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UE314 - Maîtres, spécialistes et experts en Asie. Vers une anthropologie des modes de consultation (4)


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A327
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
    du 7 mars 2023 au 6 juin 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 1 juin 2022 19:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Affects Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Apprentissage Comparatisme Corps Cosmologie Culture matérielle Écriture Émotions Enquêtes Ethnographie Ethnologie Fait religieux Histoire des sciences et des techniques Image Institutions Intellectuels Interactions Médecine Nationalisme Objets Oralité Patrimoine Pragmatique Pratiques Professions Religieux (sciences sociales du) Rituel Santé Savoir-faire Savoirs Sciences Textes Travail
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Paul Sorrentino [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre Asie du Sud-Est (CASE)
  • Caterina Guenzi   maîtresse de conférences, EHESS / Centre d'études sud-asiatiques et himalayennes (CESAH)
  • Cécile Guillaume-Pey   chargée de recherche, CNRS / Centre d'études sud-asiatiques et himalayennes (CESAH)

Ce séminaire s’intéressera à la consultation en tant que mode d’action qui réunit les deux termes d’une relation : d’un côté, la personne qui détient des compétences spécialisées, reconnues comme légitimes et utiles, et qui dispense des services, le plus souvent rémunérés, au nom de ces compétences ; de l’autre, la personne qui bénéficie d’une prestation dans le cadre d’une interaction, plus ou moins, directe avec le spécialiste. Cette relation dyadique n’exclut nullement l’intervention d’autres acteurs qui peuvent à leur tour être consultés afin de contribuer au processus décisionnel. Il s’agira donc d’examiner l’ensemble des relations engagées en amont, pendant, et en aval de la consultation.

À partir de nos terrains en Inde et au Vietnam, nous privilégierons l’étude des spécialistes qui opèrent dans les domaines religieux, divinatoire et thérapeutique en Asie, tout en ouvrant éventuellement la comparaison à d’autres domaines (juridique, artistique, commercial, etc.) ou contextes régionaux afin de mettre en perspective nos questionnements. Dépassant l’opposition trop souvent établie entre des « occupations traditionnelles » (officiants rituels, médiums, devins, exorcistes, etc.) et des « professions libérales » (médecins, psychologues, etc.), l’ethnographie des séances de consultation nous permettra de mettre à jour les agencements multiples et la diversité des configurations relationnelles propres à chaque contexte. Quels sont les termes vernaculaires utilisés pour désigner un spécialiste et s’adresser à lui ? Comment la figure du « consultant » , entendu ici au sens littéral, est-elle caractérisée (client, patient, dévot, enquêteur, etc.) ?

En dehors des questions de définition, nous verrons que les pratiques de consultation ne sauraient être réduites à un face-à-face entre un consultant et un consulté. En effet, la figure du « spécialiste » , de même que celle de son « client » , est souvent éclatée et multiple : lorsqu’une famille consulte un devin pour un malade absent ou un médecin légiste pour un défunt (à la demande des instances judiciaires), ou lorsqu’un guérisseur énergétique voit son action encadrée par un scientifique par exemple. Le travail opéré lors d’une consultation peut ainsi donner lieu à des collaborations et médiations entre plusieurs types de spécialistes et nécessite souvent la présence d’« auxiliaires » (disciples, époux/ses de spécialistes, enfants, voisins, etc.) dont le rôle peut être plus ou moins formalisé. On se demandera ainsi comment sont tracées les frontières de l’expertise et quelles sont les particularités attribuées à ceux que l’on consulte. Des acteurs non-humains – défunts, divinités, planètes, etc. – et divers supports matériels – objets, images, documents écrits – occupent une place importante dans les négociations/transactions qui se déploient au cours de la consultation. À côté des paroles et des gestes échangés, on accordera ainsi une importance particulière à l’environnement matériel et sensoriel des consultations, lequel peut être bouleversé par l’appropriation de nouvelles technologies – cas de consultations en ligne, à distance, etc. – qui redéfinissent le cadre même de la consultation.

Après une année d'interruption, le séminaire reprend sous la forme d'un atelier éditorial. Les intervenants des années précédentes dont les contributions ont été retenues pour le projet de publication seront invités de nouveau afin de discuter leurs textes déjà rédigés. Les participants du séminaire pourront ainsi prendre part au processus éditorial de mise en cohérence du volume et d'élaboration de l'introduction générale.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Lors de sa quatrième année, ce séminaire a pris la forme d'un atelier éditorial pour avancer dans un projet de publication collective sur le thème de la consultation. Ce format se voulait non seulement propice aux échanges entre les collègues impliqué·es dans la publication, mais aussi pédagogiquement instructif pour les étudiant·es qui, prenant activement part à la relecture, analyse et commentaire des « premières versions » des textes, ont été ainsi exposés aux méthodes du travail éditorial.

La palette des intervenant·es a été élargie afin d’inclure plus de recherches portant sur des pratiques de consultation en dehors de l’aire asiatique, rendant ainsi davantage saillante la perspective comparative qui est au cœur de notre approche. Dominique Jaillard (Université de Genève) a repris et largement développé le « dossier Pythie » concernant les « doubles consultations » collectives des Athéniens auprès de la prophétesse d’Apollon en Grèce ancienne. Katerina Kerestetzi (CNRS) a présenté une analyse de la culture matérielle des consultations dans les religions afro-cubaines, tout en illustrant la spécificité esthétique et dialogique de chaque forme de culte (palo monte, santería, ifá ou spiritisme). Michel de Fornel (EHESS) a examiné les interactions verbales et gestuelles dans des consultations d’analgésie dans un hôpital français et malgache respectivement, pour interroger la deixis et les transpositions somatiques face à des patients ne pouvant pas exprimer la douleur par la parole. Grégory Delaplace (EPHE) a interrogé les manifestations de poltergeist en Angleterre dans les années 1920 en analysant la construction de ces dispositifs et leur mise à l’épreuve par une société savante dont l’objectif est de déterminer l’authenticité des pouvoirs médiumniques des personnes qui se retrouvent au centre de ces phénomènes. Bénédicte Brac de la Perrière a comparé, en contexte birman, différents types de consultations rituelles avec des experts qui ont des connaissances et des modes d’action bien distincts (astrologue, devin, médium, moine et exorciste) en s’interrogeant sur les sources de leurs pouvoirs respectifs et sur les lieux où ils officient. Adeline Herrou a examiné des séances de consultation de moines taoïstes dans un temple en Chine centrale en s’interrogeant sur les modalités et les enjeux du tirage de tiges oraculaires en bambou, objets autour desquels s’engagent des négociations entre les clients, le spécialiste rituel et les divinités. Grégoire Schlemmer a analysé les interactions qui ont lieu entre les spécialistes rituels et leurs clients dans le cadre des consultations chamaniques chez les Kulung au Népal en mettant en exergue l’ambiguïté du statut ontologique du spécialiste qui incarne les esprits et le rôle des objets qu’il manipule. Anne Gagnant mis en perspective les critiques culturalistes dont a fait l’objet le dispositif de la consultation psychanalytique en Inde dans les années 1970 avec les adaptations contemporaines de ce dispositif, voyant se confronter un idéal d’autonomie et un idéal d’ajustement.

Des questions transversales ont émergé des discussions sur ces configurations relationnelles multiples : Quels sont les « marqueurs » qui indiquent le début et la fin d’une consultation ? De quelle manière les « tiers » (puissances divines, personnel soignant, accompagnateurs) interviennent dans les interactions entre le/la spécialiste et le/la cliente ? Quel rôle les divers supports matériels – objets, images, documents écrits – jouent-ils dans les négociations/transactions qui se déploient au cours de la consultation ? Comment les espaces dans lesquels se déroulent les consultations modulent-ils les interactions entre les divers acteurs ou se retrouvent transformés par elles ?

Publications

Paul Sorrentino

  • Avec Nicolas Adell, Sophie Chave-Dartoen et Céline Travesi, « Apprentissages sous tension », numéro thématique de la revue Ethnographiques.org, 45, 2023.
  • Avec Nicolas Adell et Sophie Chave-Dartoen,  « Apprentissages à l'épreuve », Ethnographiques.org, 45, 2023.

Dernière modification : 1 juin 2022 19:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Affects Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Apprentissage Comparatisme Corps Cosmologie Culture matérielle Écriture Émotions Enquêtes Ethnographie Ethnologie Fait religieux Histoire des sciences et des techniques Image Institutions Intellectuels Interactions Médecine Nationalisme Objets Oralité Patrimoine Pragmatique Pratiques Professions Religieux (sciences sociales du) Rituel Santé Savoir-faire Savoirs Sciences Textes Travail
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Paul Sorrentino [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre Asie du Sud-Est (CASE)
  • Caterina Guenzi   maîtresse de conférences, EHESS / Centre d'études sud-asiatiques et himalayennes (CESAH)
  • Cécile Guillaume-Pey   chargée de recherche, CNRS / Centre d'études sud-asiatiques et himalayennes (CESAH)

Ce séminaire s’intéressera à la consultation en tant que mode d’action qui réunit les deux termes d’une relation : d’un côté, la personne qui détient des compétences spécialisées, reconnues comme légitimes et utiles, et qui dispense des services, le plus souvent rémunérés, au nom de ces compétences ; de l’autre, la personne qui bénéficie d’une prestation dans le cadre d’une interaction, plus ou moins, directe avec le spécialiste. Cette relation dyadique n’exclut nullement l’intervention d’autres acteurs qui peuvent à leur tour être consultés afin de contribuer au processus décisionnel. Il s’agira donc d’examiner l’ensemble des relations engagées en amont, pendant, et en aval de la consultation.

À partir de nos terrains en Inde et au Vietnam, nous privilégierons l’étude des spécialistes qui opèrent dans les domaines religieux, divinatoire et thérapeutique en Asie, tout en ouvrant éventuellement la comparaison à d’autres domaines (juridique, artistique, commercial, etc.) ou contextes régionaux afin de mettre en perspective nos questionnements. Dépassant l’opposition trop souvent établie entre des « occupations traditionnelles » (officiants rituels, médiums, devins, exorcistes, etc.) et des « professions libérales » (médecins, psychologues, etc.), l’ethnographie des séances de consultation nous permettra de mettre à jour les agencements multiples et la diversité des configurations relationnelles propres à chaque contexte. Quels sont les termes vernaculaires utilisés pour désigner un spécialiste et s’adresser à lui ? Comment la figure du « consultant » , entendu ici au sens littéral, est-elle caractérisée (client, patient, dévot, enquêteur, etc.) ?

En dehors des questions de définition, nous verrons que les pratiques de consultation ne sauraient être réduites à un face-à-face entre un consultant et un consulté. En effet, la figure du « spécialiste » , de même que celle de son « client » , est souvent éclatée et multiple : lorsqu’une famille consulte un devin pour un malade absent ou un médecin légiste pour un défunt (à la demande des instances judiciaires), ou lorsqu’un guérisseur énergétique voit son action encadrée par un scientifique par exemple. Le travail opéré lors d’une consultation peut ainsi donner lieu à des collaborations et médiations entre plusieurs types de spécialistes et nécessite souvent la présence d’« auxiliaires » (disciples, époux/ses de spécialistes, enfants, voisins, etc.) dont le rôle peut être plus ou moins formalisé. On se demandera ainsi comment sont tracées les frontières de l’expertise et quelles sont les particularités attribuées à ceux que l’on consulte. Des acteurs non-humains – défunts, divinités, planètes, etc. – et divers supports matériels – objets, images, documents écrits – occupent une place importante dans les négociations/transactions qui se déploient au cours de la consultation. À côté des paroles et des gestes échangés, on accordera ainsi une importance particulière à l’environnement matériel et sensoriel des consultations, lequel peut être bouleversé par l’appropriation de nouvelles technologies – cas de consultations en ligne, à distance, etc. – qui redéfinissent le cadre même de la consultation.

Après une année d'interruption, le séminaire reprend sous la forme d'un atelier éditorial. Les intervenants des années précédentes dont les contributions ont été retenues pour le projet de publication seront invités de nouveau afin de discuter leurs textes déjà rédigés. Les participants du séminaire pourront ainsi prendre part au processus éditorial de mise en cohérence du volume et d'élaboration de l'introduction générale.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
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Informations pratiques
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Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A327
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
    du 7 mars 2023 au 6 juin 2023
    Nombre de séances : 12

Lors de sa quatrième année, ce séminaire a pris la forme d'un atelier éditorial pour avancer dans un projet de publication collective sur le thème de la consultation. Ce format se voulait non seulement propice aux échanges entre les collègues impliqué·es dans la publication, mais aussi pédagogiquement instructif pour les étudiant·es qui, prenant activement part à la relecture, analyse et commentaire des « premières versions » des textes, ont été ainsi exposés aux méthodes du travail éditorial.

La palette des intervenant·es a été élargie afin d’inclure plus de recherches portant sur des pratiques de consultation en dehors de l’aire asiatique, rendant ainsi davantage saillante la perspective comparative qui est au cœur de notre approche. Dominique Jaillard (Université de Genève) a repris et largement développé le « dossier Pythie » concernant les « doubles consultations » collectives des Athéniens auprès de la prophétesse d’Apollon en Grèce ancienne. Katerina Kerestetzi (CNRS) a présenté une analyse de la culture matérielle des consultations dans les religions afro-cubaines, tout en illustrant la spécificité esthétique et dialogique de chaque forme de culte (palo monte, santería, ifá ou spiritisme). Michel de Fornel (EHESS) a examiné les interactions verbales et gestuelles dans des consultations d’analgésie dans un hôpital français et malgache respectivement, pour interroger la deixis et les transpositions somatiques face à des patients ne pouvant pas exprimer la douleur par la parole. Grégory Delaplace (EPHE) a interrogé les manifestations de poltergeist en Angleterre dans les années 1920 en analysant la construction de ces dispositifs et leur mise à l’épreuve par une société savante dont l’objectif est de déterminer l’authenticité des pouvoirs médiumniques des personnes qui se retrouvent au centre de ces phénomènes. Bénédicte Brac de la Perrière a comparé, en contexte birman, différents types de consultations rituelles avec des experts qui ont des connaissances et des modes d’action bien distincts (astrologue, devin, médium, moine et exorciste) en s’interrogeant sur les sources de leurs pouvoirs respectifs et sur les lieux où ils officient. Adeline Herrou a examiné des séances de consultation de moines taoïstes dans un temple en Chine centrale en s’interrogeant sur les modalités et les enjeux du tirage de tiges oraculaires en bambou, objets autour desquels s’engagent des négociations entre les clients, le spécialiste rituel et les divinités. Grégoire Schlemmer a analysé les interactions qui ont lieu entre les spécialistes rituels et leurs clients dans le cadre des consultations chamaniques chez les Kulung au Népal en mettant en exergue l’ambiguïté du statut ontologique du spécialiste qui incarne les esprits et le rôle des objets qu’il manipule. Anne Gagnant mis en perspective les critiques culturalistes dont a fait l’objet le dispositif de la consultation psychanalytique en Inde dans les années 1970 avec les adaptations contemporaines de ce dispositif, voyant se confronter un idéal d’autonomie et un idéal d’ajustement.

Des questions transversales ont émergé des discussions sur ces configurations relationnelles multiples : Quels sont les « marqueurs » qui indiquent le début et la fin d’une consultation ? De quelle manière les « tiers » (puissances divines, personnel soignant, accompagnateurs) interviennent dans les interactions entre le/la spécialiste et le/la cliente ? Quel rôle les divers supports matériels – objets, images, documents écrits – jouent-ils dans les négociations/transactions qui se déploient au cours de la consultation ? Comment les espaces dans lesquels se déroulent les consultations modulent-ils les interactions entre les divers acteurs ou se retrouvent transformés par elles ?

Publications

Paul Sorrentino

  • Avec Nicolas Adell, Sophie Chave-Dartoen et Céline Travesi, « Apprentissages sous tension », numéro thématique de la revue Ethnographiques.org, 45, 2023.
  • Avec Nicolas Adell et Sophie Chave-Dartoen,  « Apprentissages à l'épreuve », Ethnographiques.org, 45, 2023.