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UE286 - De l’humain animalisé au vivant humanisé
Lieu et planning
-
Campus Condorcet-Centre de colloques
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 3.06
annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 12:30-14:30
du 14 novembre 2022 au 26 juin 2023
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 31 octobre 2023 14:24
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Animalité Anthropologie Mémoire Religieux (sciences sociales du) Rituel
- Aires culturelles
- Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
- Sergio Dalla Bernardina [référent·e] professeur des universités, Université de Bretagne Occidentale / Laboratoire d’anthropologie critique interdisciplinaire (LAP-LACI)
Ce séminaire poursuit la réflexion entamée les années précédentes sur le statut fluctuant des frontières ontologiques en insistant davantage sur l’ « altérité végétale » . L’anthropologie contemporaine s’intéresse de plus en plus aux rapports interlocutoires que nous entretenons avec les non-humains. Des études importantes ont montré la centralité de ces négociations dans les sociétés que l’on qualifiait autrefois de « traditionnelles » et que l’on appelle aujourd’hui « non-modernes » (négociations explicites et continues, institutionnalisées par les rites et par les mythes). L’écologie et l’éthologie, de leur côté, donnent des bases scientifiques à l’idée que les non-humains constituent des interlocuteurs de plein droit, avec des capacités sensorielles et cognitives qui les élèvent bien au-delà du simple rang d’objet. La convergence de ces deux regards alimente aujourd’hui une vaste gamme de recherches visant a dénicher, dans notre histoire mais également dans les mailles de la contemporanéité, des attitudes et des conceptions de type « animiste », « analogiste », « totémique », pour employer le vocabulaire de Philippe Descola. Une partie de ce séminaire a pour but de faire le point sur l’état actuel de la réflexion par des exemples ethnographiques et historiques. Une autre partie, plus « pragmatique », abordera la question des fonctions symboliques, psychologiques et sociales assurées par la reconnaissance de proximité (et parfois même d’« humanité ») dont bénéficie aujourd’hui, à des degrés différents, l’immense famille des non-humains.
14 novembre 2022 : Sergio Dalla Bernardina : Sylvophiles et sylvophobes. Faire de l’art dans les bois. Nous nous pencherons sur une évidence : dans leur théâtralité intrinsèque, les espaces naturels attirent les artistes contemporains. Les argumentaires et les rhétoriques varient, mais autour d’un nombre restreint de motifs : celui du « dialogue avec la nature », par exemple. De quelle nature s’agit-il ? Souvent, d’une nature conventionnelle, générique, idéal-typique. Les tempêtes, incendies et autres catastrophes aident à préciser son identité.
28 novembre 2022 : Sergio Dalla Bernardina : Dans le grand théâtre de la nature. Autour du Land Art, et de son devenir Cette séance reprend le thème abordé le 14 novembre. Le « Land-artiste », a priori, instaure le dialogue avec la nature (une nature « personne », donc, une nature « sujet »). C’est souvent le cas, mais pas toujours. Parfois, le discours écologiquement engagé prend des formes incantatoires dans une nature/théâtre réduite à ses effets synesthésiques. Parfois, derrière l’échange simulé, on croit entendre le monologue, voire l’énonciation ventriloque.
12 décembre 2022 : Bernard Kalaora Du musée vert à la forêt comme forme de vie Depuis quelques années, la forêt fait l'objet d'un fort engouement de la part des sciences humaines et sociales. Elle devient une entité qui innerve, irrigue tous les pores du social, du sujet, des corps et du collectif. Ce basculement de régime se traduit par une forme de vitalisme qui dépasse le darwinisme et signe la fin de la prééminence du seul point de vue humain : les espèces tant végétales qu’animales ont désormais une histoire et participent à l’histoire
Lundi 9 janvier 2022 : Sophie Bobbé "Un remède de cheval : les implications ontologiques de l'hippothérapie"
Peut-on considérer l’animal comme un sujet compatissant? Le concept d’empathie est-il opératoire pour définir son rôle dans un contexte thérapeutique? C’est à partir d’un cas concret - l'introduction d’un cheval dans un processus de soins en services de gériatrie, d'oncologie pédiatrique et de soins palliatifs - que nous aborderons ces questions.
23 janvier 2023 : André Micoud : De quoi « le vivant » est-il le nom ? A partir d’un examen de l’histoire de l’apparition des noms et de leurs usages, avec ce qu’ils entraînent avec eux à la fois de percepts, de concepts et de préceptes, je me propose d’interroger la signification de l’usage du substantif Le vivant dans les discours actuels tant de l’écologie (avec le concept de la biodiversité), que de la biologie (avec les pratiques de la brevetabilité). Ce sera pour moi l’occasion de revenir sur plusieurs de mes travaux sur des objets concrets aussi divers que les associations de protections de la nature, l’évocation des différents patrimoines, les OGM, les changements des rapports aux animaux…. Je me demanderai pour finir, avec l’anthropologie cette fois, si l’expression des formes de vie (au pluriel) ne permettrait pas de mieux échapper aux risques de toutes les ontologies identitaires.
13 février 2023 : Sergio Dalla Bernardina : Des animistes bien de chez nous
C’est une évidence que nous avons tendance à oublier : le statut officiel des plantes et des animaux ne correspond pas à leur statut fantasmatique.
Le chasseur, a priori, sait bien faire la différence entre un humain et un non-humain. Dans ses narrations, cependant, dans ses rêveries, dans ses mises en rituel, il anthropomorphise sa proie.
27 février 2023 : Carole Ferret (CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale) « Agir sur et avec les animaux. Techniques pastorales d’Asie intérieure » Je présenterai ma proposition d’une anthropologie de l’action élaborée à propos de l’étude du dressage des chevaux en Asie intérieure et, plus généralement, des techniques pastorales en Sibérie et Asie centrale. Agir sur des animaux, c’est agir sur des êtres vivants eux-mêmes dotés d’une capacité d’agir. Cela revient donc bien souvent à agir à la fois sur et avec eux. Je m’intéresserai alors aux modalités de la manipulation (faire faire), montrant que ces deux constructions (« agir sur » et « agir avec »), loin de devoir être opposées, sont concomitantes.
13 mars 2023 : Julie Lou Dubreuilh, Silvia Marzorati Marcher avec les moutons ... sur le trottoir.
Les animaux domestiqués sont des présences qui animent le temps et l’espace, pas seulement celui de la campagne mais celui de la ville également, autant que les hommes. Quand la réciprocité de leurs relations est reconnue, une communauté hybride peut se constituer comme dans le cas des bergers qui exercent des influences sur le troupeau et, vice-versa, des moutons qui « apprennent à des humains à leur apprendre » (M. Meuret, V. Despret, Composer avec les moutons, Avignon, Cardere, 2016).
Julie Lou Dubreuilh, éleveuse-bergère et une des fondateurs de Clinamen, association créée en février 2012 à Saint-Denis, expérimente cet apprentissage dans des activités de paysannerie urbaine. En particulier l'élevage ovin pour la viande et pour la gestion des prairies avec le troupeau en pâturage en parcours. « Bien manger, bien dormir » est le pilier des valeurs de l’association. Silvia étudiante en Master 2 en Territoires, espaces et sociétés à l’EHESS, dont le sujet d’étude est la fabrication du paysage par les mobilités humaines et non humaines, et bénévole à Clinamen, questionnera Julie Lou autour de la tentative de briser les frontières ontologiques entre naturalisme et animisme dans l'acte de manger ses amis moutons.
17 mai 2023 : Sergio Dalla Bernardina : L’imaginaire zoophile et l’ordre du monde. Dans la vision occidentale du monde, ne serait-ce que sur le plan officiel, une frontière indépassable sépare les humains des autres animaux. L’imaginaire a toujours été plus souple : la mythologie et le folklore regorgent d’histoires que la morale contemporaine qualifierait d’ « ambiguës » mettant en scène sans pudeur des liaisons interspécifiques.
Master
-
Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Études environnementales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
par courriel : sergio.dalla-bernardina@univ-brest.fr
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
- -
- Pré-requis
niveau Licence.
Dernière modification : 31 octobre 2023 14:24
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Animalité Anthropologie Mémoire Religieux (sciences sociales du) Rituel
- Aires culturelles
- Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
- Sergio Dalla Bernardina [référent·e] professeur des universités, Université de Bretagne Occidentale / Laboratoire d’anthropologie critique interdisciplinaire (LAP-LACI)
Ce séminaire poursuit la réflexion entamée les années précédentes sur le statut fluctuant des frontières ontologiques en insistant davantage sur l’ « altérité végétale » . L’anthropologie contemporaine s’intéresse de plus en plus aux rapports interlocutoires que nous entretenons avec les non-humains. Des études importantes ont montré la centralité de ces négociations dans les sociétés que l’on qualifiait autrefois de « traditionnelles » et que l’on appelle aujourd’hui « non-modernes » (négociations explicites et continues, institutionnalisées par les rites et par les mythes). L’écologie et l’éthologie, de leur côté, donnent des bases scientifiques à l’idée que les non-humains constituent des interlocuteurs de plein droit, avec des capacités sensorielles et cognitives qui les élèvent bien au-delà du simple rang d’objet. La convergence de ces deux regards alimente aujourd’hui une vaste gamme de recherches visant a dénicher, dans notre histoire mais également dans les mailles de la contemporanéité, des attitudes et des conceptions de type « animiste », « analogiste », « totémique », pour employer le vocabulaire de Philippe Descola. Une partie de ce séminaire a pour but de faire le point sur l’état actuel de la réflexion par des exemples ethnographiques et historiques. Une autre partie, plus « pragmatique », abordera la question des fonctions symboliques, psychologiques et sociales assurées par la reconnaissance de proximité (et parfois même d’« humanité ») dont bénéficie aujourd’hui, à des degrés différents, l’immense famille des non-humains.
14 novembre 2022 : Sergio Dalla Bernardina : Sylvophiles et sylvophobes. Faire de l’art dans les bois. Nous nous pencherons sur une évidence : dans leur théâtralité intrinsèque, les espaces naturels attirent les artistes contemporains. Les argumentaires et les rhétoriques varient, mais autour d’un nombre restreint de motifs : celui du « dialogue avec la nature », par exemple. De quelle nature s’agit-il ? Souvent, d’une nature conventionnelle, générique, idéal-typique. Les tempêtes, incendies et autres catastrophes aident à préciser son identité.
28 novembre 2022 : Sergio Dalla Bernardina : Dans le grand théâtre de la nature. Autour du Land Art, et de son devenir Cette séance reprend le thème abordé le 14 novembre. Le « Land-artiste », a priori, instaure le dialogue avec la nature (une nature « personne », donc, une nature « sujet »). C’est souvent le cas, mais pas toujours. Parfois, le discours écologiquement engagé prend des formes incantatoires dans une nature/théâtre réduite à ses effets synesthésiques. Parfois, derrière l’échange simulé, on croit entendre le monologue, voire l’énonciation ventriloque.
12 décembre 2022 : Bernard Kalaora Du musée vert à la forêt comme forme de vie Depuis quelques années, la forêt fait l'objet d'un fort engouement de la part des sciences humaines et sociales. Elle devient une entité qui innerve, irrigue tous les pores du social, du sujet, des corps et du collectif. Ce basculement de régime se traduit par une forme de vitalisme qui dépasse le darwinisme et signe la fin de la prééminence du seul point de vue humain : les espèces tant végétales qu’animales ont désormais une histoire et participent à l’histoire
Lundi 9 janvier 2022 : Sophie Bobbé "Un remède de cheval : les implications ontologiques de l'hippothérapie"
Peut-on considérer l’animal comme un sujet compatissant? Le concept d’empathie est-il opératoire pour définir son rôle dans un contexte thérapeutique? C’est à partir d’un cas concret - l'introduction d’un cheval dans un processus de soins en services de gériatrie, d'oncologie pédiatrique et de soins palliatifs - que nous aborderons ces questions.
23 janvier 2023 : André Micoud : De quoi « le vivant » est-il le nom ? A partir d’un examen de l’histoire de l’apparition des noms et de leurs usages, avec ce qu’ils entraînent avec eux à la fois de percepts, de concepts et de préceptes, je me propose d’interroger la signification de l’usage du substantif Le vivant dans les discours actuels tant de l’écologie (avec le concept de la biodiversité), que de la biologie (avec les pratiques de la brevetabilité). Ce sera pour moi l’occasion de revenir sur plusieurs de mes travaux sur des objets concrets aussi divers que les associations de protections de la nature, l’évocation des différents patrimoines, les OGM, les changements des rapports aux animaux…. Je me demanderai pour finir, avec l’anthropologie cette fois, si l’expression des formes de vie (au pluriel) ne permettrait pas de mieux échapper aux risques de toutes les ontologies identitaires.
13 février 2023 : Sergio Dalla Bernardina : Des animistes bien de chez nous
C’est une évidence que nous avons tendance à oublier : le statut officiel des plantes et des animaux ne correspond pas à leur statut fantasmatique.
Le chasseur, a priori, sait bien faire la différence entre un humain et un non-humain. Dans ses narrations, cependant, dans ses rêveries, dans ses mises en rituel, il anthropomorphise sa proie.
27 février 2023 : Carole Ferret (CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale) « Agir sur et avec les animaux. Techniques pastorales d’Asie intérieure » Je présenterai ma proposition d’une anthropologie de l’action élaborée à propos de l’étude du dressage des chevaux en Asie intérieure et, plus généralement, des techniques pastorales en Sibérie et Asie centrale. Agir sur des animaux, c’est agir sur des êtres vivants eux-mêmes dotés d’une capacité d’agir. Cela revient donc bien souvent à agir à la fois sur et avec eux. Je m’intéresserai alors aux modalités de la manipulation (faire faire), montrant que ces deux constructions (« agir sur » et « agir avec »), loin de devoir être opposées, sont concomitantes.
13 mars 2023 : Julie Lou Dubreuilh, Silvia Marzorati Marcher avec les moutons ... sur le trottoir.
Les animaux domestiqués sont des présences qui animent le temps et l’espace, pas seulement celui de la campagne mais celui de la ville également, autant que les hommes. Quand la réciprocité de leurs relations est reconnue, une communauté hybride peut se constituer comme dans le cas des bergers qui exercent des influences sur le troupeau et, vice-versa, des moutons qui « apprennent à des humains à leur apprendre » (M. Meuret, V. Despret, Composer avec les moutons, Avignon, Cardere, 2016).
Julie Lou Dubreuilh, éleveuse-bergère et une des fondateurs de Clinamen, association créée en février 2012 à Saint-Denis, expérimente cet apprentissage dans des activités de paysannerie urbaine. En particulier l'élevage ovin pour la viande et pour la gestion des prairies avec le troupeau en pâturage en parcours. « Bien manger, bien dormir » est le pilier des valeurs de l’association. Silvia étudiante en Master 2 en Territoires, espaces et sociétés à l’EHESS, dont le sujet d’étude est la fabrication du paysage par les mobilités humaines et non humaines, et bénévole à Clinamen, questionnera Julie Lou autour de la tentative de briser les frontières ontologiques entre naturalisme et animisme dans l'acte de manger ses amis moutons.
17 mai 2023 : Sergio Dalla Bernardina : L’imaginaire zoophile et l’ordre du monde. Dans la vision occidentale du monde, ne serait-ce que sur le plan officiel, une frontière indépassable sépare les humains des autres animaux. L’imaginaire a toujours été plus souple : la mythologie et le folklore regorgent d’histoires que la morale contemporaine qualifierait d’ « ambiguës » mettant en scène sans pudeur des liaisons interspécifiques.
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Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Études environnementales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
par courriel : sergio.dalla-bernardina@univ-brest.fr
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
- -
- Pré-requis
niveau Licence.
-
Campus Condorcet-Centre de colloques
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 3.06
annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 12:30-14:30
du 14 novembre 2022 au 26 juin 2023
Nombre de séances : 12
Tout au long de l’année universitaire 2022-2023, le séminaire a poursuivi son investigation autour des frontières ontologiques, leurs modulations culturelles et leurs fonctions. Les différents intervenants ont résumé leurs contributions dans les termes suivants :
14 novembre 2022 : Sergio Dalla Bernardina : Sylvophiles et sylvophobes. Faire de l’art dans les bois. Nous nous pencherons sur une évidence : dans leur théâtralité intrinsèque, les espaces naturels attirent les artistes contemporains. Les argumentaires et les rhétoriques varient, mais autour d’un nombre restreint de motifs : celui du « dialogue avec la nature », par exemple. De quelle nature s’agit-il ? Souvent, d’une nature conventionnelle, générique, idéal-typique. Les tempêtes, incendies et autres catastrophes aident à préciser son identité.
28 novembre 2022 : Sergio Dalla Bernardina : Dans le grand théâtre de la nature. Autour du Land Art, et de son devenir Cette séance reprend le thème abordé le 14 novembre. Le « Land-artiste », a priori, instaure le dialogue avec la nature (une nature « personne », donc, une nature « sujet »). C’est souvent le cas, mais pas toujours. Parfois, le discours écologiquement engagé prend des formes incantatoires dans une nature/théâtre réduite à ses effets synesthésiques. Parfois, derrière l’échange simulé, on croit entendre le monologue, voire l’énonciation ventriloque.
12 décembre 2022 : Bernard Kalaora Du musée vert à la forêt comme forme de vie Depuis quelques années, la forêt fait l'objet d'un fort engouement de la part des sciences humaines et sociales. Elle devient une entité qui innerve, irrigue tous les pores du social, du sujet, des corps et du collectif. Ce basculement de régime se traduit par une forme de vitalisme qui dépasse le darwinisme et signe la fin de la prééminence du seul point de vue humain : les espèces tant végétales qu’animales ont désormais une histoire et participent à l’histoire
Lundi 9 janvier 2022 : Sophie Bobbé "Un remède de cheval : les implications ontologiques de l'hippothérapie"
Peut-on considérer l’animal comme un sujet compatissant? Le concept d’empathie est-il opératoire pour définir son rôle dans un contexte thérapeutique? C’est à partir d’un cas concret - l'introduction d’un cheval dans un processus de soins en services de gériatrie, d'oncologie pédiatrique et de soins palliatifs - que nous aborderons ces questions.
23 janvier 2023 : André Micoud De quoi « le vivant » est-il le nom ? A partir d’un examen de l’histoire de l’apparition des noms et de leurs usages, avec ce qu’ils entraînent avec eux à la fois de percepts, de concepts et de préceptes, je me propose d’interroger la signification de l’usage du substantif Le vivant dans les discours actuels tant de l’écologie (avec le concept de la biodiversité), que de la biologie (avec les pratiques de la brevetabilité). Ce sera pour moi l’occasion de revenir sur plusieurs de mes travaux sur des objets concrets aussi divers que les associations de protections de la nature, l’évocation des différents patrimoines, les OGM, les changements des rapports aux animaux…. Je me demanderai pour finir, avec l’anthropologie cette fois, si l’expression des formes de vie (au pluriel) ne permettrait pas de mieux échapper aux risques de toutes les ontologies identitaires.
13 février 2023 : Sergio Dalla Bernardina Des animistes bien de chez nous
C’est une évidence que nous avons tendance à oublier : le statut officiel des plantes et des animaux ne correspond pas à leur statut fantasmatique.
Le chasseur, a priori, sait bien faire la différence entre un humain et un non-humain. Dans ses narrations, cependant, dans ses rêveries, dans ses mises en rituel, il anthropomorphise sa proie.
27 février 2023 : Carole Ferret (CNRS, Laboratoire d’anthropologie sociale) « Agir sur et avec les animaux. Techniques pastorales d’Asie intérieure » Je présenterai ma proposition d’une anthropologie de l’action élaborée à propos de l’étude du dressage des chevaux en Asie intérieure et, plus généralement, des techniques pastorales en Sibérie et Asie centrale. Agir sur des animaux, c’est agir sur des êtres vivants eux-mêmes dotés d’une capacité d’agir. Cela revient donc bien souvent à agir à la fois sur et avec eux. Je m’intéresserai alors aux modalités de la manipulation (faire faire), montrant que ces deux constructions (« agir sur » et « agir avec »), loin de devoir être opposées, sont concomitantes.
13 mars 2023 : Julie Lou Dubreuilh, Silvia Marzorati Marcher avec les moutons ... sur le trottoir.
Les animaux domestiqués sont des présences qui animent le temps et l’espace, pas seulement celui de la campagne mais celui de la ville également, autant que les hommes. Quand la réciprocité de leurs relations est reconnue, une communauté hybride peut se constituer comme dans le cas des bergers qui exercent des influences sur le troupeau et, vice-versa, des moutons qui « apprennent à des humains à leur apprendre » (M. Meuret, V. Despret, Composer avec les moutons, Avignon, Cardere, 2016).
Julie Lou Dubreuilh, éleveuse-bergère et une des fondateurs de Clinamen, association créée en février 2012 à Saint-Denis, expérimente cet apprentissage dans des activités de paysannerie urbaine. En particulier l'élevage ovin pour la viande et pour la gestion des prairies avec le troupeau en pâturage en parcours. « Bien manger, bien dormir » est le pilier des valeurs de l’association. Silvia étudiante en Master 2 en Territoires, espaces et sociétés à l’EHESS, dont le sujet d’étude est la fabrication du paysage par les mobilités humaines et non humaines, et bénévole à Clinamen, questionnera Julie Lou autour de la tentative de briser les frontières ontologiques entre naturalisme et animisme dans l'acte de manger ses amis moutons.
17 mai 2023 : Sergio Dalla Bernardina L’imaginaire zoophile et l’ordre du monde. Dans la vision occidentale du monde, ne serait-ce que sur le plan officiel, une frontière indépassable sépare les humains des autres animaux. L’imaginaire a toujours été plus souple : la mythologie et le folklore regorgent d’histoires que la morale contemporaine qualifierait d’ « ambiguës » mettant en scène sans pudeur des liaisons interspécifiques.