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UE476 - Politiques de la visibilité


Lieu et planning


  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Walter-Benjamin
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 18:00-20:00
    du 2 mars 2023 au 8 juin 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 19 mai 2022 10:14

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
http://imagesociale.fr/ 
Langues
français
Mots-clés
Culture visuelle Mouvements sociaux
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • André Gunthert [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

La visibilité des minorités est devenue un enjeu crucial des productions culturelles. À partir des revendications des politiques de l’identité, la mesure des inégalités de genre, de race ou de classe ou l’incitation à la diversité dans les grands médias sont devenus des moyens d’action des politiques publiques. Utilisées de longue date en publicité, les ressources des modèles culturels sont mises à profit dans la recherche de nouveaux publics. Les polémiques ou les paniques morales suscitées par ces évolutions contribuent à redessiner les frontières du débat social. On interrogera les soubassements théoriques et les présupposés normatifs à l’œuvre dans ces démarches. Sur quelles bases s’est construite la conviction de la performativité des modèles culturels ? Quel est le rôle de la fabrique de l’imaginaire sur la perception du monde social ? Les nouveaux médias contribuent-ils aux transferts de visibilité ? Au-delà des questions de représentation, la revendication identitaire rebat les cartes des équilibres politiques et questionne la répartition des rôles sociaux.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

entretiens sur rendez-vous le jeudi après-midi.

Direction de travaux des étudiants

entretiens sur rendez-vous le jeudi après-midi.

Réception des candidats

entretiens sur rendez-vous le jeudi après-midi.

Pré-requis
-

Compte rendu


Depuis le milieu du XXe siècle, les luttes sociales se déplacent du terrain politique vers le champ culturel. Des paniques morales provoquées par les nouvelles formes de musique populaire décrites par Stanley Cohen aux accusations de « cancel culture » lancées par les médias conservateurs en passant par l’interrogation de l’identité raciale des acteurs et actrices de productions culturelles en vue, les débats publics se multiplient qui font des pratiques culturelles autant de scènes de conflits politiques et sociaux. Cette exploitation d’une visibilité symbolique accompagne la montée de nouveaux mouvements pour la défense des droits de groupes minoritaires – femmes, noirs, jeunes, homosexuels, etc. –, dont l'activité se déploie en dehors des logiques partisanes traditionnelles.

Elle traduit également les avancées des études critiques, qui contribuent à redéfinir les revendications de justice sociale autour de la notion de reconnaissance (Axel Honneth, Nancy Fraser), tout en proposant une critique de la normativité des productions culturelles (Laura Mulvey, Stuart Hall). La définition d’un « male gaze » dans le cinéma hollywoodien illustre l’invention de nouvelles approches des questions de visibilité sociale. Plus largement, les industries culturelles apparaissent comme un terrain où exercer la critique des stéréotypes sociaux – ou à l’inverse comme un espace de discrimination positive susceptible de favoriser la reconnaissance des minorités. Dans le prolongement de l'étude des formes culturelles de la représentation politique (Louis Marin) ou de la propagande de masse (Jean-Pierre Bertin-Maghit), l'objectif du séminaire est de proposer un cadre d’analyse permettant de relier ces différents phénomènes, qui font de la visibilité culturelle un nouvel outil d’engagement et d’action.

Nous sommes d’abord revenus sur la sociologie des paniques morales (Stanley Cohen), définies comme recontextualisation de pratiques culturelles critiquées pour leur signification sociale supposée. Cette activité de commentaire à vocation polémique témoigne de la dimension extradiégétique de la politisation du fait culturel. Dans le même ordre d’idées, les luttes sociales appuyées sur la visibilité de représentants emblématiques (le rôle d'actrices célèbres dans le déclenchement du mouvement #Metoo en 2017), ou à l’inverse la remise en cause de la consécration d’artistes controversés (César attribué au cinéaste Roman Polanski en 2020), montrent comment la notoriété culturelle favorise la médiatisation de nouvelles thématiques sociales (violences sexistes et sexuelles, combat contre la pédopornographie).

Un autre espace de négociation de la visibilité est offert par les divers exemples de questionnement de l’incarnation, qui vont de la critique de l’identité raciale d’acteurs et d’actrices de films ou de pièces de théâtre à la présentation militante de soi d'identités minoritaires par le biais de l'automédiation sur Instagram. Il existe également de nombreuses formes d’interrogation des stéréotypes de genre (gay Pride, image d’homme enceint pour illustrer la transidentité, etc.), ou à l’inverse de mobilisations provoquées par ces remises en question. Les travaux d’Erving Goffman apportent des outils d’analyse précieux à l'examen de discours qui situent la reconnaissance culturelle dans un champ intermédiaire entre la représentation diégétique et l’espace extradiégétique.

Les pratiques culturelles peuvent-elle être vues comme un terrain alternatif de l’action sociale ? Les exemples de « backlash » ou d’échec des tentatives d’alerte montrent que la visibilité n’est pas synonyme de légitimité. Plutôt qu’à une théorie de l’influence des médias de nature technique, qui a fait retour depuis l'émergence des médias numériques, il faut constater l’interaction complexe des systèmes de valorisation politique, médiatique et culturel. Dans un contexte de remise en question des hiérarchies identitaires traditionnelles, les acteurs sociaux recourent à une stratégie d’intensification des controverses qui déborde la rationalité et investit le terrain de l’imaginaire.

Dernière modification : 19 mai 2022 10:14

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
http://imagesociale.fr/ 
Langues
français
Mots-clés
Culture visuelle Mouvements sociaux
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • André Gunthert [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

La visibilité des minorités est devenue un enjeu crucial des productions culturelles. À partir des revendications des politiques de l’identité, la mesure des inégalités de genre, de race ou de classe ou l’incitation à la diversité dans les grands médias sont devenus des moyens d’action des politiques publiques. Utilisées de longue date en publicité, les ressources des modèles culturels sont mises à profit dans la recherche de nouveaux publics. Les polémiques ou les paniques morales suscitées par ces évolutions contribuent à redessiner les frontières du débat social. On interrogera les soubassements théoriques et les présupposés normatifs à l’œuvre dans ces démarches. Sur quelles bases s’est construite la conviction de la performativité des modèles culturels ? Quel est le rôle de la fabrique de l’imaginaire sur la perception du monde social ? Les nouveaux médias contribuent-ils aux transferts de visibilité ? Au-delà des questions de représentation, la revendication identitaire rebat les cartes des équilibres politiques et questionne la répartition des rôles sociaux.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

entretiens sur rendez-vous le jeudi après-midi.

Direction de travaux des étudiants

entretiens sur rendez-vous le jeudi après-midi.

Réception des candidats

entretiens sur rendez-vous le jeudi après-midi.

Pré-requis
-
  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Walter-Benjamin
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 18:00-20:00
    du 2 mars 2023 au 8 juin 2023
    Nombre de séances : 12

Depuis le milieu du XXe siècle, les luttes sociales se déplacent du terrain politique vers le champ culturel. Des paniques morales provoquées par les nouvelles formes de musique populaire décrites par Stanley Cohen aux accusations de « cancel culture » lancées par les médias conservateurs en passant par l’interrogation de l’identité raciale des acteurs et actrices de productions culturelles en vue, les débats publics se multiplient qui font des pratiques culturelles autant de scènes de conflits politiques et sociaux. Cette exploitation d’une visibilité symbolique accompagne la montée de nouveaux mouvements pour la défense des droits de groupes minoritaires – femmes, noirs, jeunes, homosexuels, etc. –, dont l'activité se déploie en dehors des logiques partisanes traditionnelles.

Elle traduit également les avancées des études critiques, qui contribuent à redéfinir les revendications de justice sociale autour de la notion de reconnaissance (Axel Honneth, Nancy Fraser), tout en proposant une critique de la normativité des productions culturelles (Laura Mulvey, Stuart Hall). La définition d’un « male gaze » dans le cinéma hollywoodien illustre l’invention de nouvelles approches des questions de visibilité sociale. Plus largement, les industries culturelles apparaissent comme un terrain où exercer la critique des stéréotypes sociaux – ou à l’inverse comme un espace de discrimination positive susceptible de favoriser la reconnaissance des minorités. Dans le prolongement de l'étude des formes culturelles de la représentation politique (Louis Marin) ou de la propagande de masse (Jean-Pierre Bertin-Maghit), l'objectif du séminaire est de proposer un cadre d’analyse permettant de relier ces différents phénomènes, qui font de la visibilité culturelle un nouvel outil d’engagement et d’action.

Nous sommes d’abord revenus sur la sociologie des paniques morales (Stanley Cohen), définies comme recontextualisation de pratiques culturelles critiquées pour leur signification sociale supposée. Cette activité de commentaire à vocation polémique témoigne de la dimension extradiégétique de la politisation du fait culturel. Dans le même ordre d’idées, les luttes sociales appuyées sur la visibilité de représentants emblématiques (le rôle d'actrices célèbres dans le déclenchement du mouvement #Metoo en 2017), ou à l’inverse la remise en cause de la consécration d’artistes controversés (César attribué au cinéaste Roman Polanski en 2020), montrent comment la notoriété culturelle favorise la médiatisation de nouvelles thématiques sociales (violences sexistes et sexuelles, combat contre la pédopornographie).

Un autre espace de négociation de la visibilité est offert par les divers exemples de questionnement de l’incarnation, qui vont de la critique de l’identité raciale d’acteurs et d’actrices de films ou de pièces de théâtre à la présentation militante de soi d'identités minoritaires par le biais de l'automédiation sur Instagram. Il existe également de nombreuses formes d’interrogation des stéréotypes de genre (gay Pride, image d’homme enceint pour illustrer la transidentité, etc.), ou à l’inverse de mobilisations provoquées par ces remises en question. Les travaux d’Erving Goffman apportent des outils d’analyse précieux à l'examen de discours qui situent la reconnaissance culturelle dans un champ intermédiaire entre la représentation diégétique et l’espace extradiégétique.

Les pratiques culturelles peuvent-elle être vues comme un terrain alternatif de l’action sociale ? Les exemples de « backlash » ou d’échec des tentatives d’alerte montrent que la visibilité n’est pas synonyme de légitimité. Plutôt qu’à une théorie de l’influence des médias de nature technique, qui a fait retour depuis l'émergence des médias numériques, il faut constater l’interaction complexe des systèmes de valorisation politique, médiatique et culturel. Dans un contexte de remise en question des hiérarchies identitaires traditionnelles, les acteurs sociaux recourent à une stratégie d’intensification des controverses qui déborde la rationalité et investit le terrain de l’imaginaire.