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UE279 - Normes sociales et légitimité en Chine contemporaine
Lieu et planning
-
Campus Condorcet-Centre de colloques
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle polyvalente 50
1er semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
du 18 novembre 2022 au 17 février 2023
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 12 octobre 2022 17:23
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Histoire, Sociologie
- Page web
- -
- Langues
- anglais chinois français
- Mots-clés
- Anthropologie sociale Droit, normes et société Émotions Objets Politique Sociologie politique Témoignage
- Aires culturelles
- Asie
Intervenant·e·s
- Isabelle Thireau-Mak [référent·e] directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CCJ-CECMC)
Spolier, confisquer, déposséder. La confiscation des biens – terres, habitations, argent, biens mobiliers – comme moyen de sanction officiel et légitime à l’encontre d’individus et de familles jugés coupables de certains délits, à différents moments de l’histoire chinoise, reste un thème peu étudié. Circulant entre moments de pillage et campagnes de réquisition, décision de punir et volonté de redistribuer, processus d’expropriation et dispositifs de restitution, le séminaire a cette année pour visée de revenir sur les sources de légitimation des sanctions ainsi imposées comme des protestations émises par celles et ceux qui en sont victimes.
Si le séminaire est amené à se saisir de situations ancrées dans des moments très distincts de l’histoire chinoise, l’étude des séquences de raids et de confiscation des biens domestiques observés pendant la Révolution culturelle, et plus précisément en 1966, sera privilégiée. Le séminaire se penchera également sur le processus complexe, qui se poursuivra tout au long des années 1980, de restitution d’une partie des biens alors emportés. Cela, à partir de l’analyse d’inventaires de biens confisqués, de dossiers de demandes de restitution, de documents administratifs orientant à la fois la dépossession et la restitution de toutes sortes de biens domestiques : argent, vêtement, bijoux, mobilier, etc.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Sociologie
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
contacter Isabelle Thireau par courriel
Bureau C377, 2 cours des Humanités, Campus Condorcet
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
contacter Isabelle Thireau par courriel : thireau@ehess.fr
Bureau C377, 2 cours des Humanités, Campus Condorcet
- Pré-requis
maîtrise de la langue chinosie, écrite et orale.
Compte rendu
Cette année, nous avons abordé un événement qui s’est déroulé à l’automne 1966, pendant le mouvement officiel dit de lutte contre « les quatre vieilleries » débuté le 19 août 1966 : la confiscation de biens privés appelée chachao 查抄 dans les documents officiels, chaojia 炒家 dans le langage usuel. Hormis la très belle thèse de Puck Engman, Shanghai’s dispossessed : the capitalist problem in socialist transition, 1956-1981, peu d’études ont été consacrées à ce mouvement de confiscation, volontiers décrit comme accompli par des gardes rouges au cours des raids alors menés dans les foyers de membres des mauvaises étiquettes de classe.
Les archives d’une société chinoise, la filiale à Tianjin de la China National Machinery Import & Export Corporation, et les inventaires concernant les biens alors confisqués de 98 salariés de l’entreprise (sur les 103 000 foyers affectés à Tianjin), nous ont permis d’explorer à nouveaux frais cet événement. Cela, en analysant dans un premier temps le déroulement des spoliations – commises par l’entreprise plus souvent que par des gardes rouges et prenant pour cible de simples « ouvriers et employés » tout autant que des membres de « la classe capitaliste » ; des spoliations dont les inventaires permettent de mieux appréhender les possessions matérielles des familles de Tianjin pendant les années 1960. Puis en observant le long et chaotique processus de restitution des biens - ou plus volontiers le versement de sommes d’argent inférieures à la valeur des biens confisqués – qui se poursuit officiellement jusque 1986 même s’il demeure aujourd’hui encore inachevé.
Avant de se tourner vers ces inventaires, le séminaire s’est intéressé aux termes disponibles pour dire la dépossession (en langues chinoise, française et anglaise) ainsi qu’à différents mouvements de spoliation, comme la spoliation des biens juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Nous avons ensuite discuté de la spoliation des biens domestiques comme sanction punitive mobilisée sous la dernière dynastie chinoise, celle des Qing (1644-1911), à l’encontre de fonctionnaires jugés coupables de toutes sortes de délits (corruption, malversations, faiblesse des mérites militaires, etc…) mais aussi à l’encontre de marchands ou de membres de la gentry. Enfin, des séances du séminaire ont été consacrées à la Réforme agraire (1946-1952) en Chine et au processus de redistribution (des terres mais aussi des maisons, des outils et des meubles) et d’attribution de statuts de classe qui l’a accompagnée.
Le séminaire a ainsi ouvert un nouveau programme de recherche sur un dispositif qui, depuis l’Empire chinois, est utilisé avec toutefois des visées différentes, reconfigurant les relations entre droit et politique, entre punition et redistribution. Ainsi, le principe de la lutte des classes sanctionne à partir de 1949 non pas des individus mais des catégories d’individus du fait de leur origine sociale, et légitime la spoliation des biens soupçonnés de relever d’une relation d’exploitation. Le séminaire a analysé comment ces processus affectent les relations au sein des foyers (où coexistent des individus de bonnes et de mauvaises étiquettes de classe), comme entre les individus et les objets spoliés, qu'ils aient été acquis ou reçus en héritage.
Deux séances du séminaire ont été animés par Li Siyu, postdoctorante chargée de l’élaboration d’une base de données relationnelle à partir des inventaires rassemblés. Li Siyu a présenté Heurist, décrit les principes de la base de données relationnelle en cours de réalisation et organisé des exercices pratiques à partir des inventaires.
Enfin, le séminaire a accueilli deux professeures invitées par l’EHESS : le 18 novembre 2022, Anne-Marie Brady, Professor, Department of Political Sciences and International Relations, University of Canterbury, « Doing Social Sciences Research in Xi Jinping's China » ; le 2 décembre 2022, Rachel Stern, Professor of Law and Political Sciences, Berkeley University, « Big Data and Socio-Legal Research on China Court Decisions ».
Dernière modification : 12 octobre 2022 17:23
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Histoire, Sociologie
- Page web
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- Langues
- anglais chinois français
- Mots-clés
- Anthropologie sociale Droit, normes et société Émotions Objets Politique Sociologie politique Témoignage
- Aires culturelles
- Asie
Intervenant·e·s
- Isabelle Thireau-Mak [référent·e] directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CCJ-CECMC)
Spolier, confisquer, déposséder. La confiscation des biens – terres, habitations, argent, biens mobiliers – comme moyen de sanction officiel et légitime à l’encontre d’individus et de familles jugés coupables de certains délits, à différents moments de l’histoire chinoise, reste un thème peu étudié. Circulant entre moments de pillage et campagnes de réquisition, décision de punir et volonté de redistribuer, processus d’expropriation et dispositifs de restitution, le séminaire a cette année pour visée de revenir sur les sources de légitimation des sanctions ainsi imposées comme des protestations émises par celles et ceux qui en sont victimes.
Si le séminaire est amené à se saisir de situations ancrées dans des moments très distincts de l’histoire chinoise, l’étude des séquences de raids et de confiscation des biens domestiques observés pendant la Révolution culturelle, et plus précisément en 1966, sera privilégiée. Le séminaire se penchera également sur le processus complexe, qui se poursuivra tout au long des années 1980, de restitution d’une partie des biens alors emportés. Cela, à partir de l’analyse d’inventaires de biens confisqués, de dossiers de demandes de restitution, de documents administratifs orientant à la fois la dépossession et la restitution de toutes sortes de biens domestiques : argent, vêtement, bijoux, mobilier, etc.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
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Séminaires de recherche
– Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Sociologie
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
contacter Isabelle Thireau par courriel
Bureau C377, 2 cours des Humanités, Campus Condorcet
- Direction de travaux des étudiants
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- Réception des candidats
contacter Isabelle Thireau par courriel : thireau@ehess.fr
Bureau C377, 2 cours des Humanités, Campus Condorcet
- Pré-requis
maîtrise de la langue chinosie, écrite et orale.
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Campus Condorcet-Centre de colloques
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle polyvalente 50
1er semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
du 18 novembre 2022 au 17 février 2023
Nombre de séances : 12
Cette année, nous avons abordé un événement qui s’est déroulé à l’automne 1966, pendant le mouvement officiel dit de lutte contre « les quatre vieilleries » débuté le 19 août 1966 : la confiscation de biens privés appelée chachao 查抄 dans les documents officiels, chaojia 炒家 dans le langage usuel. Hormis la très belle thèse de Puck Engman, Shanghai’s dispossessed : the capitalist problem in socialist transition, 1956-1981, peu d’études ont été consacrées à ce mouvement de confiscation, volontiers décrit comme accompli par des gardes rouges au cours des raids alors menés dans les foyers de membres des mauvaises étiquettes de classe.
Les archives d’une société chinoise, la filiale à Tianjin de la China National Machinery Import & Export Corporation, et les inventaires concernant les biens alors confisqués de 98 salariés de l’entreprise (sur les 103 000 foyers affectés à Tianjin), nous ont permis d’explorer à nouveaux frais cet événement. Cela, en analysant dans un premier temps le déroulement des spoliations – commises par l’entreprise plus souvent que par des gardes rouges et prenant pour cible de simples « ouvriers et employés » tout autant que des membres de « la classe capitaliste » ; des spoliations dont les inventaires permettent de mieux appréhender les possessions matérielles des familles de Tianjin pendant les années 1960. Puis en observant le long et chaotique processus de restitution des biens - ou plus volontiers le versement de sommes d’argent inférieures à la valeur des biens confisqués – qui se poursuit officiellement jusque 1986 même s’il demeure aujourd’hui encore inachevé.
Avant de se tourner vers ces inventaires, le séminaire s’est intéressé aux termes disponibles pour dire la dépossession (en langues chinoise, française et anglaise) ainsi qu’à différents mouvements de spoliation, comme la spoliation des biens juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Nous avons ensuite discuté de la spoliation des biens domestiques comme sanction punitive mobilisée sous la dernière dynastie chinoise, celle des Qing (1644-1911), à l’encontre de fonctionnaires jugés coupables de toutes sortes de délits (corruption, malversations, faiblesse des mérites militaires, etc…) mais aussi à l’encontre de marchands ou de membres de la gentry. Enfin, des séances du séminaire ont été consacrées à la Réforme agraire (1946-1952) en Chine et au processus de redistribution (des terres mais aussi des maisons, des outils et des meubles) et d’attribution de statuts de classe qui l’a accompagnée.
Le séminaire a ainsi ouvert un nouveau programme de recherche sur un dispositif qui, depuis l’Empire chinois, est utilisé avec toutefois des visées différentes, reconfigurant les relations entre droit et politique, entre punition et redistribution. Ainsi, le principe de la lutte des classes sanctionne à partir de 1949 non pas des individus mais des catégories d’individus du fait de leur origine sociale, et légitime la spoliation des biens soupçonnés de relever d’une relation d’exploitation. Le séminaire a analysé comment ces processus affectent les relations au sein des foyers (où coexistent des individus de bonnes et de mauvaises étiquettes de classe), comme entre les individus et les objets spoliés, qu'ils aient été acquis ou reçus en héritage.
Deux séances du séminaire ont été animés par Li Siyu, postdoctorante chargée de l’élaboration d’une base de données relationnelle à partir des inventaires rassemblés. Li Siyu a présenté Heurist, décrit les principes de la base de données relationnelle en cours de réalisation et organisé des exercices pratiques à partir des inventaires.
Enfin, le séminaire a accueilli deux professeures invitées par l’EHESS : le 18 novembre 2022, Anne-Marie Brady, Professor, Department of Political Sciences and International Relations, University of Canterbury, « Doing Social Sciences Research in Xi Jinping's China » ; le 2 décembre 2022, Rachel Stern, Professor of Law and Political Sciences, Berkeley University, « Big Data and Socio-Legal Research on China Court Decisions ».