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UE282 - Épistémologie de l'archéologie


Lieu et planning


  • EHESS-Toulouse
    Université Toulouse-Jean Jaurès, Maison de la recherche, 5 allées Antonio-Machado 31000 Toulouse
    1er semestre / hebdomadaire, lundi 14:00-18:00
    du 7 novembre 2022 au 12 décembre 2022


Description


Dernière modification : 18 mai 2022 09:54

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Archéologie, Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Archéologie Épistémologie Histoire des sciences et des techniques Philosophie analytique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Philippe Boissinot [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (TRACES)

Approche à la fois épistémologique, ontologique et sémantique de l'archéologie. La question des disciplines, du rapport entre archéologie et les autres sciences sociales. Nature des sources et différences essentielles entre textes, images et agrégats. Qu'est-ce qu'une science sociale sans dimension émique ? Archéologie et sciences naturelles.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter l'enseignant par courriel.

Direction de travaux des étudiants

le lundi de 10 h à 12 h.

Réception des candidats

le lundi de 10 h à 12 h, Philippe Boissinot MDR, UT2J, laboratoire TRACES, Toulouse.

Pré-requis

niveau Master 1.


Compte rendu


Le séminaire de cette année a été consacré à la notion d'agrégat archéologique, en relation avec l'usage de cette notion en philosophie. L'agrégat n'est pas appelé tel quel par Aristote (puisque le terme est du latin tardif et reprend l'archétype de la multitude antique qui est le troupeau : "grex"), mais se devine à travers l'opposition entre "pan" et "holon", laquelle recouvre celle entre la juxtaposition et l’organicité, entre l’ouvert et le clos, le premier terme pouvant donc se ramener à notre idée d’agrégat. Telle que cette opposition est présentée dans le livre delta de la métaphysique, il faudrait admettre que le TOUT assimilable à l’agrégat possède des parties dont la position est sans importance. Ce n’est pas vraiment le cas dans nos agrégats archéologiques, en partie parce qu’ils sont sensibles à la force de l’apesanteur ;  cependant, l’opposition fermé/ouvert a été reprise pour rendre compte des vicissitudes de l’agrégat, qui peut être par exemple figé quant au devenir de ses parties (je parle d’agrégat « chapé », et donc fermé, dans le cas emblématique de Pompéi). Leibnitz, pour faire vite dans la chronologie, est un philosophe qui s’est particulièrement intéressé à cette question des agrégats. Ces éléments juxtaposés ne forment pas pour lui un être. Un agrégat n’est pas un par soi, mais par accident, il est dépourvu de principe interne d’unité. Chez des philosophes contemporains comme T. Burge ou K. Fine, d'autres aspects sont déclinés dans le cadre de théories du XXe siècle. Le premier développe une approche nominaliste avec les individus que sont de composants-membres, dont la pluralité est envisagée à partir d’un parallèle concret à la théorie des ensembles (cependant trop abstraite) ; en revanche, pour le second, s’il distingue bien les composés qui sont de nature structurelle, de ceux qui le sont pas, ses exemples sont hélas cantonnés aux tas et amas d’un côté et aux termes de masse de l’autre, qui ne nous seront guère utiles ici. On trouve chez Burge une approche des mixtures (limonade) comme termes de masse relatifs à des phases temporelles qui peut être heuristique pour notre conception du sédiment. L’archéologie rend tangible d’autres aspects discutés par la métaphysique, tel le concept de somme méréologique qui peut quelquefois surprendre, par exemple lorsqu’on en vient à considérer des objets dont les parties, par exemple disjointes, sont elles-mêmes des objets de sortes différentes : par ex., la somme de mon chat, de la table du salon, de ma brosse à dents et du trognon de pomme que vient de mettre dans la poubelle. Ces entités ne se chevauchent pas et peuvent être considérées comme des parties, mais sommes-nous prêts à considérer cette somme comme un objet, et dans ce cas, à assister à une prolifération d’objets dans le monde ? Certains philosophes l’admettent, et d’autres pas : Lewis considère pour sa part qu’il ne s’agit pas au total d’un objet supplémentaire, mais d’objets pris ensemble. On remarquera là une certaine parenté avec les listes de choses que les archéologues consignent dans leurs rapports de fouille, choses qui sont parfois en contact, mais indépendamment de notre vouloir. La méréologie extensionnelle classique, celle de Simons, peine à établir ce que sont les touts intégraux, des objets qui sont quelque chose de plus que la somme de leurs parties, tels les artefacts ou les organismes vivants, ce que ne sont assurément pas les agrégats, autrement dit le résultat de ces sommes méréologiques dont nous venons de parler. Ce problème a été particulièrement abordé par Van Inwagen à travers sa QSC, où il défend le principe de composition restreinte, laquelle peut s’envisager selon la théorie du contact, de la fusion ou de l’organicisme. En raison du contact entre toutes les US (unités stratigraphiques), faut-il admettre que les agrégats archéologiques ne sont pas vraiment des agrégats ? Mais heureusement leurs parties ne sont pas tant fusionnées que cela, et ce ne sont assurément pas des organismes.

Publications
  •  La nécropole protohistorique de Sainte-Eulalie à Péchaudier (Tarn), Supplément à la Revue Archéologique du Tarn, Castres, 2022, 348 p.
  • « Que faut-il pour faire un sanctuaire ? », dans Naming and Mapping the Gods in the Ancient Mediterranean. Spaces, Mobilities, Imaginaries, sous la dir. de C. Bonnet, De Gruyter, 2022, p. 1039- 1055
  • Avec N. Patterson et al., « Large Scale Migration into Southern Britain at the End of the Bronze Age », Nature, 2022, 601 (7894), p. 588-594.

Dernière modification : 18 mai 2022 09:54

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Archéologie, Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Archéologie Épistémologie Histoire des sciences et des techniques Philosophie analytique
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Philippe Boissinot [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (TRACES)

Approche à la fois épistémologique, ontologique et sémantique de l'archéologie. La question des disciplines, du rapport entre archéologie et les autres sciences sociales. Nature des sources et différences essentielles entre textes, images et agrégats. Qu'est-ce qu'une science sociale sans dimension émique ? Archéologie et sciences naturelles.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

contacter l'enseignant par courriel.

Direction de travaux des étudiants

le lundi de 10 h à 12 h.

Réception des candidats

le lundi de 10 h à 12 h, Philippe Boissinot MDR, UT2J, laboratoire TRACES, Toulouse.

Pré-requis

niveau Master 1.

  • EHESS-Toulouse
    Université Toulouse-Jean Jaurès, Maison de la recherche, 5 allées Antonio-Machado 31000 Toulouse
    1er semestre / hebdomadaire, lundi 14:00-18:00
    du 7 novembre 2022 au 12 décembre 2022

Le séminaire de cette année a été consacré à la notion d'agrégat archéologique, en relation avec l'usage de cette notion en philosophie. L'agrégat n'est pas appelé tel quel par Aristote (puisque le terme est du latin tardif et reprend l'archétype de la multitude antique qui est le troupeau : "grex"), mais se devine à travers l'opposition entre "pan" et "holon", laquelle recouvre celle entre la juxtaposition et l’organicité, entre l’ouvert et le clos, le premier terme pouvant donc se ramener à notre idée d’agrégat. Telle que cette opposition est présentée dans le livre delta de la métaphysique, il faudrait admettre que le TOUT assimilable à l’agrégat possède des parties dont la position est sans importance. Ce n’est pas vraiment le cas dans nos agrégats archéologiques, en partie parce qu’ils sont sensibles à la force de l’apesanteur ;  cependant, l’opposition fermé/ouvert a été reprise pour rendre compte des vicissitudes de l’agrégat, qui peut être par exemple figé quant au devenir de ses parties (je parle d’agrégat « chapé », et donc fermé, dans le cas emblématique de Pompéi). Leibnitz, pour faire vite dans la chronologie, est un philosophe qui s’est particulièrement intéressé à cette question des agrégats. Ces éléments juxtaposés ne forment pas pour lui un être. Un agrégat n’est pas un par soi, mais par accident, il est dépourvu de principe interne d’unité. Chez des philosophes contemporains comme T. Burge ou K. Fine, d'autres aspects sont déclinés dans le cadre de théories du XXe siècle. Le premier développe une approche nominaliste avec les individus que sont de composants-membres, dont la pluralité est envisagée à partir d’un parallèle concret à la théorie des ensembles (cependant trop abstraite) ; en revanche, pour le second, s’il distingue bien les composés qui sont de nature structurelle, de ceux qui le sont pas, ses exemples sont hélas cantonnés aux tas et amas d’un côté et aux termes de masse de l’autre, qui ne nous seront guère utiles ici. On trouve chez Burge une approche des mixtures (limonade) comme termes de masse relatifs à des phases temporelles qui peut être heuristique pour notre conception du sédiment. L’archéologie rend tangible d’autres aspects discutés par la métaphysique, tel le concept de somme méréologique qui peut quelquefois surprendre, par exemple lorsqu’on en vient à considérer des objets dont les parties, par exemple disjointes, sont elles-mêmes des objets de sortes différentes : par ex., la somme de mon chat, de la table du salon, de ma brosse à dents et du trognon de pomme que vient de mettre dans la poubelle. Ces entités ne se chevauchent pas et peuvent être considérées comme des parties, mais sommes-nous prêts à considérer cette somme comme un objet, et dans ce cas, à assister à une prolifération d’objets dans le monde ? Certains philosophes l’admettent, et d’autres pas : Lewis considère pour sa part qu’il ne s’agit pas au total d’un objet supplémentaire, mais d’objets pris ensemble. On remarquera là une certaine parenté avec les listes de choses que les archéologues consignent dans leurs rapports de fouille, choses qui sont parfois en contact, mais indépendamment de notre vouloir. La méréologie extensionnelle classique, celle de Simons, peine à établir ce que sont les touts intégraux, des objets qui sont quelque chose de plus que la somme de leurs parties, tels les artefacts ou les organismes vivants, ce que ne sont assurément pas les agrégats, autrement dit le résultat de ces sommes méréologiques dont nous venons de parler. Ce problème a été particulièrement abordé par Van Inwagen à travers sa QSC, où il défend le principe de composition restreinte, laquelle peut s’envisager selon la théorie du contact, de la fusion ou de l’organicisme. En raison du contact entre toutes les US (unités stratigraphiques), faut-il admettre que les agrégats archéologiques ne sont pas vraiment des agrégats ? Mais heureusement leurs parties ne sont pas tant fusionnées que cela, et ce ne sont assurément pas des organismes.

Publications
  •  La nécropole protohistorique de Sainte-Eulalie à Péchaudier (Tarn), Supplément à la Revue Archéologique du Tarn, Castres, 2022, 348 p.
  • « Que faut-il pour faire un sanctuaire ? », dans Naming and Mapping the Gods in the Ancient Mediterranean. Spaces, Mobilities, Imaginaries, sous la dir. de C. Bonnet, De Gruyter, 2022, p. 1039- 1055
  • Avec N. Patterson et al., « Large Scale Migration into Southern Britain at the End of the Bronze Age », Nature, 2022, 601 (7894), p. 588-594.