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UE269 - Technè 9 : La Littérature artistique


Lieu et planning


  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Pereisc
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 18:00-20:00
    du 20 octobre 2022 au 1er juin 2023
    Nombre de séances : 15


Description


Dernière modification : 19 mai 2022 11:12

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie visuelle Antiquité (sciences de l’) Arts Culture Épistémologie Geste technique Histoire intellectuelle Philologie Philosophie
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s

Publiant, en 1924 à Munich DieKunstliteratur: ein Handbuch zur Quellenkunde der neueren Kunstgeschichte (La littérature artistique : manuel des sources de l'histoire de l'art moderne, Paris, 1984), Julius von Schlosser rassembla sous le vocable de « littérature artistique » l’ensemble des textes qui constituent la « tradition occidentale de l’art ». Au cœur de cette somme, un corpus resserré, balisé par les Vite de' più eccellenti architetti, pittori et scultori italiani (1550/1568) de Giorgio Vasari ou les traités des promoteurs de l’Idea académique tel Federico Zuccari (L'idea de'pittori, scultori et architetti, 1607) établit l’acte de naissance de la théorie de l’art : la constitution d’une littérature artistique stabilisée, identifiée comme telle dans l’Italie du XVIe siècle  est le pilier de cette histoire. Le séminaire poursuit l'exploration de la littérature artistique du XIIIe au XVIe siècle, questionne les origines inattendues et les  matériaux composites dont elle s’est constituée : exposés de cosmologie, traités de médecine ou de métallurgie, consultations juridiques, commentaires à l’Ethique à Nicomaque ou aux Météorologiques d’Aristote ou lettres d’un pornographe… Benedetto Varchi (1502-1565), philosophe et poète florentin est encore une fois notre guide.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

à l'INHA, 2 rue Vivienne, salle Fabri de Pereisc 75002 Paris.

Direction de travaux des étudiants

Master sur projet.

Réception des candidats

par rendez-vous individuels.

Pré-requis

niveau licence histoire, histoire de l'art, lettres ou philosophie.


Compte rendu


Le séminaire poursuit l'exploration de la littérature artistique du XIIIe au XVIe siècle, questionne les origines inattendues et les  matériaux composites dont elle s’est constituée : exposés de cosmologie, traités de médecine ou de métallurgie, consultations juridiques, commentaires à l’Éthique à Nicomaque ou aux Météorologiques d’Aristote ou lettres d’un pornographe… 

Cette séquence du séminaire s’est répartie sur deux années (2012-2022 et 2022-2023). Si l’année précédente, les Météorologiques d’Aristote avaient donné sa trame à notre enquête, c’est la notion de « mécanique élargie » formulée par G. A. Ferrari qui nous a suggéré le fil de notre exploration.  Cette « science universelle de la construction » élaborée à l’ère hellénistique à Alexandrie ou Pergame, rassemble les savoirs des architectes, des ingénieurs et des médecins, elle constitue le segment le plus écrit, le plus institutionnalisé de la Technè (les mécaniciens se veulent auteurs) produit concepts (symétriescanon etc.) et modèles, ainsi qu’une exigence d’invention que l’ensemble des arts se réapproprient au fil des siècles. Sa complète disparition au XVIIe siècle l’a tout autant fait disparaître de l’historiographie de l’art telle qu’elle s’est constituée au XIXe siècle.

Or sa présence active dans la culture des « arts » de la Renaissance en Italie, nous en avons relevé de multiples témoignages, par exemple dans la théorie de la sculpture au Quattrocento. Pour rédiger ses Commentaires, c’est explicitement à un ingénieur grec que le sculpteur florentin Lorenzo Ghiberti emprunte ce qu’on peut appeler une « posture d’énonciation » et à un architecte romain, la requête d’une ordonnance des savoirs à l’intérieur de laquelle loger sa pratique. À partir de la Scientia d’arme de Camillo Agrippa (1553), nous avons suivi le déploiement, au XVIe siècle, en Italie, des lectures combinées de la Mécanique d’Aristote et des traités dits « biologiques » du philosophe, en particulier les Mouvements des animaux et la Marche des animaux : une mécanique des corps vivants est envisageable, c’est pourquoi le levier et les machines simples apparaissent comme des outils conceptuels et pratiques majeurs dans les traités de médecine grecs de machinamentis  que Vidius (Guido Guidi) rassemble dans la Chirurgia, illustrée par Francesco Salviati, qu’il publie en 1544. Nous avons parcouru les étapes d’un dialogue inattendu entre mécaniciens et médecins du XVIe siècle en Italie, dont le Mechanicorum liber de Guidubaldo Del Monte (1577), somme de la mécanique constitue le couronnement. La dernière séquence de ce cycle a été consacrée à l’examen de la carrière et des publications de deux frères, Vincenzo et Egnazio Danti, dont le destin historiographique est toujours dissocié, l’un relevant de l’histoire des sciences (Egnatio), l’autre de l’histoire de la sculpture (Vincenzo). Tandis que le Traité des parfaites proportions de Vincenzo (1567) se présente comme une application locale des concepts fondamentaux du corpus biologique d’Aristote et une lecture « biologique » de la Mimèsis, les traités du mathematicus Egnatio nous renvoient à cette science fossile, elle aussi disparue au terme du XVIe siècle, la Sphère : elle a nourri la culture familiale des Danti comme celle d’innombrables praticiens des arts, navigateurs, ingénieurs, cartographes, etc., constituant la base d’une sorte de « literacy mathématique » dont l’expansion dans l’Europe des XVe et XVIe siècles est encore à mesurer. Explorer cette forme étrange de savoir, ses usages, sa relation constituante à l’instrumentation, ses correspondances avec les Météorologiques d’Aristote qu’explicite un auteur comme Alessandro Piccolomini, nous a permis d’aborder à nouveaux frais, à travers l’opposition chorographie / cosmographie, les destins divergents des « arts du Dessin » et des mathématiques que les deux frères semblent n’avoir eu de cesse de conjurer par leurs écrits (voir en particulier Le Scienze matematiche ridotte sotto forma di tavole, publiés par Egnatio en 1577).

Publications
  • « Alberti, Ornament, Nature, and Law: A Reading of De re aedificatoria », dans Grey Room, 89, 2023, p. 78–125.
  • « The Whole and the Parts: The History of Art put on the Test by Roman Law », dans Recycling Beauty, sous la dir. de Salvatore Settis et Anna Anguissola, Milan, 2022, p. 252-259.

Dernière modification : 19 mai 2022 11:12

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie visuelle Antiquité (sciences de l’) Arts Culture Épistémologie Geste technique Histoire intellectuelle Philologie Philosophie
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s

Publiant, en 1924 à Munich DieKunstliteratur: ein Handbuch zur Quellenkunde der neueren Kunstgeschichte (La littérature artistique : manuel des sources de l'histoire de l'art moderne, Paris, 1984), Julius von Schlosser rassembla sous le vocable de « littérature artistique » l’ensemble des textes qui constituent la « tradition occidentale de l’art ». Au cœur de cette somme, un corpus resserré, balisé par les Vite de' più eccellenti architetti, pittori et scultori italiani (1550/1568) de Giorgio Vasari ou les traités des promoteurs de l’Idea académique tel Federico Zuccari (L'idea de'pittori, scultori et architetti, 1607) établit l’acte de naissance de la théorie de l’art : la constitution d’une littérature artistique stabilisée, identifiée comme telle dans l’Italie du XVIe siècle  est le pilier de cette histoire. Le séminaire poursuit l'exploration de la littérature artistique du XIIIe au XVIe siècle, questionne les origines inattendues et les  matériaux composites dont elle s’est constituée : exposés de cosmologie, traités de médecine ou de métallurgie, consultations juridiques, commentaires à l’Ethique à Nicomaque ou aux Météorologiques d’Aristote ou lettres d’un pornographe… Benedetto Varchi (1502-1565), philosophe et poète florentin est encore une fois notre guide.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – autre
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

à l'INHA, 2 rue Vivienne, salle Fabri de Pereisc 75002 Paris.

Direction de travaux des étudiants

Master sur projet.

Réception des candidats

par rendez-vous individuels.

Pré-requis

niveau licence histoire, histoire de l'art, lettres ou philosophie.

  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Pereisc
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 18:00-20:00
    du 20 octobre 2022 au 1er juin 2023
    Nombre de séances : 15

Le séminaire poursuit l'exploration de la littérature artistique du XIIIe au XVIe siècle, questionne les origines inattendues et les  matériaux composites dont elle s’est constituée : exposés de cosmologie, traités de médecine ou de métallurgie, consultations juridiques, commentaires à l’Éthique à Nicomaque ou aux Météorologiques d’Aristote ou lettres d’un pornographe… 

Cette séquence du séminaire s’est répartie sur deux années (2012-2022 et 2022-2023). Si l’année précédente, les Météorologiques d’Aristote avaient donné sa trame à notre enquête, c’est la notion de « mécanique élargie » formulée par G. A. Ferrari qui nous a suggéré le fil de notre exploration.  Cette « science universelle de la construction » élaborée à l’ère hellénistique à Alexandrie ou Pergame, rassemble les savoirs des architectes, des ingénieurs et des médecins, elle constitue le segment le plus écrit, le plus institutionnalisé de la Technè (les mécaniciens se veulent auteurs) produit concepts (symétriescanon etc.) et modèles, ainsi qu’une exigence d’invention que l’ensemble des arts se réapproprient au fil des siècles. Sa complète disparition au XVIIe siècle l’a tout autant fait disparaître de l’historiographie de l’art telle qu’elle s’est constituée au XIXe siècle.

Or sa présence active dans la culture des « arts » de la Renaissance en Italie, nous en avons relevé de multiples témoignages, par exemple dans la théorie de la sculpture au Quattrocento. Pour rédiger ses Commentaires, c’est explicitement à un ingénieur grec que le sculpteur florentin Lorenzo Ghiberti emprunte ce qu’on peut appeler une « posture d’énonciation » et à un architecte romain, la requête d’une ordonnance des savoirs à l’intérieur de laquelle loger sa pratique. À partir de la Scientia d’arme de Camillo Agrippa (1553), nous avons suivi le déploiement, au XVIe siècle, en Italie, des lectures combinées de la Mécanique d’Aristote et des traités dits « biologiques » du philosophe, en particulier les Mouvements des animaux et la Marche des animaux : une mécanique des corps vivants est envisageable, c’est pourquoi le levier et les machines simples apparaissent comme des outils conceptuels et pratiques majeurs dans les traités de médecine grecs de machinamentis  que Vidius (Guido Guidi) rassemble dans la Chirurgia, illustrée par Francesco Salviati, qu’il publie en 1544. Nous avons parcouru les étapes d’un dialogue inattendu entre mécaniciens et médecins du XVIe siècle en Italie, dont le Mechanicorum liber de Guidubaldo Del Monte (1577), somme de la mécanique constitue le couronnement. La dernière séquence de ce cycle a été consacrée à l’examen de la carrière et des publications de deux frères, Vincenzo et Egnazio Danti, dont le destin historiographique est toujours dissocié, l’un relevant de l’histoire des sciences (Egnatio), l’autre de l’histoire de la sculpture (Vincenzo). Tandis que le Traité des parfaites proportions de Vincenzo (1567) se présente comme une application locale des concepts fondamentaux du corpus biologique d’Aristote et une lecture « biologique » de la Mimèsis, les traités du mathematicus Egnatio nous renvoient à cette science fossile, elle aussi disparue au terme du XVIe siècle, la Sphère : elle a nourri la culture familiale des Danti comme celle d’innombrables praticiens des arts, navigateurs, ingénieurs, cartographes, etc., constituant la base d’une sorte de « literacy mathématique » dont l’expansion dans l’Europe des XVe et XVIe siècles est encore à mesurer. Explorer cette forme étrange de savoir, ses usages, sa relation constituante à l’instrumentation, ses correspondances avec les Météorologiques d’Aristote qu’explicite un auteur comme Alessandro Piccolomini, nous a permis d’aborder à nouveaux frais, à travers l’opposition chorographie / cosmographie, les destins divergents des « arts du Dessin » et des mathématiques que les deux frères semblent n’avoir eu de cesse de conjurer par leurs écrits (voir en particulier Le Scienze matematiche ridotte sotto forma di tavole, publiés par Egnatio en 1577).

Publications
  • « Alberti, Ornament, Nature, and Law: A Reading of De re aedificatoria », dans Grey Room, 89, 2023, p. 78–125.
  • « The Whole and the Parts: The History of Art put on the Test by Roman Law », dans Recycling Beauty, sous la dir. de Salvatore Settis et Anna Anguissola, Milan, 2022, p. 252-259.