UE276 - S’adresser à l’autorité : suppliques, doléances, lettres anonymes en perspective interdisciplinaire

• Bâtiment EHESS-Condorcet
  Salle 25-A
  EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
  2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 16:30-18:30
  du 9 mars 2023 au 15 juin 2023
  Nombre de séances : 12

  Séance supplémentaire le 23 juin, salle 25-B, bâtiment EHESS-Condorcet

Dernière modification : 18 mai 2022 09:47

Type d'UE

Séminaires DE/MC

Disciplines

Histoire, Sociologie

Page web

-

Langues

français

Mots-clés

Citoyenneté Droit, normes et société Écriture Histoire Mobilisation(s) Sociologie

Aires culturelles

Europe France Méditerranéens (mondes)

• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
  Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
  MCC – exposé oral
• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
  Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
  MCC – exposé oral
• Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
  Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
  MCC – exposé oral

Contacts additionnels

-

Informations pratiques

par courriel auprès des enseignants.

Direction de travaux des étudiants

rendez-vous par courriel : simona.cerutti@ehess.fr; emilia.schijman@ens.fr

Réception des candidats

Simona Cerutti : Jeudi de 10 h à 12 h, bureau B4-05, 54 bd Raspail et sur rendez-vous par courriel (simona.cerutti@ehess.fr)

Emilia Schijman : sur rendez-vous par courriel (emilia.schijman@ens.fr)

Pré-requis

tous niveaux.

La diffusion extraordinaire des requêtes adressées aux autorités dans des temps et des espaces très différents interpelle l’histoire et les sciences sociales. L’organisation de leur traitement par les gouvernements est tout aussi étendue :institutions, procédures, services, personnels sont destinés à leur prise en charge et leur réponse est, dans certains cas, systématique.

Le séminaire propose une mise à contribution de différents savoirs pour soumettre ces sources à des questionnements critiques, dépaysants, et reconstituer ainsi de la manière la plus fidèle possible l’expérience des acteurs sociaux. Est-ce que l’adresse à l’autorité est soumise à certaines contraintes et règles de légitimité ? Comment ces requêtes s’inscrivent dans des dispositifs administratifs et politiques ? 

Les deux séances introductoires ont été consacrées à la présentation des différentes perspectives d’analyse de ces écrits, issues à la fois de l’historiographie et la sociologie. Nous avons soumis à la critique les approches en termes de « déférence » et de « bienveillance », qui ont souvent été considérées comme des clefs de lecture des suppliques ; nous avons également discuté les analyses en termes de « contrainte morale » (Fassin), de « compétences » (Boltanski ; Laé), et celles qui mettent en avant leur « portée normative » (Thireau, Linshan). 

Un ensemble de séances ont été consacrées à la présentation de nos recherches à partir du terrain de la grande Chancellerie, dans l’État savoyard au XVIII^e siècle, et du terrain des préfectures dans l’État français du début du XXI^e siècle. Nous avons pu constater l’importance que ces demandes revêtent pour les pouvoirs en place, en termes de légitimité, de contrôle et de connaissance des situations « marginales » (Cerutti). La description des procédures d’accueil des suppliques nous a permis de prendre la mesure du caractère plutôt ordinaire – ni exceptionnel ni archaïque – du recours à cette forme d’adresse à l’autorité. Dans le cas contemporain, et contre toute idée évolutionniste des adresses à l’autorité, plus la numérisation des services publics avance, plus le recours aux suppliques s’impose aux administrés qui décrochent des procédures. Deux séances ont été consacrés à une question de taille : Pourquoi les pauvres écrivent- ils des lettres au pouvoir ?

Le séminaire s’est poursuivi avec la présentation d’une recherche collective sur les cahiers de doléances ouverts entre la fin du 2018 et début 2019, dans le cadre de la mobilisation des « gilets jaunes ». L’équipe, issue d’un séminaire précèdent, rassemble historiens et sociologues, doctorants et titulaires. Nous avons raconté l’expérience de recherche collective autour de cette source et les premières interrogations qui ont conduit notre regard. Entre les suppliques individuelles et les cahiers de doléances, a-t-il une continuité ? Est-ce que les problèmes sont formulés de la même manière ? Peut-on y repérer différents profils sociaux ? La scène des ronds-points et celle des cahiers, sont-elles assimilables ? Une attention centrale a été donnée aux procédures d’analyse de la source « cahiers de doléances ». Il était important de présenter aux étudiants la perspective interdisciplinaire que nous avons adoptée, avec la mise à contribution de nos savoirs historiens et sociologiques, c’est-à-dire : la connaissance du terrain ethnographique, la production de tableaux statistiques, une attention micro-historienne aux sources, des savoirs archivistiques et cartographiques tendus vers la reconstitution du corpus et des chronologies fines de la source. Nous avons interrogé les contraintes que pèsent sur cette forme spécifique d’adresse à l’autorité – le cadre de légitimité dans lequel les doléances sont moulées.  Ce qui nous a permis de comprendre qui a pris part à cette exercice et qui a été exclu ou s’est senti exclu. 

La découverte récente, au sein d’une préfecture d’un département français, des cahiers de doléances, des suppliques au président de la République et des lettres anonymes, a nourri la troisième partie du séminaire. Celui-ci a pris la forme d’un atelier de travail autour d’un corpus de dossiers. Pour chaque séance, nous avons distribué aux étudiants un ensemble de sources qu’ils devaient lire et décrire à l’aide d’une bibliographie spécifique. Une attention particulière a été portée à la notion de contexte et à la manière de le traquer au cœur même du texte. Cet atelier a vocation à se poursuivre cette année afin de systématiser les premières analyses. 

Publications

• «Préfacio» à A forma e o tempo. Decifrando Carlo Ginzburg, sous la dir. de D. F. Carneiro et Daniel Rezende Berbert Dias, Palameda, 2022.
• «Misericordia», dans Il lessico della modernità, sous la dir. de S. Bassi, Carocci, Rome, 2023.

• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
  Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
  MCC – exposé oral
• Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
  Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
  MCC – exposé oral
• Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
  Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
  MCC – exposé oral

Contacts additionnels

-

Informations pratiques

par courriel auprès des enseignants.

Direction de travaux des étudiants

rendez-vous par courriel : simona.cerutti@ehess.fr; emilia.schijman@ens.fr

Réception des candidats

Simona Cerutti : Jeudi de 10 h à 12 h, bureau B4-05, 54 bd Raspail et sur rendez-vous par courriel (simona.cerutti@ehess.fr)

Emilia Schijman : sur rendez-vous par courriel (emilia.schijman@ens.fr)

Pré-requis

tous niveaux.

• Bâtiment EHESS-Condorcet
  Salle 25-A
  EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
  2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 16:30-18:30
  du 9 mars 2023 au 15 juin 2023
  Nombre de séances : 12

  Séance supplémentaire le 23 juin, salle 25-B, bâtiment EHESS-Condorcet

La diffusion extraordinaire des requêtes adressées aux autorités dans des temps et des espaces très différents interpelle l’histoire et les sciences sociales. L’organisation de leur traitement par les gouvernements est tout aussi étendue :institutions, procédures, services, personnels sont destinés à leur prise en charge et leur réponse est, dans certains cas, systématique.

Le séminaire propose une mise à contribution de différents savoirs pour soumettre ces sources à des questionnements critiques, dépaysants, et reconstituer ainsi de la manière la plus fidèle possible l’expérience des acteurs sociaux. Est-ce que l’adresse à l’autorité est soumise à certaines contraintes et règles de légitimité ? Comment ces requêtes s’inscrivent dans des dispositifs administratifs et politiques ? 

Les deux séances introductoires ont été consacrées à la présentation des différentes perspectives d’analyse de ces écrits, issues à la fois de l’historiographie et la sociologie. Nous avons soumis à la critique les approches en termes de « déférence » et de « bienveillance », qui ont souvent été considérées comme des clefs de lecture des suppliques ; nous avons également discuté les analyses en termes de « contrainte morale » (Fassin), de « compétences » (Boltanski ; Laé), et celles qui mettent en avant leur « portée normative » (Thireau, Linshan). 

Un ensemble de séances ont été consacrées à la présentation de nos recherches à partir du terrain de la grande Chancellerie, dans l’État savoyard au XVIII^e siècle, et du terrain des préfectures dans l’État français du début du XXI^e siècle. Nous avons pu constater l’importance que ces demandes revêtent pour les pouvoirs en place, en termes de légitimité, de contrôle et de connaissance des situations « marginales » (Cerutti). La description des procédures d’accueil des suppliques nous a permis de prendre la mesure du caractère plutôt ordinaire – ni exceptionnel ni archaïque – du recours à cette forme d’adresse à l’autorité. Dans le cas contemporain, et contre toute idée évolutionniste des adresses à l’autorité, plus la numérisation des services publics avance, plus le recours aux suppliques s’impose aux administrés qui décrochent des procédures. Deux séances ont été consacrés à une question de taille : Pourquoi les pauvres écrivent- ils des lettres au pouvoir ?

Le séminaire s’est poursuivi avec la présentation d’une recherche collective sur les cahiers de doléances ouverts entre la fin du 2018 et début 2019, dans le cadre de la mobilisation des « gilets jaunes ». L’équipe, issue d’un séminaire précèdent, rassemble historiens et sociologues, doctorants et titulaires. Nous avons raconté l’expérience de recherche collective autour de cette source et les premières interrogations qui ont conduit notre regard. Entre les suppliques individuelles et les cahiers de doléances, a-t-il une continuité ? Est-ce que les problèmes sont formulés de la même manière ? Peut-on y repérer différents profils sociaux ? La scène des ronds-points et celle des cahiers, sont-elles assimilables ? Une attention centrale a été donnée aux procédures d’analyse de la source « cahiers de doléances ». Il était important de présenter aux étudiants la perspective interdisciplinaire que nous avons adoptée, avec la mise à contribution de nos savoirs historiens et sociologiques, c’est-à-dire : la connaissance du terrain ethnographique, la production de tableaux statistiques, une attention micro-historienne aux sources, des savoirs archivistiques et cartographiques tendus vers la reconstitution du corpus et des chronologies fines de la source. Nous avons interrogé les contraintes que pèsent sur cette forme spécifique d’adresse à l’autorité – le cadre de légitimité dans lequel les doléances sont moulées.  Ce qui nous a permis de comprendre qui a pris part à cette exercice et qui a été exclu ou s’est senti exclu. 

La découverte récente, au sein d’une préfecture d’un département français, des cahiers de doléances, des suppliques au président de la République et des lettres anonymes, a nourri la troisième partie du séminaire. Celui-ci a pris la forme d’un atelier de travail autour d’un corpus de dossiers. Pour chaque séance, nous avons distribué aux étudiants un ensemble de sources qu’ils devaient lire et décrire à l’aide d’une bibliographie spécifique. Une attention particulière a été portée à la notion de contexte et à la manière de le traquer au cœur même du texte. Cet atelier a vocation à se poursuivre cette année afin de systématiser les premières analyses. 

Publications

• «Préfacio» à A forma e o tempo. Decifrando Carlo Ginzburg, sous la dir. de D. F. Carneiro et Daniel Rezende Berbert Dias, Palameda, 2022.
• «Misericordia», dans Il lessico della modernità, sous la dir. de S. Bassi, Carocci, Rome, 2023.