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UE186 - Dire et traduire l'incertain


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.07
    annuel / mensuel (3e), vendredi 16:30-18:30
    du 18 novembre 2022 au 16 juin 2023
    Nombre de séances : 7


Description


Dernière modification : 11 octobre 2022 17:26

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)
Disciplines
Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Cognition Pragmatisme
Aires culturelles
Afrique France
Intervenant·e·s
  • Michèle Leclerc-Olive [référent·e]   chargée de recherche (retraité·e), CNRS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)
  • Cécile Soudan   ingénieure de recherche, EHESS

Délibérément interdisciplinaire (traduction, probabilités, philosophie de l'aléatoire, etc.), le séminaire adoptera une double orientation – « dire » et « traduire » l'incertain –  tout en considérant que celle-ci n'est qu'un reflet des épistémologies à construire pour s'ajuster à la complexité actuelle du monde. 

Le séminaire se veut interdisciplinaire : traductologie, probabilités, philosophie de l'aléatoire, etc. Prenant acte que la complexité du monde échappe parfois aujourd'hui aux outils disciplinaires disponibles aujourd'hui pour l'appréhender, le séminaire tente tout à la fois de renouveler la pensée de l'incertain (de quelles ressources dispose-t-on actuellement pour envisager, voire modéliser, ce qui échappe au confort de la certitude ?) et d'explorer les manières disponibles dans d'autres langues et d'autres cultures pour représenter et s'orienter dans les situations qui ébranlent nos convictions, depuis la simple hésitation jusqu'au chaos informe. Expressions spécifiques à une langue, pratiques sociales ou scripturales seront au centre de cette réflexion coilective. Cette double orientation (« dire » et « traduire » l'incertain) prend acte de la circularité de l'entreprise, circularité qui participe à cette complexité épistémologique qu'il conviendra de problématiser.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

licence.


Compte rendu


Outre l’avancée de la problématique portée par les participants réguliers au séminaire – penser « entre » les catégories – deux séances ont été animées par des invitées sur des thèmes susceptibles de nourrir la réflexion de notre groupe de recherche. Rappelons brièvement  l’origine de nos interrogations épistémologiques. Le départ de cette réflexion porte à la fois sur l’analyse des présupposés et des impacts de la modélisation de l’aléatoire, hégémonique aujourd’hui, par la théorie des probabilités (Kolmogorov 1933), sur les régimes de vérité et surtout sur les différents types de « entre » . Comment se fait-il que la théorie de Kolmogorov soit considérée comme LA formalisation du raisonnement « naturel » face à l’incertain ? Le séminaire a choisi de déplacer la question pour s’atteler à l’interrogation : « quels sont les déterminants qui ont conduit à considérer cette théorie comme LA formalisation du raisonnement dit "naturel" face à l’incertain, alors qu’il existe d’autres modélisations ? ».  En particulier, pourquoi a-t-on introduit les tribus ? En effet, la démonstrabilité d’un énoncé relatif à une expérience aléatoire « finie » ne peut être étendue sans condition au cas général (Ulam,1930). Notre hypothèse : c’est pour sauver l’additivité de la probabilité (voir infra) que l’introduction des tribus a été réalisée.

Sans convoquer les théorèmes [1] d’incomplétude de Gödel – notamment parce qu’ils sont adossés à un régime de vérité simpliste {V, F} – on remarque que la théorie des probabilités repose sur deux hypothèses sans lesquelles cette théorie est caduque : 1) la stabilité dans le temps des résultats possibles de l’expérience aléatoire ; 2) et, sur cette base, l’additivité de l’application qui associe à un événement un nombre de l’intervalle [0,1]. En revanche, ces hypothèses ne sont pas indispensables pour mettre au point les différentes théories des possibilités, même si celles-ci supposent que le raisonnement ainsi formalisé est monotone (ce qui n’est pas le cas du raisonnement naturel). Mais, néanmoins, et par comparaison, de multiples pistes de réflexion s’ouvrent qui rejoignent d’ailleurs les perplexités issues d’un travail collectif portant sur les traductions de Temps et récit (Paul Ricœur, 1983-85). Focalisant l’attention sur le chapitre 2 du premier tome (consacré à La Poétique d’Aristote), il est apparu que le travail de Ricœur s’appuyait notamment sur la traduction de La Poétique réalisée par Roseline Dupont-Roc et Jean Lallot. Ces traducteurs en effet laissent entendre que le probable et  le vraisemblable ne sont au fond que les versants objectif et subjectif d’une même idée ; illustrant, s’il en était besoin, la thèse dont nous souhaitons justement examiner les déterminants. C’est à ce titre que nous avons invité Enrica Zanin ; en effet Pierre Corneille a proposé une lecture originale de l’expression récurrente dans La Poétique que Ricœur reprend à son compte : « selon le nécessaire ou le vraisemblable ». Par ailleurs, après l’exposé de Carlos Lobo qui a commenté les traductions de textes de Husserl, inédits en français, il est apparu nécessaire d’explorer les pensées qui  s’émancipent des postures inspirées des philosophies du sujet, afin de faire une véritable place au dialogique – condition anthropologique d’élaboration de tout énoncé, voire de toute pensée « entre » . Catherine Filippi-Deswelle nous a ainsi permis de rapprocher les travaux d’Antoine Culioli sur les langues de nos propres interrogations, relatives notamment à la dualisation de notions comme celles de temps ou de vérité. Ces contributions à la réflexion collective ont enrichi nos approches tant des logiques que du probable. De plus, on aura noté que ces interrogations épistémiques ne peuvent être traitées sans un dispositif interdisciplinaire qui renonce à toute pensée « en silo » : la diversité des appartenances disciplinaires  des participants à ce séminaire témoignent de cet effort.

[1] Valables pour toute théorie mathématique qui inclut l’arithmétique, ce qui est évidemment le cas de la modélisation de Kolmogorov.

Dernière modification : 11 octobre 2022 17:26

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)
Disciplines
Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Cognition Pragmatisme
Aires culturelles
Afrique France
Intervenant·e·s
  • Michèle Leclerc-Olive [référent·e]   chargée de recherche (retraité·e), CNRS / Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS)
  • Cécile Soudan   ingénieure de recherche, EHESS

Délibérément interdisciplinaire (traduction, probabilités, philosophie de l'aléatoire, etc.), le séminaire adoptera une double orientation – « dire » et « traduire » l'incertain –  tout en considérant que celle-ci n'est qu'un reflet des épistémologies à construire pour s'ajuster à la complexité actuelle du monde. 

Le séminaire se veut interdisciplinaire : traductologie, probabilités, philosophie de l'aléatoire, etc. Prenant acte que la complexité du monde échappe parfois aujourd'hui aux outils disciplinaires disponibles aujourd'hui pour l'appréhender, le séminaire tente tout à la fois de renouveler la pensée de l'incertain (de quelles ressources dispose-t-on actuellement pour envisager, voire modéliser, ce qui échappe au confort de la certitude ?) et d'explorer les manières disponibles dans d'autres langues et d'autres cultures pour représenter et s'orienter dans les situations qui ébranlent nos convictions, depuis la simple hésitation jusqu'au chaos informe. Expressions spécifiques à une langue, pratiques sociales ou scripturales seront au centre de cette réflexion coilective. Cette double orientation (« dire » et « traduire » l'incertain) prend acte de la circularité de l'entreprise, circularité qui participe à cette complexité épistémologique qu'il conviendra de problématiser.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

licence.

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.07
    annuel / mensuel (3e), vendredi 16:30-18:30
    du 18 novembre 2022 au 16 juin 2023
    Nombre de séances : 7

Outre l’avancée de la problématique portée par les participants réguliers au séminaire – penser « entre » les catégories – deux séances ont été animées par des invitées sur des thèmes susceptibles de nourrir la réflexion de notre groupe de recherche. Rappelons brièvement  l’origine de nos interrogations épistémologiques. Le départ de cette réflexion porte à la fois sur l’analyse des présupposés et des impacts de la modélisation de l’aléatoire, hégémonique aujourd’hui, par la théorie des probabilités (Kolmogorov 1933), sur les régimes de vérité et surtout sur les différents types de « entre » . Comment se fait-il que la théorie de Kolmogorov soit considérée comme LA formalisation du raisonnement « naturel » face à l’incertain ? Le séminaire a choisi de déplacer la question pour s’atteler à l’interrogation : « quels sont les déterminants qui ont conduit à considérer cette théorie comme LA formalisation du raisonnement dit "naturel" face à l’incertain, alors qu’il existe d’autres modélisations ? ».  En particulier, pourquoi a-t-on introduit les tribus ? En effet, la démonstrabilité d’un énoncé relatif à une expérience aléatoire « finie » ne peut être étendue sans condition au cas général (Ulam,1930). Notre hypothèse : c’est pour sauver l’additivité de la probabilité (voir infra) que l’introduction des tribus a été réalisée.

Sans convoquer les théorèmes [1] d’incomplétude de Gödel – notamment parce qu’ils sont adossés à un régime de vérité simpliste {V, F} – on remarque que la théorie des probabilités repose sur deux hypothèses sans lesquelles cette théorie est caduque : 1) la stabilité dans le temps des résultats possibles de l’expérience aléatoire ; 2) et, sur cette base, l’additivité de l’application qui associe à un événement un nombre de l’intervalle [0,1]. En revanche, ces hypothèses ne sont pas indispensables pour mettre au point les différentes théories des possibilités, même si celles-ci supposent que le raisonnement ainsi formalisé est monotone (ce qui n’est pas le cas du raisonnement naturel). Mais, néanmoins, et par comparaison, de multiples pistes de réflexion s’ouvrent qui rejoignent d’ailleurs les perplexités issues d’un travail collectif portant sur les traductions de Temps et récit (Paul Ricœur, 1983-85). Focalisant l’attention sur le chapitre 2 du premier tome (consacré à La Poétique d’Aristote), il est apparu que le travail de Ricœur s’appuyait notamment sur la traduction de La Poétique réalisée par Roseline Dupont-Roc et Jean Lallot. Ces traducteurs en effet laissent entendre que le probable et  le vraisemblable ne sont au fond que les versants objectif et subjectif d’une même idée ; illustrant, s’il en était besoin, la thèse dont nous souhaitons justement examiner les déterminants. C’est à ce titre que nous avons invité Enrica Zanin ; en effet Pierre Corneille a proposé une lecture originale de l’expression récurrente dans La Poétique que Ricœur reprend à son compte : « selon le nécessaire ou le vraisemblable ». Par ailleurs, après l’exposé de Carlos Lobo qui a commenté les traductions de textes de Husserl, inédits en français, il est apparu nécessaire d’explorer les pensées qui  s’émancipent des postures inspirées des philosophies du sujet, afin de faire une véritable place au dialogique – condition anthropologique d’élaboration de tout énoncé, voire de toute pensée « entre » . Catherine Filippi-Deswelle nous a ainsi permis de rapprocher les travaux d’Antoine Culioli sur les langues de nos propres interrogations, relatives notamment à la dualisation de notions comme celles de temps ou de vérité. Ces contributions à la réflexion collective ont enrichi nos approches tant des logiques que du probable. De plus, on aura noté que ces interrogations épistémiques ne peuvent être traitées sans un dispositif interdisciplinaire qui renonce à toute pensée « en silo » : la diversité des appartenances disciplinaires  des participants à ce séminaire témoignent de cet effort.

[1] Valables pour toute théorie mathématique qui inclut l’arithmétique, ce qui est évidemment le cas de la modélisation de Kolmogorov.