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UE441 - L'Inde et ses langues. Traduction, religion, dynamiques sociales (XVIe-XXe siècle)


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A202
    annuel / bimensuel (1re/3e), lundi 16:30-18:30
    du 7 novembre 2022 au 5 juin 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 13 mars 2023 17:39

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Circulations Culture Écriture Espace Géographie Histoire Institutions Intellectuels Poétique Religieux (sciences sociales du) Savoirs
Aires culturelles
Asie méridionale
Intervenant·e·s
  • Margherita Trento [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Centre d'études sud-asiatiques et himalayennes (CESAH)

Ce séminaire ouvre un chantier de recherche à long terme sur les entrelacements historiques entre les religions, la traduction et la production d'un lieu géographique comme unité littéraire, sociale et politique. Le point d'ancrage de cette réflexion sera l’Inde méridionale, et plus précisément le pays tamoul, qui correspond dans ses grandes lignes à l'État contemporain du Tamil Nadu. Deux questions nous serviront de fil conducteur : comment les grandes religions cosmopolites – le christianisme, l'islam ou le shivaïsme – sont-elles devenues au fil du temps des religions tamoules ? Et comment comprendre et interpréter la polysémie du terme « tamoul », désignant à la fois une région géographique, une aire culturelle, et un espace social et politique ?

Cette année, nous nous concentrerons sur le rôle du shivaïsme dans le développement historique du pays tamoul en tant que région. Notre hypothèse de travail, inspirée d'un article séminal écrit par Burton Stein en 1977, sera que la période qui va du XVe au XVIIIe siècle marque une étape fondamentale dans ce processus. À cette époque, le pays tamoul continue d'être identifié comme un espace conceptuel (tamiḻakam) ; il devient également une région, dont les frontières commencent à être dessinées par les pratiques de circulation liées au commerce, aux pèlerinages, etc. Cette élaboration est étroitement liée à l'émergence d'une élite shivaïte non brahmanique et de ses institutions religieuses, notamment les monastères (maṭam).

Au cours des séances, nous nous concentrerons sur ces institutions, sur les intellectuels et gourous religieux qui y travaillent, et sur les savoirs sur l'espace qui y sont développés. Nous privilégierons dans certaines séances la lecture des sources primaires (toujours fournies en traduction). Parmi celles-ci, citons le Civatarumōttaram, un poème de théologie shivaïte traduit du sanskrit au tamoul au XVIe siècle par Maṟaiṉāṉa Campantar, dans un monastère rattaché au temple de Chidambaram ; les inscriptions qui enregistrent des donations et d’autres transactions dans trois monastères (Tiruvāvāṭutuṟai, Tarumapuram et Tiruppaṉantāḷ) de la region de Chidambaram; et les catakam, des poèmes du XVIe siècle qui décrivent les rivières et les montagnes, les villes et les lieux sacrés du pays tamoul.

7 novembre : Le pays tamoul à l’époque moderne : langue(s), représentations et circulations

21 novembre : La géographie sociale et culturelle du shivaïsme tamoul entre dévotion et institutionnalisation

5 décembre : The Śivadharma and the Making of Regional Religious Traditions in Premodern South Asia : séance avec Florinda de Simini (Université de Naples) autour de son projet (https://shivadharmaproject.com/project/)

16 janvier : Circulations intellectuelles : les écoles et les lignées savantes (Civatarumōttaram, ch. 2)

30 janvier : Réseaux institutionnels : les temples et les monastères (Civatarumōttaram, ch. 4)

6 février : L'écriture du passé et du present des sites sacrés : les purāṇam

6 mars séance reportée au 13 mars (salle 50) : Le temple et la ville : architecture et représentations visuelles

20 mars : Inscriptions et histoire institutionnelle : le monastère de Tiruvāvaṭutuṟai

3 avril : Inscriptions : séance de lecture collective avec Emmanuel Francis (CESAH, CNRS), en collaboration avec le projet DHARMA (https://dharma.hypotheses.org/)

17 avril : Les thèmes, les codes et les espaces publics du débat intra- et inter-religieux

15 mai : Nature, paysage et géographie politique : le poème de la region Chola (Cōḻamaṇṭalacatakam)

5 juin : Conclusions et perspectives


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – examen
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour toute question concernant le séminaire, veuillez écrire à Margherita Trento (margherita.trento@ehess.fr).

Direction de travaux des étudiants

la direction de travaux d’étudiant·es se fait sur rendez-vous.

Réception des candidats

pour les étudiant·es qui souhaitent valider le séminaire, merci de prendre rendez-vous par courriel avant la fin du mois de novembre.

Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant·es en master 1 et 2, ainsi qu’aux doctorant·es et aux chercheuses et chercheurs.


Compte rendu


L'objectif de ce séminaire était de mieux comprendre à la fois la géographie historique complexe du pays tamoul et le rôle que la religion – en particulier le shivaïsme – a joué dans la construction de cet espace. Le shivaïsme est devenu la  « religion tamoule » par excellence à partir du XIXe siècle, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Au premier millénaire, entouré du bouddhisme et du jaïnisme, le shivaïsme lutte pour s'affirmer ; il devient une religion impériale à l'époque Chola, mais les sultanats du XIVe siècle et ensuite l'empire de Vijayanagara changent à nouveau la donne. Cela nous amène au XVIe siècle, à la fin de l'ère Vijayanagara, un moment important et un point de départ (avec des ruptures et des continuités avec ce qui a précédé) pour le shivaïsme en tant que  « religion tamoule » telle que nous la connaissons. C'est ce moment que nous avons exploré dans ce séminaire.

Nous avons abordé trois thèmes principaux et trois types de sources. 1) Tout d'abord, nous avons étudié la translation de la tradition théologique du Śivadharma vers le sud au XVIe siècle. Il s'agit d'une tradition fondamentale pour comprendre le développement du courant shivaïte le plus populaire au Tamil Nadu, celui du Caiva cittāntam. Nous nous sommes intéressés aux lieux (écoles monastiques) et aux pratiques de traduction des écritures de ce corpus (notamment l'ouvrage Civatarumōttaram) du sanskrit vers le tamoul au XVIe siècle. Originellement non initiatique, l’incorporation de la tradition du Śivadharma dans le Caiva cittāntam a apporté une série d'éléments techniques (mantras plus simples, etc.) et surtout une certaine ouverture par rapport aux castes. Elle a notamment aidé les Vellalas de revendiquer le statut de maîtres religieux. 2) Ensuite, nous avons exploré les représentations des lieux shivaïtes à la même époque, en nous concentrant sur l'écriture du passé et du présent des sites sacrés dans les textes connus sous le nom de purāṇam ; et sur la représentation de la nature, du paysage et de la géographie politique dans un nouveau genre littéraire qui parle des  « macro-régions » tamoules, le genre catakam. 3) Enfin, nous nous sommes penchés sur les pratiques de l'espace, en accordant une attention particulière à la manière dont les gens traversaient et vivaient le temple, à travers l'analyse de l'architecture et des représentations visuelles ; au rôle des inscriptions dans l'éclairage de l'histoire institutionnelle ; et aux itinéraires de pèlerinage à travers les réseaux de temples et de monastères.

Après cette exploration, on peut légitimement considérer la période du XVIe au XVIIe siècle comme un laboratoire pour la construction du pays tamoul en tant qu'espace  « shivaïte ». Une institution se distingue par son rôle central dans ce procusses  : le monastère. C'est sur cette institution, et notamment sur le monastère (ātīṉam) de Thiruvavaduthurai, sur ses liens au povoir politiques et aux dynamiques economiques, que portera l'exploration de l'année prochaine.

Dernière modification : 13 mars 2023 17:39

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Circulations Culture Écriture Espace Géographie Histoire Institutions Intellectuels Poétique Religieux (sciences sociales du) Savoirs
Aires culturelles
Asie méridionale
Intervenant·e·s
  • Margherita Trento [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Centre d'études sud-asiatiques et himalayennes (CESAH)

Ce séminaire ouvre un chantier de recherche à long terme sur les entrelacements historiques entre les religions, la traduction et la production d'un lieu géographique comme unité littéraire, sociale et politique. Le point d'ancrage de cette réflexion sera l’Inde méridionale, et plus précisément le pays tamoul, qui correspond dans ses grandes lignes à l'État contemporain du Tamil Nadu. Deux questions nous serviront de fil conducteur : comment les grandes religions cosmopolites – le christianisme, l'islam ou le shivaïsme – sont-elles devenues au fil du temps des religions tamoules ? Et comment comprendre et interpréter la polysémie du terme « tamoul », désignant à la fois une région géographique, une aire culturelle, et un espace social et politique ?

Cette année, nous nous concentrerons sur le rôle du shivaïsme dans le développement historique du pays tamoul en tant que région. Notre hypothèse de travail, inspirée d'un article séminal écrit par Burton Stein en 1977, sera que la période qui va du XVe au XVIIIe siècle marque une étape fondamentale dans ce processus. À cette époque, le pays tamoul continue d'être identifié comme un espace conceptuel (tamiḻakam) ; il devient également une région, dont les frontières commencent à être dessinées par les pratiques de circulation liées au commerce, aux pèlerinages, etc. Cette élaboration est étroitement liée à l'émergence d'une élite shivaïte non brahmanique et de ses institutions religieuses, notamment les monastères (maṭam).

Au cours des séances, nous nous concentrerons sur ces institutions, sur les intellectuels et gourous religieux qui y travaillent, et sur les savoirs sur l'espace qui y sont développés. Nous privilégierons dans certaines séances la lecture des sources primaires (toujours fournies en traduction). Parmi celles-ci, citons le Civatarumōttaram, un poème de théologie shivaïte traduit du sanskrit au tamoul au XVIe siècle par Maṟaiṉāṉa Campantar, dans un monastère rattaché au temple de Chidambaram ; les inscriptions qui enregistrent des donations et d’autres transactions dans trois monastères (Tiruvāvāṭutuṟai, Tarumapuram et Tiruppaṉantāḷ) de la region de Chidambaram; et les catakam, des poèmes du XVIe siècle qui décrivent les rivières et les montagnes, les villes et les lieux sacrés du pays tamoul.

7 novembre : Le pays tamoul à l’époque moderne : langue(s), représentations et circulations

21 novembre : La géographie sociale et culturelle du shivaïsme tamoul entre dévotion et institutionnalisation

5 décembre : The Śivadharma and the Making of Regional Religious Traditions in Premodern South Asia : séance avec Florinda de Simini (Université de Naples) autour de son projet (https://shivadharmaproject.com/project/)

16 janvier : Circulations intellectuelles : les écoles et les lignées savantes (Civatarumōttaram, ch. 2)

30 janvier : Réseaux institutionnels : les temples et les monastères (Civatarumōttaram, ch. 4)

6 février : L'écriture du passé et du present des sites sacrés : les purāṇam

6 mars séance reportée au 13 mars (salle 50) : Le temple et la ville : architecture et représentations visuelles

20 mars : Inscriptions et histoire institutionnelle : le monastère de Tiruvāvaṭutuṟai

3 avril : Inscriptions : séance de lecture collective avec Emmanuel Francis (CESAH, CNRS), en collaboration avec le projet DHARMA (https://dharma.hypotheses.org/)

17 avril : Les thèmes, les codes et les espaces publics du débat intra- et inter-religieux

15 mai : Nature, paysage et géographie politique : le poème de la region Chola (Cōḻamaṇṭalacatakam)

5 juin : Conclusions et perspectives

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – examen
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour toute question concernant le séminaire, veuillez écrire à Margherita Trento (margherita.trento@ehess.fr).

Direction de travaux des étudiants

la direction de travaux d’étudiant·es se fait sur rendez-vous.

Réception des candidats

pour les étudiant·es qui souhaitent valider le séminaire, merci de prendre rendez-vous par courriel avant la fin du mois de novembre.

Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant·es en master 1 et 2, ainsi qu’aux doctorant·es et aux chercheuses et chercheurs.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A202
    annuel / bimensuel (1re/3e), lundi 16:30-18:30
    du 7 novembre 2022 au 5 juin 2023
    Nombre de séances : 12

L'objectif de ce séminaire était de mieux comprendre à la fois la géographie historique complexe du pays tamoul et le rôle que la religion – en particulier le shivaïsme – a joué dans la construction de cet espace. Le shivaïsme est devenu la  « religion tamoule » par excellence à partir du XIXe siècle, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Au premier millénaire, entouré du bouddhisme et du jaïnisme, le shivaïsme lutte pour s'affirmer ; il devient une religion impériale à l'époque Chola, mais les sultanats du XIVe siècle et ensuite l'empire de Vijayanagara changent à nouveau la donne. Cela nous amène au XVIe siècle, à la fin de l'ère Vijayanagara, un moment important et un point de départ (avec des ruptures et des continuités avec ce qui a précédé) pour le shivaïsme en tant que  « religion tamoule » telle que nous la connaissons. C'est ce moment que nous avons exploré dans ce séminaire.

Nous avons abordé trois thèmes principaux et trois types de sources. 1) Tout d'abord, nous avons étudié la translation de la tradition théologique du Śivadharma vers le sud au XVIe siècle. Il s'agit d'une tradition fondamentale pour comprendre le développement du courant shivaïte le plus populaire au Tamil Nadu, celui du Caiva cittāntam. Nous nous sommes intéressés aux lieux (écoles monastiques) et aux pratiques de traduction des écritures de ce corpus (notamment l'ouvrage Civatarumōttaram) du sanskrit vers le tamoul au XVIe siècle. Originellement non initiatique, l’incorporation de la tradition du Śivadharma dans le Caiva cittāntam a apporté une série d'éléments techniques (mantras plus simples, etc.) et surtout une certaine ouverture par rapport aux castes. Elle a notamment aidé les Vellalas de revendiquer le statut de maîtres religieux. 2) Ensuite, nous avons exploré les représentations des lieux shivaïtes à la même époque, en nous concentrant sur l'écriture du passé et du présent des sites sacrés dans les textes connus sous le nom de purāṇam ; et sur la représentation de la nature, du paysage et de la géographie politique dans un nouveau genre littéraire qui parle des  « macro-régions » tamoules, le genre catakam. 3) Enfin, nous nous sommes penchés sur les pratiques de l'espace, en accordant une attention particulière à la manière dont les gens traversaient et vivaient le temple, à travers l'analyse de l'architecture et des représentations visuelles ; au rôle des inscriptions dans l'éclairage de l'histoire institutionnelle ; et aux itinéraires de pèlerinage à travers les réseaux de temples et de monastères.

Après cette exploration, on peut légitimement considérer la période du XVIe au XVIIe siècle comme un laboratoire pour la construction du pays tamoul en tant qu'espace  « shivaïte ». Une institution se distingue par son rôle central dans ce procusses  : le monastère. C'est sur cette institution, et notamment sur le monastère (ātīṉam) de Thiruvavaduthurai, sur ses liens au povoir politiques et aux dynamiques economiques, que portera l'exploration de l'année prochaine.