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UE313 - Anthropologie et linguistique : convergences et recherches actuelles


Lieu et planning


  • 10 rue Monsieur-le-Prince
    Salle Alphonse-Dupront
    10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 11:00-13:00
    du 26 octobre 2022 au 25 janvier 2023

    Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 10:30-12:30
    du 8 février 2023 au 10 mai 2023

    • Mercredi 8 février 2023 : salle 3.08
    • Mercredi 22 février 2023 : salle 3.08
    • Mercredi 8 mars 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)
    • Mercredi 22 mars 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)
    • Mercredi 12 avril 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)
    • Mercredi 10 mai 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)


    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 18 mai 2022 10:40

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Ethnologie Littérature orale Narratologie Pragmatique Théâtre
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France Inde
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Francis Zimmermann   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Maud Verdier   maîtresse de conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Linguistes et anthropologues, nous étudierons ensemble la langue et ses usages dans différents contextes ethnographiques et les interactions conversationnelles dans différents cadres de participation aux actes de parole. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions intéressant l'anthropologie, la linguistique et la sociolinguistique. A partir de nos enquêtes de terrain, nous traiterons de questions classiques comme : la communication rituelle, les arts de la parole et le théâtre,  l'ethnopoétique, l'oralité et la performance, la narrativité, musique et langage. Ou plus récentes : la multimodalité, la narrativité et le chronotope, la répétition et l'improvisation.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Michel de Fornel par courriel.

Direction de travaux des étudiants

jeudi, de 14 h à 17 h, sur rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

ouvert à tous les étudiants.


Compte rendu


Nous sommes partis de la distinction classique depuis Jean Pouillon (Temps et roman, 1946) entre trois points de vue suivant lesquels les éléments d’un récit sont portés à la connaissance du destinataire. Dans la vision par derrière, le narrateur voit tout et sait tout des pensées des personnages mis en scène. La vision avec est le point de vue d’un personnage particulier. Et vus du dehors, nous ne connaissons des personnages que ce que leur conduite peut révéler. Nous avons illustré cette problématique sur nos recherches respectives. Michel de Fornel analyse les phénomènes dialogiques dans les lettres échangées entre un poilu et son épouse pendant la Grande Guerre ; Francis Zimmermann s’intéresse à des textes littéraires composés par épisodes ou par fragments ; Maud Verdier étudie l’écriture de plateau et la performance continuée de répétition en répétition lorsque la troupe de théâtre de la Bulle bleue à Montpellier monte un nouveau spectacle. Ces trois formes d’écriture – l’écriture ordinaire, l’écriture fragmentaire, l’écriture de plateau – ont pour point commun de constituer des événements de parole dont les participants, de statuts différents (au sens sociolinguistique du mot), peuvent adopter des points de vue divergents sur le sens de ce qui est raconté. Voici trois échantillons.

Dans un échange épistolaire, il n’y a pas de coprésence, pas de face-à-face. Dans la correspondance conjugale de la Grande Guerre qu’étudie Michel de Fornel, un même événement de parole s’articule entre plusieurs temporalités et lieux différents, ce qui permet, contrairement au jeu étroit des « répliques » dans un face-à-face, un jeu plus large de « réponses » usant par exemple du style indirect libre. Le style indirect libre est lié à l’écrit, non à la situation d’interlocution ; une de ses caractéristiques grammaticales est la 3e personne du singulier : l’énonciateur n’est pas je mais il ou elle. Néanmoins on peut avoir du style indirect libre à la première personne dans un récit d’expérience personnelle. Dans ses lettres à son épouse, un poilu peut parler de soi en style indirect libre. L’énonciateur en ce cas est un je fictif. L’anthropologue linguiste fait ressortir, à travers les façons de s’écrire dans un couple pris dans la tourmente, les croyances et les pratiques interactionnelles qui constituent la culture de guerre et plus largement la culture définie comme formes de participation aux événements. 

Francis Zimmermann s’intéresse aux enchâssements de voix dissidentes dans un récit ethnographique. Quand il passe de l’oralité de la scène ethnographique à l’écriture qui met le récit en forme, l’ethnologue combine sa vision du dehors avec les paroles des gens du cru rapportées au style indirect libre. On parlait naguère d’observation participante. Mais qui participait à quoi ? Les lecteurs destinataires du texte ethnographique étaient pris dans le cadre de participation au récit que l’ethnologue leur proposait en s’y mettant implicitement en scène. Sa participation à la vie sociale de la tribu ou du village était enchâssée dans le cadre de participation à la monographie ethnographique, un récit enchâssé dans le récit. Cet enchâssement de la diégèse dans l’espace-temps de l’acte de parole que constitue le récit est exemplaire. C’est en effet le modèle sur lequel sont construits les récits à tiroirs, la sérialisation, l’enchâssement d’arcs narratifs dans un récit-cadre tel que celui de Shéhérazade dans Les Mille et une nuits.

Une répétition théâtrale met en œuvre un cadre de participation incluant des comédiens, un metteur en scène et des techniciens. Mais la compagnie dont Maud Verdier suit les activités de création dans le cadre d’un ESAT (un Établissement et Service d’Aide par le Travail) inclut aussi une équipe d’éducatrices et d’éducateurs permettant aux comédiens en situation de handicap de bénéficier des soins médico-sociaux et de l’accompagnement nécessaires à l’accomplissement de leur métier d’artiste. Cela rend le cadre de participation plus complexe, parce que des personnes de statuts sociolinguistiques très différents sont en coprésence et portent des points de vue divergents sur le sens de l’activité de création théâtrale dont la forme aboutie sera l’écriture de plateau. Maud Verdier a centré ses présentations sur le soin en action et les formes de l’accompagnement. Le soignant (éducateur ou éducatrice) exerce un rôle de répétiteur (il fait avec le comédien l’action demandée par le metteur en scène) et une fonction de réassurance en s’associant à l’action et au comédien tout en ne prenant pas sa place. C’est ce qu’indique par exemple l’emploi personnel du pronom on dans le contexte d’accompagnement, un emploi proche du nous inclusif mais modifié puisque le locuteur ne réalise pas l’activité à laquelle renvoie le prédicat du pronom on. En disant on, le soignant se présente comme inclus dans l’action décrite, mais c’est le tu, le comédien auquel il s’adresse, qui est chargé de faire l’action. Tout en respectant la personne du comédien dans son autonomie, le soignant se présente comme s’y associant. Cet échantillon d’analyse fait ressortir la spécificité des ESAT artistiques par opposition aux autres : la formation professionnelle qui y est dispensée implique la personne de l’artiste, en l’occurrence le comédien, et pas seulement un savoir-faire externe.

L’année se conclut par une conférence de William F. Hanks, professeur à l’Université de Californie, Berkeley, sur la Performativité distribuée.

Dernière modification : 18 mai 2022 10:40

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Ethnologie Littérature orale Narratologie Pragmatique Théâtre
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France Inde
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Francis Zimmermann   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Maud Verdier   maîtresse de conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Linguistes et anthropologues, nous étudierons ensemble la langue et ses usages dans différents contextes ethnographiques et les interactions conversationnelles dans différents cadres de participation aux actes de parole. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions intéressant l'anthropologie, la linguistique et la sociolinguistique. A partir de nos enquêtes de terrain, nous traiterons de questions classiques comme : la communication rituelle, les arts de la parole et le théâtre,  l'ethnopoétique, l'oralité et la performance, la narrativité, musique et langage. Ou plus récentes : la multimodalité, la narrativité et le chronotope, la répétition et l'improvisation.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Michel de Fornel par courriel.

Direction de travaux des étudiants

jeudi, de 14 h à 17 h, sur rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

ouvert à tous les étudiants.

  • 10 rue Monsieur-le-Prince
    Salle Alphonse-Dupront
    10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 11:00-13:00
    du 26 octobre 2022 au 25 janvier 2023

    Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 10:30-12:30
    du 8 février 2023 au 10 mai 2023

    • Mercredi 8 février 2023 : salle 3.08
    • Mercredi 22 février 2023 : salle 3.08
    • Mercredi 8 mars 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)
    • Mercredi 22 mars 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)
    • Mercredi 12 avril 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)
    • Mercredi 10 mai 2023 : salle 25-A (bâtiment EHESS-Condorcet)


    Nombre de séances : 12

Nous sommes partis de la distinction classique depuis Jean Pouillon (Temps et roman, 1946) entre trois points de vue suivant lesquels les éléments d’un récit sont portés à la connaissance du destinataire. Dans la vision par derrière, le narrateur voit tout et sait tout des pensées des personnages mis en scène. La vision avec est le point de vue d’un personnage particulier. Et vus du dehors, nous ne connaissons des personnages que ce que leur conduite peut révéler. Nous avons illustré cette problématique sur nos recherches respectives. Michel de Fornel analyse les phénomènes dialogiques dans les lettres échangées entre un poilu et son épouse pendant la Grande Guerre ; Francis Zimmermann s’intéresse à des textes littéraires composés par épisodes ou par fragments ; Maud Verdier étudie l’écriture de plateau et la performance continuée de répétition en répétition lorsque la troupe de théâtre de la Bulle bleue à Montpellier monte un nouveau spectacle. Ces trois formes d’écriture – l’écriture ordinaire, l’écriture fragmentaire, l’écriture de plateau – ont pour point commun de constituer des événements de parole dont les participants, de statuts différents (au sens sociolinguistique du mot), peuvent adopter des points de vue divergents sur le sens de ce qui est raconté. Voici trois échantillons.

Dans un échange épistolaire, il n’y a pas de coprésence, pas de face-à-face. Dans la correspondance conjugale de la Grande Guerre qu’étudie Michel de Fornel, un même événement de parole s’articule entre plusieurs temporalités et lieux différents, ce qui permet, contrairement au jeu étroit des « répliques » dans un face-à-face, un jeu plus large de « réponses » usant par exemple du style indirect libre. Le style indirect libre est lié à l’écrit, non à la situation d’interlocution ; une de ses caractéristiques grammaticales est la 3e personne du singulier : l’énonciateur n’est pas je mais il ou elle. Néanmoins on peut avoir du style indirect libre à la première personne dans un récit d’expérience personnelle. Dans ses lettres à son épouse, un poilu peut parler de soi en style indirect libre. L’énonciateur en ce cas est un je fictif. L’anthropologue linguiste fait ressortir, à travers les façons de s’écrire dans un couple pris dans la tourmente, les croyances et les pratiques interactionnelles qui constituent la culture de guerre et plus largement la culture définie comme formes de participation aux événements. 

Francis Zimmermann s’intéresse aux enchâssements de voix dissidentes dans un récit ethnographique. Quand il passe de l’oralité de la scène ethnographique à l’écriture qui met le récit en forme, l’ethnologue combine sa vision du dehors avec les paroles des gens du cru rapportées au style indirect libre. On parlait naguère d’observation participante. Mais qui participait à quoi ? Les lecteurs destinataires du texte ethnographique étaient pris dans le cadre de participation au récit que l’ethnologue leur proposait en s’y mettant implicitement en scène. Sa participation à la vie sociale de la tribu ou du village était enchâssée dans le cadre de participation à la monographie ethnographique, un récit enchâssé dans le récit. Cet enchâssement de la diégèse dans l’espace-temps de l’acte de parole que constitue le récit est exemplaire. C’est en effet le modèle sur lequel sont construits les récits à tiroirs, la sérialisation, l’enchâssement d’arcs narratifs dans un récit-cadre tel que celui de Shéhérazade dans Les Mille et une nuits.

Une répétition théâtrale met en œuvre un cadre de participation incluant des comédiens, un metteur en scène et des techniciens. Mais la compagnie dont Maud Verdier suit les activités de création dans le cadre d’un ESAT (un Établissement et Service d’Aide par le Travail) inclut aussi une équipe d’éducatrices et d’éducateurs permettant aux comédiens en situation de handicap de bénéficier des soins médico-sociaux et de l’accompagnement nécessaires à l’accomplissement de leur métier d’artiste. Cela rend le cadre de participation plus complexe, parce que des personnes de statuts sociolinguistiques très différents sont en coprésence et portent des points de vue divergents sur le sens de l’activité de création théâtrale dont la forme aboutie sera l’écriture de plateau. Maud Verdier a centré ses présentations sur le soin en action et les formes de l’accompagnement. Le soignant (éducateur ou éducatrice) exerce un rôle de répétiteur (il fait avec le comédien l’action demandée par le metteur en scène) et une fonction de réassurance en s’associant à l’action et au comédien tout en ne prenant pas sa place. C’est ce qu’indique par exemple l’emploi personnel du pronom on dans le contexte d’accompagnement, un emploi proche du nous inclusif mais modifié puisque le locuteur ne réalise pas l’activité à laquelle renvoie le prédicat du pronom on. En disant on, le soignant se présente comme inclus dans l’action décrite, mais c’est le tu, le comédien auquel il s’adresse, qui est chargé de faire l’action. Tout en respectant la personne du comédien dans son autonomie, le soignant se présente comme s’y associant. Cet échantillon d’analyse fait ressortir la spécificité des ESAT artistiques par opposition aux autres : la formation professionnelle qui y est dispensée implique la personne de l’artiste, en l’occurrence le comédien, et pas seulement un savoir-faire externe.

L’année se conclut par une conférence de William F. Hanks, professeur à l’Université de Californie, Berkeley, sur la Performativité distribuée.