UE449 - Migrations et migrants dans la Méditerranée antique

• INHA
  2 rue Vivienne 75002 Paris
  annuel / hebdomadaire, mercredi 11:00-13:00
  du 9 novembre 2022 au 31 mai 2023
  Nombre de séances : 24

Dernière modification : 15 novembre 2022 09:18

Type d'UE

Séminaires DE/MC

Disciplines

Anthropologie historique, Archéologie, Histoire

Page web

-

Langues

français

Mots-clés

Antiquité (sciences de l’) Migration(s)

Aires culturelles

Méditerranéens (mondes)

• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
  Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
  MCC – fiche de lecture
• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
  Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
  MCC – fiche de lecture
• Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-S2-M2/S3-S4
  Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
  MCC – fiche de lecture

Contacts additionnels

-

Informations pratiques

contact par courriel : mcdercol@ehess.fr

 

Direction de travaux des étudiants

suivi de master et de doctorants sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous pris par courriel : mcdercol@ehess.fr, indiquer dans l'objet: "rdv master" ou "rdv doctorat" ou "rdv auditeur/auditrice libre" 

Pré-requis

présentation d'un projet écrit (même provisoire).

Nous sommes partis d’un constat : si le mot « migration » est  ancien, comme l’indique sa racine latine, l’action qu’il désigne traverse les siècles. En 2022-2023, mon séminaire de recherche consacré aux  « Migrations et migrants dans la Méditerranée antique » avait le but d’explorer les aspects collectifs et particuliers d’un phénomène qui a profondément façonné le devenir des sociétés méditerranéennes. Dans une perspective de temps longs, l’enquête s’est déployée de l’époque archaïque grecque jusqu’à la période impériale romaine, et prendront en compte l’ensemble des pérégrinations dans la « Grande Mer », plaine liquide, selon la célèbre définition braudelienne.

Les premières séances ont proposé un regard historiographique sur plusieurs notions, telles « migration », « colonisation » et « diaspora » soumises dans les décennies récentes à un débat serré pour ce qui concerne les périodes anciennes, grecques notamment. Cette enquête a montré que ces concepts sont seulement en partie adéquats à désigner les processus anciens ; en outre, ils sont loin d’être interchangeables. En effet, malgré ses anachronismes évidents, seul le vocabulaire de la colonisation permet de expliciter les procédures d’appropriation des ressources et des espaces qui sont propres à l’installation des Grecs en Méditerranée. Il est également apparu qu’aucun de ces termes ne peut prétendre à  une sorte de « neutralité » heuristique, puisque tous, dans des périodes et contextes différents, ont assumé une charge idéologique bien précise. Ensuite, plusieurs séances ont été consacrées à la complexité de la figure du migrant dans les contextes anciens, dans une perspective qui est radicalement différente par rapport à l’image contemporaine, souvent négative, du « migrant ». Nous avons ainsi insisté sur certaines catégories de migrants qui peuvent être mieux cernées et retracées à partir d’un ensemble complexe et varié de documents : culture matérielle, expressions figuratives, textes historiques et littéraires, témoignages épigraphiques. Nous avons en outre exploré la notion de « migrations fondatrices », qui donnent lieu à des formes différentes de pérennité et de transmission : que ce soit au niveau de la communauté urbaine et politique, comme dans le cas de la fondation de Croton, présenté par M. Mahé-Simon (ENS) ; au niveau des savoirs spécialisés, comme dans le cas de la société mixte, grecque et œnotre, installée à l’Incoronata, un célèbre site archaïque d’Italie méridionale (présenté par M. Denti (Université de Haute Bretagne) ; au niveau artistique et culturel, comme il est évident pour la communauté des étrangers résidents à Rhodes entre le IV^e et le I^er siècle avant J.-C. (présenté par Gaia De Luca, docteure de l’EHESS) ; au niveau des savoirs militaires des mercenaires qui ont été étudié dans le cycle de séances animées par N. Luraghi, professeur à Oxford, directeur d'études invité en mai 2023 dans le cadre de mon séminaire. La participation des femmes aux phénomènes de mobilité ancienne été traitée au cours de quelques séances spécifiques, consacrées à la présence des femmes dans l’espace maritime (retracée notamment à partir des sources littéraires, tels les romans hellénistiques) et la vexata quaestio de leur impact dans le cadre des fondations coloniales archaïques et classiques. Nous avons relié ces réflexions à un dossier épigraphique particulièrement nourri, celui des lamelles oraculaires du sanctuaire de Dodone, où le dédicaces de noyaux familiaux et même de femmes voyageant apparemment seules sont attestées.

Enfin, dans le but de souligner les aspects contradictoires de l’action de migrer, où le désir de la découverte et du voyage se rallie à la contrainte et à la nécessité, nous avons étudié les notions de danger et de déracinement liées au départ et à la séparation de la communauté d’origine. Dans cette perspective, une séance a été consacrée à l’expérience dramatique du naufrage et à la conception ancienne de la mort en mer, retracées notamment à travers les témoignages littéraires (les épigrammes de l’Anthologie grecque, allant de l’époque archaïque à l’Antiquité tardive), épigraphiques et iconographiques (représentations de naufrage sur la céramique archaïque). Enfin, à conclusion de ce cycle biennal, la notion de déracinement a été explorée à travers la figure de l’exilé, depuis l’archaïsme grec jusqu’à la période impériale romaine, avec une attention particulière pour cette configuration que j’ai définie comme « le retour impossible », qui fait parfois l’objet de dispositions spécifiques dans le cadre de l’expérience des migrations organisées de la Grèce archaïque et classique.

Publications

• Avec A. Conchon, L. Feller et M. Martini, « 下記の論文は,会誌『歴史と経済』 255号(2022年4月刊行予定) -の掲載を予定し ています。 Furansu ni okeru keizaishi no kenkyu doko : rekishi jqjutsu no sokatsu to tenbo » (L’histoire économique en France. Bilan historiographique et perspectives de recherche actuelles), Rekishi to Keizai, n° 255, 2022, p. 39-51.
• « Le mythe d’Héraclès en Adriatique : un bilan », dans Dalmatia and the Ancient Mediterranean : 50 years after John Wilkes’ Dalmatia, sous la dir. d’ A. Bertrand, E. Botte, École Française de Rome, 25-26 novembre 2019, Mélanges de l’Ecole Française de Rome- Antiquité 134-1, 2022
• « Olio e olivicoltura in Grecia d’Occidente », dans Scritti in memoria di G. Pugliese Carratelli, sous la dir. de Pia De Fidio, Valeria Gigante Lanzara et Antonio Rigo, avec la collaboration de Luigi Vecchio, Parola del Passato LXXVI, 2021, n. 410-411 (parution janvier 2023), p. 37-56.

• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
  Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
  MCC – fiche de lecture
• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
  Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
  MCC – fiche de lecture
• Séminaires de recherche – Migrations – M1/S1-S2-M2/S3-S4
  Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
  MCC – fiche de lecture

Contacts additionnels

-

Informations pratiques

contact par courriel : mcdercol@ehess.fr

 

Direction de travaux des étudiants

suivi de master et de doctorants sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous pris par courriel : mcdercol@ehess.fr, indiquer dans l'objet: "rdv master" ou "rdv doctorat" ou "rdv auditeur/auditrice libre" 

Pré-requis

présentation d'un projet écrit (même provisoire).

• INHA
  2 rue Vivienne 75002 Paris
  annuel / hebdomadaire, mercredi 11:00-13:00
  du 9 novembre 2022 au 31 mai 2023
  Nombre de séances : 24

Nous sommes partis d’un constat : si le mot « migration » est  ancien, comme l’indique sa racine latine, l’action qu’il désigne traverse les siècles. En 2022-2023, mon séminaire de recherche consacré aux  « Migrations et migrants dans la Méditerranée antique » avait le but d’explorer les aspects collectifs et particuliers d’un phénomène qui a profondément façonné le devenir des sociétés méditerranéennes. Dans une perspective de temps longs, l’enquête s’est déployée de l’époque archaïque grecque jusqu’à la période impériale romaine, et prendront en compte l’ensemble des pérégrinations dans la « Grande Mer », plaine liquide, selon la célèbre définition braudelienne.

Les premières séances ont proposé un regard historiographique sur plusieurs notions, telles « migration », « colonisation » et « diaspora » soumises dans les décennies récentes à un débat serré pour ce qui concerne les périodes anciennes, grecques notamment. Cette enquête a montré que ces concepts sont seulement en partie adéquats à désigner les processus anciens ; en outre, ils sont loin d’être interchangeables. En effet, malgré ses anachronismes évidents, seul le vocabulaire de la colonisation permet de expliciter les procédures d’appropriation des ressources et des espaces qui sont propres à l’installation des Grecs en Méditerranée. Il est également apparu qu’aucun de ces termes ne peut prétendre à  une sorte de « neutralité » heuristique, puisque tous, dans des périodes et contextes différents, ont assumé une charge idéologique bien précise. Ensuite, plusieurs séances ont été consacrées à la complexité de la figure du migrant dans les contextes anciens, dans une perspective qui est radicalement différente par rapport à l’image contemporaine, souvent négative, du « migrant ». Nous avons ainsi insisté sur certaines catégories de migrants qui peuvent être mieux cernées et retracées à partir d’un ensemble complexe et varié de documents : culture matérielle, expressions figuratives, textes historiques et littéraires, témoignages épigraphiques. Nous avons en outre exploré la notion de « migrations fondatrices », qui donnent lieu à des formes différentes de pérennité et de transmission : que ce soit au niveau de la communauté urbaine et politique, comme dans le cas de la fondation de Croton, présenté par M. Mahé-Simon (ENS) ; au niveau des savoirs spécialisés, comme dans le cas de la société mixte, grecque et œnotre, installée à l’Incoronata, un célèbre site archaïque d’Italie méridionale (présenté par M. Denti (Université de Haute Bretagne) ; au niveau artistique et culturel, comme il est évident pour la communauté des étrangers résidents à Rhodes entre le IV^e et le I^er siècle avant J.-C. (présenté par Gaia De Luca, docteure de l’EHESS) ; au niveau des savoirs militaires des mercenaires qui ont été étudié dans le cycle de séances animées par N. Luraghi, professeur à Oxford, directeur d'études invité en mai 2023 dans le cadre de mon séminaire. La participation des femmes aux phénomènes de mobilité ancienne été traitée au cours de quelques séances spécifiques, consacrées à la présence des femmes dans l’espace maritime (retracée notamment à partir des sources littéraires, tels les romans hellénistiques) et la vexata quaestio de leur impact dans le cadre des fondations coloniales archaïques et classiques. Nous avons relié ces réflexions à un dossier épigraphique particulièrement nourri, celui des lamelles oraculaires du sanctuaire de Dodone, où le dédicaces de noyaux familiaux et même de femmes voyageant apparemment seules sont attestées.

Enfin, dans le but de souligner les aspects contradictoires de l’action de migrer, où le désir de la découverte et du voyage se rallie à la contrainte et à la nécessité, nous avons étudié les notions de danger et de déracinement liées au départ et à la séparation de la communauté d’origine. Dans cette perspective, une séance a été consacrée à l’expérience dramatique du naufrage et à la conception ancienne de la mort en mer, retracées notamment à travers les témoignages littéraires (les épigrammes de l’Anthologie grecque, allant de l’époque archaïque à l’Antiquité tardive), épigraphiques et iconographiques (représentations de naufrage sur la céramique archaïque). Enfin, à conclusion de ce cycle biennal, la notion de déracinement a été explorée à travers la figure de l’exilé, depuis l’archaïsme grec jusqu’à la période impériale romaine, avec une attention particulière pour cette configuration que j’ai définie comme « le retour impossible », qui fait parfois l’objet de dispositions spécifiques dans le cadre de l’expérience des migrations organisées de la Grèce archaïque et classique.

Publications

• Avec A. Conchon, L. Feller et M. Martini, « 下記の論文は,会誌『歴史と経済』 255号(2022年4月刊行予定) -の掲載を予定し ています。 Furansu ni okeru keizaishi no kenkyu doko : rekishi jqjutsu no sokatsu to tenbo » (L’histoire économique en France. Bilan historiographique et perspectives de recherche actuelles), Rekishi to Keizai, n° 255, 2022, p. 39-51.
• « Le mythe d’Héraclès en Adriatique : un bilan », dans Dalmatia and the Ancient Mediterranean : 50 years after John Wilkes’ Dalmatia, sous la dir. d’ A. Bertrand, E. Botte, École Française de Rome, 25-26 novembre 2019, Mélanges de l’Ecole Française de Rome- Antiquité 134-1, 2022
• « Olio e olivicoltura in Grecia d’Occidente », dans Scritti in memoria di G. Pugliese Carratelli, sous la dir. de Pia De Fidio, Valeria Gigante Lanzara et Antonio Rigo, avec la collaboration de Luigi Vecchio, Parola del Passato LXXVI, 2021, n. 410-411 (parution janvier 2023), p. 37-56.