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UE33 - L’enrôlement des images dans la violence


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / bimensuel (2e/4e/5e), lundi 10:30-12:30
    du 24 octobre 2022 au 22 mai 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 25 juillet 2022 15:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie visuelle Corps Émotions Guerre Image Médias Méthodes et techniques des sciences sociales Numérique Réseaux sociaux Violence Visuel
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Cécile Boëx [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Les images font partie aujourd’hui de l’expérience des conflits contemporains. Révoltes, combats, témoignages, sont filmés et mis en ligne en temps réel par celles et ceux qui y participent. De ce point de vue, le conflit en Syrie, qui a donné lieu a une masse considérable de vidéos, reste paradigmatique des différents usages de l’image pour s’engager, combattre et documenter mais aussi pour tuer et terroriser. Ce séminaire propose d’interroger les manières dont les images participent à la violence, au moment où elle se produit mais aussi dans le(s) temps de sa diffusion. En effet, l’exercice de la violence par et avec les images induit différentes temporalités : d'abord celle où l’acte violent et l’acte d’image se confondent et interagissent, puis celle de leur circulation. Dès lors, la violence perdure parce qu'elle laisse une trace qui peut être réactivée de différentes manières. Cette trace permet aussi la documentation, l'analyse, éventuellement  en vue de futurs procès, ainsi que la remémoration. Comment regarder, analyser et comprendre ce qui se joue dans telles images et dans leurs trajectoires ? Nous aborderons également les liens entre visibilité de la violence et impunité.

 

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

aucun.


Compte rendu


Ce séminaire proposait, à partir d’images issues de conflits, d’interroger les manières dont celles-ci participent à la violence, au moment où elles sont réalisées mais aussi dans le(s) temps de leur diffusion. Nous avons cherché à mieux cerner les façons de montrer la violence mais aussi, de l’engendrer avec les images. Nous avons également abordé les enjeux méthodologiques et éthiques propres à l’étude des images violentes lors des différentes étapes du processus d’analyse qui induisent des formes multiples de confrontation à la violence : celui du visionnage et de la collecte, et le moment l’écriture. Plusieurs séances ont été consacrées à mon terrain audiovisuel syrien. J’ai d’abord présenté un corpus de vidéos de témoignage pour penser la vidéo comme une réplique à la violence dans le contexte du conflit en Syrie. Dans une autre séance, j’ai exposé la façon dont je travaillais sur des vidéos particulièrement violentes : les images fuitées de torture filmées par des soldats de l’armée syrienne ou des membres des services de renseignement et les vidéos d’exécution de l’État islamique. J’ai montré également comment ces vidéos, chacune de manière très différente, participent à intensifier la violence et à en maximiser les effets. La question de la performativité des images violentes a aussi été abordée du point de vue d’activistes syriens qui filment ou qui voient ces images alors qu’ils sont en proximité immédiate avec les événements. Cette réflexion s’est appuyée sur un corpus de textes écrits par des preneurs d’images syriens mais aussi des films syriens. Afin d’élargir le questionnement aux réponses cinématographiques possibles à la violence extrême et à ses enjeux éthiques, j’ai également présenté une analyse du dispositif de reenactment du film the Act of Killing de Joshua Oppenheimer (2012). La question de l’éthique a été abordée autrement, du point de vue des pratiques mémorielles et artistiques, par Anne Laure Porée, à partir notamment d’une réflexion sur les usages et la réappropriation de photos d’identités des victimes des génocidaires Khmers rouges et la polémique suscitée par le travail récent d’un artiste qui a manipulé et colorisé ces photos. L’intervention de Daniel Foliard est venu éclairer notre réflexion depuis ses travaux sur la violence photographiée dans le contexte des empires coloniaux. D’une part, il a montré comment l’appareil photographique a transformé profondément l'économie visuelle de la violence, et ce bien avant 1914. D’autre part, la discussion a également porté sur les manières de présenter des photographies montrant des atrocités pour les penser et en faire l'histoire. Agnès Devictor a quant à elle interrogé les différentes formes de monstration et de mise en scène de la violence de guerre dans films de fictions iraniens au moment même de la guerre Iran-Irak (1980-88). Enfin, Parand Danesh a présenté un exposé sur la performativité des images du martyr en Iran, leur liens avec la violence dans l’après 1979 mais aussi dans le contexte très actuel du mouvement de révolte. La réflexion développée dans ce séminaire a donné lieu à la journée d’étude portée par le réseau le Réseau international des chercheuses et chercheurs à l’épreuve de la violence extrême (RICEVE) « Que faire des images de la violence extrême » qui s’est tenue le 8 juin à la MSH.
 

Publications
  • « YouTube and the Syrian Revolution: On the Impact of Video Recording on Social Protests » dans Video Theories A Transdisciplinary Reader, sous la dir. de D. Daniels, J. Thoben (Anthology Editors), New York, Londres, Bloomsbury, 2022.
  • « Résurgences de la mémoire du massacre Hama après 2011 », dans Syrie, le pays brûlé (1970-2021). Livre noir des Assad, sous la dir. de C. Coquio, J. Hubrecht, L. Mansour et F. Mardam-Bey, Paris, Le Seuil, 2022.
  • « Impunité et cruauté. Les vidéos de torture filmées par des membres de l’armée syrienne », dans Syrie, le pays brûlé (1970-2021). Livre noir des Assad, op. cit.

Dernière modification : 25 juillet 2022 15:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie visuelle Corps Émotions Guerre Image Médias Méthodes et techniques des sciences sociales Numérique Réseaux sociaux Violence Visuel
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Cécile Boëx [référent·e]   maîtresse de conférences, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Les images font partie aujourd’hui de l’expérience des conflits contemporains. Révoltes, combats, témoignages, sont filmés et mis en ligne en temps réel par celles et ceux qui y participent. De ce point de vue, le conflit en Syrie, qui a donné lieu a une masse considérable de vidéos, reste paradigmatique des différents usages de l’image pour s’engager, combattre et documenter mais aussi pour tuer et terroriser. Ce séminaire propose d’interroger les manières dont les images participent à la violence, au moment où elle se produit mais aussi dans le(s) temps de sa diffusion. En effet, l’exercice de la violence par et avec les images induit différentes temporalités : d'abord celle où l’acte violent et l’acte d’image se confondent et interagissent, puis celle de leur circulation. Dès lors, la violence perdure parce qu'elle laisse une trace qui peut être réactivée de différentes manières. Cette trace permet aussi la documentation, l'analyse, éventuellement  en vue de futurs procès, ainsi que la remémoration. Comment regarder, analyser et comprendre ce qui se joue dans telles images et dans leurs trajectoires ? Nous aborderons également les liens entre visibilité de la violence et impunité.

 

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

aucun.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / bimensuel (2e/4e/5e), lundi 10:30-12:30
    du 24 octobre 2022 au 22 mai 2023
    Nombre de séances : 12

Ce séminaire proposait, à partir d’images issues de conflits, d’interroger les manières dont celles-ci participent à la violence, au moment où elles sont réalisées mais aussi dans le(s) temps de leur diffusion. Nous avons cherché à mieux cerner les façons de montrer la violence mais aussi, de l’engendrer avec les images. Nous avons également abordé les enjeux méthodologiques et éthiques propres à l’étude des images violentes lors des différentes étapes du processus d’analyse qui induisent des formes multiples de confrontation à la violence : celui du visionnage et de la collecte, et le moment l’écriture. Plusieurs séances ont été consacrées à mon terrain audiovisuel syrien. J’ai d’abord présenté un corpus de vidéos de témoignage pour penser la vidéo comme une réplique à la violence dans le contexte du conflit en Syrie. Dans une autre séance, j’ai exposé la façon dont je travaillais sur des vidéos particulièrement violentes : les images fuitées de torture filmées par des soldats de l’armée syrienne ou des membres des services de renseignement et les vidéos d’exécution de l’État islamique. J’ai montré également comment ces vidéos, chacune de manière très différente, participent à intensifier la violence et à en maximiser les effets. La question de la performativité des images violentes a aussi été abordée du point de vue d’activistes syriens qui filment ou qui voient ces images alors qu’ils sont en proximité immédiate avec les événements. Cette réflexion s’est appuyée sur un corpus de textes écrits par des preneurs d’images syriens mais aussi des films syriens. Afin d’élargir le questionnement aux réponses cinématographiques possibles à la violence extrême et à ses enjeux éthiques, j’ai également présenté une analyse du dispositif de reenactment du film the Act of Killing de Joshua Oppenheimer (2012). La question de l’éthique a été abordée autrement, du point de vue des pratiques mémorielles et artistiques, par Anne Laure Porée, à partir notamment d’une réflexion sur les usages et la réappropriation de photos d’identités des victimes des génocidaires Khmers rouges et la polémique suscitée par le travail récent d’un artiste qui a manipulé et colorisé ces photos. L’intervention de Daniel Foliard est venu éclairer notre réflexion depuis ses travaux sur la violence photographiée dans le contexte des empires coloniaux. D’une part, il a montré comment l’appareil photographique a transformé profondément l'économie visuelle de la violence, et ce bien avant 1914. D’autre part, la discussion a également porté sur les manières de présenter des photographies montrant des atrocités pour les penser et en faire l'histoire. Agnès Devictor a quant à elle interrogé les différentes formes de monstration et de mise en scène de la violence de guerre dans films de fictions iraniens au moment même de la guerre Iran-Irak (1980-88). Enfin, Parand Danesh a présenté un exposé sur la performativité des images du martyr en Iran, leur liens avec la violence dans l’après 1979 mais aussi dans le contexte très actuel du mouvement de révolte. La réflexion développée dans ce séminaire a donné lieu à la journée d’étude portée par le réseau le Réseau international des chercheuses et chercheurs à l’épreuve de la violence extrême (RICEVE) « Que faire des images de la violence extrême » qui s’est tenue le 8 juin à la MSH.
 

Publications
  • « YouTube and the Syrian Revolution: On the Impact of Video Recording on Social Protests » dans Video Theories A Transdisciplinary Reader, sous la dir. de D. Daniels, J. Thoben (Anthology Editors), New York, Londres, Bloomsbury, 2022.
  • « Résurgences de la mémoire du massacre Hama après 2011 », dans Syrie, le pays brûlé (1970-2021). Livre noir des Assad, sous la dir. de C. Coquio, J. Hubrecht, L. Mansour et F. Mardam-Bey, Paris, Le Seuil, 2022.
  • « Impunité et cruauté. Les vidéos de torture filmées par des membres de l’armée syrienne », dans Syrie, le pays brûlé (1970-2021). Livre noir des Assad, op. cit.