Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2024-2025.
UE170 - Echoes subjectifs des violences extrêmes
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
annuel / bimensuel (1re/3e), lundi 14:30-16:30
du 21 novembre 2022 au 19 juin 2023
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 12 octobre 2022 13:57
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Psychologie et sciences cognitives, Sociologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Anthropologie Écriture Émotions Génocides (études des) Guerre Psychanalyse Psychiatrie Psychologie Violence
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Richard Rechtman [référent·e] directeur d'études, EHESS - médecin-psychiatre, Association de santé mentale Paris 13e / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)
L’effet des violences extrêmes sur les sujets qui les étudient participe du phénomène lui-même de la violence. Il en est une des conséquences directes, non seulement collatérale, mais plus encore fonctionnelle. Car ces violences ne s’arrêtent jamais aux limites des corps martyrisés. Elles les outrepassent : à travers l’atteinte des corps, elles touchent le corps social, celui de la communauté mais aussi celui de tous ceux qui sont amenés par leur travail, leurs recherches, leurs fonctions à devoir s’en approcher. Trop souvent négligés, assimilés uniquement à des effets psycho-traumatiques, ou ravalés au rang de faiblesses psychologiques, ces effets indirects de la violence extrême ne font l’objet d’aucune enquête en sciences sociales. Il s’agira dans ce séminaire de déployer ces effets subjectifs comme des échos de la nature même de la violence à partir de témoignages écrits, de sources ethnographiques, de récits fragmentaires et d’enquêtes auprès de chercheurs, de journalistes, de magistrats, d’humanitaires, etc confrontés dans leur pratique à ces différentes formes de violence.
Ce séminaire s’inscrit dans le programme de recherche de RICEVE, le Réseau international de chercheuses et de chercheurs à l’épreuve des violences extrêmes lancé en mai 2022 sous l’égide de l’EHESS et de la FMSH.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Études politiques
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
sur dossier
- Direction de travaux des étudiants
sur dossier prendre rendez-vous avec les enseignants.
- Réception des candidats
sur rendez vous
- Pré-requis
niveau master
Compte rendu
Cette année le séminaire a été consacré à l’étude de la destruction génocidaire et aux échos subjectifs qu’elle produit. Dans un premier volet, il s’agissait de revisiter l’anthropologie de la mort héritée de l’œuvre de Louis Vincent Thomas en la confrontant à l’analyse de la mort sous l’angle de l’anthropologie de l’ordinaire et de la souffrance de Veena Das et Clara Han. Même si la destruction dépasse de loin la seule question de la mise à mort, l’enjeu de la mort est néanmoins central pour étudier l’ensemble des effets qu’elle produit ou cherche à produire. D’abord parce que la mort y est précisément produite à une échelle quasi-industrielle, devenant le noyau de l’ensemble de l’organisation, mais aussi parce qu’elle prend une acception en tout point différente de celle que la perception classique lui accorde et dans laquelle c’est toujours la vie qui est honorée lorsqu’on évoque les morts. C’est précisément cette dimension de la mort, à savoir la vie préexistante et post mortem, que la destruction génocidaire ambitionne d’annuler : produire de la mort à grande échelle, mais sans produire les « vies post-mortem » qui généralement l’accompagnent. Toute l’architecture de la destruction repose sur cette ambition, chaque séquence du processus est entièrement dévolue à la réalisation de cette utopie consistant à produire des morts sans les vies qui leur furent attachées. L’étude de la destruction génocidaire et des échos subjectifs qu’elle produit nécessite donc de construire une anthropologie de la mort détachée de toute référence à la vie. Une mort sans vie, ou une mort-nue, que le séminaire s’est attachée à déployer tout au long des séances. À partir de l’exemple du massacre des Rohingyas au Maynmar depuis la campagne d’épuration de 2017, plusieurs séances du séminaire sont été consacrées aux violences sexuelles basées sur le genre (SGBV) pour montrer comment elles relevaient directement de l’entreprise de destruction génocidaire.
Plusieurs invité·e·s nous ont accompagné dans ce cheminement : Cloé Drieu (chargée de recherche au CNRS) a évoqué le cas des populations Ouïgours, Ota Konrad (Université de Prague) a présenté ses travaux sur les violences domestiques dans les suites directes des conflits armées en Europe, Timothée Brunet Lefèvre (doctorant EHESS) est revenu sur le cas du génocide des Tutsi du Rwanda et notamment dans le suivi des procès. Enfin Gil Anidjar (Columbia University et professeur invité à l’EHESS) a repris les développements philosophiques de la notion de destruction.
Publications
- Avec Nilüfer Göle, Sandra Laugier et Yves Cohen, Revendiquer l’espace public, Paris, CNRS Éditions, 2022.
- Le vite ordinarie dei carnefici, Turin, Piccola Biblioteca Einaudi, 2022.
- Le Viventi, Milan, Ledizioni Editor, 2023.
- Avec Didier Fassin, 创伤的帝国, (traduction chinoise de l’Empire du traumatisme, en collaboration), Pékin, The Commercial Press Editor, 2023.
- « Remarques sur la fin des pouvoirs souverains et l’émergence du droit des malades », Revue Médicale Suisse (18), 2022, p. 545-546.
- « (Em)prise du sujet. Politika, le politique à l’épreuve des sciences sociales », 2023, https://www.politika.io/fr/article/emprise-du-sujet-mort-a-vie
- « l’adolescence, une catégorie flou », Le Carnet Psy, n°261, 2023, p 5-8.
- « Il trauma di ieri e di oggi », LARES, Anno LXXXVIII, n. 1 (Gennaio-Aprile 2022), 2023, p. 173-178.
- Préface à Sophie Delaporte. Thomas W. Salmon, Médecin des sans voix et des soldats, Paris, Odile Jacob, 2023.
« Ser víctima: genealogía de una condición clínica», dans Víctimas: Debates Sobre una Condición Contemporánea, sous la dir. de D. Zenobi, Ciudad Autónoma de Buenos Aires, Teseo, 2023, p. 57-79.
Dernière modification : 12 octobre 2022 13:57
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Psychologie et sciences cognitives, Sociologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Anthropologie Écriture Émotions Génocides (études des) Guerre Psychanalyse Psychiatrie Psychologie Violence
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Richard Rechtman [référent·e] directeur d'études, EHESS - médecin-psychiatre, Association de santé mentale Paris 13e / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)
L’effet des violences extrêmes sur les sujets qui les étudient participe du phénomène lui-même de la violence. Il en est une des conséquences directes, non seulement collatérale, mais plus encore fonctionnelle. Car ces violences ne s’arrêtent jamais aux limites des corps martyrisés. Elles les outrepassent : à travers l’atteinte des corps, elles touchent le corps social, celui de la communauté mais aussi celui de tous ceux qui sont amenés par leur travail, leurs recherches, leurs fonctions à devoir s’en approcher. Trop souvent négligés, assimilés uniquement à des effets psycho-traumatiques, ou ravalés au rang de faiblesses psychologiques, ces effets indirects de la violence extrême ne font l’objet d’aucune enquête en sciences sociales. Il s’agira dans ce séminaire de déployer ces effets subjectifs comme des échos de la nature même de la violence à partir de témoignages écrits, de sources ethnographiques, de récits fragmentaires et d’enquêtes auprès de chercheurs, de journalistes, de magistrats, d’humanitaires, etc confrontés dans leur pratique à ces différentes formes de violence.
Ce séminaire s’inscrit dans le programme de recherche de RICEVE, le Réseau international de chercheuses et de chercheurs à l’épreuve des violences extrêmes lancé en mai 2022 sous l’égide de l’EHESS et de la FMSH.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
-
Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Études politiques
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
sur dossier
- Direction de travaux des étudiants
sur dossier prendre rendez-vous avec les enseignants.
- Réception des candidats
sur rendez vous
- Pré-requis
niveau master
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
annuel / bimensuel (1re/3e), lundi 14:30-16:30
du 21 novembre 2022 au 19 juin 2023
Nombre de séances : 12
Cette année le séminaire a été consacré à l’étude de la destruction génocidaire et aux échos subjectifs qu’elle produit. Dans un premier volet, il s’agissait de revisiter l’anthropologie de la mort héritée de l’œuvre de Louis Vincent Thomas en la confrontant à l’analyse de la mort sous l’angle de l’anthropologie de l’ordinaire et de la souffrance de Veena Das et Clara Han. Même si la destruction dépasse de loin la seule question de la mise à mort, l’enjeu de la mort est néanmoins central pour étudier l’ensemble des effets qu’elle produit ou cherche à produire. D’abord parce que la mort y est précisément produite à une échelle quasi-industrielle, devenant le noyau de l’ensemble de l’organisation, mais aussi parce qu’elle prend une acception en tout point différente de celle que la perception classique lui accorde et dans laquelle c’est toujours la vie qui est honorée lorsqu’on évoque les morts. C’est précisément cette dimension de la mort, à savoir la vie préexistante et post mortem, que la destruction génocidaire ambitionne d’annuler : produire de la mort à grande échelle, mais sans produire les « vies post-mortem » qui généralement l’accompagnent. Toute l’architecture de la destruction repose sur cette ambition, chaque séquence du processus est entièrement dévolue à la réalisation de cette utopie consistant à produire des morts sans les vies qui leur furent attachées. L’étude de la destruction génocidaire et des échos subjectifs qu’elle produit nécessite donc de construire une anthropologie de la mort détachée de toute référence à la vie. Une mort sans vie, ou une mort-nue, que le séminaire s’est attachée à déployer tout au long des séances. À partir de l’exemple du massacre des Rohingyas au Maynmar depuis la campagne d’épuration de 2017, plusieurs séances du séminaire sont été consacrées aux violences sexuelles basées sur le genre (SGBV) pour montrer comment elles relevaient directement de l’entreprise de destruction génocidaire.
Plusieurs invité·e·s nous ont accompagné dans ce cheminement : Cloé Drieu (chargée de recherche au CNRS) a évoqué le cas des populations Ouïgours, Ota Konrad (Université de Prague) a présenté ses travaux sur les violences domestiques dans les suites directes des conflits armées en Europe, Timothée Brunet Lefèvre (doctorant EHESS) est revenu sur le cas du génocide des Tutsi du Rwanda et notamment dans le suivi des procès. Enfin Gil Anidjar (Columbia University et professeur invité à l’EHESS) a repris les développements philosophiques de la notion de destruction.
Publications
- Avec Nilüfer Göle, Sandra Laugier et Yves Cohen, Revendiquer l’espace public, Paris, CNRS Éditions, 2022.
- Le vite ordinarie dei carnefici, Turin, Piccola Biblioteca Einaudi, 2022.
- Le Viventi, Milan, Ledizioni Editor, 2023.
- Avec Didier Fassin, 创伤的帝国, (traduction chinoise de l’Empire du traumatisme, en collaboration), Pékin, The Commercial Press Editor, 2023.
- « Remarques sur la fin des pouvoirs souverains et l’émergence du droit des malades », Revue Médicale Suisse (18), 2022, p. 545-546.
- « (Em)prise du sujet. Politika, le politique à l’épreuve des sciences sociales », 2023, https://www.politika.io/fr/article/emprise-du-sujet-mort-a-vie
- « l’adolescence, une catégorie flou », Le Carnet Psy, n°261, 2023, p 5-8.
- « Il trauma di ieri e di oggi », LARES, Anno LXXXVIII, n. 1 (Gennaio-Aprile 2022), 2023, p. 173-178.
- Préface à Sophie Delaporte. Thomas W. Salmon, Médecin des sans voix et des soldats, Paris, Odile Jacob, 2023.
« Ser víctima: genealogía de una condición clínica», dans Víctimas: Debates Sobre una Condición Contemporánea, sous la dir. de D. Zenobi, Ciudad Autónoma de Buenos Aires, Teseo, 2023, p. 57-79.