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UE283 - Figures du politique en Grèce ancienne : honneurs et châtiments


Lieu et planning


  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    annuel / hebdomadaire, jeudi 14:00-16:00
    du 3 novembre 2022 au 1er juin 2023
    Nombre de séances : 20


Description


Dernière modification : 18 mai 2022 09:56

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie historique Antiquité (sciences de l’) Citoyenneté Démocratie Philosophie politique Politique
Aires culturelles
Europe Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Vincent Azoulay [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Anthropologie et histoire des mondes antiques (AnHiMA)

Le séminaire se divisera en deux temps. Tout d’abord, dans la lignée de l’enquête lancée l’année dernière, nous nous arrêterons sur un trait crucial du fonctionnement démocratique : le rôle qu’y jouent les honneurs et les châtiments. À Athènes, le peuple s’efforçait en effet d’impliquer une élite politique dans les affaires de la cité – grâce à la distribution d’honneurs parfois immenses – tout en veillant à la contrôler étroitement – à travers des punitions ciblées et souvent drastiques. En étudiant les relations dialectiques entre culture honorifique et pratiques punitives, c’est une autre histoire de la démocratie que nous espérons mettre au jour.

Ensuite, nous reviendrons sur les transformations de la cité athénienne à la fin du IVe siècle av. J.-C. dans une perspective historiographique. Il s’agira d’analyser la façon dont l’œuvre de Démosthène, telle qu’elle se fige après la mort de l’orateur, a contribué à créer l’image d’une démocratie languissante, voire décadente, dont nous peinons aujourd’hui encore à nous déprendre.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

le séminaire aura lieu tous les jeudis, de 14 h à 16 h, du 3 novembre 2022 jusqu'au 1er juin 2023. Lieu : INHA, 2, rue Vivienne 75002 Paris. La salle sera précisée ultérieurement.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous (master et doctorat). Contacter Vincent Azoulay par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous. Contacter Vincent Azoulay par courriel.

Pré-requis

la connaissance du grec ancien n'est pas obligatoire, mais son apprentissage – sous la forme de cours d'initiation – est vivement recommandé au cours du master. 

L'inscription se fait à partir d'un projet de recherche élaboré en dialogue avec le directeur de mémoire.


Compte rendu


Le séminaire s’est tenu tous les jeudis, entre début novembre 2022 et juin 2023, entièrement en présentiel (22 séances). L’assistance, formée d’étudiants de master, de doctorants, de post-doctorants et d’enseignants-chercheurs, a oscillé entre 15 et 25 personnes. Le séminaire a été entièrement assuré par le directeur d’études, à l’exception de quatre séances, dont deux conférences de Mirko Canevaro, professeur invité à l’EHESS, qui portaient sur la question des honneurs en Grèce ancienne et au-delà.

Entamée l’année dernière et destinée à être poursuivie en 2023-2024, l’enquête s’est intéressée au fonctionnement de la démocratie athénienne à l’époque classique sous un angle rarement étudié : le rôle crucial que jouaient les honneurs et les châtiments dans son équilibre interne. Dans l’idéologie démocratique, telle qu’elle transparaît dans les plaidoyers des orateurs attiques, on peut en effet discerner une tension entre deux exigences contradictoires : d’une part, la nécessité d’impliquer des élites politiques dans la gestion de la communauté – c’est-à-dire des hommes prenant plus qu’à leur tour la parole à l’assemblée, faisant des propositions de décret et se présentant au tirage au sort ou à l’élection pour les principales magistratures (stratèges, conseillers, archontes…). D’autre part, la volonté d’empêcher ces mêmes individus de capter le pouvoir dans la cité, sinon en droit, du moins en fait. Cet équilibre toujours instable passait par l’octroi d’honneurs et d’avantages matériels (pour motiver les hommes politiques athéniens) et, symétriquement, par l’administration de punitions féroces à la moindre transgression constatée (afin de les contrôler).

L’année a été consacrée à préciser les linéaments de la culture punitive qui encadraient la conduite des hommes politiques athéniens. Après avoir étudié l’année dernière les châtiments corporels et les amendes massives qui pouvaient les frapper, le séminaire s’est arrêté longuement sur plusieurs formes de pénalité additionnelles : la prison, l’exil et, enfin, l’ostracisme. Ont été tout d’abord explorés les liens étroits entre démocratie et emprisonnement : celui-ci permettait, en amont, de ne pas priver le peuple de la possibilité de punir l’accusé (en évitant sa fuite) et, en aval, de garantir l’effectivité des peines prononcées par les tribunaux populaires (en maintenant incarcéré le fautif jusqu’à l’exécution de son châtiment). On est également revenu sur la réticence toute démocratique à recourir à l’exil : le peuple athénien ne condamnait jamais les hommes politiques à des peines de bannissement individuel ou collectif, pour ne pas créer à l'extérieur de la cité une masse d’ennemis revanchards et désireux d’abattre la démocratie. De ce point de vue, il faut se garder de confondre exil (définitif) et ostracisme (provisoire et révisable) : loin de provoquer la révolte des élites athéniennes, cette sanction produisait une forme de domestication dont le séminaire s’est attaché à décrire les ressorts.

Reste désormais à étudier la façon dont certaines pratiques non-juridiques contribuaient aussi à contrôler les comportements des hommes politiques en les incitant à ajuster leur comportement et leurs mœurs en fonction des attentes populaires : les rumeurs publiques et les attaques de la comédie attique méritent à cet égard une attention particulière. Il sera alors temps de revenir sur la manière dont se faisait, tout à la fois concrètement et symboliquement, l’articulation entre honneurs et châtiments, selon une dynamique historique dont il faudra tenter de rendre raison.

Publications
  • « Critias, les Trente et les Trois-Mille : heurs et malheurs d’un groupe charismatique », dans Le charisme en politique. Max Weber face à lAntiquité grecque et romaine, sous la dir. de Pascal Montlahuc, Jean-Pierre Guilhembet et Raphaëlle Laignoux, École française de Rome, Rome, 2023, p. 17-50.
  • Démosthène. Discours, sous la dir. de Pierre Chiron, en coll. avec Vincent Azoulay, Matthieu Fernandez, Camille Rambourg et Frédérique Woerther, Paris, Les Belles Lettres, 2023, 1344 p.
  • Avec Paulin Ismard, Atenas 403. Una historia coral, Siruela, Madrid, 2023 (trad. Susana Prieto Mori).

Dernière modification : 18 mai 2022 09:56

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie historique Antiquité (sciences de l’) Citoyenneté Démocratie Philosophie politique Politique
Aires culturelles
Europe Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
  • Vincent Azoulay [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Anthropologie et histoire des mondes antiques (AnHiMA)

Le séminaire se divisera en deux temps. Tout d’abord, dans la lignée de l’enquête lancée l’année dernière, nous nous arrêterons sur un trait crucial du fonctionnement démocratique : le rôle qu’y jouent les honneurs et les châtiments. À Athènes, le peuple s’efforçait en effet d’impliquer une élite politique dans les affaires de la cité – grâce à la distribution d’honneurs parfois immenses – tout en veillant à la contrôler étroitement – à travers des punitions ciblées et souvent drastiques. En étudiant les relations dialectiques entre culture honorifique et pratiques punitives, c’est une autre histoire de la démocratie que nous espérons mettre au jour.

Ensuite, nous reviendrons sur les transformations de la cité athénienne à la fin du IVe siècle av. J.-C. dans une perspective historiographique. Il s’agira d’analyser la façon dont l’œuvre de Démosthène, telle qu’elle se fige après la mort de l’orateur, a contribué à créer l’image d’une démocratie languissante, voire décadente, dont nous peinons aujourd’hui encore à nous déprendre.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

le séminaire aura lieu tous les jeudis, de 14 h à 16 h, du 3 novembre 2022 jusqu'au 1er juin 2023. Lieu : INHA, 2, rue Vivienne 75002 Paris. La salle sera précisée ultérieurement.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous (master et doctorat). Contacter Vincent Azoulay par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous. Contacter Vincent Azoulay par courriel.

Pré-requis

la connaissance du grec ancien n'est pas obligatoire, mais son apprentissage – sous la forme de cours d'initiation – est vivement recommandé au cours du master. 

L'inscription se fait à partir d'un projet de recherche élaboré en dialogue avec le directeur de mémoire.

  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    annuel / hebdomadaire, jeudi 14:00-16:00
    du 3 novembre 2022 au 1er juin 2023
    Nombre de séances : 20

Le séminaire s’est tenu tous les jeudis, entre début novembre 2022 et juin 2023, entièrement en présentiel (22 séances). L’assistance, formée d’étudiants de master, de doctorants, de post-doctorants et d’enseignants-chercheurs, a oscillé entre 15 et 25 personnes. Le séminaire a été entièrement assuré par le directeur d’études, à l’exception de quatre séances, dont deux conférences de Mirko Canevaro, professeur invité à l’EHESS, qui portaient sur la question des honneurs en Grèce ancienne et au-delà.

Entamée l’année dernière et destinée à être poursuivie en 2023-2024, l’enquête s’est intéressée au fonctionnement de la démocratie athénienne à l’époque classique sous un angle rarement étudié : le rôle crucial que jouaient les honneurs et les châtiments dans son équilibre interne. Dans l’idéologie démocratique, telle qu’elle transparaît dans les plaidoyers des orateurs attiques, on peut en effet discerner une tension entre deux exigences contradictoires : d’une part, la nécessité d’impliquer des élites politiques dans la gestion de la communauté – c’est-à-dire des hommes prenant plus qu’à leur tour la parole à l’assemblée, faisant des propositions de décret et se présentant au tirage au sort ou à l’élection pour les principales magistratures (stratèges, conseillers, archontes…). D’autre part, la volonté d’empêcher ces mêmes individus de capter le pouvoir dans la cité, sinon en droit, du moins en fait. Cet équilibre toujours instable passait par l’octroi d’honneurs et d’avantages matériels (pour motiver les hommes politiques athéniens) et, symétriquement, par l’administration de punitions féroces à la moindre transgression constatée (afin de les contrôler).

L’année a été consacrée à préciser les linéaments de la culture punitive qui encadraient la conduite des hommes politiques athéniens. Après avoir étudié l’année dernière les châtiments corporels et les amendes massives qui pouvaient les frapper, le séminaire s’est arrêté longuement sur plusieurs formes de pénalité additionnelles : la prison, l’exil et, enfin, l’ostracisme. Ont été tout d’abord explorés les liens étroits entre démocratie et emprisonnement : celui-ci permettait, en amont, de ne pas priver le peuple de la possibilité de punir l’accusé (en évitant sa fuite) et, en aval, de garantir l’effectivité des peines prononcées par les tribunaux populaires (en maintenant incarcéré le fautif jusqu’à l’exécution de son châtiment). On est également revenu sur la réticence toute démocratique à recourir à l’exil : le peuple athénien ne condamnait jamais les hommes politiques à des peines de bannissement individuel ou collectif, pour ne pas créer à l'extérieur de la cité une masse d’ennemis revanchards et désireux d’abattre la démocratie. De ce point de vue, il faut se garder de confondre exil (définitif) et ostracisme (provisoire et révisable) : loin de provoquer la révolte des élites athéniennes, cette sanction produisait une forme de domestication dont le séminaire s’est attaché à décrire les ressorts.

Reste désormais à étudier la façon dont certaines pratiques non-juridiques contribuaient aussi à contrôler les comportements des hommes politiques en les incitant à ajuster leur comportement et leurs mœurs en fonction des attentes populaires : les rumeurs publiques et les attaques de la comédie attique méritent à cet égard une attention particulière. Il sera alors temps de revenir sur la manière dont se faisait, tout à la fois concrètement et symboliquement, l’articulation entre honneurs et châtiments, selon une dynamique historique dont il faudra tenter de rendre raison.

Publications
  • « Critias, les Trente et les Trois-Mille : heurs et malheurs d’un groupe charismatique », dans Le charisme en politique. Max Weber face à lAntiquité grecque et romaine, sous la dir. de Pascal Montlahuc, Jean-Pierre Guilhembet et Raphaëlle Laignoux, École française de Rome, Rome, 2023, p. 17-50.
  • Démosthène. Discours, sous la dir. de Pierre Chiron, en coll. avec Vincent Azoulay, Matthieu Fernandez, Camille Rambourg et Frédérique Woerther, Paris, Les Belles Lettres, 2023, 1344 p.
  • Avec Paulin Ismard, Atenas 403. Una historia coral, Siruela, Madrid, 2023 (trad. Susana Prieto Mori).