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UE30 - Les enjeux de santé en temps de crises : savoirs et gouvernements, XIXe-XXIe siècle
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 10:30-12:30
du 20 octobre 2022 au 6 avril 2023
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 18 novembre 2022 13:49
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Histoire, Sociologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Biopolitique Corps Histoire Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Médecine Mobilisation(s) Politiques publiques Protection sociale Santé Santé environnementale Savoirs Sciences Sociologie
- Aires culturelles
- Amérique du Nord Europe France Méditerranéens (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
- Anne Rasmussen [référent·e] directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
- Soraya Boudia professeure des universités, Université Paris Cité / Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, sociétés (CERMES3)
Dans les crises majeures auxquelles nos sociétés contemporaines sont confrontées, qu’il s’agisse de pandémies comme celle du Covid-19, de situations engendrées par des dégradations environnementales (pollutions chimiques et changement climatique) ou par des guerres et des conflits, les enjeux de santé, à quelque échelle qu’on les saisisse, du local au global, sont souvent placés au centre de l’espace public. Dans la gestion de ces crises d’envergure, les questions sanitaires sont passées au crible des représentations et des répertoires d’action des crises passées, autant que des préfigurations, modélisations et anticipations de leur devenir. Ces crises sont à la fois un miroir grossissant de ce que sont nos sociétés à un moment donné et un important vecteur de leur transformation. Elles mettent en valeur l’acuité de l’enjeu des temporalités, que traduisent les processus dynamiques percutant la gestion de l’événement en situation d’incertitude, et l’impact des transformations qui affectent, dans la longue durée, la construction des problèmes de santé publique.
Ce séminaire entend questionner les enjeux du cadrage en termes sanitaires des situations de crise et les transformations des conceptions et des pratiques de la santé à l’épreuve de ces crises. Depuis le XIXe siècle, celles-ci occupent l’espace savant de la production et circulation des savoirs, l’espace politique du gouvernement des corps et des populations, l’espace médiatique des controverses et l’espace public des mobilisations collectives. Dans la perspective de l’histoire et des sciences sociales, le séminaire prend pour objet les enjeux scientifiques, politiques et économiques, ainsi que les dynamiques sociales et politiques à l’œuvre dans l’élaboration de savoirs, de dispositifs et de pratiques de gouvernement des crises en termes sanitaires, dont les mutations sont étudiées selon différents cadrages spatiaux et temporels durant deux siècles.
Les séances du séminaire sont consacrées à des études de cas empiriques saisies à différentes échelles et dans différents espaces, auxquelles est associée une dimension historiographique. Les moments critiques étudiés privilégient les crises pandémiques, les crises sanitaires environnementales et les situations de guerre et de conflits, ainsi que leur intrication.
20 octobre : Présentation générale. Gouverner le temps des crises épidémiques (1) : urgences (AR)
3 novembre : Gouverner le temps des crises épidémiques (2) : quarantaines (AR)
17 novembre : Visite commentée de l’exposition « Face aux épidémies, de la Peste noire à nos jours ». Archives nationales, Hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois, Paris 3e
1er décembre : Interroger les modèles nationaux : Yohann Aucante (EHESS, Cespra), La Suède en pandémie - réponses et controverses dans la crise de la Covid-19
15 décembre : Le gouvernement des risques sanitaires environnementaux (SB)
5 janvier : Les transformations de la gestion des crises : regards croisés (SB et AR)
19 janvier : Alexandre Wenger et Guillaume Linte (Université de Genève, Programme Neverending Infectious Diseases), Maladies infectieuses sans fin : le cas de la syphilis pour penser la mobilisation-démobilisation prophylactique (20e-21e siècle)
2 février : Renaud Hourcade (CNRS, Centre Émile Durkheim), Métropoles africaines face à la pollution atmosphérique : production des savoirs et de l’action publique sous régime d’aide
16 février : Discussion de travaux étudiants
2 mars : Catherine Cavalin (CNRS, IRISSO), Observer avec et à côté de l'exposome. Le cas des maladies systémiques d'étiologie « inconnue »
16 mars : Tania Navarro (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, LSHS), Poursuivre l’activité et maîtriser les risques en situation de crise pandémique : l’expérience de l’industrie nucléaire
6 avril : Discussion de travaux étudiants
Master
-
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Études environnementales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
le séminaire est ouvert aux étudiant·e·s en master, aux doctorant·e·s, aux chercheur·e·s et à tute personne intéressée sur demande.
Demande d'information par courriel.
- Direction de travaux des étudiants
sur présentation d'un projet.
- Réception des candidats
prise de rendez-vous par courriel.
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Pour sa deuxième année d’existence, le séminaire, animé avec Soraya Boudia, professeure à l’Université Paris Cité, a poursuivi le dialogue interdisciplinaire initié entre histoire, sociologie et études des sciences pour questionner l’épreuve des crises sur la construction des problèmes publics de santé et leur gestion en situation d’incertitude. Ces crises, d’ordre sanitaire ou/et environnemental, sont saisies dans une profondeur de champ historique, depuis le XIXe siècle, et dans différents espaces publics, qui donnent particulièrement à voir leur intrication, leurs effets cumulés et leur rejeu : espace savant de la production des savoirs et de leurs dispositifs matériels, espace biopolitique de l’administration de la santé des populations, espace médiatique de la circulation de l’information, des rumeurs et des controverses, espace social des mobilisations collectives, des contestations et des modalités de l’endurance face aux crises.
Un premier ensemble de séances a été consacré aux crises épidémiques, pour interroger les enjeux des temporalités différenciées de gestion des crises, dans les situations d’urgence (pandémique) ou de chronicité (endémique), qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre dans la plupart des maladies infectieuses, de la variole au choléra et au Covid-19. Des études de cas ont permis d’explorer des modalités situées dans l’espace et le temps de l’expérience quarantenaire aux XIXe et XXe siècles, et ses formes de sectorisation qui délimitent autant les espaces de l’action publique (internationale, nationale, locale) que les enjeux de la stigmatisation sociale ou des « biopolitiques inclusives », selon la terminologie foucaldienne appliquée à la peste. La question des modèles nationaux de gestion de crise et de stratégie prophylactique a été particulièrement explorée, en discutant les travaux classiques d’Erwin Ackerknecht puis de Peter Baldwin et en les confrontant à différents régimes sanitaires de gouvernement des pandémies, qui posent la question des usages de la comparaison dans la mesure des impacts. Dans cette perspective, Yohann Aucante a présenté les enjeux et controverses associés au gouvernement de la pandémie de Covid-19 par la social-démocratie suédoise, aux pratiques de l’« épidémiologie d’État » et aux systèmes de représentation d’une diplomatie publique sanitaire. Le séminaire a également dialogué avec l’exposition historique « Face aux épidémies » présentée aux Archives nationales, dont Anne Rasmussen a été commissaire scientifique, et avec sa mise à l’épreuve des sources. Cela a donné lieu à la tenue d’un séminaire dans l’exposition et à plusieurs manifestations scientifiques associées (colloque, catalogue, cycle de conférences).
Un deuxième ensemble de séances du séminaire a été centré sur la construction de savoirs produits par l’intrication des crises sanitaires et environnementales. On s’est particulièrement arrêté sur trois études de cas, en s’appuyant sur la discussion historique et critique de l’émergence de nouvelles catégories : l’exposome, qui vise à cerner les causes complexes de maladies chroniques liées à l’environnement, pour penser le cas des maladies systémiques d'étiologie « inconnue » (Catherine Cavalin) ; la relation entre la mesure des « pics de pollution » et la définition des crises sanitaires, dans le cas de la pollution atmosphérique dans des métropoles africaines (Renaud Hourcade) ; l’impact des modèles de gestion de crises sanitaires, comme le Covid-19, sur la maîtrise et le pilotage de situations critiques comme celles engendrées par le risque industriel nucléaire (Tania Navarro).
Le séminaire a alterné des séances de large cadrage du sujet, appuyées sur des textes, et des études de cas empiriques liées aux recherches en cours des organisatrices du séminaire, comme de collègues spécialistes invités.
Publications
- Avec Lucile Douchin et Vanessa Szollosi, Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, Paris, Archives nationales-Michel Lafon, 2022, 198 p.
- « Introduction », dans Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, op. cit., p.10-15
- « Éviter les épidémies ? Un programme prophylactique, 1870-1920 », dans Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, op. cit., p. 87-94
- « Des maladies émergentes à la Covid-19, vivre avec les épidémies », dans Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, op. cit., p. 173-183.
- « Les vies multiples d’un bobard de la Grande Guerre », dans Faire l’histoire des violences en guerre. Annette Becker, un engagement, XXe-XXIe siècles, sous la dir. d'Andrea Brazzoduro, Ken Daimaru et Fabien Theofilakis, Grâne, Créaphis, 2022, p. 71-90
Dernière modification : 18 novembre 2022 13:49
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Histoire, Sociologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Biopolitique Corps Histoire Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Médecine Mobilisation(s) Politiques publiques Protection sociale Santé Santé environnementale Savoirs Sciences Sociologie
- Aires culturelles
- Amérique du Nord Europe France Méditerranéens (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
- Anne Rasmussen [référent·e] directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
- Soraya Boudia professeure des universités, Université Paris Cité / Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, sociétés (CERMES3)
Dans les crises majeures auxquelles nos sociétés contemporaines sont confrontées, qu’il s’agisse de pandémies comme celle du Covid-19, de situations engendrées par des dégradations environnementales (pollutions chimiques et changement climatique) ou par des guerres et des conflits, les enjeux de santé, à quelque échelle qu’on les saisisse, du local au global, sont souvent placés au centre de l’espace public. Dans la gestion de ces crises d’envergure, les questions sanitaires sont passées au crible des représentations et des répertoires d’action des crises passées, autant que des préfigurations, modélisations et anticipations de leur devenir. Ces crises sont à la fois un miroir grossissant de ce que sont nos sociétés à un moment donné et un important vecteur de leur transformation. Elles mettent en valeur l’acuité de l’enjeu des temporalités, que traduisent les processus dynamiques percutant la gestion de l’événement en situation d’incertitude, et l’impact des transformations qui affectent, dans la longue durée, la construction des problèmes de santé publique.
Ce séminaire entend questionner les enjeux du cadrage en termes sanitaires des situations de crise et les transformations des conceptions et des pratiques de la santé à l’épreuve de ces crises. Depuis le XIXe siècle, celles-ci occupent l’espace savant de la production et circulation des savoirs, l’espace politique du gouvernement des corps et des populations, l’espace médiatique des controverses et l’espace public des mobilisations collectives. Dans la perspective de l’histoire et des sciences sociales, le séminaire prend pour objet les enjeux scientifiques, politiques et économiques, ainsi que les dynamiques sociales et politiques à l’œuvre dans l’élaboration de savoirs, de dispositifs et de pratiques de gouvernement des crises en termes sanitaires, dont les mutations sont étudiées selon différents cadrages spatiaux et temporels durant deux siècles.
Les séances du séminaire sont consacrées à des études de cas empiriques saisies à différentes échelles et dans différents espaces, auxquelles est associée une dimension historiographique. Les moments critiques étudiés privilégient les crises pandémiques, les crises sanitaires environnementales et les situations de guerre et de conflits, ainsi que leur intrication.
20 octobre : Présentation générale. Gouverner le temps des crises épidémiques (1) : urgences (AR)
3 novembre : Gouverner le temps des crises épidémiques (2) : quarantaines (AR)
17 novembre : Visite commentée de l’exposition « Face aux épidémies, de la Peste noire à nos jours ». Archives nationales, Hôtel de Soubise, 60 rue des Francs-Bourgeois, Paris 3e
1er décembre : Interroger les modèles nationaux : Yohann Aucante (EHESS, Cespra), La Suède en pandémie - réponses et controverses dans la crise de la Covid-19
15 décembre : Le gouvernement des risques sanitaires environnementaux (SB)
5 janvier : Les transformations de la gestion des crises : regards croisés (SB et AR)
19 janvier : Alexandre Wenger et Guillaume Linte (Université de Genève, Programme Neverending Infectious Diseases), Maladies infectieuses sans fin : le cas de la syphilis pour penser la mobilisation-démobilisation prophylactique (20e-21e siècle)
2 février : Renaud Hourcade (CNRS, Centre Émile Durkheim), Métropoles africaines face à la pollution atmosphérique : production des savoirs et de l’action publique sous régime d’aide
16 février : Discussion de travaux étudiants
2 mars : Catherine Cavalin (CNRS, IRISSO), Observer avec et à côté de l'exposome. Le cas des maladies systémiques d'étiologie « inconnue »
16 mars : Tania Navarro (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, LSHS), Poursuivre l’activité et maîtriser les risques en situation de crise pandémique : l’expérience de l’industrie nucléaire
6 avril : Discussion de travaux étudiants
-
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Études environnementales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
le séminaire est ouvert aux étudiant·e·s en master, aux doctorant·e·s, aux chercheur·e·s et à tute personne intéressée sur demande.
Demande d'information par courriel.
- Direction de travaux des étudiants
sur présentation d'un projet.
- Réception des candidats
prise de rendez-vous par courriel.
- Pré-requis
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Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 10:30-12:30
du 20 octobre 2022 au 6 avril 2023
Nombre de séances : 12
Pour sa deuxième année d’existence, le séminaire, animé avec Soraya Boudia, professeure à l’Université Paris Cité, a poursuivi le dialogue interdisciplinaire initié entre histoire, sociologie et études des sciences pour questionner l’épreuve des crises sur la construction des problèmes publics de santé et leur gestion en situation d’incertitude. Ces crises, d’ordre sanitaire ou/et environnemental, sont saisies dans une profondeur de champ historique, depuis le XIXe siècle, et dans différents espaces publics, qui donnent particulièrement à voir leur intrication, leurs effets cumulés et leur rejeu : espace savant de la production des savoirs et de leurs dispositifs matériels, espace biopolitique de l’administration de la santé des populations, espace médiatique de la circulation de l’information, des rumeurs et des controverses, espace social des mobilisations collectives, des contestations et des modalités de l’endurance face aux crises.
Un premier ensemble de séances a été consacré aux crises épidémiques, pour interroger les enjeux des temporalités différenciées de gestion des crises, dans les situations d’urgence (pandémique) ou de chronicité (endémique), qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre dans la plupart des maladies infectieuses, de la variole au choléra et au Covid-19. Des études de cas ont permis d’explorer des modalités situées dans l’espace et le temps de l’expérience quarantenaire aux XIXe et XXe siècles, et ses formes de sectorisation qui délimitent autant les espaces de l’action publique (internationale, nationale, locale) que les enjeux de la stigmatisation sociale ou des « biopolitiques inclusives », selon la terminologie foucaldienne appliquée à la peste. La question des modèles nationaux de gestion de crise et de stratégie prophylactique a été particulièrement explorée, en discutant les travaux classiques d’Erwin Ackerknecht puis de Peter Baldwin et en les confrontant à différents régimes sanitaires de gouvernement des pandémies, qui posent la question des usages de la comparaison dans la mesure des impacts. Dans cette perspective, Yohann Aucante a présenté les enjeux et controverses associés au gouvernement de la pandémie de Covid-19 par la social-démocratie suédoise, aux pratiques de l’« épidémiologie d’État » et aux systèmes de représentation d’une diplomatie publique sanitaire. Le séminaire a également dialogué avec l’exposition historique « Face aux épidémies » présentée aux Archives nationales, dont Anne Rasmussen a été commissaire scientifique, et avec sa mise à l’épreuve des sources. Cela a donné lieu à la tenue d’un séminaire dans l’exposition et à plusieurs manifestations scientifiques associées (colloque, catalogue, cycle de conférences).
Un deuxième ensemble de séances du séminaire a été centré sur la construction de savoirs produits par l’intrication des crises sanitaires et environnementales. On s’est particulièrement arrêté sur trois études de cas, en s’appuyant sur la discussion historique et critique de l’émergence de nouvelles catégories : l’exposome, qui vise à cerner les causes complexes de maladies chroniques liées à l’environnement, pour penser le cas des maladies systémiques d'étiologie « inconnue » (Catherine Cavalin) ; la relation entre la mesure des « pics de pollution » et la définition des crises sanitaires, dans le cas de la pollution atmosphérique dans des métropoles africaines (Renaud Hourcade) ; l’impact des modèles de gestion de crises sanitaires, comme le Covid-19, sur la maîtrise et le pilotage de situations critiques comme celles engendrées par le risque industriel nucléaire (Tania Navarro).
Le séminaire a alterné des séances de large cadrage du sujet, appuyées sur des textes, et des études de cas empiriques liées aux recherches en cours des organisatrices du séminaire, comme de collègues spécialistes invités.
Publications
- Avec Lucile Douchin et Vanessa Szollosi, Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, Paris, Archives nationales-Michel Lafon, 2022, 198 p.
- « Introduction », dans Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, op. cit., p.10-15
- « Éviter les épidémies ? Un programme prophylactique, 1870-1920 », dans Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, op. cit., p. 87-94
- « Des maladies émergentes à la Covid-19, vivre avec les épidémies », dans Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, op. cit., p. 173-183.
- « Les vies multiples d’un bobard de la Grande Guerre », dans Faire l’histoire des violences en guerre. Annette Becker, un engagement, XXe-XXIe siècles, sous la dir. d'Andrea Brazzoduro, Ken Daimaru et Fabien Theofilakis, Grâne, Créaphis, 2022, p. 71-90