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UE204 - Les métaphores de la Terre (3). Paysage et géographie


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle 25-B
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 16:30-18:30
    du 7 mars 2023 au 6 juin 2023
    Nombre de séances : 12

    NB : la séance du 6 juin se déroulera en salle 50 (bâtiment EHESS-Condorcet)


Description


Dernière modification : 8 décembre 2022 09:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Géographie, Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
https://www.notion.so/Les-m-taphores-de-la-Terre-3-b6f67234fa614e40937337593d7b3d82 
Langues
-
Mots-clés
Arts Géographie Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Imaginaire Paysage
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jean-Marc Besse [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Géographie-cités (GÉOCIT)

Le séminaire de l’année 2022-2023 prolongera, pour une troisième année, l’enquête sur un mot qui renvoie à la fois à une réalité, à une métaphore, à une revendication, et à une histoire des savoirs : Terre. Il s’agit, plus précisément, d’interroger une figure assez largement répandue dans les discours contemporains : celle du retour sur Terre.

On observe aujourd’hui une prolifération de propositions, et de préoccupations, visant à « faire revenir la Terre », pour ainsi dire, dans les horizons de la pensée et de l’action. Il ne s’agit plus cependant de partir « à la découverte de la Terre ». Mais, dans les domaines de l’écologie, de l’anthropologie, de la politique, de la philosophie, de l’esthétique, s’installe une réflexion sur la nécessité de prendre en compte la Terre comme socle, élément, ou forme, de la vie humaine. « Revenir sur Terre », donc, serait une condition pour l’élaboration de nouvelles formes de vie, individuelles et collectives, pour lesquelles les dimensions du « terrestre » sont considérées comme fondamentales.

L’investigation ouverte au sein du séminaire est double. Il s’agit, d’une part, de poser la question : sur ou vers quelle Terre fait-on retour ? Il semble nécessaire d’analyser les usages, présents et passés, dans les sciences, les arts, la philosophie, de cette référence à la Terre. Et pour cela d’ouvrir une enquête historique et philosophique. Mais il s’agit, d’autre part, d’interroger les figures métaphoriques de ce retour (l’abordage, l’attachement, l’enracinement, ou l’atterrissage, par exemple), et surtout d’essayer d’éclaircir ce que portent ces figures de retour, ce qu’elles veulent donner à penser, et à vouloir.

Le fil conducteur de cette enquête, ou plutôt son espace d’observation, sera constitué principalement par la géographie. Faire retour sur Terre, n’est-ce pas, en un certain sens, revenir à la géographie ? Précisément parce que la géographie est à la fois description de la Terre et écriture sur la Terre ? Mais, encore une fois, laquelle ? Et comment la géographie, comme savoir, comme imaginaire, et comme pratique de l’espace, s’est-elle confrontée, et peut-elle encore aujourd’hui s’articuler aux propositions et interrogations artistiques, philosophiques, politiques sur ce qu’il en est du lien, de l’attachement, ou de l’appartenance, au « terrestre » ?

Le séminaire de l’année 2020-2021 a envisagé quelques manières de penser et de voir la Terre anciennes et contemporaines : la Terre comme planète, comme espace universel, comme globe, comme sol. Le séminaire 2021-2022 a exploré les espaces souterrains, les « Terres souterraines », du point de vue des pratiques, des représentations, des théories, des imaginaires, etc.

On proposera cette année de prolonger l’analyse, mais dans une orientation pour ainsi dire « ascendante » : ce sont les espaces extra-terrestres, les « Terres célestes », qui seront au centre de l’enquête. On envisagera, par exemple les projets de vols inter-planétaires et de création de Terres extra-terrestres, mais aussi les enjeux géopolitiques contemporains relatifs à l'installation dans l'espace et à son exploitation, ainsi que les imaginaires et les fictions qui ont pris en charge cette dimension ascendante de l'espace.

Le séminaire sera divisé en trois parties:

Première partie: Représenter

Deuxième partie: Traverser

troisième partie: Habiter

7 mars 2023 : Introduction au séminaire. L’extase interplanétaire

14 mars 2023 : Les imaginaires cosmographiques

21 mars 2023 : Christian Jacob (EHESS) : De la terre à la lune : cartographies en miroir

28 mars 2023 : Elsa de Smet (Centre Pompidou-Metz) : Iconologie spatiale : vues d’artistes et imaginaires cosmiques

4 avril 2023 : Séance réservée à la présentation de travaux d’étudiant·e·s

11 avril 2023 : Les fictions du vol interplanétaire (littérature et cinéma)

18 avril 2023 : L’expérience astronautique : phénoménologie et technologie

9 mai 2023 : Séance réservée à la présentation de travaux d’étudiant·e·s

16 mai 2023 : Navettes et stations spatiales : questions d’architecture

23 mai 2023 : Le peuplement de l’espace : anges, bêtes, hommes, martiens, machines

30 mai 2023 : Questions de guerre et de droit dans l’espace

 6 juin 2023 : Conclusions générales du séminaire.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire de l’année 2022-2023, « Terres célestes », constituait le troisième volet d’une série intitulée « Les métaphores de la Terre ». Après avoir analysé les métaphores qui donnent à voir et à penser la Terre comme une surface, un horizon, et un globe (2020-2021), puis les métaphores entourant la notion, et la pratique des « terres souterraines » (2021-2022), le séminaire de cette année s’est consacré aux métaphores de la verticalité ascendante, aux terres célestes.

Comme on sait, à côté ou plutôt face aux imaginaires de l’atterrissage et du retour sur Terre, il y a aujourd’hui des imaginaires (et aussi des projets économiques et politiques) très puissants qui, à l’inverse, font la promotion du décollage et de l’envol. Le but n’est pas de revenir vers la Terre, mais au contraire de la quitter, pour aller vers d’autres planètes, de nouveaux mondes, non terriens, non terrestres. On parle d’exploration spatiale, de conquête spatiale, et d’installation sur d’autres planètes plus ou moins lointaines.

Bien entendu, avant même l’invention des fusées, à l’époque de la naissance de l’aviation, tout un imaginaire de l’envol et de la navigation aérienne s’était également développé. Bref, outre les conceptions de la Terre comme surface et profondeur, un grand nombre d’imaginaires se sont développés en direction ascensionnelle, dans une verticalité ascendante, élévatrice, qui se proposait de considérer la Terre de haut, de loin, voire de la quitter tout à fait pour en trouver d’autres, nouvelles. Pour trouver d’autres mondes, d’autres espaces habités et habitables, d’autres formes et manières de vie que la terrestre, que la vie simplement terrienne.

Le séminaire a été consacré à l’analyse de cette direction de l’imagination : celle qui invite à aller voir vers le haut, vers là-haut, loin, vers l’infini, et peut-être à y rester. Explorer les diverses propositions philosophiques, artistiques, littéraires, techniques, en vue d’une habitabilité non terrestre, non terrienne, du monde. Explorer les possibilités d’une habitation hors sol de l’univers. D’une habitation détachée du sol terrestre. Dans les mondes aériens mais aussi dans les espaces extra-atmosphériques. C’est une géographie nouvelle et paradoxale, qui consiste à rechercher des formes de vie alternatives à la vie terrestre, à rechercher des lieux et des espaces qui pourraient devenir des terres alternatives, d’autres écoumènes, d’autres sols, mais pas sur la Terre, ailleurs dans l’univers, que ce soit dans les airs ou sur d’autres planètes.

On a assisté, notamment avec l’aviation à réaction puis avec l’exploration extra-atmosphérique, à une extension de l’écoumène, c’est-à-dire à une extension de la géographie, à l’apparition de nouvelles spatialités, de nouvelles expériences spatiales, et peut-être de nouveaux paysages. Dans le séminaire précédent, nous avions étudié les géographies souterraines. Nous avons visé cette année les géographies des espaces aériens, célestes, extra-atmosphériques… Mais qu’est-ce que pourrait être une géographie « hors-sol », ou plutôt une géographie non terrienne, une géographie qui s’est décollée du sol habituel de la vie terrienne ? Qu’est-ce que pourraient être ces nouveaux sols extra-terrestres, qui sont en fait des sols artificiels, techniques ? À quelle sorte d’expérience spatiale nouvelle cela correspond-il ?

Sans pouvoir être exhaustif, le séminaire a parcouru ces questions sous des angles différents. Dans un premier temps on a envisagé la question du type d’expérience spatiale qui est mise en œuvre par le vol extra-atmosphérique, c’est-à-dire par la situation d’apesanteur. Dans un second temps, j’aborderai une question qui relève au fond de l’architecture : comment habiter dans l’espace extra-atmosphérique ? Combien de temps ? Sous quelle forme ? Quels sont les projets d’architecture qui ont pris en charge cette question ? On a aussi envisagé, dans un troisième temps, la question des populations extra-terrestres, et des langues inventées pour communiquer avec les peuples non terriens lors d’éventuelles rencontres. On a analysé également les discours politiques et artistiques développés autour de l’exploration spatiale (Malevitch, Fontana, mais aussi Kennedy, ou le cosmisme russe).

Publications
  • Quelle est la raison des cartes ?, Paris, Éditions 205, 2023.
  • J.-M. Besse et alii (Collectif Stevenson), Mappa naturae, Marseille, Parenthèses, 2023.
  • Les Carnets du paysage, n° 41, "L'air", Arles, Actes Sud, 2022.
  • Les Carnets du paysage, n° 42, "L'eau", Arles, Actes Sud, 2023.
  • Les Carnets du paysage, n° 43, "Le feu", Arles, Actes Sud, 2023.

Dernière modification : 8 décembre 2022 09:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Géographie, Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
https://www.notion.so/Les-m-taphores-de-la-Terre-3-b6f67234fa614e40937337593d7b3d82 
Langues
-
Mots-clés
Arts Géographie Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Imaginaire Paysage
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Jean-Marc Besse [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Géographie-cités (GÉOCIT)

Le séminaire de l’année 2022-2023 prolongera, pour une troisième année, l’enquête sur un mot qui renvoie à la fois à une réalité, à une métaphore, à une revendication, et à une histoire des savoirs : Terre. Il s’agit, plus précisément, d’interroger une figure assez largement répandue dans les discours contemporains : celle du retour sur Terre.

On observe aujourd’hui une prolifération de propositions, et de préoccupations, visant à « faire revenir la Terre », pour ainsi dire, dans les horizons de la pensée et de l’action. Il ne s’agit plus cependant de partir « à la découverte de la Terre ». Mais, dans les domaines de l’écologie, de l’anthropologie, de la politique, de la philosophie, de l’esthétique, s’installe une réflexion sur la nécessité de prendre en compte la Terre comme socle, élément, ou forme, de la vie humaine. « Revenir sur Terre », donc, serait une condition pour l’élaboration de nouvelles formes de vie, individuelles et collectives, pour lesquelles les dimensions du « terrestre » sont considérées comme fondamentales.

L’investigation ouverte au sein du séminaire est double. Il s’agit, d’une part, de poser la question : sur ou vers quelle Terre fait-on retour ? Il semble nécessaire d’analyser les usages, présents et passés, dans les sciences, les arts, la philosophie, de cette référence à la Terre. Et pour cela d’ouvrir une enquête historique et philosophique. Mais il s’agit, d’autre part, d’interroger les figures métaphoriques de ce retour (l’abordage, l’attachement, l’enracinement, ou l’atterrissage, par exemple), et surtout d’essayer d’éclaircir ce que portent ces figures de retour, ce qu’elles veulent donner à penser, et à vouloir.

Le fil conducteur de cette enquête, ou plutôt son espace d’observation, sera constitué principalement par la géographie. Faire retour sur Terre, n’est-ce pas, en un certain sens, revenir à la géographie ? Précisément parce que la géographie est à la fois description de la Terre et écriture sur la Terre ? Mais, encore une fois, laquelle ? Et comment la géographie, comme savoir, comme imaginaire, et comme pratique de l’espace, s’est-elle confrontée, et peut-elle encore aujourd’hui s’articuler aux propositions et interrogations artistiques, philosophiques, politiques sur ce qu’il en est du lien, de l’attachement, ou de l’appartenance, au « terrestre » ?

Le séminaire de l’année 2020-2021 a envisagé quelques manières de penser et de voir la Terre anciennes et contemporaines : la Terre comme planète, comme espace universel, comme globe, comme sol. Le séminaire 2021-2022 a exploré les espaces souterrains, les « Terres souterraines », du point de vue des pratiques, des représentations, des théories, des imaginaires, etc.

On proposera cette année de prolonger l’analyse, mais dans une orientation pour ainsi dire « ascendante » : ce sont les espaces extra-terrestres, les « Terres célestes », qui seront au centre de l’enquête. On envisagera, par exemple les projets de vols inter-planétaires et de création de Terres extra-terrestres, mais aussi les enjeux géopolitiques contemporains relatifs à l'installation dans l'espace et à son exploitation, ainsi que les imaginaires et les fictions qui ont pris en charge cette dimension ascendante de l'espace.

Le séminaire sera divisé en trois parties:

Première partie: Représenter

Deuxième partie: Traverser

troisième partie: Habiter

7 mars 2023 : Introduction au séminaire. L’extase interplanétaire

14 mars 2023 : Les imaginaires cosmographiques

21 mars 2023 : Christian Jacob (EHESS) : De la terre à la lune : cartographies en miroir

28 mars 2023 : Elsa de Smet (Centre Pompidou-Metz) : Iconologie spatiale : vues d’artistes et imaginaires cosmiques

4 avril 2023 : Séance réservée à la présentation de travaux d’étudiant·e·s

11 avril 2023 : Les fictions du vol interplanétaire (littérature et cinéma)

18 avril 2023 : L’expérience astronautique : phénoménologie et technologie

9 mai 2023 : Séance réservée à la présentation de travaux d’étudiant·e·s

16 mai 2023 : Navettes et stations spatiales : questions d’architecture

23 mai 2023 : Le peuplement de l’espace : anges, bêtes, hommes, martiens, machines

30 mai 2023 : Questions de guerre et de droit dans l’espace

 6 juin 2023 : Conclusions générales du séminaire.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Territoires et développement - Territoires, espaces, sociétés – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle 25-B
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 16:30-18:30
    du 7 mars 2023 au 6 juin 2023
    Nombre de séances : 12

    NB : la séance du 6 juin se déroulera en salle 50 (bâtiment EHESS-Condorcet)

Le séminaire de l’année 2022-2023, « Terres célestes », constituait le troisième volet d’une série intitulée « Les métaphores de la Terre ». Après avoir analysé les métaphores qui donnent à voir et à penser la Terre comme une surface, un horizon, et un globe (2020-2021), puis les métaphores entourant la notion, et la pratique des « terres souterraines » (2021-2022), le séminaire de cette année s’est consacré aux métaphores de la verticalité ascendante, aux terres célestes.

Comme on sait, à côté ou plutôt face aux imaginaires de l’atterrissage et du retour sur Terre, il y a aujourd’hui des imaginaires (et aussi des projets économiques et politiques) très puissants qui, à l’inverse, font la promotion du décollage et de l’envol. Le but n’est pas de revenir vers la Terre, mais au contraire de la quitter, pour aller vers d’autres planètes, de nouveaux mondes, non terriens, non terrestres. On parle d’exploration spatiale, de conquête spatiale, et d’installation sur d’autres planètes plus ou moins lointaines.

Bien entendu, avant même l’invention des fusées, à l’époque de la naissance de l’aviation, tout un imaginaire de l’envol et de la navigation aérienne s’était également développé. Bref, outre les conceptions de la Terre comme surface et profondeur, un grand nombre d’imaginaires se sont développés en direction ascensionnelle, dans une verticalité ascendante, élévatrice, qui se proposait de considérer la Terre de haut, de loin, voire de la quitter tout à fait pour en trouver d’autres, nouvelles. Pour trouver d’autres mondes, d’autres espaces habités et habitables, d’autres formes et manières de vie que la terrestre, que la vie simplement terrienne.

Le séminaire a été consacré à l’analyse de cette direction de l’imagination : celle qui invite à aller voir vers le haut, vers là-haut, loin, vers l’infini, et peut-être à y rester. Explorer les diverses propositions philosophiques, artistiques, littéraires, techniques, en vue d’une habitabilité non terrestre, non terrienne, du monde. Explorer les possibilités d’une habitation hors sol de l’univers. D’une habitation détachée du sol terrestre. Dans les mondes aériens mais aussi dans les espaces extra-atmosphériques. C’est une géographie nouvelle et paradoxale, qui consiste à rechercher des formes de vie alternatives à la vie terrestre, à rechercher des lieux et des espaces qui pourraient devenir des terres alternatives, d’autres écoumènes, d’autres sols, mais pas sur la Terre, ailleurs dans l’univers, que ce soit dans les airs ou sur d’autres planètes.

On a assisté, notamment avec l’aviation à réaction puis avec l’exploration extra-atmosphérique, à une extension de l’écoumène, c’est-à-dire à une extension de la géographie, à l’apparition de nouvelles spatialités, de nouvelles expériences spatiales, et peut-être de nouveaux paysages. Dans le séminaire précédent, nous avions étudié les géographies souterraines. Nous avons visé cette année les géographies des espaces aériens, célestes, extra-atmosphériques… Mais qu’est-ce que pourrait être une géographie « hors-sol », ou plutôt une géographie non terrienne, une géographie qui s’est décollée du sol habituel de la vie terrienne ? Qu’est-ce que pourraient être ces nouveaux sols extra-terrestres, qui sont en fait des sols artificiels, techniques ? À quelle sorte d’expérience spatiale nouvelle cela correspond-il ?

Sans pouvoir être exhaustif, le séminaire a parcouru ces questions sous des angles différents. Dans un premier temps on a envisagé la question du type d’expérience spatiale qui est mise en œuvre par le vol extra-atmosphérique, c’est-à-dire par la situation d’apesanteur. Dans un second temps, j’aborderai une question qui relève au fond de l’architecture : comment habiter dans l’espace extra-atmosphérique ? Combien de temps ? Sous quelle forme ? Quels sont les projets d’architecture qui ont pris en charge cette question ? On a aussi envisagé, dans un troisième temps, la question des populations extra-terrestres, et des langues inventées pour communiquer avec les peuples non terriens lors d’éventuelles rencontres. On a analysé également les discours politiques et artistiques développés autour de l’exploration spatiale (Malevitch, Fontana, mais aussi Kennedy, ou le cosmisme russe).

Publications
  • Quelle est la raison des cartes ?, Paris, Éditions 205, 2023.
  • J.-M. Besse et alii (Collectif Stevenson), Mappa naturae, Marseille, Parenthèses, 2023.
  • Les Carnets du paysage, n° 41, "L'air", Arles, Actes Sud, 2022.
  • Les Carnets du paysage, n° 42, "L'eau", Arles, Actes Sud, 2023.
  • Les Carnets du paysage, n° 43, "Le feu", Arles, Actes Sud, 2023.