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UE387 - Hybride, hybridité, hybridation. Un nouveau concept pour les arts et les sciences sociales ?


Lieu et planning


  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Pereisc
    2nd semestre / hebdomadaire, mercredi 16:00-18:00
    du 22 février 2023 au 31 mai 2023
    Nombre de séances : 13


Description


Dernière modification : 22 mai 2022 10:20

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire, Philosophie et épistémologie, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Animalité Anthropologie Anthropologie culturelle Archéologie Arts Biologie et société Corps Culture matérielle Culture visuelle Esthétique Ethnicité Ethnologie Génétique Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques Racismes et races Vivant
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Rémi Labrusse [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
  • Claudine Cohen   directrice d'études, EHESS - directrice d'études (émérite), EPHE / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
  • André Delpuech   conservateur général du patrimoine, Muséum national d'histoire naturelle / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)

Qu’est-ce qu’un hybride ? Par métaphore, le terme s’applique aujourd’hui à de multiples domaines culturels : arts visuels, design, architecture, danse... ; et sociaux : l’enseignement, le commerce, l'industrie, la politique ou même la guerre.

Le séminaire proposera d’abord de remonter à la signification première de ce concept, en explorant ses usages en biologie depuis Buffon, Darwin, jusqu'à la biologie contemporaine, et ses retombées en paléontologie humaine et en préhistoire. Il interrogera aussi ses usages en anthropologie, ouvrant la question des représentations  des « races » et des cultures, de leur mixité, de leur métissage, de leur « créolisation ». On évoquera également les « communautés hybrides » (interactions entre les hommes et les animaux), la fluidité des genres, et les « futurologies » de l'homme augmenté, des « cyborgs », des hybrides hommes-machines. Enfin, le séminaire sera l’occasion de relier ces interrogations aux tendances modernes à la valorisation esthétique de l’hybridité, dans le champ artistique, en particulier muséal. 

Y a-t-il une unité conceptuelle de ces usages ? Peut-on faire une théorie générale des hybrides, ou seulement décrire des interactions et des mélanges dans des circonstances ou des contextes définis ? Cette insistance sur l’hybride, le mixte, le mélangé est-elle une réaction à la complexité du monde, traduit-elle la rupture des catégories traditionnelles dans un univers technique, social, économique, politique, bouleversé par la mondialisation et par la prégnance du numérique sur nos vies et sur la représentation de l’homme même ? L’hybridation est-elle possible et désirable en tout ?

Après trois séances introductives par les responsables du séminaire, les séances seront structurées autour des interventions d'invité·e·s dont la liste et le calendrier seront communiqués aux participant·e·s lors de la première séance. 


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

le séminaire est co-organisé par : Claudine Cohen, directrice d’études (retraitée) à l’EHESS (CRAL) ; directrice d’études (cumulante) émérite à l’EPHE (claudine.cohen@ehess.fr) ; André Delpuech, conservateur général du patrimoine, chercheur au Centre Alexandre-Koyré (andre.delpuech@ehess.fr) et Rémi Labrusse, directeur d'études à l'EHESS (CRAL) (remi.labrusse@ehess.fr)

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous avec les responsables du séminaire.

Réception des candidats

sur rendez-vous avec les responsables du séminaire.

Pré-requis

Master 1 en sciences sociales et/ou humanités.


Compte rendu


Le séminaire a tiré sa dynamique d'ensemble de l'interaction entre les regards, les approches méthodologiques et les savoirs d'une historienne des sciences (Claudine Cohen), d'un ethnologue (André Delpuech) et d'un historien de l'art (Rémi Labrusse). Tout en déployant la question de la définition de l'hybride et de ses frontières, le but a toujours été de s'interroger sur la positivité nouvelle acquise par ce concept, à la croisée des arts et des sciences sociales, mais aussi des sciences naturelles (paléontologie, génétique) et de l'éthique sociale, voire de la politique. 

Dans la logique de cette direction tripartite du séminaire, résolument interdisciplinaire, les invités ont proposé des explications et des interrogations issues d'approches aussi bien génétiques qu'historiques, ethnologiques et esthétiques. Claudine Cohen a présenté ses recherches sur l'hybride et les frontières de l'espèce dans l'histoire des sciences, André Delpuech, sur l'approche ethnologique de l'hybridité en contexte caribéen, et Rémi Labrusse sur le concept d'objet-frontière, de la période moderne jusqu'à l'art contemporain. 

Parmi les invités, Michel Veuille (École pratique des hautes études, section des Sciences de la vie et de la Terre) a présenté scientifiquement les principes de la  « génétique des hybrides » ; Jean-Jacques Hublin (Collège de France, chaire de paléoanthropologie) a montré les dernières avancées de la recherche sur « l'hybridation en paléontologie » ; Charles Stépanoff (EHESS, Laboratoire d’anthropologie sociale) a proposé une réflexion méthodologique sur « les communautés hybrides homme-animal et la polyglossie » ; Carlo Célius (CNRS, Institut des mondes africains) a développé une critique des usages contemporains des notions d'hybridité et de créolité, notamment dans le domaine de la création artistique en Haïti (« art, culture visuelle et hybridité en Caraïbes. L'exemple d'Haïti ») ; Emmanuel Grimaud (CNRS, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative) a commenté son film Ganesh Yourself (2016) et l'a relié à une présentation de la pensée techno-darwinienne de Samuel Butler (« Darwin parmi les machines », 1863) ; Jean-Hubert Martin (conservateur général du patrimoine et commissaire d'expositions) est revenu sur son action de long terme, de mise en exposition de l'hybride dans la création contemporaine mondiale (exposition Magiciens de la Terre, Château d'Oiron, etc.).

Parmi les acquis de cette réflexion collective, il convient de souligner la mise en lumière de la difficulté définitionnelle d'un concept qui a tôt fait de se confondre avec ceux de composite, d'hétérogène, etc. Quelle est la valeur structurelle de la frontière ou de la limite dans l'hybride ? A-t-elle vocation à s'effacer ou au contraire à s'affirmer ? L'hybride rompt-il les amarres avec l'hétérogénéité de ses origines, indéterminables dans le nouvel être qui en est issu, ou garde-t-il au contraire mémoire de ces sources composées ? Est-il la scène d'exposition explicite d'un passé multiforme ou le tremplin de naissance d'un futur oublieux de ses racines ?

Un second acquis de la réflexion réside dans la mise au jour de la forte évolution des valeurs attribuées à l'hybride. Comment s'y associent le négatif et le positif ? Quels jugements prévalent à son égard ? En quoi la valeur de l'hybride s'oppose-t-elle à la valeur de l'authentique ? Dans quelle mesure peut-on isoler une « hybridophilie » contemporaine et de quoi peut-elle être le symptôme dans le monde actuel ? Le goût de l'hybride correspond-il à un besoin collectif de désessentialisaton (et pourquoi ?) ou est-il au contraire un rebondissement de l'essentialisme, complexifié et ancré dans la naturalité ?

La réflexion se poursuivra sur ces lignes de pensée en 2023-2024. 

Dernière modification : 22 mai 2022 10:20

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Histoire, Philosophie et épistémologie, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Animalité Anthropologie Anthropologie culturelle Archéologie Arts Biologie et société Corps Culture matérielle Culture visuelle Esthétique Ethnicité Ethnologie Génétique Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques Racismes et races Vivant
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Rémi Labrusse [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
  • Claudine Cohen   directrice d'études, EHESS - directrice d'études (émérite), EPHE / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)
  • André Delpuech   conservateur général du patrimoine, Muséum national d'histoire naturelle / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)

Qu’est-ce qu’un hybride ? Par métaphore, le terme s’applique aujourd’hui à de multiples domaines culturels : arts visuels, design, architecture, danse... ; et sociaux : l’enseignement, le commerce, l'industrie, la politique ou même la guerre.

Le séminaire proposera d’abord de remonter à la signification première de ce concept, en explorant ses usages en biologie depuis Buffon, Darwin, jusqu'à la biologie contemporaine, et ses retombées en paléontologie humaine et en préhistoire. Il interrogera aussi ses usages en anthropologie, ouvrant la question des représentations  des « races » et des cultures, de leur mixité, de leur métissage, de leur « créolisation ». On évoquera également les « communautés hybrides » (interactions entre les hommes et les animaux), la fluidité des genres, et les « futurologies » de l'homme augmenté, des « cyborgs », des hybrides hommes-machines. Enfin, le séminaire sera l’occasion de relier ces interrogations aux tendances modernes à la valorisation esthétique de l’hybridité, dans le champ artistique, en particulier muséal. 

Y a-t-il une unité conceptuelle de ces usages ? Peut-on faire une théorie générale des hybrides, ou seulement décrire des interactions et des mélanges dans des circonstances ou des contextes définis ? Cette insistance sur l’hybride, le mixte, le mélangé est-elle une réaction à la complexité du monde, traduit-elle la rupture des catégories traditionnelles dans un univers technique, social, économique, politique, bouleversé par la mondialisation et par la prégnance du numérique sur nos vies et sur la représentation de l’homme même ? L’hybridation est-elle possible et désirable en tout ?

Après trois séances introductives par les responsables du séminaire, les séances seront structurées autour des interventions d'invité·e·s dont la liste et le calendrier seront communiqués aux participant·e·s lors de la première séance. 

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

le séminaire est co-organisé par : Claudine Cohen, directrice d’études (retraitée) à l’EHESS (CRAL) ; directrice d’études (cumulante) émérite à l’EPHE (claudine.cohen@ehess.fr) ; André Delpuech, conservateur général du patrimoine, chercheur au Centre Alexandre-Koyré (andre.delpuech@ehess.fr) et Rémi Labrusse, directeur d'études à l'EHESS (CRAL) (remi.labrusse@ehess.fr)

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous avec les responsables du séminaire.

Réception des candidats

sur rendez-vous avec les responsables du séminaire.

Pré-requis

Master 1 en sciences sociales et/ou humanités.

  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Pereisc
    2nd semestre / hebdomadaire, mercredi 16:00-18:00
    du 22 février 2023 au 31 mai 2023
    Nombre de séances : 13

Le séminaire a tiré sa dynamique d'ensemble de l'interaction entre les regards, les approches méthodologiques et les savoirs d'une historienne des sciences (Claudine Cohen), d'un ethnologue (André Delpuech) et d'un historien de l'art (Rémi Labrusse). Tout en déployant la question de la définition de l'hybride et de ses frontières, le but a toujours été de s'interroger sur la positivité nouvelle acquise par ce concept, à la croisée des arts et des sciences sociales, mais aussi des sciences naturelles (paléontologie, génétique) et de l'éthique sociale, voire de la politique. 

Dans la logique de cette direction tripartite du séminaire, résolument interdisciplinaire, les invités ont proposé des explications et des interrogations issues d'approches aussi bien génétiques qu'historiques, ethnologiques et esthétiques. Claudine Cohen a présenté ses recherches sur l'hybride et les frontières de l'espèce dans l'histoire des sciences, André Delpuech, sur l'approche ethnologique de l'hybridité en contexte caribéen, et Rémi Labrusse sur le concept d'objet-frontière, de la période moderne jusqu'à l'art contemporain. 

Parmi les invités, Michel Veuille (École pratique des hautes études, section des Sciences de la vie et de la Terre) a présenté scientifiquement les principes de la  « génétique des hybrides » ; Jean-Jacques Hublin (Collège de France, chaire de paléoanthropologie) a montré les dernières avancées de la recherche sur « l'hybridation en paléontologie » ; Charles Stépanoff (EHESS, Laboratoire d’anthropologie sociale) a proposé une réflexion méthodologique sur « les communautés hybrides homme-animal et la polyglossie » ; Carlo Célius (CNRS, Institut des mondes africains) a développé une critique des usages contemporains des notions d'hybridité et de créolité, notamment dans le domaine de la création artistique en Haïti (« art, culture visuelle et hybridité en Caraïbes. L'exemple d'Haïti ») ; Emmanuel Grimaud (CNRS, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative) a commenté son film Ganesh Yourself (2016) et l'a relié à une présentation de la pensée techno-darwinienne de Samuel Butler (« Darwin parmi les machines », 1863) ; Jean-Hubert Martin (conservateur général du patrimoine et commissaire d'expositions) est revenu sur son action de long terme, de mise en exposition de l'hybride dans la création contemporaine mondiale (exposition Magiciens de la Terre, Château d'Oiron, etc.).

Parmi les acquis de cette réflexion collective, il convient de souligner la mise en lumière de la difficulté définitionnelle d'un concept qui a tôt fait de se confondre avec ceux de composite, d'hétérogène, etc. Quelle est la valeur structurelle de la frontière ou de la limite dans l'hybride ? A-t-elle vocation à s'effacer ou au contraire à s'affirmer ? L'hybride rompt-il les amarres avec l'hétérogénéité de ses origines, indéterminables dans le nouvel être qui en est issu, ou garde-t-il au contraire mémoire de ces sources composées ? Est-il la scène d'exposition explicite d'un passé multiforme ou le tremplin de naissance d'un futur oublieux de ses racines ?

Un second acquis de la réflexion réside dans la mise au jour de la forte évolution des valeurs attribuées à l'hybride. Comment s'y associent le négatif et le positif ? Quels jugements prévalent à son égard ? En quoi la valeur de l'hybride s'oppose-t-elle à la valeur de l'authentique ? Dans quelle mesure peut-on isoler une « hybridophilie » contemporaine et de quoi peut-elle être le symptôme dans le monde actuel ? Le goût de l'hybride correspond-il à un besoin collectif de désessentialisaton (et pourquoi ?) ou est-il au contraire un rebondissement de l'essentialisme, complexifié et ancré dans la naturalité ?

La réflexion se poursuivra sur ces lignes de pensée en 2023-2024.