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UE395 - Dialectiques du musée
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
1er semestre / hebdomadaire, mardi 08:30-10:30
du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
Nombre de séances : 13
Description
Dernière modification : 9 janvier 2023 10:38
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Signes, formes, représentations
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Arts Culture visuelle Esthétique Histoire culturelle Histoire des idées Musées Patrimoine
- Aires culturelles
- Amérique du Nord Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
- Rémi Labrusse [référent·e] directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
Ce séminaire sera l’occasion de mettre à l’épreuve deux hypothèses : d’abord que « l’invention » du musée en France sous la Révolution et l’Empire (Andrew McLellan, Daniel Sherman), puis son déploiement en Europe et aux États-Unis au XIXe siècle constituent une rupture qualitative majeure dans l’histoire longue de ce phénomène culturel (Krzysztof Pomian) ; ensuite, que cette rupture implique, entre autres, une dimension non seulement autoréflexive mais autocritique, qui confère à l’idée moderne de musée son énergie dialectique. Cette seconde hypothèse est la principale : elle conduira à réfléchir aux manifestations, aussi bien intellectuelles que concrètes, de « muséophobie » comme à des phénomènes internes à la conscience muséale elle-même. En somme, le musée moderne, en amont de ses divers avatars catégoriels, n’en finit pas de s’étonner et de s’inquiéter de lui-même. Pourquoi ? Jusqu’à quel point ? Avec quelles conséquences ?
Pour nourrir la réflexion, on commencera par reprendre l’étude précise des textes fondateurs d’Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, resitués dans leur contexte, entre les années 1790 et 1815. Puis, en opérant un saut chronologique, on s’interrogera sur les relations d’attraction-répulsion, de soumission et de provocation, entre l’art contemporain et le musée au XXe siècle, en recourant à quelques cas paradigmatiques de créations artistiques qui se sont donné l’idée de musée – et pas seulement de musée d’art – pour cible de réflexion et de critique, depuis les années 1960.
Le programme détaillé sera précisé lors de la première séance.
La séance du 17 janvier se déroulera en salle 3.06 (Centre de colloques, Campus Condorcet)
Master
-
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Formes et objets
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – autre -
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu, fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous.
- Réception des candidats
sur rendez-vous.
- Pré-requis
pas de pré-requis.
Compte rendu
Sous-jacente aux deux hypothèses de départ formulées dans la présentation du séminaire, l'intention générale qui a parcouru toutes les séances, que ce soit dans les lectures collectives de textes de référence ou dans les discussions qui ont suivi les cours magistraux et les exposés d'invités, est la suivante : il s'est agi, pour l'ensemble du groupe (y compris le responsable du séminaire lui-même et ses invités) d'approfondir la conscience de la singularité, sur un plan culturel, et de l'étrangeté, sur un plan émotionnel, du phénomène muséal. L'idée de musée, les désirs qui l'animent, les pratiques qui en résultent, leurs contradictions internes, ne sont pas coextensifs au collectionnisme en général. Quelque chose a lieu dans le musée, aussi bien comme institution que comme vécu, comme réalité matérielle que comme imaginaire, qui incarne le choc entre une volonté d'arraisonnement du temps par les objets et un désir de court-circuitage de cette double dimension temporelle et matérielle par l'idéalisation radicale de l'expérience esthétique. Cette double contrainte ouvre la pensée du musée, presque de force, à une réflexion autocritique, qui se vérifie très tôt, et à tous les niveaux, dans l'histoire des musées depuis la Révolution française.
Le séminaire a d'abord pris la forme de séances magistrales, destinées à redessiner le cadre historique de constitution de l'idée de musée sur le long terme. Les notions de base (patrimoine, collection, monument, mémoire, curiosité, trésor, etc.) ont été définies et discutées ; certains moments-clés ont fait l'objet d'analyses plus approfondies, notamment l'Italie des « humanistes » au XVIe siècle et l'Europe des « antiquaires » au XVIIIe siècle, en utilisant comme référence principale la récente synthèse de Krzysztof Pomian, Le Musée, une histoire mondiale. C'est d'ailleurs avec les thèses de cet ouvrage majeur que le débat s'est engagé, pour s'interroger sur ce que le musée « moderne », c'est-à-dire post-révolutionnaire, devait aux pratiques d'Ancien régime, et ce qui en lui, était au contraire radicalement nouveau. L'histoire des développements de l'idée de musée à la Révolution a été abordée essentiellement à partir des textes, en confrontant les tendances muséophiles et muséophobes, et en donnant une place centrale aux écrits de Quatremère de Quincy et à leur évolution, de la lutte circonstancielle contre les déplacements d'œuvres d'art à la dissection critique systématique de l'étrangeté (jugée effrayante par Quatremère, dans sa nouveauté même) de l'idée de musée.
Parallèlement, chaque séance a été ouverte par une discussion collective autour de textes ayant pour thème la critique du musée, textes dont la lecture avait été suggérée aux étudiant/es au cours de la séance précédente. Pour ce faire, on a cherché à insister sur le XXe siècle, à associer philosophie, littérature et écrits d'artistes, et à mettre en lumière des auteurs qu'on n'attendrait pas nécessairement sur ces thèmes. C'est ainsi qu'à côté de Walter Benjamin, Georges Bataille, Jean Dubuffet ou Yves Bonnefoy, ont également été discutés des écrits de Matthew Stewart Prichard, Georges Duthuit, Witold Gombrowicz ou Marrcel Broodthaers.
Outre quelques exposés d'étudiant/es (facultatifs), trois séances ont permis d'accueillir des invités. Gabriel Cabello, de l'Université de Grenade, nous a parlé de sa recherche en cours sur la mort de Marat, sa représentation par David et la mise en scène quasi religieuse de son exposition au Muséum central des arts. Krzysztof Pomian nous a fait l'honneur de témoigner de sa longue expérience et de son itinéraire de chercheur européen, entre l'Est et l'Ouest, au sein duquel il a resitué sa vision historique, politique et morale du musée. Enfin, André Delpuech a réfléchi avec les étudiant/es aux contradictions auxquelles ne cessent de se heurter les musées d'ethnographie et d'anthropologie, à partir de son expérience de conservateur au musée du Quai Branly puis de directeur du Musée de l'Homme.
Dernière modification : 9 janvier 2023 10:38
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Signes, formes, représentations
- Page web
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- Langues
- français
- Mots-clés
- Arts Culture visuelle Esthétique Histoire culturelle Histoire des idées Musées Patrimoine
- Aires culturelles
- Amérique du Nord Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
- Rémi Labrusse [référent·e] directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
Ce séminaire sera l’occasion de mettre à l’épreuve deux hypothèses : d’abord que « l’invention » du musée en France sous la Révolution et l’Empire (Andrew McLellan, Daniel Sherman), puis son déploiement en Europe et aux États-Unis au XIXe siècle constituent une rupture qualitative majeure dans l’histoire longue de ce phénomène culturel (Krzysztof Pomian) ; ensuite, que cette rupture implique, entre autres, une dimension non seulement autoréflexive mais autocritique, qui confère à l’idée moderne de musée son énergie dialectique. Cette seconde hypothèse est la principale : elle conduira à réfléchir aux manifestations, aussi bien intellectuelles que concrètes, de « muséophobie » comme à des phénomènes internes à la conscience muséale elle-même. En somme, le musée moderne, en amont de ses divers avatars catégoriels, n’en finit pas de s’étonner et de s’inquiéter de lui-même. Pourquoi ? Jusqu’à quel point ? Avec quelles conséquences ?
Pour nourrir la réflexion, on commencera par reprendre l’étude précise des textes fondateurs d’Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, resitués dans leur contexte, entre les années 1790 et 1815. Puis, en opérant un saut chronologique, on s’interrogera sur les relations d’attraction-répulsion, de soumission et de provocation, entre l’art contemporain et le musée au XXe siècle, en recourant à quelques cas paradigmatiques de créations artistiques qui se sont donné l’idée de musée – et pas seulement de musée d’art – pour cible de réflexion et de critique, depuis les années 1960.
Le programme détaillé sera précisé lors de la première séance.
La séance du 17 janvier se déroulera en salle 3.06 (Centre de colloques, Campus Condorcet)
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Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Formes et objets
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – autre -
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu, fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu, fiche de lecture
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
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- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous.
- Réception des candidats
sur rendez-vous.
- Pré-requis
pas de pré-requis.
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Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
1er semestre / hebdomadaire, mardi 08:30-10:30
du 8 novembre 2022 au 14 février 2023
Nombre de séances : 13
Sous-jacente aux deux hypothèses de départ formulées dans la présentation du séminaire, l'intention générale qui a parcouru toutes les séances, que ce soit dans les lectures collectives de textes de référence ou dans les discussions qui ont suivi les cours magistraux et les exposés d'invités, est la suivante : il s'est agi, pour l'ensemble du groupe (y compris le responsable du séminaire lui-même et ses invités) d'approfondir la conscience de la singularité, sur un plan culturel, et de l'étrangeté, sur un plan émotionnel, du phénomène muséal. L'idée de musée, les désirs qui l'animent, les pratiques qui en résultent, leurs contradictions internes, ne sont pas coextensifs au collectionnisme en général. Quelque chose a lieu dans le musée, aussi bien comme institution que comme vécu, comme réalité matérielle que comme imaginaire, qui incarne le choc entre une volonté d'arraisonnement du temps par les objets et un désir de court-circuitage de cette double dimension temporelle et matérielle par l'idéalisation radicale de l'expérience esthétique. Cette double contrainte ouvre la pensée du musée, presque de force, à une réflexion autocritique, qui se vérifie très tôt, et à tous les niveaux, dans l'histoire des musées depuis la Révolution française.
Le séminaire a d'abord pris la forme de séances magistrales, destinées à redessiner le cadre historique de constitution de l'idée de musée sur le long terme. Les notions de base (patrimoine, collection, monument, mémoire, curiosité, trésor, etc.) ont été définies et discutées ; certains moments-clés ont fait l'objet d'analyses plus approfondies, notamment l'Italie des « humanistes » au XVIe siècle et l'Europe des « antiquaires » au XVIIIe siècle, en utilisant comme référence principale la récente synthèse de Krzysztof Pomian, Le Musée, une histoire mondiale. C'est d'ailleurs avec les thèses de cet ouvrage majeur que le débat s'est engagé, pour s'interroger sur ce que le musée « moderne », c'est-à-dire post-révolutionnaire, devait aux pratiques d'Ancien régime, et ce qui en lui, était au contraire radicalement nouveau. L'histoire des développements de l'idée de musée à la Révolution a été abordée essentiellement à partir des textes, en confrontant les tendances muséophiles et muséophobes, et en donnant une place centrale aux écrits de Quatremère de Quincy et à leur évolution, de la lutte circonstancielle contre les déplacements d'œuvres d'art à la dissection critique systématique de l'étrangeté (jugée effrayante par Quatremère, dans sa nouveauté même) de l'idée de musée.
Parallèlement, chaque séance a été ouverte par une discussion collective autour de textes ayant pour thème la critique du musée, textes dont la lecture avait été suggérée aux étudiant/es au cours de la séance précédente. Pour ce faire, on a cherché à insister sur le XXe siècle, à associer philosophie, littérature et écrits d'artistes, et à mettre en lumière des auteurs qu'on n'attendrait pas nécessairement sur ces thèmes. C'est ainsi qu'à côté de Walter Benjamin, Georges Bataille, Jean Dubuffet ou Yves Bonnefoy, ont également été discutés des écrits de Matthew Stewart Prichard, Georges Duthuit, Witold Gombrowicz ou Marrcel Broodthaers.
Outre quelques exposés d'étudiant/es (facultatifs), trois séances ont permis d'accueillir des invités. Gabriel Cabello, de l'Université de Grenade, nous a parlé de sa recherche en cours sur la mort de Marat, sa représentation par David et la mise en scène quasi religieuse de son exposition au Muséum central des arts. Krzysztof Pomian nous a fait l'honneur de témoigner de sa longue expérience et de son itinéraire de chercheur européen, entre l'Est et l'Ouest, au sein duquel il a resitué sa vision historique, politique et morale du musée. Enfin, André Delpuech a réfléchi avec les étudiant/es aux contradictions auxquelles ne cessent de se heurter les musées d'ethnographie et d'anthropologie, à partir de son expérience de conservateur au musée du Quai Branly puis de directeur du Musée de l'Homme.