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UE163 - Représenter l’Amérique dans la longue durée : histoire et société, 2.


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle A427
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / hebdomadaire, mercredi 14:30-16:30
    du 2 novembre 2022 au 31 mai 2023
    Nombre de séances : 27

    à partir du 15 février 2023, les séances se dérouleront en salle A402, bâtiment EHESS-Condorcet


Description


Dernière modification : 16 mai 2022 09:10

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Arts Culture visuelle Histoire culturelle
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques
Intervenant·e·s
  • Jacques Poloni-Simard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Analysé pour lui-même l’année dernière, le muralisme mexicain classique avec le « trio » Rivera, Siqueiros et Orozco, mais aussi ses figures moins connues et ses héritiers/continuateurs, ainsi que ses disciples latino-américains, a servi de modèle pour étudier la production d’une iconographie historico-politique continentale, qui accompagna l’élaboration du « roman national » mexicain postérieur à la révolution de 1910.

Cette année sera consacrée à la « peinture d’histoire » qui, en Amérique latine, n’est pas qu’académique, et, plus généralement, à la représentation de l’histoire dans l’art latino-américain, avec ses événements fondateurs ou mémoriels, ses moments de crise, voire de rupture, mais aussi ses structures économiques et sociales. Ainsi retrouvera-t-on les régimes artistiques de l’histoire (identitaire, critique, utopique), mis en lumière à partir du matériau argentin, et les imaginaires que le Nouveau Monde a suscités, aussi bien indigènes qu’allogènes. L’objectif est toujours celui de proposer une histoire de l’Amérique latine à partir de son iconographie.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
goretti.frouin@ehess.fr
Informations pratiques

Mondes américains, Campus Condorcet, A423, tél. 01 88 12 03 99.

Direction de travaux des étudiants

Campus Condorcet – CERMA – 4e étage – bur. : C482, les mercredis de 10 h à 12 h 30, sur rendez-vous pris par courriel : jps@ehess.fr

Réception des candidats

Campus Condorcet – CERMA – 4e étage – bur. : C482, les mercredis de 10 h à 12 h 30, sur rendez-vous pris par courriel : jps@ehess.fr

Pré-requis

nécessité d'un projet de recherche ; connaissance de l'espagnol requis.


Compte rendu


Le séminaire s’est attaché aux représentations de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, puis à celles de la conquête, du Mexique par Cortès, du Pérou par Pizarre, ainsi que de quelques-uns des territoires périphériques des futures vice-royautés de la Monarchie hispanique.

Envisagé comme épopée monarchique, puis impériale à l’origine du Siècle d’or espagnol, le contrôle de l’essentiel de l’Amérique permit l’affirmation de la puissance européenne de la dynastie des Habsbourg, et de l’Espagne au sein de la chrétienté. Au-delà de la période moderne, la conquête de l’Amérique alimenta les discours (et les images) autour de la grandeur de l’Espagne, et servit de ciment idéologique à l’État-nation espagnol. Quelques épisodes, devenus des motifs obligés, furent ainsi repris sans relâche par la peinture d’histoire : la prise de possession du territoire par Christophe Colomb et la première messe en Amérique ; la prise de Tenochtitlán après la Noche Triste ; la capture d’Atahuallpa à Cajamarca et la victoire sur les Incas à Cuzco grâce à l’intervention miraculeuse de Santiago. Nombre d’artistes, en plein XXIe siècle, reviennent sur ces événements dans leurs œuvres, pour les dénoncer cette fois, montrant combien la Conquête est un « passé qui ne passe pas », est toujours l’objet de polémiques et controverses, ce dont témoignent les campagnes récentes pour le « déboulonnage » des statues du découvreur dans l’espace public.

La geste de la conquête suscita également la contemporaine contestation de ses violences, et même de sa légitimité, au titre de la défense des Indiens, avec la figure emblématique de Bartolomé de Las Casas. Les ouvrages du dominicain, illustrés par les efficaces gravures de Théodore De Bry, alimentèrent ainsi la controverse anti-catholique, dans le cadre des rivalités avec les couronnes protestantes ; elle suscita aussi la convoitise des autres monarchies européennes, qui souhaitaient se tailler une « place au soleil » américain.

L’iconographie des découvertes et conquêtes hispaniques servit par la suite de modèle pour l’illustration de l’établissement des Portugais au Brésil, des Français et des Anglais en Amérique du Nord. Furent enfin envisagés les rejeux de la conquête au XIXe siècle, lors de la conquête du Désert en Argentine, pour le contrôle de la Patagonie, puis la « chasse aux Indiens », pour l’appropriation privée de la Terre de Feu.

Entre « légende dorée » et « légende noire », entre peinture d’histoire glorifiant ou critiquant la geste coloniale, on a ainsi, en suivant l’iconographie à travers les siècles, pu montrer la naissance et la survie de quelques lieux communs, fondés ou erronés, que les travaux des historiens ont parfois bien du mal à redresser lorsqu’il en est besoin, tels la question du génocide des Indiens, la figure du bon sauvage ou de l’Indien anthropophage, etc.

Dans une seconde partie, nous serons revenu sur la représentation de la société coloniale, avec les peintures de castas (et leurs catégories du métissage), l’auto-affirmation des caciques (et, dans les Andes, des Incas), la société de cour, mais aussi l’image des Noirs, avec la diversité des conditions serviles, urbaines et rurales ; la représentation, également, du travail – et de son exploitation –, y compris féminin, ainsi que des structures économiques ; de la stratification sociale, enfin, telle qu’elle apparaît dans la peinture des fêtes publiques, religieuses et civiles. Comme auparavant, nous aurons confronté l’iconographie de l’époque, sur tous supports, avec les œuvres d’artistes du XXe siècle qui ont travaillé ces thèmes, en rapport avec les indigénismes, de manière à montrer la prégnance des imaginaires visuels américains, même au prix de la simplification des réalités historiques.

Le séminaire aurait pu se prolonger pour envisager la représentation de l’Amérique aux XIXe et XXe siècles. Cela ne sera pas le cas.

Dernière modification : 16 mai 2022 09:10

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
Mots-clés
Arts Culture visuelle Histoire culturelle
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques
Intervenant·e·s
  • Jacques Poloni-Simard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Analysé pour lui-même l’année dernière, le muralisme mexicain classique avec le « trio » Rivera, Siqueiros et Orozco, mais aussi ses figures moins connues et ses héritiers/continuateurs, ainsi que ses disciples latino-américains, a servi de modèle pour étudier la production d’une iconographie historico-politique continentale, qui accompagna l’élaboration du « roman national » mexicain postérieur à la révolution de 1910.

Cette année sera consacrée à la « peinture d’histoire » qui, en Amérique latine, n’est pas qu’académique, et, plus généralement, à la représentation de l’histoire dans l’art latino-américain, avec ses événements fondateurs ou mémoriels, ses moments de crise, voire de rupture, mais aussi ses structures économiques et sociales. Ainsi retrouvera-t-on les régimes artistiques de l’histoire (identitaire, critique, utopique), mis en lumière à partir du matériau argentin, et les imaginaires que le Nouveau Monde a suscités, aussi bien indigènes qu’allogènes. L’objectif est toujours celui de proposer une histoire de l’Amérique latine à partir de son iconographie.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
goretti.frouin@ehess.fr
Informations pratiques

Mondes américains, Campus Condorcet, A423, tél. 01 88 12 03 99.

Direction de travaux des étudiants

Campus Condorcet – CERMA – 4e étage – bur. : C482, les mercredis de 10 h à 12 h 30, sur rendez-vous pris par courriel : jps@ehess.fr

Réception des candidats

Campus Condorcet – CERMA – 4e étage – bur. : C482, les mercredis de 10 h à 12 h 30, sur rendez-vous pris par courriel : jps@ehess.fr

Pré-requis

nécessité d'un projet de recherche ; connaissance de l'espagnol requis.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    Salle A427
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    annuel / hebdomadaire, mercredi 14:30-16:30
    du 2 novembre 2022 au 31 mai 2023
    Nombre de séances : 27

    à partir du 15 février 2023, les séances se dérouleront en salle A402, bâtiment EHESS-Condorcet

Le séminaire s’est attaché aux représentations de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, puis à celles de la conquête, du Mexique par Cortès, du Pérou par Pizarre, ainsi que de quelques-uns des territoires périphériques des futures vice-royautés de la Monarchie hispanique.

Envisagé comme épopée monarchique, puis impériale à l’origine du Siècle d’or espagnol, le contrôle de l’essentiel de l’Amérique permit l’affirmation de la puissance européenne de la dynastie des Habsbourg, et de l’Espagne au sein de la chrétienté. Au-delà de la période moderne, la conquête de l’Amérique alimenta les discours (et les images) autour de la grandeur de l’Espagne, et servit de ciment idéologique à l’État-nation espagnol. Quelques épisodes, devenus des motifs obligés, furent ainsi repris sans relâche par la peinture d’histoire : la prise de possession du territoire par Christophe Colomb et la première messe en Amérique ; la prise de Tenochtitlán après la Noche Triste ; la capture d’Atahuallpa à Cajamarca et la victoire sur les Incas à Cuzco grâce à l’intervention miraculeuse de Santiago. Nombre d’artistes, en plein XXIe siècle, reviennent sur ces événements dans leurs œuvres, pour les dénoncer cette fois, montrant combien la Conquête est un « passé qui ne passe pas », est toujours l’objet de polémiques et controverses, ce dont témoignent les campagnes récentes pour le « déboulonnage » des statues du découvreur dans l’espace public.

La geste de la conquête suscita également la contemporaine contestation de ses violences, et même de sa légitimité, au titre de la défense des Indiens, avec la figure emblématique de Bartolomé de Las Casas. Les ouvrages du dominicain, illustrés par les efficaces gravures de Théodore De Bry, alimentèrent ainsi la controverse anti-catholique, dans le cadre des rivalités avec les couronnes protestantes ; elle suscita aussi la convoitise des autres monarchies européennes, qui souhaitaient se tailler une « place au soleil » américain.

L’iconographie des découvertes et conquêtes hispaniques servit par la suite de modèle pour l’illustration de l’établissement des Portugais au Brésil, des Français et des Anglais en Amérique du Nord. Furent enfin envisagés les rejeux de la conquête au XIXe siècle, lors de la conquête du Désert en Argentine, pour le contrôle de la Patagonie, puis la « chasse aux Indiens », pour l’appropriation privée de la Terre de Feu.

Entre « légende dorée » et « légende noire », entre peinture d’histoire glorifiant ou critiquant la geste coloniale, on a ainsi, en suivant l’iconographie à travers les siècles, pu montrer la naissance et la survie de quelques lieux communs, fondés ou erronés, que les travaux des historiens ont parfois bien du mal à redresser lorsqu’il en est besoin, tels la question du génocide des Indiens, la figure du bon sauvage ou de l’Indien anthropophage, etc.

Dans une seconde partie, nous serons revenu sur la représentation de la société coloniale, avec les peintures de castas (et leurs catégories du métissage), l’auto-affirmation des caciques (et, dans les Andes, des Incas), la société de cour, mais aussi l’image des Noirs, avec la diversité des conditions serviles, urbaines et rurales ; la représentation, également, du travail – et de son exploitation –, y compris féminin, ainsi que des structures économiques ; de la stratification sociale, enfin, telle qu’elle apparaît dans la peinture des fêtes publiques, religieuses et civiles. Comme auparavant, nous aurons confronté l’iconographie de l’époque, sur tous supports, avec les œuvres d’artistes du XXe siècle qui ont travaillé ces thèmes, en rapport avec les indigénismes, de manière à montrer la prégnance des imaginaires visuels américains, même au prix de la simplification des réalités historiques.

Le séminaire aurait pu se prolonger pour envisager la représentation de l’Amérique aux XIXe et XXe siècles. Cela ne sera pas le cas.