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UE418 - L'Afrique centrale dans le temps long : dynamiques internes, empires, colonialisme
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-B
2nd semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
du 3 mars 2023 au 9 juin 2023
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 19 avril 2023 08:34
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Histoire
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Archives Argumentation Coloniales (études) Droit, normes et société Dynamiques sociales Écriture Empire Esclavage Histoire Oralité Transnational Travail
- Aires culturelles
- Afrique Atlantiques (mondes) Ibérique (monde)
Intervenant·e·s
- Catarina Madeira Santos [référent·e] directrice d'études, EHESS / Institut des mondes africains (IMAF)
Loin des chronologies héritées, ce séminaire se propose d’entreprendre une histoire processuelle dans le temps long, attentive aux dynamiques linguistiques, sociales, politiques, religieuses, culturelles et économiques internes à l’Afrique centrale ainsi qu'à leurs interactions avec les empires européens modernes et le colonialisme contemporain. Entre l’histoire dite « précoloniale » (la question restant posée de savoir quand se termine le « pré » par rapport au « colonial »), l’installation des systèmes coloniaux formels, à la fin du XIXe siècle, et les enjeux de la « postcolonialité », se déroule un temps long dans lequel se sont produites des interactions, voire des (re)créations, aussi bien entre « l’Afrique en Afrique » et « les Afriques d’ailleurs » qu’entre les sociétés africaines et les pouvoirs coloniaux, le tout dans des relations complexes de négociation, de dialogue et de confrontation. Les acteurs, africains ou coloniaux (catégories hétérogènes par définition, ouvertes sans cesse à l’émergence de nouveaux rôles sociaux), les savoirs (transmis, appropriés, reconfigurés) et les pratiques (la résistance, la négociation, la reconversion) constituent autant de « lieux » à partir desquels se déploiera notre réflexion.
À l’objet Afrique centrale correspond un espace qui se différencie par un processus complexe d'assimilation linguistique ou de «bantouisation». Des communications de toutes sortes ont relié depuis des siècles des sous-régions devenues interconnectées, même si géographiquement éloignées et politiquement autonomes. L’émergence de royaumes et d’empires ayant subsisté durant de longues périodes (cas de l’ancien Royaume du Kongo) a également contribué à forger l’unité de la région. D’autres entités politiques et des groupes sociaux ont encore permis la création de réseaux de communication et de circulation intra et intercontinentaux. Suite à la fondation de la colonie de l’Angola (XVIe siècle), les réseaux marchands luso-africains se sont organisés et ont enveloppé et irrigué des espaces autonomes et très éloignés de l’Atlantique, comme le haut Zambèze. Ensuite, l’Afrique centrale se caractérise par son inscription dans les circulations mondiales. Sa partie orientale fut connectée à l’économie de l’océan Indien par des routes commerciales anciennes de plus en plus étendues en direction d’autres espaces marchands. À partir du XVIe siècle, sa partie occidentale fut intégrée dans les réseaux des empires coloniaux européens qui ont unifié et relié de vastes territoires en Europe, Amérique et Asie. Elle a également été une des zones les plus importantes pour l’approvisionnement en esclaves de la traite transatlantique.
Cette année, nous continuerons la réflexion critique sur archives africaines et européennes ainsi que l’analyse des processus d’interaction politique et culturelle engageant les sociétés africaines et les empires européens de la première modernité (XVIe-XVIIe siècles).
Pour chaque séance du séminaire, l’organisatrice présentera ses recherches en cours et distribuera des documents pour discussion (historiographie ou/et archives). Leur lecture est obligatoire et les étudiant·e·s sont appelé·e·s à intervenir activement dans le débat. Ceux et celles qui sont inscrit·e·s en doctorat et en master, sous sa direction, présenteront leurs recherches en cours.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Études sur le genre-Anthropologie
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Études sur le genre-Histoire
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Labels
- EUR Gender and Sexuality Studies
- Informations pratiques
par courriel : cmadeira@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous pris par courriel : cmadeira@ehess.fr
Modalités de validation du séminaire pour les étudiants de master : assiduité et participation ; exposé oral et/ou rédaction d'un compte-rendu.
- Réception des candidats
par courriel : cmadeira@ehess.fr
- Pré-requis
niveau : Licence.
Compte rendu
Cette année nous avons interrogé la notion de bibliothèque coloniale, forgée par le théologien et philosophe zaïrois Valentin-Yves Mudimbe, en nous focalisant principalement sur l’Afrique centrale occidentale (notamment l’ancienne colonie angolaise et les formations politiques africaines de la région). Nos réflexions ont porté sur les questions suivantes : quelle est la bibliothèque coloniale propre à cette région ? Qui furent ses bâtisseurs ? Dans quelles temporalités a-t-elle été construite ? Quels furent les principaux jalons de sa formation ? A-t-elle une valeur en tant que source pour la reconstruction de l’histoire des sociétés africaines concernées, en dépit des stéréotypes qu’elle vulgarise, ou qu’elle forge ? Pour y répondre nous avons placé l’analyse à la première modernité (XVIe siècle), celle-ci étant entendue comme un moment de transition où la mise en perspective de la bibliothèque européenne sur l’Afrique – comprenant l’héritage textuel et cartographique de l’Antiquité ainsi que le corpus chrétien médiéval — est concomitante au processus de formation de la bibliothèque coloniale, à l’épreuve de l’expérience directe de l’Afrique subsaharienne. Dans ce séminaire nous proposons une réévaluation critique du corpus textuel européen de la première modernité et nous soutenons qu’il est porteur de savoirs locaux et de données pertinentes pour connaître le passé des sociétés africaines. Pour saisir cette période de transformation et d’interaction entre savoirs anciens et médiévaux hérités et savoirs modernes construits par l’expérience, nous avons étudié deux textes rédigés au XVIe siècle, l’un par un marchand portugais, négrier, ambassadeur du Roi du Kongo en collaboration avec un humaniste italien de la cour pontificale ; l’autre par un juriste et théologien jésuite de l’Université d’Évora. Les deux ont connu une large diffusion en Europe et ont contribué à la réélaboration de l’idée d’Afrique.
Le premier texte, la Description du royaume du Congo et des contrées environnantes, fut rédigé par Duarte Lopez et Filippo Pigafetta, publié à Rome en 1591, traduit dans plusieurs langues et est devenu un best-seller aux XVIe et XVIIe siècles. Nous y avons recensé les passages relevant de l’observation directe du marchand, des savoirs transmis par ses interlocuteurs africains et des apports de l’humaniste. Deux points ont retenu notre attention. D’une part, la carte de l'intérieur de l'Afrique et des sources du Nil, publiée avec le récit, est la première à être en rupture avec la représentation cartographique de Ptolomée. D’autre part, la description de l'invasion dévastatrice de Mbanza Kongo en 1568-1569 fait apparaître pour la première fois les Jagas, dont l'existence-même a suscité l'un des débats historiographiques les plus vifs sur l'Afrique centrale, débat qui est toujours en cours et sur lequel nous nous sommes penchés.
Le deuxième est un texte rédigé par Luis de Molina, (jésuite espagnol de l’École de Salamanque) qui consiste en les disputationes 32 à 40 (30 folios) du livre II du Tractatus de iustitia et de iure publié à Cuenca en 1593. J’ai présenté aux étudiants mon étude intitulée « L’esclavage au royaume du Ndongo selon Luis de Molina : sources orales et écrites d’un armchair anthropoligist avant la lettre, Angola, XVIe siècle » (rendu pour publication, à paraitre en 2024). J’y analyse l’esclavage au royaume du Ndongo en me basant sur le récit de Luis de Molina croisé avec d’autres sources. Je prouve qu’il fut le premier auteur à décrire les catégories sociales et serviles de ce royaume d’Afrique centrale occidentale, grâce aux réseaux de circulation d’information jésuite et marchand reliant l’Angola, le Kongo, l’Université d’Évora et Lisbonne. Anne-Charlotte Martineau, éditrice de la traduction française du texte de Molina, est intervenue dans le séminaire pour nous présenter sa recherche autour des débats menés par l’École de Salamanque sur l’esclavage des africains. Grâce à ces deux textes, la bibliothèque missionnaire, ethnologique et militaire privilégiée par V.-Y. Mudimbe, apparaît davantage élargie aux écrits marchands et juridiques qui ont participé de manière décisive à la construction de l’image de l’Afrique centrale au XVIe siècle et qui demeurent des sources valables pour la reconstruction du passé historique africain, à condition d’être soumises à une critique serrée.
Dernière modification : 19 avril 2023 08:34
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Histoire
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Archives Argumentation Coloniales (études) Droit, normes et société Dynamiques sociales Écriture Empire Esclavage Histoire Oralité Transnational Travail
- Aires culturelles
- Afrique Atlantiques (mondes) Ibérique (monde)
Intervenant·e·s
- Catarina Madeira Santos [référent·e] directrice d'études, EHESS / Institut des mondes africains (IMAF)
Loin des chronologies héritées, ce séminaire se propose d’entreprendre une histoire processuelle dans le temps long, attentive aux dynamiques linguistiques, sociales, politiques, religieuses, culturelles et économiques internes à l’Afrique centrale ainsi qu'à leurs interactions avec les empires européens modernes et le colonialisme contemporain. Entre l’histoire dite « précoloniale » (la question restant posée de savoir quand se termine le « pré » par rapport au « colonial »), l’installation des systèmes coloniaux formels, à la fin du XIXe siècle, et les enjeux de la « postcolonialité », se déroule un temps long dans lequel se sont produites des interactions, voire des (re)créations, aussi bien entre « l’Afrique en Afrique » et « les Afriques d’ailleurs » qu’entre les sociétés africaines et les pouvoirs coloniaux, le tout dans des relations complexes de négociation, de dialogue et de confrontation. Les acteurs, africains ou coloniaux (catégories hétérogènes par définition, ouvertes sans cesse à l’émergence de nouveaux rôles sociaux), les savoirs (transmis, appropriés, reconfigurés) et les pratiques (la résistance, la négociation, la reconversion) constituent autant de « lieux » à partir desquels se déploiera notre réflexion.
À l’objet Afrique centrale correspond un espace qui se différencie par un processus complexe d'assimilation linguistique ou de «bantouisation». Des communications de toutes sortes ont relié depuis des siècles des sous-régions devenues interconnectées, même si géographiquement éloignées et politiquement autonomes. L’émergence de royaumes et d’empires ayant subsisté durant de longues périodes (cas de l’ancien Royaume du Kongo) a également contribué à forger l’unité de la région. D’autres entités politiques et des groupes sociaux ont encore permis la création de réseaux de communication et de circulation intra et intercontinentaux. Suite à la fondation de la colonie de l’Angola (XVIe siècle), les réseaux marchands luso-africains se sont organisés et ont enveloppé et irrigué des espaces autonomes et très éloignés de l’Atlantique, comme le haut Zambèze. Ensuite, l’Afrique centrale se caractérise par son inscription dans les circulations mondiales. Sa partie orientale fut connectée à l’économie de l’océan Indien par des routes commerciales anciennes de plus en plus étendues en direction d’autres espaces marchands. À partir du XVIe siècle, sa partie occidentale fut intégrée dans les réseaux des empires coloniaux européens qui ont unifié et relié de vastes territoires en Europe, Amérique et Asie. Elle a également été une des zones les plus importantes pour l’approvisionnement en esclaves de la traite transatlantique.
Cette année, nous continuerons la réflexion critique sur archives africaines et européennes ainsi que l’analyse des processus d’interaction politique et culturelle engageant les sociétés africaines et les empires européens de la première modernité (XVIe-XVIIe siècles).
Pour chaque séance du séminaire, l’organisatrice présentera ses recherches en cours et distribuera des documents pour discussion (historiographie ou/et archives). Leur lecture est obligatoire et les étudiant·e·s sont appelé·e·s à intervenir activement dans le débat. Ceux et celles qui sont inscrit·e·s en doctorat et en master, sous sa direction, présenteront leurs recherches en cours.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
-
Séminaires de recherche
– Études sur le genre-Anthropologie
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Études sur le genre-Histoire
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre -
Séminaires de recherche
– Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés
– M1/S2-M2/S4
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – exposé oral, autre
- Contacts additionnels
- -
- Labels
- EUR Gender and Sexuality Studies
- Informations pratiques
par courriel : cmadeira@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous pris par courriel : cmadeira@ehess.fr
Modalités de validation du séminaire pour les étudiants de master : assiduité et participation ; exposé oral et/ou rédaction d'un compte-rendu.
- Réception des candidats
par courriel : cmadeira@ehess.fr
- Pré-requis
niveau : Licence.
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-B
2nd semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
du 3 mars 2023 au 9 juin 2023
Nombre de séances : 12
Cette année nous avons interrogé la notion de bibliothèque coloniale, forgée par le théologien et philosophe zaïrois Valentin-Yves Mudimbe, en nous focalisant principalement sur l’Afrique centrale occidentale (notamment l’ancienne colonie angolaise et les formations politiques africaines de la région). Nos réflexions ont porté sur les questions suivantes : quelle est la bibliothèque coloniale propre à cette région ? Qui furent ses bâtisseurs ? Dans quelles temporalités a-t-elle été construite ? Quels furent les principaux jalons de sa formation ? A-t-elle une valeur en tant que source pour la reconstruction de l’histoire des sociétés africaines concernées, en dépit des stéréotypes qu’elle vulgarise, ou qu’elle forge ? Pour y répondre nous avons placé l’analyse à la première modernité (XVIe siècle), celle-ci étant entendue comme un moment de transition où la mise en perspective de la bibliothèque européenne sur l’Afrique – comprenant l’héritage textuel et cartographique de l’Antiquité ainsi que le corpus chrétien médiéval — est concomitante au processus de formation de la bibliothèque coloniale, à l’épreuve de l’expérience directe de l’Afrique subsaharienne. Dans ce séminaire nous proposons une réévaluation critique du corpus textuel européen de la première modernité et nous soutenons qu’il est porteur de savoirs locaux et de données pertinentes pour connaître le passé des sociétés africaines. Pour saisir cette période de transformation et d’interaction entre savoirs anciens et médiévaux hérités et savoirs modernes construits par l’expérience, nous avons étudié deux textes rédigés au XVIe siècle, l’un par un marchand portugais, négrier, ambassadeur du Roi du Kongo en collaboration avec un humaniste italien de la cour pontificale ; l’autre par un juriste et théologien jésuite de l’Université d’Évora. Les deux ont connu une large diffusion en Europe et ont contribué à la réélaboration de l’idée d’Afrique.
Le premier texte, la Description du royaume du Congo et des contrées environnantes, fut rédigé par Duarte Lopez et Filippo Pigafetta, publié à Rome en 1591, traduit dans plusieurs langues et est devenu un best-seller aux XVIe et XVIIe siècles. Nous y avons recensé les passages relevant de l’observation directe du marchand, des savoirs transmis par ses interlocuteurs africains et des apports de l’humaniste. Deux points ont retenu notre attention. D’une part, la carte de l'intérieur de l'Afrique et des sources du Nil, publiée avec le récit, est la première à être en rupture avec la représentation cartographique de Ptolomée. D’autre part, la description de l'invasion dévastatrice de Mbanza Kongo en 1568-1569 fait apparaître pour la première fois les Jagas, dont l'existence-même a suscité l'un des débats historiographiques les plus vifs sur l'Afrique centrale, débat qui est toujours en cours et sur lequel nous nous sommes penchés.
Le deuxième est un texte rédigé par Luis de Molina, (jésuite espagnol de l’École de Salamanque) qui consiste en les disputationes 32 à 40 (30 folios) du livre II du Tractatus de iustitia et de iure publié à Cuenca en 1593. J’ai présenté aux étudiants mon étude intitulée « L’esclavage au royaume du Ndongo selon Luis de Molina : sources orales et écrites d’un armchair anthropoligist avant la lettre, Angola, XVIe siècle » (rendu pour publication, à paraitre en 2024). J’y analyse l’esclavage au royaume du Ndongo en me basant sur le récit de Luis de Molina croisé avec d’autres sources. Je prouve qu’il fut le premier auteur à décrire les catégories sociales et serviles de ce royaume d’Afrique centrale occidentale, grâce aux réseaux de circulation d’information jésuite et marchand reliant l’Angola, le Kongo, l’Université d’Évora et Lisbonne. Anne-Charlotte Martineau, éditrice de la traduction française du texte de Molina, est intervenue dans le séminaire pour nous présenter sa recherche autour des débats menés par l’École de Salamanque sur l’esclavage des africains. Grâce à ces deux textes, la bibliothèque missionnaire, ethnologique et militaire privilégiée par V.-Y. Mudimbe, apparaît davantage élargie aux écrits marchands et juridiques qui ont participé de manière décisive à la construction de l’image de l’Afrique centrale au XVIe siècle et qui demeurent des sources valables pour la reconstruction du passé historique africain, à condition d’être soumises à une critique serrée.