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UE165 - Lettres et récits


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, vendredi 12:30-14:30
    du 18 novembre 2022 au 17 février 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 16 mai 2022 09:19

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Linguistique, sémantique, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Analyse de discours Argumentation Écriture Linguistique Littérature Narratologie Poétique Pragmatique Sémantique Textes
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Marion Carel [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)

Qu’est-ce qu’un texte ? Pourquoi fait-il un tout ? On distingue généralement deux organisations du discours : l’une qu’on pourrait qualifier de sémantique parce qu’elle concerne les contenus des énoncés, l’autre qu’on pourrait qualifier de pragmatique parce qu’elle concerne l’activité même de parler. L’organisation sémantique reposerait sur les relations, par exemple temporelles ou causales, entretenues par les contenus des énoncés ; l’organisation pragmatique imposerait par contre d’être coopératif, d’aider l’interlocuteur, de se conformer aux attentes du genre du discours entrepris. Nous nous proposons cette année d’interroger ces hypothèses en comparant l’organisation textuelle de deux formes : les lettres d’une part, les récits de l’autre. Nous travaillerons sur des textes du XIXe siècle et du XXe siècle.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, analyse linguistique d'un texte
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – analyse linguistique d'un texte, fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Pourquoi chacune des lettres que nous recevons ou que nous écrivons constitue-t-elle un tout ? Est-ce pour des raisons sémantiques, pragmatiques, ou encore des raisons de genre ? Les grammaires textuelles défendent en effet l’hypothèse que nos mots tissent des liens entre eux, par exemple des liens d’anaphore. Ces liens donneraient une solidité générale à nos textes, que renforceraient les nécessités pragmatiques de parler à propos, de manière cohérente, sans en dire trop. Enfin, des habitudes semblent s’imposer à nous, comme celle de saluer à la fin d’une lettre, alors qu’on ne salue pas son lecteur à la fin par exemple d’un article de recherche. Ce sont les raisons sémantiques de la cohésion des lettres que nous avons étudiées.

Principalement, nous avons discuté ce que Ducrot a appelé « la loi d’enchaînement » et selon laquelle les énoncés d’un texte seraient articulés les uns aux autres par leurs posés, et non par leurs présupposés. Imaginons ainsi que A demande à un ami B des nouvelles de la santé de son mari. La réponse Il y a une lente amélioration pose qu’il y a amélioration (c’est là l’objet du dire du locuteur) et présuppose que cette amélioration est faible. Conformément à la loi d’enchaînement, A pourra reprendre la parole et dire Vous devez être contents. Inversement, si la réponse de B est L’amélioration est lente, cette fois, c’est la faiblesse de l’amélioration qui sera posée et, conformément à la loi d’enchaînement, A pourra reprendre la parole et dire La vie doit être difficile pour vous.

Or nous avons remarqué, en étudiant la correspondance de Baudelaire, qu’il est possible qu’un énoncé complète ce que présuppose l’énoncé qui le précède : Si je ne vous ai pas écrit tout de suite pour vous remercier, c’est uniquement par timidité. Un homme, peu timide par nature, peut être mal à l’aise devant une belle jeune fille. Lettre de Baudelaire à Judith Gautier, le 9 avril 1864.

À cause de son emploi de uniquement, le premier énoncé présuppose que la timidité est la cause du retard à remercier ; ce qui est posé, c’est qu’il n’y a pas d’autre raison à ce retard. Or le deuxième énoncé précisément commente – de manière sexiste, mais ce n’est pas très étonnant chez Baudelaire – la timidité, et s’articule donc au présupposé de l’énoncé qui le précède.

Cette difficulté nous a conduite à revenir sur l’opposition que Berrendonner propose entre clause et période et à admettre, entre l’énoncé et le texte, l’existence d’une nouvelle unité, la « période argumentative », constituée d’un ou plusieurs énoncés dont les contenus se répartissent dans le « plan du posé » et dans le « plan du présupposé ». Le passage de Baudelaire constituerait ainsi une seule période argumentative dont le deuxième énoncé participerait au « plan du présupposé ». La loi d’enchaînement de Ducrot, si elle vaut, ne vaudrait qu’entre périodes argumentatives.

Publications
  • Avec Dinah Ribard, « Gestes et actions avec les mots », Linguistique de l’écrit, n°3, Oral/écrit : quelles places dans les modèles linguistiques, 2022.
  • « L’interprétation argumentative », Langue Française, n°217, 2023, p. 97-114.
  • Parler, Pontes editores, Brésil, 2023, 375 p.

Dernière modification : 16 mai 2022 09:19

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Linguistique, sémantique, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Analyse de discours Argumentation Écriture Linguistique Littérature Narratologie Poétique Pragmatique Sémantique Textes
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Marion Carel [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL)

Qu’est-ce qu’un texte ? Pourquoi fait-il un tout ? On distingue généralement deux organisations du discours : l’une qu’on pourrait qualifier de sémantique parce qu’elle concerne les contenus des énoncés, l’autre qu’on pourrait qualifier de pragmatique parce qu’elle concerne l’activité même de parler. L’organisation sémantique reposerait sur les relations, par exemple temporelles ou causales, entretenues par les contenus des énoncés ; l’organisation pragmatique imposerait par contre d’être coopératif, d’aider l’interlocuteur, de se conformer aux attentes du genre du discours entrepris. Nous nous proposons cette année d’interroger ces hypothèses en comparant l’organisation textuelle de deux formes : les lettres d’une part, les récits de l’autre. Nous travaillerons sur des textes du XIXe siècle et du XXe siècle.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, analyse linguistique d'un texte
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – analyse linguistique d'un texte, fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, vendredi 12:30-14:30
    du 18 novembre 2022 au 17 février 2023
    Nombre de séances : 12

Pourquoi chacune des lettres que nous recevons ou que nous écrivons constitue-t-elle un tout ? Est-ce pour des raisons sémantiques, pragmatiques, ou encore des raisons de genre ? Les grammaires textuelles défendent en effet l’hypothèse que nos mots tissent des liens entre eux, par exemple des liens d’anaphore. Ces liens donneraient une solidité générale à nos textes, que renforceraient les nécessités pragmatiques de parler à propos, de manière cohérente, sans en dire trop. Enfin, des habitudes semblent s’imposer à nous, comme celle de saluer à la fin d’une lettre, alors qu’on ne salue pas son lecteur à la fin par exemple d’un article de recherche. Ce sont les raisons sémantiques de la cohésion des lettres que nous avons étudiées.

Principalement, nous avons discuté ce que Ducrot a appelé « la loi d’enchaînement » et selon laquelle les énoncés d’un texte seraient articulés les uns aux autres par leurs posés, et non par leurs présupposés. Imaginons ainsi que A demande à un ami B des nouvelles de la santé de son mari. La réponse Il y a une lente amélioration pose qu’il y a amélioration (c’est là l’objet du dire du locuteur) et présuppose que cette amélioration est faible. Conformément à la loi d’enchaînement, A pourra reprendre la parole et dire Vous devez être contents. Inversement, si la réponse de B est L’amélioration est lente, cette fois, c’est la faiblesse de l’amélioration qui sera posée et, conformément à la loi d’enchaînement, A pourra reprendre la parole et dire La vie doit être difficile pour vous.

Or nous avons remarqué, en étudiant la correspondance de Baudelaire, qu’il est possible qu’un énoncé complète ce que présuppose l’énoncé qui le précède : Si je ne vous ai pas écrit tout de suite pour vous remercier, c’est uniquement par timidité. Un homme, peu timide par nature, peut être mal à l’aise devant une belle jeune fille. Lettre de Baudelaire à Judith Gautier, le 9 avril 1864.

À cause de son emploi de uniquement, le premier énoncé présuppose que la timidité est la cause du retard à remercier ; ce qui est posé, c’est qu’il n’y a pas d’autre raison à ce retard. Or le deuxième énoncé précisément commente – de manière sexiste, mais ce n’est pas très étonnant chez Baudelaire – la timidité, et s’articule donc au présupposé de l’énoncé qui le précède.

Cette difficulté nous a conduite à revenir sur l’opposition que Berrendonner propose entre clause et période et à admettre, entre l’énoncé et le texte, l’existence d’une nouvelle unité, la « période argumentative », constituée d’un ou plusieurs énoncés dont les contenus se répartissent dans le « plan du posé » et dans le « plan du présupposé ». Le passage de Baudelaire constituerait ainsi une seule période argumentative dont le deuxième énoncé participerait au « plan du présupposé ». La loi d’enchaînement de Ducrot, si elle vaut, ne vaudrait qu’entre périodes argumentatives.

Publications
  • Avec Dinah Ribard, « Gestes et actions avec les mots », Linguistique de l’écrit, n°3, Oral/écrit : quelles places dans les modèles linguistiques, 2022.
  • « L’interprétation argumentative », Langue Française, n°217, 2023, p. 97-114.
  • Parler, Pontes editores, Brésil, 2023, 375 p.