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UE461 - Parole et pollution (littérature, écologie, politique)
Lieu et planning
-
Campus Condorcet-Centre de colloques
Salle polyvalente 50
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
1er semestre / hebdomadaire, mardi 12:30-14:30
du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
Nombre de séances : 12Séance supplémentaire le 14 février 2023, 12:30-14:30, salle 50, bâtiment EHESS, Campus Condorcet
Description
Dernière modification : 16 janvier 2023 09:33
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Signes, formes, représentations
- Page web
- -
- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Environnement Littérature Politique Vivant
- Aires culturelles
- -
Intervenant·e·s
- Marielle Macé [référent·e] directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
Ce séminaire propose de réfléchir à la question de la parole (de ses enjeux, de son partage ou de son gâchis) en termes écologiques. Parce que l’état de nos environnements (naturels, sociaux et politiques) dépend aussi de la manière dont on parle, dont on en parle et dont on se parle : signes et déchets de signes, phrases et déchets de phrases « composent » littéralement nos milieux de vie.
On explorera plusieurs pensées de « ce que parler veut dire » : Klemperer, Certeau, Bourdieu, Spivak, Latour, Fred Moten… On se demandera comment cette question de la parole (qui parle ? comment ? à qui ? au nom de qui ? qui ne parle jamais ?) a changé, et pourquoi elle se pose aujourd’hui de façon particulièrement aiguë, notamment dans l’espace politique.
On se mettra à l’écoute de la littérature récente, souvent dans ses voix féminines. On prendra au sérieux l’effort des poètes et de leur propre travail en ces matières. Et l’on suggérera que cette question réclame un réengagement : la parole est peut-être l’une des « régions » les plus polluées de la planète, et parler pourrait bien faire partie de nos responsabilités écologiques immédiates.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Formes et objets
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – Travail personnel écrit
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
contact par courriel : marielle.mace@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
sur rendez-vous.
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Le séminaire est parti d’une réflexion sur le sentiment d’une parole polluée, abîmée, ou « confisquée » (dans la lignée d'un texte paru dans AOC en 2021: M. macé, « Parole et pollution »), afin de proposer une perspective écologique sur la question de la parole, conçue comme une région partagée, à la fois féconde et vulnérable, dont il s’agit de prendre soin.
On a observé la généalogie de ce sentiment, dans des textes de philologie engagée (Klemperer, Canetti), dans une histoire de la défiance moderne à l'égard de la langue, et cherché des alliés pour cerner l’idée d’un « parler pour de bon », d'un « parler quand on parle ». On les a trouvé du côté de la littérature, chez des poètes (comme Ponge ou Novarina) qui placent au centre de leur œuvre cette attente (ou cette peur) considérable quant à la parole, et creusent le mystère de parler, l’étonnement qu’il y a à parler ; et chez des philosophes (Foucault, Barbara Cassin) qui observent des scènes de parler-vrai, de franc-parler, de puissance de la parole.
Le parcours du séminaire a pris pour parti de retarder le moment de l’étude de la « prise de parole » proprement dite et des réflexions sur les rapports entre parole et émancipation, qui semblent très présentes aujourd'hui, afin de creuser d’abord le fait même de la parole,de ses contours, de ses différentes dimensions, et non le seul événement de sa « prise ». On a étudiéen particulier la question de l’adresse, du « parler à », dans ses enjeux formels et ses enjeux éthiques – en s’arrêtant notamment sur le cas-limite de l’adresse aux morts. On a étudié la notion de conversation, dans toutes ses dimension. On a observé la manière dont la pensée contemporaine entend donner (ou concéder) « la parole aux animaux », et élargir le « parlement des vivants », ce qui pose toutes sortes de questions sémiotiques, juridiques, éthiques). On a insisté, grâce à des œuvres de Certeau, Rouch, Pasolini, sur le bonheur qu’il y a à parler, et sur ce que cette expérience a d’imprenable – dans une parole émouvante et émue, vulnérable, fragile, confuse, surprenante.
C’est alors seulement que l’on a observé, sur pièces (notamment dans des corpus de doléances et de discours publics), et en s’appuyant sur les réflexions de Bourdieu, Spivak, Rancière, Butler, la question de la prise de parole, de la conquête d’une voix, et de la conception de l’émancipation ou des violences que cela recouvre. On a conclu le séminaire en réfléchissant, avec Marguerite Duras notamment, à la pérennité d’une triade femmes-parole-silence, et à l’ouverture de la question de la parole à une politique de l’écoute.
Dernière modification : 16 janvier 2023 09:33
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Signes, formes, représentations
- Page web
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- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Environnement Littérature Politique Vivant
- Aires culturelles
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Intervenant·e·s
- Marielle Macé [référent·e] directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
Ce séminaire propose de réfléchir à la question de la parole (de ses enjeux, de son partage ou de son gâchis) en termes écologiques. Parce que l’état de nos environnements (naturels, sociaux et politiques) dépend aussi de la manière dont on parle, dont on en parle et dont on se parle : signes et déchets de signes, phrases et déchets de phrases « composent » littéralement nos milieux de vie.
On explorera plusieurs pensées de « ce que parler veut dire » : Klemperer, Certeau, Bourdieu, Spivak, Latour, Fred Moten… On se demandera comment cette question de la parole (qui parle ? comment ? à qui ? au nom de qui ? qui ne parle jamais ?) a changé, et pourquoi elle se pose aujourd’hui de façon particulièrement aiguë, notamment dans l’espace politique.
On se mettra à l’écoute de la littérature récente, souvent dans ses voix féminines. On prendra au sérieux l’effort des poètes et de leur propre travail en ces matières. Et l’on suggérera que cette question réclame un réengagement : la parole est peut-être l’une des « régions » les plus polluées de la planète, et parler pourrait bien faire partie de nos responsabilités écologiques immédiates.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
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Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Formes et objets
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – Travail personnel écrit
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
contact par courriel : marielle.mace@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
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- Réception des candidats
sur rendez-vous.
- Pré-requis
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Campus Condorcet-Centre de colloques
Salle polyvalente 50
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
1er semestre / hebdomadaire, mardi 12:30-14:30
du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
Nombre de séances : 12Séance supplémentaire le 14 février 2023, 12:30-14:30, salle 50, bâtiment EHESS, Campus Condorcet
Le séminaire est parti d’une réflexion sur le sentiment d’une parole polluée, abîmée, ou « confisquée » (dans la lignée d'un texte paru dans AOC en 2021: M. macé, « Parole et pollution »), afin de proposer une perspective écologique sur la question de la parole, conçue comme une région partagée, à la fois féconde et vulnérable, dont il s’agit de prendre soin.
On a observé la généalogie de ce sentiment, dans des textes de philologie engagée (Klemperer, Canetti), dans une histoire de la défiance moderne à l'égard de la langue, et cherché des alliés pour cerner l’idée d’un « parler pour de bon », d'un « parler quand on parle ». On les a trouvé du côté de la littérature, chez des poètes (comme Ponge ou Novarina) qui placent au centre de leur œuvre cette attente (ou cette peur) considérable quant à la parole, et creusent le mystère de parler, l’étonnement qu’il y a à parler ; et chez des philosophes (Foucault, Barbara Cassin) qui observent des scènes de parler-vrai, de franc-parler, de puissance de la parole.
Le parcours du séminaire a pris pour parti de retarder le moment de l’étude de la « prise de parole » proprement dite et des réflexions sur les rapports entre parole et émancipation, qui semblent très présentes aujourd'hui, afin de creuser d’abord le fait même de la parole,de ses contours, de ses différentes dimensions, et non le seul événement de sa « prise ». On a étudiéen particulier la question de l’adresse, du « parler à », dans ses enjeux formels et ses enjeux éthiques – en s’arrêtant notamment sur le cas-limite de l’adresse aux morts. On a étudié la notion de conversation, dans toutes ses dimension. On a observé la manière dont la pensée contemporaine entend donner (ou concéder) « la parole aux animaux », et élargir le « parlement des vivants », ce qui pose toutes sortes de questions sémiotiques, juridiques, éthiques). On a insisté, grâce à des œuvres de Certeau, Rouch, Pasolini, sur le bonheur qu’il y a à parler, et sur ce que cette expérience a d’imprenable – dans une parole émouvante et émue, vulnérable, fragile, confuse, surprenante.
C’est alors seulement que l’on a observé, sur pièces (notamment dans des corpus de doléances et de discours publics), et en s’appuyant sur les réflexions de Bourdieu, Spivak, Rancière, Butler, la question de la prise de parole, de la conquête d’une voix, et de la conception de l’émancipation ou des violences que cela recouvre. On a conclu le séminaire en réfléchissant, avec Marguerite Duras notamment, à la pérennité d’une triade femmes-parole-silence, et à l’ouverture de la question de la parole à une politique de l’écoute.