930 : les cas des Fêtes de la langue »
- Adnan Çelik, « L’arme judiciaire du négationnisme en Turquie : une étude de cas autour de certains procès à Diyarbakir »
Lundi 22 mai 2023 : Quelle responsabilité de l’armée dans les violences de masse
- Alexandre Toumarkine, « Ahmet İzzet Paşa face à l’extermination des Arméniens »
- Nikos Sigalas, « Deux commandants successifs de la IIIe armée ottomane : Mahmud Kâmil Pacha et Vehib Pacha »
- Ozan Arslan, « Quelle responsabilité pour le ministre de la guerre Enver Pacha dans les violences de masse ? »
Lundi 5 juin 2023 : séance supplémentaire
Lundi 26 juin 2023 : Les commissions d’enquête sur les crimes de guerre de 1918-1919 : corpus, informations, méthode
- Nikos Sigalas et Alexandre Toumarkine, « La commission Mazhar (novembre 1918-printemps 1919) : une institution d’investigation sur les crimes de guerre ottoman »
- Özgür Türesay, « La presse ottomane, une vitrine des commissions d’enquête et des procès de 1918-1919 »
-
Séminaires de recherche
– Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral, fiche de lecture
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
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- Direction de travaux des étudiants
Cloé Drieu, sur rendez-vous.
- Réception des candidats
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- Pré-requis
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-
Bâtiment EHESS-Condorcet
Salle A602
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
annuel / mensuel (4e), lundi 08:30-12:30
du 28 novembre 2022 au 26 juin 2023
Nombre de séances : 6La séance du 27 mars 2023 est annulée.
Séances supplémentaires le 9 mai 2023, 09:00-13:00, le 5 juin 2023, 10:00-12:00, salle A602
La séance du 26 juin est reportée au 28 juin de 15 h à 18 h, salle A602
Le séminaire Shatterzone s’est consacré cette année, d’une part, à des portraits et trajectoires de chefs de guerre ou figures d’autorité et, d’autre part, sur les responsabilités des différents acteurs dans la commission de violences de masse. Une première séance, organisée le 28 novembre 2022 en collaboration avec l’Institut Français d’Études sur l’Asie centrale, a porté sur Le Journal d’un prêtre Shemanovskii : échapper aux révoltes et en faire l’ethnographie (Issyk-Kul, 1916) en vue de la préparation d’une publication dans le cadre de l’ANR Shatterzone. Après une introduction générale de Cloé Drieu, Xavier Hallez s’est interrogé sur la nature et l’organisation de la révolte des Kirghizes à partir du journal ; Niccolo Pianciola a insisté sur l’importance de la culture de l’opium en Asie centrale et sur ses enjeux en 1916 ; Alexandre Toumarkine a présenté et analysé les souvenirs de Adil Hikmet Bey, qui est au service de l’empire ottoman et qui se rend en Asie centrale pendant les révoltes de 1916 (Asya’da Bes Türk, Ötüken, Istanbul, 1999).
Les deux séances suivantes (23 janvier et 27 février) ont porté sur les trajectoires de plusieurs chefs de guerre originaires d’Anatolie, des Balkans, du Caucase ou d’Asie centrale : Claire Mouradian s’est intéressée aux chefs de guerre arméniens tels Antranik Ozanian (1865-1927) et Dro Khanayan (1884-1956), pris dans une lutte armée révolutionnaire, une guerre de partisans et un combat pour l’autonomie nationale ; Taline Ter Minassian, quant à elle, a fait le portrait de son arrière-grand-père, Rouben Ter Minassian, et de ses activités de fedayin en Anatolie telles qu’elles furent relatées dans ses Mémoires d’un partisan arménien : fragments (Paris, L’Aube, 1998) ; Nikos Sigalas s’est centré sur la guerre des bandes dans la région du Pont à partir des biographies du métropolite d’Amasya Karavangelis (1866-1935) et de Topal Osman (1884-1924) ; Alexandre Toumarkine a porté son analyse sur l’Organisation spéciale à travers deux biographies, celles de Fuat Balkan (1887-1970) et de Ethem le Tcherkesse (1886-1948) ; enfin, Tetsu Akiyama (Université d’Hokkaido) s’est questionné sur la manière dont était écrite la biographie du Kirghiz Shabdan batyr, notable reconnu de l’Empire russe, et à la trajectoire de ses fils dont plusieurs se sont révoltés en 1916 contre l’Empire. Une séance sur 1916 a également été animée par Ian Campbell, chercheur invité par le CERCEC, « Nationalizing Violence in a Collapsing Empire: The Case of Turgai Oblast, 1916-17 » (5 juin).
Une autre thématique développée dans le séminaire cette année a concerné la question des responsabilités de l’armée dans les violences de masse (22 mai) avec Alexandre Toumarkine qui est intervenu sur Ahmet İzzet Paşa face à l’extermination des Arméniens et Nikos Sigalas au sujet de Mahmud Kâmil Pacha et Vehib Pacha, deux commandants successifs de la IIIe armée ottomane. Les questions du crime de génocide et de sa négation en Turquie ont fait l’objet d’une séance spécifique (9 mai) « Justifier, nier et occulter le génocide en Turquie » avec Emmanuel Szurek et Zeynep Ertugrul qui ont analysé la façon dont était abordée la question du génocide dans la Turquie des années 1930 au cours des Fêtes de la langue spécifiquement ; Adnan Çelik a pour sa part développé cette réflexion à la période actuelle, en s’interrogeant sur la forme judiciaire du négationnisme d’État en Turquie aujourd’hui à partir d’une étude de cas autour de plusieurs procès pour « atteinte à la turcité » qui ont eu lieu à Diyarbakir ces dernières années.
Le séminaire s’est clos (28 juin) sur la présentation de Ourania Lampsidou, L’Autobiographie de mon père (Athènes, Gavriilidis, 2014) par Loic Marcou, qui l’a traduit du grec et qui doit être publié prochainement aux éditions Pétra, dans le cadre du projet Shatterzone ; la discussion a également portée sur son texte d’introduction et la préface historique écrite par Nikos Sigalas.